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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

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mercredi 27 avril 2011

Résistance et bande dessinée

Le centre d'histoire de la Résistance et de la Déportation ( Lyon) propose (mars-septembre 2011) une exposition sur un sujet peu banal : l'image de la Résistance dans la bande dessinée
Le sujet est novateur : il s'agit de rendre compte de l'évolution de l'image du résistant - et de la Résistance - depuis près de 60 ans de création artistique. Pour rendre compte de cette évolution, l'exposition croise des planches originales ou des extraits d'albums et l'historiographie de la Résistance (c'est-à-dire la façon dont s'écrit l'histoire de la Résistance). Or, cette historiographie a énormément évolué depuis la fin de la seconde guerre mondiale. L'exposition propose donc une approche chrono-thématique, qui permet de suivre l'évolution dans le temps (approche chronologique) de l'image du résistant ( le thème central). 

La vignette choisie pour l'affiche de l'exposition (photo ci-dessus) représente un maquisard surgissant de l'ombre. Elle est extraite de la série "Le capitaine invisible", illustrée par Robert Rigot en 1945 pour le périodique Message aux coeurs vaillants. Elle est exemplaire d'une production artistique largement dominée par des auteurs-acteurs de la seconde guerre mondiale (Robert Rigot, René Brantonne, Jacques Dumas alias Marijac...).


DUPUIS, La Résistance, Hachette, 1983

Cette production artistique véhicule une image archétypale de la Résistance (une résistance armée, celle des combattants de l'ombre) et du résistant : un jeune maquisard, fier et courageux. Dans les années qui suivent la fin de la guerre, l'histoire de la Résistance est, à l'identique, aux mains des témoins et acteurs, dont certains vont être de grands historiens de la Résistance. L'histoire de la Résistance s'intéresse alors essentiellement à son essor, à sa structuration, à ses composantes ( mouvements, réseaux), à ses acteurs majeurs. 
Depuis les années 1990, l'histoire de la Résistance est faite par des historiens qui n'ont pas connu la période des années noires. C'est l'une des raisons pour lesquelles ils en proposent une image renouvelée, attentive à l'ensemble des acteurs du combat résistant (les femmes, les étrangers, les immigrés ...) et à l'ensemble des formes de lutte (la lutte armée, mais aussi la résistance civile - presse clandestine, sabotage industriel... - ou l'aide apportée aux individus pourchassés...).


La bande dessinée se fait l'écho de cette évolution. Plusieurs albums parus dans les années 1990 et 2000 proposent une vision renouvelée de la Résistance et de ses acteurs. 


En témoigne l'album signé Olivier Merle (texte) et Alexandre Tefenkgi (dessins) intitulé Tranquille courage. L'action se déroule en Normandie, au cours des combats qui suivent le débarquement. Un P47 Thunderbolt de l'US Air Force s'écrase non loin de la ferme d'Auguste Briant, paisible père de famille, qui va être amené à accueillir, camoufler, protéger l'aviateur. C'est donc une résistance d'aide qui est au coeur de la narration, qui s'intéresse aux relations qui se nouent entre les deux hommes. 

L



L'album de Derrien et Plumail, intitulé Résistances, dont le premier volume (L'appel) est sorti en 2010, témoigne lui aussi de la force de la mémoire de la Résistance comme de la vision élargie qui s'est imposée. 
"Débâcle humiliante et défaitisme écœurant ont caractérisé le mois de juin 1940 en France. C’est dans ce contexte troublé et indécis que s’inscrit la nouvelle série Résistances, qui devrait compter au total quatre tomes. Une bande dessinée qui ne cherche pas à présenter une vérité unique et indiscutable, mais plutôt à suivre le parcours de trois jeunes Parisiens, déboussolés par l’entrée des troupes de la Wehrmacht dans la capitale. Comme tant d’autres de leurs compatriotes, Sonia, André et Louis prennent le chemin de l’exode. Une fuite désespérée qui les mène jusqu’en Bretagne où André, qui refuse la défaite, décide de s’embarquer pour l’Angleterre. Par conviction ou par amour, ces trois compagnons d’infortune vont par la suite, et chacun à sa manière, entrer en résistance contre l’occupant."
(philippe Peter, France soir, 23 juillet 2010)

Sources : 

http://www.culture.lyon.fr/culture/sections/fr/musees__expositions/actualites/traits_resistants_au_chrd/
Olivier Merle, Alexandre Tefenkgi, Tranquille courage, tomes 1 et 2, éditions Bamboo, 2009 et 2010. 
www.bedetheque.com
http://philippepeter.wordpress.com/category/france-soirculture-divers/

samedi 2 avril 2011

La Grande Guerre en BD

Putain de guerre - Jacques Tardi, Jean-Pierre Verney - 9782203017399 - 9782203017399
En 2008 a été commémoré le 90e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, que l'on a coutume d'appeler la Grande Guerre. Comme l'a montré le nombre et la diversité des cérémonies, événements, colloques, manifestations locales ou nationales, organisés à l'occasion de cet anniversaire, la mémoire de la Grande Guerre occupe une place à part dans la mémoire collective des Français. 






Le dessinateur Jacques Tardi a, à sa manière, participé à cette commémoration. Il a en effet fait paraître en 2008 une bande dessinée entièrement consacrée au conflit, du point de vue de ceux qui y ont participé, s'y sont affrontés et entretués. Cette évocation de la Grande Guerre - la Putain de Guerre - est une oeuvre de fiction. Comme les autres bandes dessinés de Tardi, elle est néanmoins animée d'un souci de véracité et de réalisme. L'historien Jean-Pierre Verney assure, aux côtés de Tardi, un travail de documentation qui garantit une grande rigueur historique. 




Né en 1946, Jacques Tardi passe ses premières années dans l'Allemagne de l'après-guerre, son père étant militaire de carrière. Plus tard, les atrocités de la guerre de 14-18, celle de son grand-père, d'origine corse, hanteront ses rêves d'enfant avant de devenir par la suite un des thèmes majeurs qui inspireront son oeuvre. Etudiant à l'école des beaux-arts de Lyon, puis aux Arts décoratifs de Paris, Jacques Tardi fait ses débuts, en 1969, dans l'hebdomadaire Pilote. En 1972 paraît sa première longue histoire, Rumeurs sur le Rouergue (scénario Christin, éditée chez Futuropolis en 1976). C'est en 1976 que Jacques Tardi fait son entrée chez Casterman et entame le cycle des "Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec", dont le succès ne se fait pas attendre. Le neuvième album de cette série populaire, intitulé Le mystère des profondeurs, paraît le 14 novembre 98 dans la série "Adèle Blanc-Sec", chez Casterman. Parrallèlement, Tardi adapte le Paris de Léo Malet, celui des aventures de Nestor Burma, et réalise d'autres adaptations qui sont autant de succès (Le der des ders de Daeninckx, Le cri du peuple de Vautrin, etc.)
Présentation de l'auteur proposée sur le site de son éditeur actuel, Casterman. 

Pour en savoir plus : 
Vincent Marie et l’Historial de la Grande Guerre (dir.), La Grande Guerre dans la bande dessinée (de 1914 à aujourd’hui), Historial de la Grande Guerre, Péronne, 2009, 112 p.
Ouvrage signalé et commenté dans Café-géo : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=1960

mercredi 23 février 2011

Auschwitz en héritage (3) : la BD et l'holocauste

  • Une série de BD pour sauver la mémoire de l'Holocauste chez les jeunes
Une bande dessinée sur la passion d'une juive et d'un polonais, et leur tragique évasion d'Auschwitz : Un amour dans l'ombre de la mort,  paraît en Pologne. C'est la première BD d'une série documentée en polonais et anglais sur Auschwitz. Son but : éveiller l'intérêt des jeunes sur l'Holocauste.

La co-éditrice de cette série de BD estime que "l'histoire des camps n'est pas suffisamment transmise aux jeunes générations, et, qui plus est, rarement de manière intéressante pour un jeune". 
Mala Zimetbaum
Le premier numéro raconte le drame d’Edward (Edek) Galinski, un Polonais non juif déporté dans un des premier transports pour Auschwitz en 1940, et de Mala Zimetbaum, une Juive polonaise prise en 1942 dans une rafle en Belgique.La connaissance de nombreuses langues a sauvé Mala des chambres à gaz et elle utilise son statut privilégié pour aider les autres. Edek organise leur fuite le 24 juin 1944 avec la complicité d’un SS, Allemand de Pologne, Edward Lubusch. Ils sont repris le 6 juillet, exécutés publiquement dans le camp en août. Elle a 26 ans, lui 21.Mala trouvera le moyen de se trancher les veines et d’assainer une gifle ensanglantée à son bourreau. L’héroïsme d’Edek fera se découvrir les détenus présents à sa pendaison, provoquant l’ire des geôliers.

La bande dessinée, inspirée de faits réels, a été l'objet d'une relecture attentive d'historiens du camp d'Auschwitz ( Adam Cyra, en particulier) et d'anciens prisonniers, et est distribuée par le musée d'Auschwitz. Elle est publiée en polonais et en anglais. 
La seconde bande dessinée évoque le résistant polonais Witold Polecki, qui s'est volontairement fait interner à Auschwitz de manière à obtenir des informations sur le fonctionnement du camp. 

Voir le site créé par les éditeurs de ces BD : 
www.episodesfromauschwitz.pl

  • Maus, de Art Spiegelman
L'utilisation de la bande dessinée pour dire l'indicible n'est pas nouvelle. Maus, la bande dessinée en 2 tomes du dessinateur américain Art Spiegelman, a déjà démontré la pertinence de ce support pour aborder la question de la Shoah. Le premier volume de Maus (Maus : a survivor's Tale, publié en français sous le titre Mon père saigne l'Histoire) paraît en 1986. Le second volume  (From Mauschwitz to the Catskills publié en français sous le titre Et c'est là que mes ennuis ont commencé), en 1991. L'oeuvre a été traduite en 18 langues. 
Maus est la représentation en bande dessinée des souvenirs d'un père ( le père d'Art Spiegelman ) ayant survécu à sa déportation : l'histoire d'une souris poursuivie par un chat, du port de l'étoile jaune aux camps d'extermination.La bande dessinée pose aussi la question des relations entre les descendants et les survivants (ici, les relations du père et du fils) : c'est aussi l'histoire d'un fils (l'auteur Art Spiegelman) traquant son père pendant des années, le contraignant à transmettre l'histoire de sa vie de 1939 à 1945. 
L’un des traits frappants de cette oeuvre est le choix de représentation des personnes par des hybrides d’hommes et de bêtes : la souris c’est le juif (souris en allemand se dit justement Maus), le chat : l’allemand, le chien : l’américain, la grenouille : le français… Ce choix, qui peut être interprété de multiples manières, signifie entre autres que l'individu n'existe pas pour lui-même mais est rattaché de manière essentielle à une espèce confrontée à d'autres. 

Une analyse de Maus
http://renardbiblio.canalblog.com/archives/2006/11/06/3098102.html

France Info (30/01/2011) : Le 38ème Festival international de la BD d’Angoulême a décerné son Grand Prix 2011 à Art Spiegelman, figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 70-80, seul auteur de BD à avoir décroché le Pulitzer grâce à "Maus", chronique mythique et féline de la Shoah. 
Sources : 
http://www.siged-diplomatique.com/spip.php?article340 . Site qui reprend l'information de l'AFP relative à la création de la bande dessinée "Episodes d'Auschwitz"
Site France Info.