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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

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lundi 4 avril 2011

Le Liban (1) : la "petite suisse" du Proche Orient

Vignes au Liban


Pendant les vingt années qui suivent la Deuxième Guerre mondiale, le Liban fait figure de havre de paix dans un monde instable et impressionne par sa prospérité : il est alors la "petite Suisse" du Proche-Orient...
le Liban au XII è siècle


Le Liban est un Etat peu banal. Il est d'abord singulier par sa taille - 10 000 km2, soit l'équivalent du département de la Gironde - et par son relief montagneux, qui fait de lui un château d'eau dans une région où l'eau est rare. 
C'est un pays peu peuplé - autour de 4 millions d'habitants -, mais, compte tenu de la superficie du pays, c'est l'un des plus densément peuplés de la région. 
C'est par ailleurs une terre qui a été occupée depuis l'Antiquité et a toujours été une terre de brassage des populations et des civilisations. 
L'Occident y a laissé depuis le Moyen âge une marque durable - la région est conquise par les Croisés, qui y installent les Etats latins d'Orient et revivifient la tradition chrétienne. 





Ce brassage des populations, des cultures et des religions donne au Liban sa caractéristique majeure : c'est un pays multiconfessionnel. Cela signifie que coexistent plusieurs religions au Liban, ce qui est déjà un facteur d'originalité dans le monde arabe. Dans les années d'après-guerre, les chrétiens forment  environ la moitié de la population. Ils sont divisés en plusieurs composantes, dont certaines se rangent sous l'autorité du pape, comme les maronites (= la plus importante communauté chrétienne du Liban), tandis que d'autres lui dénient toute autorité (Grecs orthodoxes par exemple). L'autre moitié de la population comprend des musulmans qui, eux aussi, sont divisés : druzes ( venus d'Egypte, progressistes), chiites, sunnites... Enfin, le Liban compte une petite minorité juive. Au Liban, cette diversité confessionnelle trouve son prolongement dans les institutions. On parle de confessionalisme.  D'après le pacte national défini lors de l'accès à l'indépendance (22/11/1943), les principales confessions sont reconnues par le gouvernement ( 12 sur les 17 présentes au Liban le sont), et doivent y être représentées. Dans ce système, une place majeure est réservée aux chrétiens maronites puisque la fonction de président de la République leur est réservée. Le chef du gouvernement est un musulman sunnite, le président de la Chambre des députés un musulman chiite... 

Valse avec Bachir : un film sur la mémoire


Valse avec Bachir est un film réalisé en 2008 par un réalisateur israélien au parcours sinueux, Ari Folman. C'est un film attachant dont le personnage principal - mais pas le héros - est le réalisateur lui-même, parti à la recherche de sa mémoire perdue. 
Lors de la première guerre du Liban ( 1975-1989), Ari Folman est un jeune homme ( il est né en 1962), il est appelé à faire son service militaire ( 3 ans en Israël) et à servir au Liban. 
" J'ai été enrôlé dans l'armée avant mes 17 ans. En septembre 1982, j'arrivais à Beyrouth Ouest avec l'armée israélienne, après l'assassinat du président Bachir Gemayel, le jour de sa nomination. Je quittais Beyrouth trois jours plus tard, j'étais une tout autre personne... Cette histoire est mon histoire, que j'ai décidé de raconter après plus de vingt ans" (Ari Folman, interview). 
à gauche : Ari Folman au Liban (tel que dessiné dans le film). A droite, le réalisateur Ari Folman lors de la sortie de son film en 2008. 
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Ari Folman, personnage du film
L'histoire que le réalisateur raconte dans ce film est celle d'un trou noir, celui de sa mémoire. Le sujet du film, c'est l'amnésie. Le film raconte - comme un road movie intérieur - sa quête : qu'est ce que j'ai fait à Beyrouth? A quoi ai-je participé? De ce point de vue, le film d'Ari Folman pose des questions qui hantent tous les soldats de toutes les guerres du 20e siècle exposés à des événements traumatiques : ceux du Vietnam, d'Afghanistan, d'Irak... Dans le cas précis de Valse avec Bachir, l'événement effacé de la mémoire, qui forme le point de fuite du film ( et de la reconquête de la mémoire) est le massacre de Sabra et Chatila, perpétré entre le 16 et le 18 septembre 1982 par les milices chrétiennes libanaises, auquel les troupes israéliennes ont assisté sans porter assistance aux victimes - complicité passive -, qu'elles ont laissé faire, voire qu'elles ont "couvert", en ayant autorisé l'entrée des milices chrétiennes dans les camps de Sabra et Chatila et en ayant facilité le massacre des civils palestiniens par l'emploi de fusées éclairantes. 
Le sujet du film, c'est donc l'amnésie, et, au delà, la question de la construction de la mémoire, que le réalisateur compare à un disque dur. 20 ans après, le réalisateur constate qu'il n'a pas "imprimé" ce qu'il a fait au Liban, que son "disque dur est vide". Celui de son ami Boaz par contre - scène du début du film ( extrait)- est bloqué sur un souvenir qui s'impose comme un cauchemar : celui de chiens qu'il lui fallait tuer ( 26 chiens, "je me souviens de chacun d'eux" dit-il) pour qu'ils ne donnent pas l'alerte lors de l'entrée des troupes dans les camps, et qui reviennent le poursuivre 20 ans après...