Pages

Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

Affichage des articles dont le libellé est 1945. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est 1945. Afficher tous les articles

lundi 21 mai 2012

Mémoires de Guerre : la mémoire communiste du conflit

Les mémoires de la Deuxième Guerre mondiale sont plurielles. Parmi elles, la mémoire du conflit véhiculée par le Parti communiste français occupe une place à part. Et ce pour plusieurs raisons. 
D'abord parce que cette mémoire s'exprime dès la Libération et gagne en ampleur dans les années de sortie de guerre. Le Parti communiste revendique alors ouvertement sa contribution à la victoire finale, comme en témoigne cette affiche publiée à l'occasion des élections législatives organisées en octobre 1945 ( les premières depuis 1936) : 

Dans la mémoire du conflit construite par les communistes, la pérennité de la France, symbolisée ici par l'hexagone et par le couple que forment la mère et l'enfant, n'a été possible que par le sacrifice. Celui du Parti - " celui qui a fait le  plus d'efforts et versé le pus de sang" - , celui des militants, qui "par dizaines de milliers (... ) sont tombés en héros". Le sang versé, celui des fusillés, crée un droit à représentation. le Parti communiste, fort du rôle qu'il a joué pendant le second conflit mondial dans la Résistance à l'ennemi, se présente comme le " parti de la Renaissance française", c'est-à- dire un parti qui a pour vocation d'incarner l'aspiration au renouveau de la population. 





jeudi 22 septembre 2011

L'Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

L'Europe sort profondément bouleversée de la Seconde Guerre mondiale et ce, à tous les niveaux : économique ( l'Europe est un champ de ruines), humain ( 35 millions de morts), moral ( 10 millions d'individus sont morts dans les camps - camps de concentration, d'extermination -, parmi lesquels 6 millions de Juifs victimes de la Shoah), diplomatique ( c'est à New York et non dans une capitale européenne que seront installés les sièges des nouvelles institutions mondiales comme l'ONU)... 
Ce bouleversement se traduit aussi sur le territoire européen. 
D'où l'intérêt de connaître la carte de l'Europe telle qu'elle sort de la Guerre, carte qui peut faire l'objet d'une épreuve de document mineure au baccalauréat (Terminale, séries L, ES, S, session 2012). 


Questions :
1. A quel contexte correspond ce document ?
2. Quel est le sort de l'Allemagne et de l'Autriche en 1945 ?
3. Quelle place nouvelle tient l'Union soviétique en Europe et quelles en sont les conséquences ?
4. Quel est le rôle des deux grands événements mentionnés sur la carte dans la préparation de l'avenir de l'Europe ?

De manière traditionnelle, la première question invite à présenter le document ( nature, objet) en insistant sur le contexte de l'année 1945. La question est délicate car il s'agit ici de ne pas empiéter sur la lecture et l'analyse du document auxquelles invitent les questions suivantes. Il faut donc rappeler que l'année 1945 est marquée par la capitulation allemande, obtenue par la Grande Alliance dont les troupes ont progressé d'ouest en est ( pour les troupes américaines et anglaises), d'est en ouest pour les troupes soviétiques. On peut remonter un peu en avant dans la chronologie et évoquer l'ouverture d'un deuxième front en 1944 - qui a permis cette double progression prenant l'Allemagne en tenaille -, éventuellement dater les débarquements. 
La situation de l'Allemagne et de l'Autriche apparaît nettement : elles sont l'objet d'une occupation quadripartite. Il faut dire quelles sont les puissances occupantes, évoquer le statut de Berlin et de Vienne, et surtout indiquer quelles conférences ont décidé de ce démembrement (Téhéran) et de cette occupation (Yalta. Attention à ne pas insister sur Yalta qui fait l'objet d'une question ultérieure) et quelles autres décisions ont été prises pour l'Allemagne ( les 3D de Postdam). La carte mentionne aussi les pertes territoriales. Celles de l'Allemagne sont manifestes dès lors que l'on compare les frontières de 1945 à celles de 1937. Ces pertes territoriales allemandes profitent essentiellement à la Pologne, dont l'accès à la mer est considérablement augmenté. Cette avancée de la Pologne vers l'ouest est souligné par la mention de la ligne Oderneisse qui marque sa frontière occidentale avec l'Allemagne. 
L'Union soviétique tient une place nouvelle en Europe : l'expression est à prendre au premier degré puisque, de fait, l'URSS occupe beaucoup plus de place sur le territoire européen du fait de son glissement vers l'ouest. La frontière soviétique a ainsi été décalée de 200 km vers l'ouest. On parle de territorial power. Il faut distinguer nettement les territoires annexés par l'URSS - qui apparaissent en tant que tels sur la carte - comme les pays baltes, mais aussi la Biélorussie, des territoires libérés ET occupés par l'Armée rouge, qui ne font pas l'objet d'une mention spécifique sur la carte : Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie. Les territoires annexés perdent toute souveraineté et sont englobés dans l'URSS - dont ils forment de nouvelles républiques. Les territoires occupés sont théoriquement souverains. Mais le glissement du centre de gravité de l'URSS vers l'ouest en fait des avant-postes de l'URSS, des têtes de pont qui peuvent autoriser la progression du modèle communiste ou, pour le moins, servir à freiner l'influence éventuelle des Alliés de l'ouest. 
La dernière question est une question de cours - qui prend le document comme prétexte. Yalta et Nuremberg sont indiqués sur la carte. Il faut donc rappeler le contexte, les acteurs, les enjeux de chacune de ces conférences. Pour Yalta, ne pas oublier que le communiqué final comporte une déclaration sur l'Europe libérée, par laquelle les 3 grands s'engagent à oeuvrer ensemble pour l'instauration de régimes démocratiques dans les territoires qu'ils auront libérés. Pour Nuremberg, insister sur l'enjeu : le jugement international des plus hauts dignitaires nazis, considérés comme responsables de la tragédie européenne. 

jeudi 15 septembre 2011

La conférence de Yalta (1)


Cette petite video a le mérite d'aller à l'essentiel : Quand? Qui? Quels objectifs? quelles décisions? 
Ce sont les mêmes questions qui doivent être posées pour toutes les conférences qui sont étudiées au programme de Terminale ( Postdam, San Francisco, pour ne citer que celles qui marquent l'année 1945). 

vendredi 9 septembre 2011

1945, un tournant

L'année 1945 marque un tournant dans le siècle. C'est la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont le bilan est tellement lourd qu'il génère autant l'espoir : espoir d'un monde nouveau, fondé sur la démocratie, l'égalité entre les peuples, la justice, le respect de la personne humaine... que la crainte : comment panser les plaies laissées par le conflit?
C'est ce qu'expriment de nombreuses affiches et caricatures.
L'heure est à la célébration de la victoire, et c'est elle que met en avant cette affiche soviétique : "La bête est morte". L'Allemagne y est représentée sous les traits d'un animal sanguinaire, une bête féroce enfin tombée sous les coups conjugués ( plusieurs couteaux la poignardent ) des puissances alliées, symbolisées par leurs drapeaux : le drapeau britannique, le drapeau américain, le drapeau soviétique. 
La composition de cette affiche donne le sentiment que la Grande Alliance (Etats-Unis, Grande Bretagne, URSS), qui a terrassé le cauchemar hitlérien - représenté tant par la bête féroce que par les ruines -, peut seule tracer la voie vers l'avenir. 
Affiche éditée en 1945 pour la création de l'ONU







L'idée d'une union nécessaire à la préservation de la paix porte aussi les affiches célébrant la création de l'Organisation des Nations-Unies. Sur cette affiche éditée en 1945, l'union des peuples est représentée par les mains de couleurs différentes comme par l'ensemble des drapeaux des 51 pays fondateurs. Cette union est le creuset qui permettra la naissance d'un monde nouveau : l'enfant, qui réconcilie tous les peuples du monde, symbolise la paix.

Dessin américain de D.R. Fitzpatrick, 1945
Espoir, la paix est aussi nécessité. La victoire n'a de sens que si elle permet la création d'un monde meilleur. C'est ce que rappelle un dessin de D.R.Fitzpatrick relatif à l'ONU. Ici, l'accent est davantage mis sur le sacrifice enduré : l'ombre portée des combattants morts pèse sur le présent. La nouvelle organisation représente l'espoir fragile ( c'est un esquif en pleine mer) que le sacrifice n'aura pas été vain. La comparaison entre les deux documents est saisissante : la première - dont la composition oppose nuit et lumière, néant et renaissance - est toute en verticalité, en élévation. Le monde nouveau est en gestation. Dans la seconde par contre, ce monde nouveau - désincarné - subit le poids de la guerre. Les hommes représentés sont morts. Ce sont eux dont le souvenir exige un renouveau. 


Cette ambivalence de 1945 est reprise dans cette caricature allemande (dessin de Leffe). Elle évoque un nécessaire passage de relais entre le vieux monde blessé par le conflit et le monde à venir. La frontière entre les deux mondes est nette : elle est marquée d'un panneau "PAX". 
Mais le passage de relais est empoisonné par la nature de celui-ci : sur le relaisporté par "l'homme de 1945" est inscrit : "AtomEnergie". Le message est clair. Le principal fardeau sera celui de l'arme nucléaire, que les Etats-Unis sont alors seuls à détenir, et dont l'usage - à Hiroshima puis Nagasaki en août 1945- a provoqué un choc des consciences. 
"La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. (...)
Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive"
Camus, Combat, 8 août 1945

Composition : Le monde en 1945

Un sujet de composition : 


Le monde au lendemain de la Seconde Guerre mondiale- 1945 : bilan de la guerre et nouveaux rapports de forces.

Chronologie indicative :
7-8 mai 1945 Capitulation sans conditions du IIIe Reich.
                      Cinquante millions de « personnes déplacées » en Europe.
26 juin           Conférence de San Francisco : fondation des Nations Unies
juillet             Conférence de Postdam. Découpage des zones d’occupation en Allemagne
6-9 août         Bombes atomiques sur le Japon
Août              reprise de la guerre civile en Chine
2 septembre   Capitulation du Japon
20 octobre     Ouverture du Procès de Nuremberg
Novembre     Premières élections en Europe.

La composition proposée porte sur le premier chapitre du programme vu en Terminale. Le sujet est classique. Il porte sur une seule année, c'est un sujet-tableau, et donc le plan attendu est forcément un plan thématique ( plusieurs thèmes sont successivement traités). Les connaissances à maîtriser appartiennent à un seul chapitre, il n'y a donc pas de difficulté liée au recoupement de chapitres ( comme c'est souvent le cas pour des sujets portant sur de longues périodes).
☛La difficulté vient de l'intitulé du sujet :
Premier risque : Les limites chronologiques sont nettement données ( on sait d'emblée qu'il ne faut pas traiter l'avant-1945 et par ailleurs qu'il faut se garder de déborder - en évoquant par exemple la période 1945-1947). Ici, le sujet suggère - par la mention des premières élections en Europe en 1945 - que l'on souhaite voir évoqué le basculement possible vers la Guerre froide, mais il ne faut pas le traiter en tant que tel.
Deuxième risque : après l'énoncé du coeur du sujet ( Le monde au lendemain de la Seconde Guerre mondiale-1945), l'intitulé cherche à le préciser ( ce qui part d'une bonne intention, puisque ce sujet est très vaste!). Mais ce faisant, il mentionne deux aspects  (bilan de la guerre / nouveaux rapports de force ) qui ne devraient pas être dissociés. En effet, le mot ET ne doit pas être oublié. Il invite à RELIER les deux aspects. Le second écueil consisterait à les traiter l'un après l'autre ( I. Le bilan de la guerre, II. De nouveaux rapports de force). Puisque le mot invite à une mise en relation, il faut s'y tenir et ce n'est pas forcément évident. Par contre, une bonne lecture de l'énoncé permet de trouver rapidement la problématique suggérée : En quoi le bilan de la guerre est-il porteur de nouveaux rapports de force?
La difficulté vient aussi de la chronologie.  
Une chronologie donne le sentiment au candidat qu'elle va permettre de pallier ses éventuelles défaillances de mémoire. C'est vrai et faux à la fois. 
Vrai, parce que les chronologies proposées ne comportent pas d'erreur ( en tous cas intentionnelle). Donc, la chronologie permet de remettre en mémoire, et sa lecture attentive aide à préciser les thèmes. Par exemple, la mention de la bombe atomique signale l'importance du bilan humain mais aussi moral du conflit. Elle invite aussi le candidat à penser au fait que les Etats-Unis sont alors en situation de monopole nucléaire. 
Mais c'est aussi faux puisque la chronologie n'est pas exhaustive : certains événements majeurs ne sont pas mentionnés. Ici, le plus marquant est l'absence de la conférence de Yalta. Le candidat qui s'appuie sur la chronologie - au pire, en énumérant les événements qu'elle contient sans rien expliquer et de manière énumérative - sans mobiliser des connaissances personnelles  est rapidement repéré... Donc, la chronologie est une aide à la construction du plan, en aucun cas elle ne remplace la bonne maîtrise du cours! Elle est seulement indicative. 
Ce qui précède démontre que la réflexion sur le sujet est essentielle.
Passage de relais entre l'année 1945 et l'année 1946
Caricature allemande de Leffe
Analyser le sujet proposé conduit à proposer le plan suivant ( ✓il n'y a évidemment pas qu'un seul plan possible), qui conviendrait pour tout sujet portant sur l'année 1945, à l'échelle mondiale, et invitant à mettre en parallèle le bilan du conflit et les rééquilibrages et espoirs qu'il autorise ( EX : 1945 : Bilan de la guerre et mise en place d'un nouvel ordre mondial) :
I. Ruines et réorganisation économique
1. Un bilan économique contrasté
2. Quel nouvel ordre économique?
II. Bilan humain et changement de valeurs
1. L'Europe compte ses morts
2. La guerre, un combat idéologique : la victoire doit avoir un sens
3. Le jugement des responsables
III. Nouveau monde et rééquilibrage des puissances
1. Deux super-puissances
2. Une Europe sous influence
3. L'ONU et le rêve d'un monde nouveau
Comme les titres de chacune des parties le montrent, ce plan prend en compte le ET de l'intitulé, et le décline dans chacune des parties, lesquelles sont centrées chacune sur un thème précis : la dimension économique ( placée en premier car c'est sans doute celle sur laquelle il y aura le moins de choses à dire), la dimension humaine, puis la dimension géopolitique, laquelle, évoquée en dernier, permet d'évoquer le glissement vers la Guerre froide.