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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

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lundi 28 janvier 2013

"Paix impossible, guerre improbable", un jugement utilisable pour qualifier la période 1945-1991? (1)

"Paix impossible, guerre improbable" est le titre du premier chapitre de l'ouvrage de Raymond Aron, Le grand schisme, publié en 1948. La formule, utilisée alors pour désigner la Guerre froide naissante, est régulièrement employée pour qualifier l'apogée de la Guerre froide (1947-1962). La question se pose de savoir si elle vaut, aussi, pour qualifier l'ensemble de la période 1945-1991. 
Ce sujet, proposé dans le cadre du concours d'entrée à Sciences Po, peut être traité selon le plan suivant : 





I. Une logique de Guerre froide : l'absence d'affrontements directs

II. La paix et la guerre sont cependant bien présentes
III. Une situation de paix armée


I. Une logique de Guerre froide : l'absence d'affrontements directs
L'enjeu de cette partie est de montrer que la logique de Guerre froide - soit l'existence de deux superpuissances en situation de pouvoir détruire l'autre, et tendant à l'hégémonie - impose l'absence de conflit direct.
1. Une paix impossible 
- parce que Etats Unis comme URSS sont intimement convaincus du caractère agressif de l'autre.

Affiche du comité "Paix et liberté"
Affiche anti-américaine.  l'URSS, "citadelle assiégée".
- parce que les modèles américain et soviétique sont diamétralement opposés, voire excluants l'un de l'autre. D'un côté, la démocratie libérale et le capitalisme; de l'autre, la démocratie populaire et l'économie socialiste. Ces deux modèles prétendent tous deux incarner l'idéal démocratique, garantir la liberté ( les libertés côté occidental, La liberté côté soviétique), être au service de la paix.
La colombe de la Paix, Picasso
- parce que Etats-Unis comme URSS se posent comme des modèles universels, ce qui suppose la dénonciation de l'autre. Les étapes de cette fracture sont connues : mars 1947, doctrine Truman/ juin 1947, plan Marshall / septembre 1947, création du Kominform.
Pour Truman :  

" Chaque nation se trouve désormais en face d’un choix à faire entre deux modes de vie opposés.
L’un d’eux repose sur la volonté de la majorité et il est caractérisé par des institutions libres, un gouvernement représentatif, des élections libres, des garanties assurant la liberté individuelle, la liberté de parole et de religion, par l’absence de toute oppression politique. L’autre repose sur la volonté d’une minorité imposée par la force à la majorité. Il s’appuie sur la terreur et l’oppression, une presse et une radio contrôlées, des élections truquées et la suppression des libertés individuelles".
(Discours au Congrès et à la nation, 11 mars 1947) 
Doctrine Truman, schéma
Pour Jdanov, 


" Plus nous nous éloignons de la fin de la guerre et plus nettement apparaissent les deux directions principales de la politique internationale, à savoir la disposition en deux camps : le camp anti-impérialiste et le camp impérialiste.
Les États-Unis sont la force dirigeante du camp impérialiste. Ils sont soutenus par l’Angleterre, la France, par tous les États possesseurs de colonies tels que la Belgique et les Pays-Bas […]. Les forces anti-impérialistes et antifascistes forment l’autre camp : l’URSS et les pays de la démocratie nouvelle tels que la Roumanie et la Hongrie en sont les fondements "


Jdanov, Rapport, 22 septembre 1947
 

2. ... la guerre improbable
- du fait de la dyssimétrie originelle entre les deux Grands, l'un, les EU, possédant la bombe A dès 1945, l'autre non. Ce qui explique le fait que les EU cherchent à tout prix à préserver le secret autour du nucléaire.
- Cette dyssimétrie fait rapidement place à un équilibre de la terreur : l'URSS se dote de la bombe A dès 1949, et de la bombe H, un an après les EU, en 1953. Cette courte période (1945-1953) voit la tension monter aux EU : peur du communisme et donc chasse aux communistes (maccarthysme), accusations d'espionnage dont certaines débouchent sur des procès retentissants comme celui des époux Rosenberg, condamnés à mort et exécutés en 1953, malgré la protestation internationale, comme au sein des Etats-Unis. 


























- La guerre est aussi improbable parce que l'arme atomique est dissuasive. Elle fait peser en permanence la menace de "représailles massives" ( doctrine Dulles).  L'arme atomique n'est pas utilisée au cours des différents conflits qui marquent les années 1950, mais la menace est latente, toujours évoquée, comme en Corée (1950-1953), où le général Rigdway envisage son utilisation pour mettre un terme au conflit. En 1962, l'installation de rampes de lancement soviétiques sur territoire cubain entraîne une crise qui mène le monde "au bord du gouffre". Désormais, c'est la doctrine de la riposte graduée ( McNamara) qui prévaudra : il ne s'agit plus de promettre à l'autre une fin du monde, seulement une riposte à la mesure de l'agression qu'il oserait tenter. 



- Enfin, le dernier facteur qui joue dans le sens d'une absence de conflit direct entre les deux Grands réside dans le climat international de l'après-guerre. La deuxième guerre mondiale a laissé un bilan humain effroyable (50-60 millions de morts) et un héritage moral conséquent : EU et URSS se sont alors battus ( ensemble ) contre l'anéantissement à l'oeuvre du fait du régime nazi. L'ombre portée de la guerre les oblige à une certaine réserve... et ce d'autant plus qu'ils sont tous deux parmi les premiers fondateurs de l'organisation créée en juin 1945 pour garantir la paix dans le monde : l'Organisation des Nations Unies. 


Sources : 

  • Doctrines Truman et Jdanov,  schémas : http://pierre-mera.ac-versailles.fr/spip.php?article185
  • Bref récit de l'affaire Rosenberg : http://histoiregeolyceerombas.over-blog.com/article-13442419.html

vendredi 5 octobre 2012

Des cartes pour comprendre le monde : une grille géopolitique

Le nouveau programme de Terminale (séries L et ES) invite à une approche d'un monde complexe à l'aide de grilles de lecture. Parmi celles-ci, l'approche géopolitique pose la question du rôle des états, de leur puissance, de leurs rivalités éventuelles, et donc des conflits qui les opposent ( conflits inter-étatiques) ou les fragilisent ( conflits intra-étatiques). 
Documents utilisés en cours pour illustrer cette question : 
  • une première carte des conflits 

Hatier, p.23
Cette carte des conflits, non seulement ne permet pas d'en distinguer la nature, mais est le reflet d'une vision américaine : mention des interventions de l'OTAN, perception des conflits à l'aune de leur intensité ( cette approche graduelle ayant été initiée à l'époque de la Guerre froide, pour distinguer des conflits de haute intensité - pouvant déboucher sur une guerre nucléaire - et d'autres conflits de moindre importance, puisque, dans l'optique américaine, de moindre risque potentiel).
  • Un croquis de synthèse sur les conflits
Hachette, p. 26
Ce croquis proposé par le manuel Hachette met en évidence la zone privilégiée des conflits : l'arc de crise ( ou croissant de crise). Il distingue par ailleurs des conflits de nature différente : conflits inter-étatiques comme celui qui a opposé la Russie à la Géorgie; conflits intra-étatiques comme ceux qui se développent essentiellement en Afrique sub-saharienne. De plus, ce croquis pointe l'instabilité liée au développement des révolutions dans le monde arabe ( sans distinguer cependant entre les pays dans lesquels ces révolutions ont débouché sur des conflits armés - en cours ou achevés - , de ceux dans lesquels ce "printemps arabe" s'est déroulé de manière plus strictement politique).
Dans la deuxième partie de la légende, l'accent est mis sur UN risque majeur : celui lié au terrorisme initié par Al-Qaïda, considéré comme facteur majeur de l'instabilité dans le monde. 

  • Une carte des puissances militaires
Cette approche géopolitique peut être complétée par une carte des puissances militaires. Celle-ci montre l'existence, par-delà la puissance américaine, d'un club très fermé ( ou qui, du moins, se voudrait tel ) des puissances nucléaires : Russie, Chine, Inde, France, Royaume-Uni... La carte met en évidence le danger lié à la prolifération nucléaire ( le problème des puissances suspectées de vouloir se doter de l'arme atomique comme l'Iran actuellement, l'Irak précédemment). Elle pointe aussi des dynamiques récentes, tout aussi dangereuses, telles les importations d'armes auxquelles se livrent massivement les deux plus grandes puissances démographiques : Chine et Inde. 






vendredi 15 juin 2012

Aidez l'Espagne, Miro, 1937



Joan Miro est un artiste espagnol, né en 1893 à Barcelone, qui a fait le choix de s'installer en France dans les années 1920. 
En 1937, lorsque le dessin "Aidez l'Espagne" est réalisé par Miro, l'Espagne est en pleine guerre civile. Cette guerre oppose les soutiens de la République espagnole - les républicains - et les partisans de Franco, ce général qui a, à l'été 1936, fomenté un putsch contre la jeune République établie en 1931. La guerre est donc d'abord une guerre civile, opposant les tenants du nouveau régime républicain qui a vu la victoire d'un Frente Popular (front populaire regroupant les forces de gauche), et les adversaires de ce nouveau régime, conservateurs, nationalistes, qui vont suivre la rébellion menée par Franco. 
La guerre d'Espagne dépasse cependant largement les frontières espagnoles. Les nationalistes ont reçu d'emblée le soutien des régimes fascistes allemand et italien, dont les avions ont aidé au transport des troupes du Maroc à la péninsule espagnole. 
En 1936, le gouvernement républicain - celui du Frente Popular - a appelé à l'aide les démocraties, et particulièrement la République française, elle aussi gouvernée depuis le printemps 1936 par un gouvernement de front Populaire ( alliance des forces de gauche : communistes, socialistes, radicaux). Le gouvernement français, dirigé par Léon Blum, a fait le choix de la non-intervention. Cette neutralité dans les affaires espagnoles ne vaut pas seulement pour la France puisque Léon Blum a été l'artisan d'un accord de non-intervention qui engage logiquement 25 pays, dont l'Allemagne hitlérienne et l'Italie fasciste, accord signé le 28 août 1936.  Respecté par les démocraties, cet accord est violé par les régimes fascistes : l'Allemagne nazie qui envoie en Espagne la légion Condor, Italie fasciste qui y envoie aussi des troupes (80 000 "volontaires" issus des milices fascistes). 

En avril 1937, la ville de Guernica subit les bombardements d'escadrilles de la légion Condor, protégées par des avions de chasse italiens. Bombes explosives, bombes incendiaires... sont utilisées. En quelques heures, plus des 2/3 des habitations sont en feu. L'événement est à l'origine du célèbre tableau de Picasso, Guernica, exposé en 1937 au pavillon de la République espagnole pour l'Exposition Universelle. Il explique aussi l'engagement de Miro, qui se traduit de manière moins visible par la création de ce dessin au pochoir - Aidez l'Espagne - , support d'un timbre postal émis en soutien au gouvernement républicain espagnol. 
Le soutien des artistes espagnols - Picasso, Miro - à la cause de l'Espagne républicaine est donc un soutien depuis la France. Il a pour but de dénoncer, de gagner des soutiens à la cause républicaine, au "peuple" espagnol loué par Miro. Cette campagne menée par les artistes n'est sans doute pas sans lien avec l'engagement de nombreux volontaires dans les rangs des brigades internationales, qui, sous l'égide de l'URSS - et surtout des partis communistes occidentaux - , viennent combattre aux côtés des républicains espagnols.  

Un retour sur l'itinéraire de Miro à l'occasion de la rétrospective organisée à Washington: 

samedi 12 mai 2012

La guerre d'anéantissement à l'Est, 1941


Un sujet de type bac, nouveau programme 1ère S.

Sujet : la guerre d’anéantissement sur le front de l’Est
Consigne : Après avoir présenté les deux documents ( vous serez particulièrement attentifs au contexte), montrez que la guerre de l’Allemagne nazie contre l’URSS relève d’une guerre d’anéantissement. Vous soulignerez les dimensions idéologiques de ce conflit en confrontant ces deux documents.

Document 1. Directive aux armées allemandes pour la campagne en URSS
Dans le combat contre le bolchevisme, nous ne devons pas supposer que le comportement de l’ennemi s’appuiera sur les principes d’humanité ou du doit international. On peut s’attendre en particulier à un traitement des prisonniers de guerre inspiré par la haine, cruel et inhumain de la part des commissaires politiques1 de tous grades, qui sont les vrais chefs de la résistance.
Il faut attirer l’attention de toutes les unités sur ce qui suit :
-montrer de la considération pour ces éléments au cours de ce combat ou agir conformément aux règles internationales de la guerre est une erreur mettant en danger notre propre sécurité et la rapide pacification des territoires conquis ;
-les commissaires politiques ont inauguré de nouvelles méthodes de guerre asiatiques barbares. C’est la raison pour laquelle il faut les traiter tout de suite avec la plus grande sévérité. Par principe, ils seront abattus immédiatement, qu’ils aient été capturés au cours d’opérations ou qu’ils aient montré de la résistance.
(1) : Représentants du Parti communiste soviétique auprès de l’Armée Rouge
Préambule de l’Ordre concernant les commissaires, préparé par les services de la Wehrmacht et signé par le Maréchal Keitel, chef d’Etat major des armées allemandes, le 6 juin 1941.

Document 2 : Affiche de la Waffen SS ( 1941-1943).
La Waffen SS constitue la branche armée de la SS destinée à combattre aux côtés de l’armée régulière.
Affiche de la Waffen SS, Belgique, 1941-1943

Analyser deux documents, en suivant une consigne précise, fait partie des nouvelles épreuves du Bac pour les 1ère S. La première règle à suivre : respecter scrupuleusement la consigne ! Ici, le propos doit donc s'articuler en trois temps : une courte présentation des documents, qui doit servir la présentation du sujet ( la guerre à l'Est) ; ensuite la démonstration, en utilisant - et en confrontant- les deux documents, de ce que cette guerre menée par l'Allemagne est bien une guerre d'anéantissement ; enfin, dans un dernier temps, montrer les dimensions idéologiques du conflit. 

La présentation des documents doit insister sur quelques points
- deux documents de source allemande : le chef d'Etat major de l'armée, le maréchal Keitel, pour le premier, la Waffen SS pour le second, donc dans les deux cas des documents qui, bien que leur nature diffère ( un document écrit destiné strictement aux militaires de la Wehrmacht, un document iconographique destiné aux populations belges), émanent tous deux des instances militaires allemandes.
- deux documents qui se situent à des moments différents de la guerre à l'Est. Le premier précède la grande offensive qui sera lancée le 22 juin 1941 ( opération Barbarossa) contre l'URSS, en rupture du pacte germano-soviétique. Le second est, lui, postérieur à l'invasion du territoire soviétique. Non daté précisément, il relève de la tentative menée par la Waffen SS de recruter des jeunes hommes, dans tous les pays occupés par l'Allemagne, au nom de la lutte commune contre l'URSS et le communisme.

Le fait que la guerre menée à l'Est soit une guerre d'anéantissement apparaît avec force dans le premier document qui précède l'invasion. Ordre est donné aux militaires de livrer une guerre sans merci, en leur enjoignant de ne surtout pas agir "conformément aux règles internationales" ( référence aux conventions, de La Haye 1907, ou de Genève, 1929, qui invitent à un traitement humain de l'ennemi, et particulièrement des prisonniers de guerre). Le texte dédouane d'emblée toutes les exactions qui pourraient être commises. Il ordonne d'ailleurs que les commissaires politiques  - qui ne sont pas des combattants - soient "abattus immédiatement", quoi qu'ils aient fait ( "qu'ils aient été capturés au cours d'opération ou qu'ils aient montré de la résistance"). L'ordre sera entendu puisque ce sont les einsatzgruppen, qui accompagnent l'armée régulière, qui vont se livrer au massacre des membres du Parti communiste - en même temps qu'à celui des Juifs. La brutalité à laquelle invite le texte de Keitel trouvera aussi sa traduction dans les conditions effroyables qui seront faites aux prisonniers de guerre soviétiques. Près de 4 millions de prisonniers de guerre soviétiques sont morts pendant la Seconde guerre mondiale. Cette brutalité, cette volonté d'anéantissement sont au coeur du deuxième document qui présente clairement l'objectif du conflit : anéantir le "monstre" soviétique, lui faire rendre gorge. 
La brutalité du combat est justifiée dans le texte de Keitel par un argument d'ordre militaire (la "sécurité des troupes", la nécessaire "pacification" du pays conquis) ET par un argument idéologique. La brutalité attendue des soldats allemands est présentée comme une réponse préventive à l'inhumanité des soviétiques, posés comme "barbares". De fait, les partisans soviétiques mèneront, eux aussi, un combat sans merci, comme en témoigne la pratique de la terre brûlée. Mais, au moment où Keitel émet cet ordre, la vision proposée de l'ennemi n'est pas liée à l'expérience, mais à un système de représentations dans lequel la dépréciation de l'ennemi - "barbare", "cruel"... - est au service de la brutalité attendue des soldats. 




Cette vision de l'ennemi illustre les dimensions idéologiques du conflit. En effet, l'ennemi de l'Allemagne dans ce combat n'est pas un ennemi quelconque, c'est le communiste, celui qui sert le "bolchevisme" - le terme renvoyant explicitement à la Révolution russe et à ses dommages dans l'esprit des militaires allemands. La vision d'un ennemi "barbare" est liée au pouvoir des "commissaires politiques", qui "ont inauguré de nouvelles méthodes de guerre asiatiques barbares". L'étrangeté de l'ennemi est soulignée par la référence à l'Asie - qui renvoie aux steppes de l'Asie, aux huns, au peuple slave, un peuple de "sous-hommes" dans l'idéologie raciste allemande. L'affiche montre clairement l'enjeu du combat : que le nazisme - représenté ici par l'insigne SS - anéantisse le communisme - représenté par le dragon portant au cou l'étoile rouge frappée du marteau et de la faucille. Ce combat est d'autant plus vital, dans l'optique nazie, que bolchevisme et judaïsme sont étroitement liés. Le dragon qui sème la mort ( des ossements reposent à ses côtés ) porte conjointement l'étoile rouge ET l'étoile de David. Et si le terme de judéo-bolchevisme n'est pas utilisé dans les documents proposés, il est couramment utilisé dans les textes émanant d'Hitler comme des chefs de la Wehrmacht. C'est cette volonté de détruire un ennemi double qui explique aussi la brutalité sans égale de la guerre menée à l'Est. Les exécutions perpétrées par les einsatzgruppen ont provoqué la mort de plus de 1, 3 millions de Juifs selon les chiffres proposés par Raoul Hilberg. 

vendredi 16 mars 2012

Chronologie de la guerre d'Algérie


A l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, Radio France Internationale propose une chronologie interactive ( avec liens vers des vidéos de l'ina ) intéressante : 
http://www.tiki-toki.com/timeline/entry/29674/Algerie-la-longue-route-vers-lindependance-par-RFI-Radio-France-Internationale/

Pour réviser, en savoir plus, voir en images, ...

vendredi 11 novembre 2011

La guerre du Vietnam, un conflit indirect de Guerre froide (1)

  • La guerre du Vietnam, un modèle de conflit indirect de guerre froide

Lorsque la guerre d'Indochine prend fin, en 1954, les accords de Genève entérinent l'existence provisoire, sur le territoire du Vietnam, de deux états : la république démocratique du Vietnam du Nord ( RDVN), communiste - qui apparaît sur la carte en rouge -  et le Vietnam du sud, au sud du 17ème parallèle. Existence provisoire, parce que logiquement des élections doivent avoir lieu autorisant une éventuelle unification... Mais ces élections n'ont pas lieu, et chacun des deux états évolue de manière divergente : au nord, la RDVN communiste se transforme en régime de démocratie populaire, suit le modèle communiste ( chinois, ici) de réforme agraire et de transformation des campagnes, quant le Vietnam du sud adopte le modèle capitaliste. 
Le caractère dictatorial du régime sud-vietnamien, sous l'égide de Ngô Dinh Diem, favorise le développement d'une opposition composite : militaires, marxistes, libéraux, bouddhistes qui forment un Front National de Libération en 1960. Sans surprise, cette opposition reçoit le soutien du Vietnam du Nord qui favorise l'agitation dans le sud Vietnam... En 1961, l'opposition menée par le FNL contrôle 1/3 du pays, la guérilla est menée depuis les campagnes et menace les principales villes. 
Au nom de la théorie des dominos ( la conversion d'un pays au communisme entraîne, par contagion, celle des pays voisins à la manière des dominos qui s'écroulent les uns après les autres), les Etats-Unis accentuent alors leur soutien au Vietnam du sud, cherchant, par l'envoi de conseillers militaires de plus en plus nombreux, à éviter la victoire du communisme au sud du Vietnam. Pour eux, en effet, l'opposition sud-vietnamienne, plurielle dans les faits ( libéraux, marxistes...), est manipulée par le Vietnam du Nord. D'où, pour désigner les opposants du FNL, l'appellation de vietcong : communiste vietnamien.  L'extension de la rébellion menace l'équilibre de la péninsule. A Washington, l'idée selon laquelle une intervention directe est nécessaire pour sauver la situation s'impose progressivement.  
En août 1964, l'"incident" du golfe du Tonkin ( attaque d'un navire de guerre américain par la RDVN) autorise l'escalade américaine. Le président Johnson obtient les pleins pouvoirs pour répondre à toute nouvelle attaque de la RDVN. Le conflit oppose donc un petit état communiste, la RDVN, accusé par la première puissance mondiale, guide du "monde libre", de favoriser l'expansion du communisme au sud du pays. Pour les Etats-Unis, il s'agit, en menant une offensive massive de bombardement de la RDVN, de la contraindre à cesser tout soutien au FNL, de cesser de le ravitailler. Le conflit est qualifié de conflit indirect puisqu'à l'engagement des Etats-Unis s'oppose celui de l'URSS et de la Chine, qui, à l'inverse, arment la RDVN. 
Comme on le voit sur la carte, les bombardements américains frappent les villes du Nord, les bases américaines sont par contre installées au sud. Au sud, le FNL contrôle les campagnes, bénéficie du soutien de la RDVN, qui ravitaille les combattants par la piste Hô Chi Minh ( qui relie le Vietnam du Nord au sud-vietnam, en passant par le Laos et le Cambodge).

Ce conflit, modèle des conflits indirects de guerre froide - où les deux grandes puissances s'affrontent par états interposés - , peut faire l'objet d'une schématisation. Ce type de schéma accompagne avec profit les compositions.


Une périodisation intéressante du conflit :

lundi 7 novembre 2011

La guerre à l'aube du XXIe siècle

Dessin de Pessin, septembre 2011
Comme souvent, le dessin de presse pointe avec acuité un phénomène complexe, ici, la nature mouvante de la guerre.  La guerre "n'est plus ce qu'elle était" semblent se désoler ces soldats représentés comme des fantassins d'un autre âge, de pauvres hères qui rentrent au pays sans que le conflit ( quel conflit, d'ailleurs?) dans lequel ils étaient engagés soit terminé. Le dessin de Pessin s'inscrit dans le contexte des guerres du début de siècle : Afghanistan d'abord, Irak ensuite, et du désengagement américain de ces territoires ( retrait des troupes américaines en Irak achevé fin 2011; retrait des troupes américaines du territoire afghan amorcé à l'été 2011, progressif jusqu'en 2014 et à la passation de relais aux forces de sécurité afghanes). Il formule un premier constat, celui de l'incapacité à déterminer désormais le "sort des armes". Qui est vainqueur? Qui est vaincu? Et, s'il n'y a ni vainqueur, ni vaincu, quand se termine une guerre? Comment concevoir la démobilisation alors que le conflit n'est pas tranché? La question de l'issue du conflit ( victoire, défaite) pose celle de son objectif : si la guerre peut n'être ni gagnée ni perdue, quel est son objectif? Comment la justifier auprès des populations? 
Ce sont des soldats qui parlent dans ce dessin. Certes, des soldats dont l'habit a peu à voir avec l'uniforme (on peut songer à des mercenaires, à des soldats en déroute, voire à des soldats démobilisés qui donc ont quitté l'uniforme). Mais des soldats qui font référence à leur "métier", celui des armes. Et l'incapacité à les identifier de manière immédiate renvoie à leur propre impuissance. Même les soldats ne savent plus qui ils sont. Parce que le combat n'a plus d'objectif clair et tranché? Sans doute. Mais aussi peut-être parce que l'ennemi, et c'est l'une des caractéristiques des nouveaux conflits, est de moins en moins identifiable. 
Cette réflexion est au coeur du nouveau programme de première,  qui fait de la guerre au 20e siècle l'un de ses thèmes majeurs, et invite à s'interroger sur les nouvelles conflictualités, et, en particulier, les conflits asymétriques ( conflit opposant une armée régulière à une force de nature différente ), comme le conflit afghan ou irakien. 

samedi 8 octobre 2011

La Guerre froide en 5 dates clés

La Guerre froide est l'appellation qui a été donnée à la période 1947-1991 durant laquelle les relations internationales sont marquées par l'affrontement entre l'Ouest et l'Est. Deux modèles antagonistes s'opposent alors ( le modèle capitaliste et le modèle communiste), incarnés par deux nations sorties grands vainqueurs de la Seconde guerre mondiale : les Etats-Unis et l'URSS. 
On parle, pour désigner cette logique d'affrontement autour de deux pôles, de monde bipolaire. Ces deux pôles constituent autour d'eux des sphères d'influence dont la taille - et la composition - évolue dans le temps, et que l'on appelle aussi leur bloc.
Enfin, la caractéristique majeure de la Guerre froide tient à l'absence d'affrontement armé direct entre les deux pôles. Comme l'a écrit Gaston Bouthoul, "la guerre froide est la première expérience vécue de la paix atomique". Après 1945 et Hiroshima, avec la détention de l'arme atomique par les deux Grands ( l'URSS dispose de la bombe A en 1949), il n'est pas possible de risquer un affrontement entre deux puissances disposant de la capacité de détruire totalement l'autre - et le reste du monde...
D'où le fait que la Guerre froide soit marquée par des conflits indirects. Les quatre suivants sont considérés comme des conflits majeurs : crise de Berlin (qui se décline en deux temps : le blocus de 1948/1949, puis la construction du mur en 1961); guerre de Corée (1950-1953); crise de Cuba (1962); guerre du Vietnam (1965-1973). Dans deux cas ( Berlin et Cuba), l'affrontement oppose bien Etats-Unis et URSS, mais il n'y a pas conflit ouvert - pas d'utilisation des armes -, seulement crise, mais une crise dont l'issue aurait pu être le conflit armé. Dans les deux autres cas ( Corée, Vietnam), il y a conflit armé, mais indirect, au sens où URSS et Etats-Unis arment chacun des protagonistes qui s'affrontent.

Source : 
http://lewebpedagogique.com/bazarhistoiregeo/2009/02/27/5-dates-cles-de-la-guerre-froide/