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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

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samedi 12 mai 2012

La guerre d'anéantissement à l'Est, 1941


Un sujet de type bac, nouveau programme 1ère S.

Sujet : la guerre d’anéantissement sur le front de l’Est
Consigne : Après avoir présenté les deux documents ( vous serez particulièrement attentifs au contexte), montrez que la guerre de l’Allemagne nazie contre l’URSS relève d’une guerre d’anéantissement. Vous soulignerez les dimensions idéologiques de ce conflit en confrontant ces deux documents.

Document 1. Directive aux armées allemandes pour la campagne en URSS
Dans le combat contre le bolchevisme, nous ne devons pas supposer que le comportement de l’ennemi s’appuiera sur les principes d’humanité ou du doit international. On peut s’attendre en particulier à un traitement des prisonniers de guerre inspiré par la haine, cruel et inhumain de la part des commissaires politiques1 de tous grades, qui sont les vrais chefs de la résistance.
Il faut attirer l’attention de toutes les unités sur ce qui suit :
-montrer de la considération pour ces éléments au cours de ce combat ou agir conformément aux règles internationales de la guerre est une erreur mettant en danger notre propre sécurité et la rapide pacification des territoires conquis ;
-les commissaires politiques ont inauguré de nouvelles méthodes de guerre asiatiques barbares. C’est la raison pour laquelle il faut les traiter tout de suite avec la plus grande sévérité. Par principe, ils seront abattus immédiatement, qu’ils aient été capturés au cours d’opérations ou qu’ils aient montré de la résistance.
(1) : Représentants du Parti communiste soviétique auprès de l’Armée Rouge
Préambule de l’Ordre concernant les commissaires, préparé par les services de la Wehrmacht et signé par le Maréchal Keitel, chef d’Etat major des armées allemandes, le 6 juin 1941.

Document 2 : Affiche de la Waffen SS ( 1941-1943).
La Waffen SS constitue la branche armée de la SS destinée à combattre aux côtés de l’armée régulière.
Affiche de la Waffen SS, Belgique, 1941-1943

Analyser deux documents, en suivant une consigne précise, fait partie des nouvelles épreuves du Bac pour les 1ère S. La première règle à suivre : respecter scrupuleusement la consigne ! Ici, le propos doit donc s'articuler en trois temps : une courte présentation des documents, qui doit servir la présentation du sujet ( la guerre à l'Est) ; ensuite la démonstration, en utilisant - et en confrontant- les deux documents, de ce que cette guerre menée par l'Allemagne est bien une guerre d'anéantissement ; enfin, dans un dernier temps, montrer les dimensions idéologiques du conflit. 

La présentation des documents doit insister sur quelques points
- deux documents de source allemande : le chef d'Etat major de l'armée, le maréchal Keitel, pour le premier, la Waffen SS pour le second, donc dans les deux cas des documents qui, bien que leur nature diffère ( un document écrit destiné strictement aux militaires de la Wehrmacht, un document iconographique destiné aux populations belges), émanent tous deux des instances militaires allemandes.
- deux documents qui se situent à des moments différents de la guerre à l'Est. Le premier précède la grande offensive qui sera lancée le 22 juin 1941 ( opération Barbarossa) contre l'URSS, en rupture du pacte germano-soviétique. Le second est, lui, postérieur à l'invasion du territoire soviétique. Non daté précisément, il relève de la tentative menée par la Waffen SS de recruter des jeunes hommes, dans tous les pays occupés par l'Allemagne, au nom de la lutte commune contre l'URSS et le communisme.

Le fait que la guerre menée à l'Est soit une guerre d'anéantissement apparaît avec force dans le premier document qui précède l'invasion. Ordre est donné aux militaires de livrer une guerre sans merci, en leur enjoignant de ne surtout pas agir "conformément aux règles internationales" ( référence aux conventions, de La Haye 1907, ou de Genève, 1929, qui invitent à un traitement humain de l'ennemi, et particulièrement des prisonniers de guerre). Le texte dédouane d'emblée toutes les exactions qui pourraient être commises. Il ordonne d'ailleurs que les commissaires politiques  - qui ne sont pas des combattants - soient "abattus immédiatement", quoi qu'ils aient fait ( "qu'ils aient été capturés au cours d'opération ou qu'ils aient montré de la résistance"). L'ordre sera entendu puisque ce sont les einsatzgruppen, qui accompagnent l'armée régulière, qui vont se livrer au massacre des membres du Parti communiste - en même temps qu'à celui des Juifs. La brutalité à laquelle invite le texte de Keitel trouvera aussi sa traduction dans les conditions effroyables qui seront faites aux prisonniers de guerre soviétiques. Près de 4 millions de prisonniers de guerre soviétiques sont morts pendant la Seconde guerre mondiale. Cette brutalité, cette volonté d'anéantissement sont au coeur du deuxième document qui présente clairement l'objectif du conflit : anéantir le "monstre" soviétique, lui faire rendre gorge. 
La brutalité du combat est justifiée dans le texte de Keitel par un argument d'ordre militaire (la "sécurité des troupes", la nécessaire "pacification" du pays conquis) ET par un argument idéologique. La brutalité attendue des soldats allemands est présentée comme une réponse préventive à l'inhumanité des soviétiques, posés comme "barbares". De fait, les partisans soviétiques mèneront, eux aussi, un combat sans merci, comme en témoigne la pratique de la terre brûlée. Mais, au moment où Keitel émet cet ordre, la vision proposée de l'ennemi n'est pas liée à l'expérience, mais à un système de représentations dans lequel la dépréciation de l'ennemi - "barbare", "cruel"... - est au service de la brutalité attendue des soldats. 




Cette vision de l'ennemi illustre les dimensions idéologiques du conflit. En effet, l'ennemi de l'Allemagne dans ce combat n'est pas un ennemi quelconque, c'est le communiste, celui qui sert le "bolchevisme" - le terme renvoyant explicitement à la Révolution russe et à ses dommages dans l'esprit des militaires allemands. La vision d'un ennemi "barbare" est liée au pouvoir des "commissaires politiques", qui "ont inauguré de nouvelles méthodes de guerre asiatiques barbares". L'étrangeté de l'ennemi est soulignée par la référence à l'Asie - qui renvoie aux steppes de l'Asie, aux huns, au peuple slave, un peuple de "sous-hommes" dans l'idéologie raciste allemande. L'affiche montre clairement l'enjeu du combat : que le nazisme - représenté ici par l'insigne SS - anéantisse le communisme - représenté par le dragon portant au cou l'étoile rouge frappée du marteau et de la faucille. Ce combat est d'autant plus vital, dans l'optique nazie, que bolchevisme et judaïsme sont étroitement liés. Le dragon qui sème la mort ( des ossements reposent à ses côtés ) porte conjointement l'étoile rouge ET l'étoile de David. Et si le terme de judéo-bolchevisme n'est pas utilisé dans les documents proposés, il est couramment utilisé dans les textes émanant d'Hitler comme des chefs de la Wehrmacht. C'est cette volonté de détruire un ennemi double qui explique aussi la brutalité sans égale de la guerre menée à l'Est. Les exécutions perpétrées par les einsatzgruppen ont provoqué la mort de plus de 1, 3 millions de Juifs selon les chiffres proposés par Raoul Hilberg. 

vendredi 7 octobre 2011

L'hymne soviétique

l'histgeobox: Les hymnes ont une histoire (II) l'hymne soviétiqu...: Le drapeau rouge flotte sur Berlin (mai 1945). Avec la révolution d'octobre 1917 et l'accession au pouvoir des bolcheviques, toute les réf...

vendredi 17 juin 2011

1979, l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS




L'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques en décembre 1979 s'inscrit dans une dynamique complexe, dont l'un des facteurs explicatifs est la fragilisation de l'Afghanistan dans les années 1970. 

  • Premier acte : 1973, la monarchie est renversée
le roi Zaher Shah en 1963
Dans les années 1970, l'Afghanistan est un pays montagneux enserré entre l'Iran (alors allié des Etats-Unis), le Pakistan (alors allié des Etats-Unis) et l'URSS (apparaissent sur la carte Turkmenistan, Ouzbekistan et Tadjikistan, qui sont alors des républiques de l'URSS). C'est par ailleurs un régime monarchique, dont le monarque, Zaher Shah - sur le trône depuis 1933 - s'est progressivement rapproché de l'URSS. 
Ce rapprochement s'explique par la tension qui oppose le Pakistan et l'Afghanistan (tracé de frontière contesté par l'Afghanistan) et se traduit par une pénétration économique conséquente de la part de l'URSS (construction de barrages, d'usines, de stations électriques...). Par ailleurs, le régime se libéralise dans les années 60, et favorise la scolarisation et l'émancipation des femmes.
Mais en juillet 1973, alors que le monarque est en voyage en Europe, son cousin, le général Daoud, renverse le régime et proclame la République. 
  • Second acte : 1978, un coup d'état pro-soviétique a lieu
Le général Daoud initie une politique de non-alignement qui met un terme aux bonnes relations entre l'Afghanistan et l'URSS. Le contexte est au retour des tensions avec l'ennemi américain (guerre fraÎche) : ne pas être aligné, c'est presque être dans l'autre camp... C'est dans ce contexte qu'a lieu, en avril 1978, un nouveau coup d'état mené par un groupe d'officiers pro-soviétiques. 
Taraki, président afghan avril 1978
septembre 1979
Selon les sources, on dit de l'URSS qu'elle a fomenté ce coup d'état ou qu'elle a été mise devant le fait accompli. Toujours est-il que le nouvel homme fort, Nour Mohammed Taraki, transforme l'Afghanistan en une république populaire, initiant une politique de nationalisations, laïcisant à marche forcée la société, bousculant les bases de l'agriculture... L'Afghanistan signe un traité d'amitié avec l'URSS en décembre 1978. 
Cette politique rencontre des résistances nombreuses dans une société traditionnelle attachée au poids de la religion,  dominée par l'Islam. Par ailleurs, le PDPA ( parti démocratique et populaire afghan), est traversé par des luttes intestines qui fragilisent le pouvoir afghan. En septembre 1979, Nour Mohammed Taraki est lui-même victime d'un coup d'état qui porte au pouvoir Hafizullah Amin. Pour Moscou, la situation afghane manque de stabilité, l'amitié avec Moscou est remise en cause, et l'agitation grandissante doit être calmée. 
Et ce d'autant plus que de l'autre coté de la frontière afghane, en Iran, s'est produit en 1979 une révolution à fondement religieux, portant au pouvoir l'ayatollah Khomeiny, et dont l'URSS redoute l'effet de contagion dans la région. 
  • Troisième acte : 1979, les troupes soviétiques envahissent l'Afghanistan
C'est ce qui explique que l'URSS fasse en décembre 1979 le choix - imprévu, impensable même pour tous les observateurs étrangers - d'envahir l'Afghanistan. 
La décision de l'intervention a été prise par Léonid Brejnev, contre les réticences de son état-major. Il semble que les services secrets américains aient secrètement encouragé cette décision, un engagement en Afghanistan ne pouvant qu'épuiser l'URSS et lui faire connaître son "bourbier vietnamien". Toujours est-il que l'intervention armée est décidée : elle passe par la prise de contrôle des aéroports afghans, puis, le 27 décembre 1979, par l'occupation du pays par les troupes terrestres. C'est l'opération "Chtorm 333" ( chtorm signifie tempête en russe).Pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'Armée rouge sort des frontières de l'URSS. L'intervention militaire se combine avec l'action politique : Amin, jugé responsable de la rébellion, est éliminé et remplacé par un communiste fidèle à l'URSS, Babrak Kamal. 


Pour en savoir plus :
http://bricabraque.unblog.fr/2009/03/12/les-guerres-dafghanistan-1979-1988-et-2001/
http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-26393477.html

Sources :
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19780427
http://www.thucydide.com/realisations/utiliser/chronos/afghanistan.htm

samedi 8 janvier 2011

23 août 1989, une chaîne humaine traverse les pays baltes

  • Une immense chaîne humaine



Le 23 août 1989, une immense chaîne humaine rassemble près de 2 millions de personnes le long des routes traversant les pays baltes, depuis Tallin en Estonie jusqu'à Vilnius en Lituanie. Ce rassemblement, d'une ampleur sans précédent, cherche à attirer l'attention du monde sur la situation des baltes, dans un contexte de forte évolution du camp soviétique : Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie sont en effet touchés par un vent de démocratisation sous le regard bienveillant de l'URSS. Pourquoi les républiques baltes, annexées en 1940 par l'URSS - et donc intégrées à l'URSS - devraient-elles taire leur aspiration à l'indépendance? 


  •  Une date symbolique, le 23 août 1989

Le message porté par les participants à cette chaîne humaine ("the baltic way" dans la presse anglo-saxonne) est clair : il s'agit de dénoncer la domination soviétique "autorisée" par les accords secrets du pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939, entre l'URSS stalinienne et l'Allemagne nazie. Des protocoles secrets donnaient la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et une partie de la Pologne et de la Roumanie à l'URSS. Depuis 1987, en signe de protestation, les baltes portaient un ruban noir pour commémorer, le 23 août, la signature du pacte qui avait décidé de leur aliénation. 



La carte proposée ci-dessous montre qu'en application de ces protocoles, l'URSS a annexé les territoires baltes à l'été 1940 et modifié les frontières (territoires polonais intégrés à la RSS de Lituanie, mais aussi territoires baltes cédés à la plus grande des républiques soviétiques, celle de Russie). Elle met par ailleurs en évidence le tracé emprunté par cette "voie balte", longue de près de 650 km. 



  • Lendemains de mobilisation...
L'URSS, dont les troupes sont pourtant présentes sur les territoires concernés par la manifestation ( et pour cause, puisque ces territoires sont devenus soviétiques en 1940), n'a pas osé alors riposter par la force à cette action non-violente. 
Les pays baltes proclament leur indépendance en 1990. Cette proclamation essuie une fin de non-recevoir de la part de l'URSS de Gorbatchev ( sommé par l'opposition conservatrice de préserver l'héritage soviétique, en particulier territorial), qui tente une reprise en mains par la force en janvier 1991. Ont alors lieu des affrontements violents, particulièrement en Lituanie, à Vilnius. 
Ce n'est que le 6 septembre 1991 que l'URSS reconnaît officiellement l'indépendance des trois républiques baltes.

  • La chaîne humaine de 1989 : un objet de mémoire


Sur le parvis de la cathédrale de Vilnius (photo ci-dessus), terme de la chaîne formée en août 1989, une plaque commémorative en rappelle le souvenir. 


Sources : le site du Parlement européen (http://www.europarl.europa.eu/), des images libres de droit sur Google, et les sites suivants : www.diploweb.com (revue géopolitique on line, extrêmement intéressante) et http://www.atlas-historique.net ( cartes historiques très bien réalisées, qui ne peuvent être utilisées que pour un usage privé).