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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

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lundi 11 avril 2011

L'interdiction du port du niqab, une loi de circonstance?


Dessin de Tiounine, paru dans Kommersant, repris dans Courrier International, 11/04/2011

Dans la rue, les jardins publics, mais également dans les gares, les commerces, les centres de Sécurité sociale ou les mairies, le port du niqab ou de la burqa n'est plus autorisé à partir de ce 11 avril, en vertu de l'entrée en vigueur de la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public. Les syndicats de policiers estiment que cette loi sera "extrêmement difficile à appliquer". Les contrevenant(e)s sont passibles d'une amende et/ou d'un stage de citoyenneté.
(Courrier International, 11/04/2011)
Quoi que l'on pense de cette loi et de son objectif de préserver un espace public laïc et sécurisé, force est de constater qu'elle vise (pour ce qui concerne le port du niqab) un nombre d'individus restreint : 500 femmes, un millier peut-être sur le territoire français. Comme le souligne l'article de Courrier International, elle va par ailleurs poser des problèmes d'application. 


Surtout, cette loi s'inscrit dans un contexte qui ne peut être éludé. Celui d'une présence accentuée du Front National dans le débat public, lequel Front National a fait de la stigmatisation des femmes voilées - et, plus généralement, des musulmans de France - l'un de ses thèmes de campagne. Il faut rappeler que la femme voilée avait été au coeur d'une campagne menée par le FN en 2010 à l'occasion des élections régionales. 

L'affiche "non à l'islamisme" du Front National était largement inspirée de la campagne lancée par l'UDC  (Union Démocratique du Centre ), le parti d'extrême droite suisse qui souhaitait faire voter l'interdiction des minarets dans le pays. La proximité était telle que le parti suisse a menacé d'attaquer le Front National pour plagiat...

Affiche de l'UDC pour l'interdiction des minarets en Suisse

En France, c'est le MRAP ( Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié contre les Peuples ) qui a attaqué le Front National pour incitation à la haine raciale. 
Jean Marie Le Pen, à la tête du front National au moment des faits (la campagne pour les régionales 2010 ) a été relaxé par le tribunal correctionnel de Nanterre début avril 2011. 





Sources : 
France 24, L'affiche "non à l'islamisme" vue d'Algérie, 9/03/2010
http://observers.france24.com/fr/content/20100309-affiche-non-islamisme-fn-vue-algerie-reactions-Front-national-le-pen?page=2
Libération, Affiches "non à l'islamisme", Le Pen relaxé, 5/04/2011
Courrier International, 11/04/2011

samedi 26 mars 2011

Les élections cantonales de 2011 : mode d'emploi

Les élections cantonales, quand et comment? 

Comme leur nom l'indique, les élections cantonales sont des élections qui ont pour base le canton, circonscription électorale créée sous la Révolution française (22 décembre 1789). A l'échelle du canton sont donc élus des conseillers généraux (plus de 3 500 en France), au suffrage universel direct. Les conseillers généraux sont élus pour 6 ans et renouvelés par moitié tous les 3 ans. 
Le mode de scrutin - comme pour la presque totalité des élections en France - est le scrutin uninominal majoritaire à 2 tours
Uninominal : un seul nom. Car il y a un seul siège à pourvoir pour la circonscription ( 1 canton = 1 siège).
Majoritaire : celui qui emporte la majorité des suffrages emporte le siège.
A deux tours : puisqu'il faut obtenir au premier tour, pour l'emporter, la majorité absolue des suffrages exprimés ( la moitié des voix + 1 ) et un quart des électeurs inscrits, un second tour est souvent nécessaire. La majorité relative est alors suffisante pour être proclamé élu. 

Avec ce type de scrutin, il n'est pas rare que plusieurs candidats se retrouvent au second tour. Pour limiter les cas de triangulaires - situations où 3 candidats se retrouvent en lice au second tour - , une loi récente (décembre 2010) a posé des conditions restrictives : pour être candidat au second tour, il faut désormais avoir obtenu ( au premier tour ) un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits. Le vote de cette loi devait, dans l'esprit de ses promoteurs  - issus de la majorité présidentielle - consolider les positions acquises, autrement dit enraciner les élus de longue date et leurs formations politiques. 


Les élections cantonales : un enjeu local...


Le conseil général, c'est une assemblée - composée de l'ensemble des conseillers généraux du département (79 pour le département du Nord) - , un président général ( élu par les conseillers généraux ), et une commission permanente. 
Le conseil général règle les affaires du département dans les domaines de compétence attribués par la loi : action sanitaire et sociale (action en faveur des personnes âgées, handicapées, protection de la famille et de l'enfance...), aménagement et entretien de la voirie départementale, construction et entretien des collèges, ... mais aussi financement des aides aux entreprises et mission de protection de l'environnement. 


... qui peut avoir des conséquences à l'échelle nationale
Les résultats des cantonales 2011 à l'issue du premier tour
Le premier tour des élections cantonales de 2011 l'a montré : comme toutes les élections à l'échelle régionale ( municipales, cantonales, régionales), l'élection a valeur de test pour les formations politiques, dans l'attente des échéances nationales ( législatives et présidentielles en 2012). 
Or, les cantonales de 2011 livrent deux enseignements majeurs : une abstention qui atteint des sommets (55%) et des résultats concluants pour le Front National  ( 15%, soit 3 points de plus qu'en 2004) sous l'égide de son nouveau chef, Marine Le Pen. 
Le Front National n'avait jusqu'alors aucun conseiller général. A l'issue du premier tour des cantonales 2011, le Front National est parvenu à se qualifier dans 402 cantons. Il va donc se retrouver en situation d'affronter au second tour les autres formations politiques, et, éventuellement l'emporter (il mène la course dans 39 cantons). Dans quelques cas, cet affrontement prendra la forme d'une triangulaire (3 composantes en lice). Dans la très grande majorité (394 situations sur 402), il s'agit de duels, qui vont opposer le FN au Parti socialiste (204 cas), à l'UMP (89 cas), ...


La question fondamentale est donc celle du report des voix et des consignes données aux électeurs par les formations politiques. 
La cause est inégalement entendue. Les dirigeants du PS, d'Europe Ecologie-Les Verts et du Parti communiste ont appelé ensemble au rassemblement de la gauche pour contrer le FN. Le secrétaire général de l'UMP (Jean-François Copé) a fait savoir que l'UMP ne voulait ni alliance avec le FN ni front républicain ( c'est à dire report des voix des électeurs de l'UMP sur le candidat de gauche affrontant le FN lorsque la situation se pose) contre le FN. Cette prise de position a suscité des remous au sein de la majorité (le chef du Parti radical Jean-Louis Borloo a par exemple nettement appelé à faire barrage au FN) y compris dans les rangs de l'UMP. 

Sources : 
Site du ministère de l'intérieur
Libération, Combien d'élus dimanche pour le Front National, 25 mars 2011
Rfi, En France, taux d'abstention historique au premier tour des cantonales, 21 mars 2011