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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

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samedi 17 décembre 2011

Cesaria Evora, la "diva aux pieds nus", a cessé de chanter la langueur du Cap Vert



Césaria Evora, décédée aujourd'hui à l'âge de 70 ans, avait rencontré le succès en France à la fin des années 1980. Originaire du Cap Vert, un archipel situé au large des côtes africaines, elle y avait toujours chanté jusqu'à ce qu'un capverdien installé en France ne lui propose, en 1988, d'enregistrer un premier disque produit par Lusafrica. Ensuite, le succès était allé s'amplifiant, avec l'intérêt pour la world music et particulièrement pour les musiques africaines. Cesaria Evora, interprète et non auteur-compositeur, chantait avec une voix stupéfiante la Morna ( la musique du Cap Vert). 
Son itinéraire - entre l'Europe et le Cap Vert - est représentatif de celui de nombreux cap verdiens, dont beaucoup ont quitté l'archipel. Un peu plus de 500 000 habitants sur l'archipel, près de 700 000 capverdiens à l'étranger ( Etats-Unis, Portugal, France, Pays-Bas...). Signe d'une longue difficulté de l'ancienne petite colonie portugaise, longtemps centre important de la traite des esclaves, à sortir du mal-développement. 



Une courte biographie de la chanteuse :
http://www.mondomix.com/cesaria-evora/fr/biographie.htm
Et, sur le Cap Vert, le site gouvernemental suivant : www.diplomatie.gouv.fr

vendredi 7 octobre 2011

Prix Nobel de la Paix 2011 : une reconnaissance du rôle des femmes

De gauche à droite : la militante yéménite Tawakkul KARMAN, la présidente du Libéria Ellen JOHNSON-SIRLEAF, la militante libérienne LEYMAH GBOWEE
Le prix Nobel de la Paix 2011 vient d'être décerné. Le choix du comité en charge de la désignation ( le comité comprend cinq personnes désignées par le Parlement norvégien) s'est, cette année, porté sur trois figures féminines. Deux libériennes : Ellen Johnson-Sirleaf , Leymah Gbowee et une yéménite : Tawakkul Karman
Mère Térésa, Calcutta
Ce n'est pas la première fois que des femmes sont honorées par cette distinction : on se souvient de la nomination de Mère Térésa (1979) - pour sa contribution à la lutte contre la pauvreté en Inde- , ou, plus récemment, de celle de Aung San Suu Kyi (1991) - militante birmane- . Mais ces femmes distinguées ( six depuis 1901, sans compter les lauréates 2011) faisaient figure d'exception dans un paysage masculin. Avec trois nominations féminines, le prix Nobel 2011 représente une rupture. 
La seconde nouveauté tient aux fondements de la distinction. Les femmes honorées par le Nobel de la Paix ont toujours été des militantes : présidentes d'organisations pacifistes (en 1946, la lauréate est ainsi la présidente de la Ligue internationale des femmes pour la paix ou la liberté), militantes écologistes (en 2004, c'est la militante écologiste kényane Wangari Muta Maathai qui est distinguée), militante "sur le terrain" ( Mère Térésa dans les bidonvilles de Calcutta)... Les femmes honorées en 2011 sont, elles aussi, des militantes. En faveur de la paix ( les deux libériennes ont été impliquées dans le combat non-violent pour la fin de la guerre civile au Libéria), en faveur d'une société libérée de toute forme d'oppression. Ce qui est nouveau, c'est que leur combat - et donc, le combat qui a été distingué - n'est pas seulement un combat pacifiste auquel des femmes, comme d'autres, auraient pris part. C'est  un combat mené par des femmes, avec des formes de lutte spécifiques, porté par la conviction que les femmes ont une voix à faire entendre et des droits à faire respecter. 
Chirine Ebadi
En ce sens, la nomination de Chirine EBADI (prix Nobel 2003), la première femme à avoir accédé à la fonction de juge en Iran, fonction qu'elle a mise au service de la défense des droits des femmes iraniennes, peut être considérée comme le premier pas vers la consécration du combat, pacifiste et féministe, des femmes. En 2011, les trois militantes distinguées l'ont été "pour leur lutte non-violente pour la sécurité des femmes et leurs droits à une participation entière dans la construction de leur pays". 
Tawakkul Karman apprend sa nomination
Consacrer la lutte des femmes en faveur des droits des femmes dans une société de justice et de paix... Le choix de Tawakkul Karman - journaliste yéménite qui a fondé en 2005 le groupe Femmes journalistes sans chaînes, femme pionnier de la contestation menée depuis  le printemps 2011 contre le régime du président Saleh - est une forme d'hommage à un printemps arabe révolutionnaire ET féminin. D'ailleurs, c'est aux militants arabes que la lauréate a immédiatement dédié son prix. 
http://www.courrierinternational.com/article/2011/07/07/un-printemps-revolutionnaire-et-feminin
Le choix de la militante libérienne Leymah Gbowee est, lui aussi, sans surprise dans le cadre d'une consécration de l'action non-violente menée par les femmes. Leymah Gbowee est en effet l'une des actrices majeures de la lutte que les femmes ont mené au Libéria en 2003 contre le régime du dictateur Charles Taylor, pour mettre un terme à la guerre civile qui ravageait le pays. 
Un documentaire produit en 2008, dans lequel Leymah Gbowee intervient, a d'ailleurs été consacré à cette victoire féminine et non-violente sur la violence du régime et de la société libérienne des années 1990 et 2000 : Pray the Devil back to Hell. 
"Il n'y a rien qui devrait conduire les gens à faire ce qu'ils ont fait aux enfants du Liberia", drogués, armés, devenus des machines à tuer, explique-t-elle (Leymah Gbowee)  dans un documentaire sur le combat des Libériennes pour la paix, "Pray the Devil Back to Hell" ("Prie et renvoie le diable en enfer"). La lutte des Libériennes pour la paix "n'est pas une histoire de guerre traditionnelle. Il s'agit d'une armée de femmes vêtues de blanc, qui se sont levées lorsque personne ne le voulait, sans peur, parce que les pires choses imaginables nous étaient déjà arrivées", écrit-elle dans son autobiographie. "Il s'agit de la manière dont nous avons trouvé la force morale, la persévérance et le courage d'élever nos voix contre la guerre, et rétablir le bon sens dans notre pays", ajoute-t-elle. ( article sur le site 7 sur 7)
Leymah Gbowee
http://praythedevilbacktohell.com/
Ellen Johnson Sirleaf, une des trois lauréates du prix Nobel de la paix, a déclaré vendredi à Monrovia que "c'est un prix pour tout le peuple libérien".
Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria depuis 2006
La présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, était la "lauréate la plus probable" ( selon la chaîne norvégienne TV2) ; elle est aussi la seule lauréate contestée... Des trois militantes reconnues par le Nobel, elle est la seule femme de pouvoir. La lutte menée par les femmes libériennes pour mettre un terme à la dictature de Charles Taylor et à la guerre civile a en effet permis une transition démocratique et l'élection de Ellen Sirleaf à la présidence (2006). Elle est alors entrée dans l'Histoire en devenant la première femme élue présidente sur le continent africain. En 2011, le prix Nobel consacre cet itinéraire d'exception. Mais il intervient à un moment critique pour la lauréate, qui est désormais une présidente sortante dont le bilan est discuté à quelques jours des élections présidentielles. Il peut aussi être perçu comme un "coup de pouce", ce qui attise les critiques. Le principal adversaire politique d'Ellen Sirleaf, Winston Tubman (dirigeant du Congrès pour le Changement démocratique) ne mâche pas ses mots : "Ce prix est inacceptable et non mérité". La présidente sortante a engagé une lutte sans merci contre la corruption politique -  engagement qui lui a valu le surnom de "dame de fer"- ; elle est par ailleurs parvenue à éviter la crise alimentaire à son pays, en attirant des investisseurs étrangers. Mais elle est accusée de ne pas avoir tenu ses promesses économiques et sociales - le chômage touche toujours 80% de la population libérienne - et, surtout, de ne pas avoir suffisamment oeuvré dans le sens de la réconciliation nationale, dans un pays ravagé par une longue guerre civile. 
Sources : 
http://www.europe1.fr/International/Ellen-Johnson-Sirleaf-femme-d-influence-757117/
http://www.lagazettedeberlin.de/5625.html
http://www.lematin.ch/actu/monde/le-nobel-de-la-paix-attribue-trois-liberiennes
http://www.courrierinternational.com/article/2011/07/07/un-printemps-revolutionnaire-et-feminin
http://www.leparisien.fr/international/nobel-de-la-paix-deux-africaines-et-une-arabe-recompensees-07-10-2011-1642583.php

mercredi 1 juin 2011

Luanda, le "Monaco de l'Afrique"



Luanda, la capitale angolaise, symbolise la frénésie d'une croissance nouvelle. Depuis 2002 et la découverte de gisements pétroliers off-shore , l'Angola est devenu un pays pétrolier qui compte. Il est désormais le 15e producteur mondial - et le premier pays africain, devant le Nigéria - , avec une production de l'ordre de 1,8 millions de barils par jour. Cette ressource lui permet d'intégrer le club des grands exportateurs, parmi lesquels il se place aujourd'hui au 10e rang. L'exportation du pétrole assure à l'Angola une croissance soutenue, de l'ordre de 13% par an. 
Cette croissance économique se traduit dans l'espace par la croissance spectaculaire de la population de la capitale politique - et économique - du pays : Luanda, objet de ce court documentaire de France 24. La croissance économique récente n'a certes pas créé la croissance urbaine. Avant les années 2000, l'Angola connaît déjà une forte évolution de son urbanisation. Comme tous les pays du Sud, l'Angola s'urbanise rapidement depuis les années 1960. Le taux d'urbanisation ( part de la population urbaine sur la population totale) est passé de 10% en 1960, à 32% en 1995 pour atteindre 47% en 2010. Quant à Luanda, elle est passée de 225 000 habitants en 1960 à un million en 1985, mais dépasse désormais les 5 millions. La croissance urbaine de l'Angola est vertigineuse, celle de sa capitale, plus encore. A elle seule, Luanda concentre près de 30% de la population angolaise (estimée à 19 millions d'habitants en 2010).
Comme le souligne le documentaire, la forte attraction de Luanda se traduit par un boom de l'immobilier. Luanda est désormais LA ville la plus chère du monde. Le documentaire évoque des loyers prohibitifs ( plus de 5 000 $ par mois pour un deux pièces ! ), et donc une fuite des populations vers la banlieue, dans laquelle se développent des projets immobiliers très rémunérateurs pour les promoteurs. 
Ce que le documentaire suggère, sans le montrer réellement, c'est que cette croissance urbaine creuse plus encore les inégalités sociales. 
L'argent du pétrole autorise des projets architecturaux somptueux, comme celui appelé "Torre Ambiente" (photo ci-contre), imposant bâtiment haut de 120 mètres, composé de 28 étages, et surmonté d'un héliport. La Torre Ambiente se compose de 90 appartements de types T1 à T5 allant de 93 et 1.167m². Au total, le bâtiment offre 21.900 mètres carrés dédiés aux logements de luxe (19 étages), répartis comme suit : 4 T5 en duplex, 30 T4, 16 T3, 24 T2 et 16 T1. Les six premiers étages de la Torre Ambiente sont conçus pour abriter des bureaux. Le prix du m² s’élève à 8.000$. [...] Mais l'«image de marque» de la Torre Ambiente réside dans ses luxueux T5 en duplex avec une surface allant de 995 à 1.167m² comprenant piscine, terrasses ainsi qu’une superbe vue sur la baie de Luanda. Le prix de vente de ces appartements (quatre au total) est de 9.995 millions de dollars. A cet égard, Marcos Cardoso a souligné que «le prix du mètre carré se situe dans le marché des logements de luxe». L’appartement le moins cher se situe au huitième étage. Il s'agit d'un T1 de 93m² à 930.000$. Ces valeurs sont comparables aux bâtiments les plus chers au monde tels que la Donald Trump Tower à Manhattan.

Mais dans le temps même où ces constructions sollicitent les architectes les plus talentueux, les bidonvilles (shantytowns) demeurent. Celui de Boavista (photo ci-contre) en est un exemple. Un exemple tellement banal que c'est à Luanda que les Nations Unies ont organisé la journée mondiale de l'habitat en 2008! 


http://planetevivante.wordpress.com/2008/10/06/journee-mondiale-de-lhabitat-2008/


Sources :
France 24, Luanda, le Monaco de l'Afrique
Rapport général de l’étude « Africapolis II, L’urbanisation en Afrique centrale et orientale », Hervé Gazel, Dominique Harre, François Moriconi-Ebrard, Agence Française de Développement (AFD) / e-Geopolis, novembre 2010.
Fiche pays ANGOLA consultée à l'adresse URL suivante : 
http://e-geopolis.eu/IMG/pdf/AFRICAPOLISII_FICHES_PAYS_1/FICHE%20PAYS%20ANGOLA.pdf
http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_1730 
http://planetevivante.wordpress.com/2008/10/06/journee-mondiale-de-lhabitat-2008/

dimanche 1 mai 2011

Quand l'actualité répond au cinéma... Lord of War, fin de partie ?


Dans le film Lord of War, Yuri Orlov (Nicolas Cage) -  le trafiquant d'armes le plus talentueux dans son domaine ... le "lord of War" - est finalement arrêté par Jack Valentine, l'agent d'Interpol lancé à sa poursuite. Mais cette arrestation n'est qu'un coup d'arrêt, très provisoire, à l'activité meurtrière du trafiquant. Comme il l'explique à Jack Valentine, le trafiquant va être libéré sur ordre des autorités qui ont intérêt à ce que des "intermédiaires" de son espèce fassent le travail. Etats-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne sont en effet de très grands vendeurs d'armes...
Sorti en 2005, le film réalisé par Andrew Niccol est profondément pessimiste : le marchand de mort, utile aux grandes puissances, a certes perdu sa femme et son fils (qui font le choix de le quitter), son frère ( qui fait le choix de mourir plutôt que de permettre un massacre)... mais il peut continuer son trafic. La traque dont il a été l'objet n'aura servi à rien, sur le fonds. 
Le film s'est inspiré de l'itinéraire d'un trafiquant d'armes bien connu, en liberté - et en activité...-  au moment où le film a été tourné : Viktor Bout. En 2010, son extradition aux Etats-Unis - suite à son arrestation en Thaïlande- semble faire écho au film : le modèle va-t-il connaître le même sort que la copie? 
Viktor Bout, surnommé le «marchand de mort», arrive à l’aéroport de Bangkok sous escorte de la police thaïlandaise. AP, photo La Tribune de Genève, 19 janvier 2011

"Epilogue. Après plus de deux ans de procédures judiciaires et diplomatiques, Viktor Bout, surnommé le «marchand de mort», a quitté les geôles thaïlandaises hier pour être jugé aux Etats-Unis. Si le parcours de celui que le Pentagone considère comme «l’un des trafiquants d’armes les plus prolifiques du monde» a inspiré le personnage de Nicolas Cage dans Lord of War, il n’en risque pas moins la perpétuité. Arrêté à Bangkok en 2008, cet ancien pilote de l’Armée rouge de 43 ans est accusé d’avoir livré des armes aux belligérants du monde entier.
Né – officiellement – au Tadjikistan en 1967, l’homme qui possède autant de passeports que de noms d’emprunt étudie à l’Institut militaire des langues étrangères à Moscou, avant d’intégrer l’armée de l’air puis le KGB. En 1989, la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide lui offrent de nouvelles opportunités. L’ex- officier polyglotte – il parle sept langues, dont le farsi et le zoulou, et a profité de son séjour à l’ombre pour apprendre le thaï et le sanskrit – se lance en 1991 dans les affaires opaques. 
 Le matériel de guerre soviétique prend la poussière dans les bases militaires et se négocie à bas prix. Viktor Bout décide alors de constituer sa propre flotte d’avions-cargo. A 25 ans, il achète trois Antonov pour une bouchée de pain. D’autres suivront. En fin de «carrière», il disposera d’un parc d’une soixantaine d’appareils.
Destination privilégiée? L’Afrique, royaume des conflits ethniques et terrain de jeu lucratif pour le marchand de mort. Grâce à ses relations et à son sens de l’organisation, Bout offre un service unique. Il livre tout, n’importe où, dans un temps record et sans intermédiaire. Entre deux largages d’AK-47, il fait escale à Johannesburg pour acheter des glaïeuls, revendu à prix d’or aux Emirats. Ce maître du commerce illicite se bâtit rapidement un empire. Son système est au point et sans faille. Il se joue des embargos, contourne les lois, jongle avec les immatriculations, modifie les plans de vol, multiplie les sociétés écrans et n’hésite jamais à fournir les factions rivales d’un même conflit.
Surnommé le «Bill Gates des trafics» par un ancien ministre britannique, son ombre plane sur toutes les guerres civiles africaines. Et bien au-delà. Il dépanne aussi bien le commandant Massoud que les talibans. Il aurait même acheminé de l’équipement de déminage pour une ONG en Angola, à qui il avait livré des mines antipersonnel un an auparavant. Dans sa grandeur d’âme, cet amoureux de Tolstoï et de Gogol a également mis sa redoutable logistique à disposition de la France en 1994 au Rwanda et des Etats-Unis dix ans plus tard en Irak…
Ce double jeu lui a sans doute permis de passer plus d’une fois entre les mailles du filet. Recherché par Interpol, Viktor Bout s’est finalement fait avoir comme un bleu par des membres de l’agence antidrogue des Etats-Unis se faisant passer pour d’authentiques guérilleros colombiens. Jusqu’ici muet comme une tombe, le Russe extradé pourrait lâcher le morceau. Ce qui contrarie le Kremlin. S’agissant du trafic d’armes, Bout est «l’homme qui en savait trop».
La Tribune de Genève,  19 janvier 2011
Yannick Van der Schueren, 
Source : La Tribune de Genève, article de Yannick van der Schueren, Fin de partie pour le marchand de mort russe Viktor Bout, 29 janvier 2011

mardi 22 février 2011

Esclavagisme et grand écran






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Esclavage : mémoires, héritages, et conséquences.

C'est le thème choisi pour lesRencontres internationales du film de chercheurs qui se déroule du 1 au 3 février 2011, à l'Université de Lyon 2.




Cette rencontre fait suite au "Festival international de la vidéo de recherche sur les esclavages" initié par les programmes canadien (MCRI) européen (EURESCL-7è PCRD), français (CIRESC). Elle sera l'occasion de réfléchir à la fois aux différents processus de reconnaissance de la citoyenneté des afro-descendants et à l'apport de l'anthropologie sonore et visuelle dans le débat contemporain.


L'esclavagisme est donc, de manière assez récente, le thème de rencontres autour de films de chercheurs.

Depuis longtemps, le grand écran s'est emparé du sujet, mais de manière ponctuelle et parcellaire.


On peut citer le film d'Henry Hathaway, "âmes à la mer",sorti en 1937, qui prend pour toile de fond une révolte d'esclaves sur un navire anglais.

Affiche du film "Ames à la mer", 1937




Synopsis : Angleterre, 1842. Le capitaine Michael Taylor est accusé d'avoir provoqué la mort de plusieurs personnes lors d'un naufrage. Malgré différents témoignages en sa faveur, la Cour s'apprête à le juger coupable. C'est alors qu'un représentant de la Couronne raconte la véritable histoire de Taylor.
Quelque mois plus tôt... Taylor et son ami Powdah appartiennent à l'équipage d'un navire esclavagiste. Soumis à un traitement inhumain, les esclaves finissent par se révolter et par tuer le capitaine du bateau. Après enquête, il apparaît que Taylor a sauvé bon nombre d'esclaves. C'est alors que le gouvernement britannique décide de lui confier une mission secrète...


Mais, comme le montrent nettement l'affiche et le synopsis, ce sont les acteurs blancs du drame qui sont les personnages clés. 

En 1997, Steven Spielberg réalise la première ( ou l'une des premières ) production qui place la question de la traité négrière et de l'esclavage au coeur du propos : Amistad.

Synopsis : 
En 1839, l'Amistad, navire espagnol transportant des esclaves africains, est pris dans une violente tempête au large de Cuba. Une cinquantaine de prisonniers réussissent à se libérer de leurs chaînes et se retournent contre leurs bourreaux, qu'ils passent par les armes. Cinqué, leur leader, oblige le capitaine à les ramener vers l'Afrique, mais celui-ci, profitant de son ignorance, met le cap sur l'Amérique. Jetés en prison, les mutins vont être défendus par deux fervents abolitionnistes, Theodore Joadson et Lewis Tappan, qui engagent un jeune avocat, Roger Baldwin.





Sources :
www.ecrannoir.fr/films/97/amistad
www.cinemovies.fr/fiche_film/php
www.cinetrafic.fr

dimanche 20 février 2011

Lever le silence sur un sujet longtemps tabou : le commerce des esclaves



  • Breaking the Silence : un programme de l'UNESCO

Depuis sa création en 1946, l’UNESCO est l’organisation des Nations Unies responsable de la lutte contre l’ignorance et de la promotion de la compréhension mutuelle entre les peuples. 
Convaincue que l’occultation d’événements historiques majeurs constitue en soi un obstacle à cette compréhension mutuelle, à la réconciliation et à la coopération entre les peuples, l’UNESCO a lancé en 1994 le projet La Route de l’esclave, pour briser le silence sur la traite négrière et l’esclavage. Une tragédie qui a impliqué tous les continents et provoqué d’énormes bouleversements qui affectent encore les sociétés modernes. Le projet de l'UNESCO vise à encourager la production de la connaissance scientifique sur le sujet et sa vulgarisation auprès des populations, de manière à favoriser le dialogue entre les cultures et la paix. En 2010, il a débouché sur la création d'un DVD (en anglais, français, espagnol) qui propose une "vision globale" du phénomène et propose une somme des connaissances scientifiques sur la question. 

Le projet "Breaking the Silence : Transatlantic Slave Trade (TST)", lancé lui aussi dans les années 1990, est directement destiné au milieu scolaire. Il relie des écoles des trois régions impliquées dans le commerce transatlantique des esclaves : Afrique, les Amériques, et l'Europe. L'objectif du projet est d'accroître la conscience et la vigilance autour du phénomène esclavagiste - dans sa dimension passée et présente. 
Initialement financé par la Norvège, le projet a facilité les échanges entre professeurs, étudiants, et permis la création d'un matériel éducatif tenant compte de l'implication spécifique de chaque région
Participants : 
Afrique : Angola, Bénin, Gambie, Ghana, Mozambique, Nigéria, Sénégal
Amérique Latine et Caraïbes : les Barbades, Brésil, Cuba, république dominicaine, HaÏti, la Jamaïque
Amérique du Nord : Etats-Unis
Europe : Danemark, Pays-Bas, France, Royaume-Uni, Portugal, Espagne, Norvège. 
  • La traité négrière et l'esclavage : une tragédie unique dans l'histoire de l'humanité
Le commerce transatlantique est désormais considéré comme un crime contre l'humanité, y compris par les pays qui y participèrent activement. La dénomination de "crime contre l'humanité" a ainsi été employée par le gouvernement français en février 1999, et cette position a été adoptée par l'Unesco. commerce esclavagiste transatlantique est unique dans l'histoire de l'humanité pour trois raisons majeures : sa durée (environ 4 siècles), ses victimes (des hommes, femmes et enfants africains), la légitimation intellectuelle dont il a été l'objet de la part de ses acteurs (développement d'une idéologie raciste). 
Les routes majeures de l'esclavage depuis l'Afrique vers le Vieux Monde et les Nouveaux Mondes
Le commerce transatlantique des esclaves peut être considéré comme une première expérience de mondialisation. Représentant la plus grande entreprise de déportation de l'histoire (environ 17 millions de déportés), ce commerce a eu un impact déterminant sur l'économie mondiale du 18e siècle en connectant l'économie de trois continents, en autorisant l'essor du Vieux Monde, et en jouant un rôle essentiel au développement économique des Amériques.  


Peinture de Alphonse Lévy (1843-1918),
Convoi de femmes captives, date inconnue
Conservé au musée des Arts africains et océaniens


 En Europe, le commerce des esclaves africains concerne d'abord les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, puis les Français. Il atteint des proportions inconnues auparavant avec les Anglais, qui fondent une compagnie royale (1672, Royal Africa Company).


Le commerce implique la capture des esclaves, leur regroupement, puis leur déportation à travers l'Atlantique ( "the middle passage"). Les conditions de voyage sont effroyables et occasionnent la mort d'environ un million d'esclaves. 


vente d'esclaves, St Helena, 1829



A l'arrivée dans le Nouveau Monde - Caraïbes, Amérique latine, colonies anglaises de l'Amérique du Nord - , les esclaves sont l'objet d'une vente particulièrement lucrative.

Comme en témoigne l'affiche ci-contre, l'esclave est une marchandise comme une autre. La même affiche annonce la vente de trois esclaves dont les caractéristiques de sexe, d'âge et de corpulence sont précisées, mais aussi de riz, de livres...etc



Propriété de celui qui le possède, l'esclave est l'objet de sanctions en cas de désobéissance au maître, comme à ses représentants. Ainsi de cette femme, condamnée à une peine de 200 coups de fouets pour avoir refusé d'avoir des relations sexuelles avec un contremaître (Surinam, 1774)


Sources : 
Site internet : http://old.antislavery.org/breakingthesilence
Site de l'UNESCO : www.unesco.org

Surtout, un site qui propose une collection (1200 images ) exceptionnelle de documents relatifs à l'histoire de la traité négrière et de l'esclavage : www.slaveryimages.org, site sponsorisé par la Virginia Foundation for the Humanities and the University of the Virginia Library. Raccourci : http://hitchcock.itc.virginia.edu/slavery/index.php. Cet article utilise les images référencées C O18 (peinture d'Alphonse Lévy), NW 0204 (Flagellation of a Female Slave), H OO3 (vente d'esclaves à St Helena)

lundi 31 janvier 2011

Une vision sombre de l'Afrique décolonisée

La décolonisation de l'Afrique noire commence dans les années 1950. Très rapidement, les difficultés rencontrées par les pays africains nouvellement indépendants, et parmi elles, la difficulté à construire des états démocratiques, sont pointées du doigt. En témoigne cette caricature de 1960, signée Fritz Behrendt, un caricaturiste allemand-hollandais ( né à Berlin en 1925, il s'est réfugié aux Pays-Bas en 1937 et y a vécu pendant la Seconde guerre mondiale. Il participe après-guerre aux plus grands journaux allemands ).

"Nouvelles gens", caricature de Fritz Behrendt, 1960

Dans ce dessin, seuls deux éléments changent entre les deux images : le dictateur noir a remplacé le colon, la servitude des populations reste entière, mais elle est assortie d'une façade de consentement, que symbolisent les slogans "vivat...". 

La photo qui suit fait écho à cette vision sombre. Elle représente le dictateur Mobutu, qui a régné sur le Zaïre (ex-Congo belge) de 1965 à 1997, date de son décès. Mobutu Sesse Seko, "président Soleil", le "léopard de Kinshasa", le "roi Léopard", incarne la dictature au service de l'enrichissement personnel : à sa mort, en 1997, sa fortune personnelle ( placée à l'étranger : France, Belgique, Luxembourg, Portugal, Afrique du Sud, Suisse...etc) s'élève à 7 milliards de dollars. 

Mobutu Sesse Seko 
Le parcours de Mobutu, les soutiens qu'il a trouvé auprès des occidentaux sont décrits dans un rapport émanant du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement): 
"Mais d’où venait cet argent ? Mobutu possédait de nombreuses parts dans des sociétés, notamment la Gécamines, la société minière d’État seule autorisée à exploiter le cuivre et le cobalt, qui lui reversait une partie des recettes d’exploitation. Il avait orchestré un pillage systématique des fonds publics, en ouvrant par exemple des comptes de la Banque centrale du Zaïre à l’étranger ou en s’octroyant 30 à 40% des investissements publics avec l’accord du Parlement. (...) Selon le Financial Times, le Zaïre a reçu de l’Occident 8,5 milliards $ de subventions et de prêts. « Pourtant, on a du mal à croire qu’il ait été fait grand chose au Zaïre sur le plan économique ou social », indiquait en 1997 un rapport interne de la Banque mondiale. En effet, cet argent a été alloué à Mobutu, non pas pour développer son pays mais parce qu’il était un allié indispensable contre le communisme du temps de la guerre froide. Il avait ainsi ordonné l’assassinat du père de l’indépendance congolaise, Patrice Lumumba, en 1961, allié des soviétiques. Le Zaïre regorgeait par ailleurs de ressources naturelles (cuivre, cobalt, or, diamant, bois) et de terres propices à la culture du café et du cacao. "
( rapport "Biens mal acquis", juin 2009, établi par le CCFD. Rapport qui passe en revue les avoirs détournés de quelque 30 dirigeants de pays en voie de développement - évalués à 100 milliards de dollars au total -, interroge la question de savoir "à qui profite le crime?" et préconise la restitution des biens aux populations pillées). 

Pour consulter l'article dans son intégralité : 
http://ccfd-terresolidaire.org/BMA/img/PDF/pays/BMA_chap1-2congo.pdf


Sources : 
Photo de Mobutu, extraite du manuel d'Histoire Terminale Hachette 2002, p.165
Caricature de Behrendt, manuel d'Histoire Terminale Nathan, 2008, p. 153. 
Site du CCFD. Rapport "Biens mal acquis, A qui profite le crime?", juin 2009.