Pages

Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

Affichage des articles dont le libellé est Nord/Sud. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Nord/Sud. Afficher tous les articles

jeudi 15 mars 2012

Tourisme et regard porté sur l'Autre. Le retour des "zoos humains"?

On savait depuis longtemps le tourisme international inégalement respectueux des différentes cultures...
Plantu, les touristes du Nord dans les pays du Sud
Les journaux The Observer et le Guardian relancent le débat, autour du tourisme et de l'attitude des touristes, en publiant une vidéo mettant en scène ce qui peut être appelé un "safari humain" : 
Cette vidéo, tournée aux îles Andaman ( dans le golfe du Bengale ) montre des femmes de la tribu Jarawa forcées de danser pour des touristes indiens. Un policier, rémunéré par les touristes, leur intime l'ordre de danser contre de la nourriture. 


http://www.guardian.co.uk/world/video/2012/jan/07/andaman-islanders-human-safari-video

Membres de la tribu des Mashro-Piro,
La pratique du safari humain menace d'autres tribus et d'autres lieux. Courrier International a ainsi fait paraître un article évoquant le sort de la tribu des Mashco-Piro, l'une des 15 tribus indiennes du Pérou n'ayant pas de contact régulier avec le monde extérieur (cette tribu vit dans le parc national du Manu) , actuellement menacée par l'organisation de "safaris humains" destinés à permettre aux touristes de photographier ces tribus indiennes isolées de l'Amazonie péruvienne. Pour les touristes, il s'agit ni plus ni moins d'approcher des individus isolés et " les prendre en photo comme des jaguars pendant un safari". Pour les tribus en question, cette approche représente une véritable menace puisque ces tribus sont particulièrement vulnérables : "la transmission d'un simple rhume pourrait leur être fatale", expliquent certains voyagistes. 
Le "safari humain" pose évidemment la question du rapport à l'Autre. Ici, le touriste-roi exige la rencontre avec des individus qui ne la souhaitent pas. La confrontation est inégale, fruit d'un rapport de force lié à la possibilité de payer, ou non,  des voyagistes inégalement respectueux des droits des tribus.

Indiens Galibis, affiche de Jules Chéret, 1882 ( source bnf)

Ce rapport de soumission n'est pas sans rappeler les zoos humains, tels qu'ils ont existé sur le sol français à la grande époque coloniale. De 1875 aux années 1930, la République française a en effet régulièrement organisé l'exhibition de populations "exotiques" : indiens galibis, zoulous, canaques... 

Portrait des Kali'na, Indiens de Guyane, exhibés au Jardin d'acclimatation, Paris, 1892,



Sources :
http://www.courrierinternational.com/article/2012/03/02/le-scandale-des-safaris-humains-gagne-l-amazonie

lundi 7 novembre 2011

Le Brésil, un état du Sud inégalement développé, croquis commenté

Le Brésil fait partie des sujets tombés au Bac en juin 2011. L'intitulé du sujet : "les contrastes spatiaux de développement au Brésil" invite le candidat à mettre en évidence les contrastes régionaux majeurs - le développement est inégal en fonction des régions ( Nordeste, sudeste, sud, centre-ouest et nord) -, à les expliquer  - mettre en évidence les facteurs explicatifs qui peuvent rendre compte du plus grand développement de certaines régions, et du moindre développement d'autres régions -, et à faire état de contrastes visibles à différentes échelles : cela signifie ici de ne pas tenir compte des seules disparités existant entre les régions, mais, en changeant d'échelle, de considérer aussi celles qui existent au sein des villes. Une autre donnée à prendre en compte est celle des dynamiques spatiales - autrement dit des évolutions (déplacement du front pionnier, flux migratoires...).
En prenant pour base de réflexion le croquis proposé par une collègue - et réalisé par l'un(e) de ses élèves - , dont l'énoncé est différent dans les termes mais pas sur le fonds : "Le Brésil, un état du Sud inégalement développé", il est possible de dégager les grands points qui doivent apparaître sur ce sujet. 




IL faut d'abord souligner le soin apporté à la réalisation, première qualité exigée d'un croquis. Les à-plats de couleur sont nettement mis en évidence, l'écriture est lisible, une typographie différente est utilisée pour les villes ( minuscules ) et pour les noms de régions ( majuscules)... Deuxième remarque : le croquis propose une nomenclature tout à fait convenable puisque les états frontaliers sont nommés et que, sur le territoire même du Brésil, apparaissent les principales villes attendues ( voire davantage). Troisième remarque : comme cela est exigé pour l'épreuve du baccalauréat, la légende est ordonnée ( l'information est organisée selon un plan).
Fichier:Brasilia ministerios da torre.jpg
Ministères, Congrès, cathédrale de Brasilia

La logique centre/périphéries est utilisée pour rendre compte des contrastes régionaux. Ainsi apparaît une région centrale - composée des régions du Sud et du Sudeste - qui est à la fois la plus riche et la plus développée. La capitale économique du Brésil (Sao Paulo) s'y trouve et de grandes métropoles (Sao Paulo, Rio, Belo Horizonte ) forment un triangle industriel, c'est-à-dire une zone qui concentre l'essentiel de la production et surtout des centres de décision économiques (sièges sociaux des grandes entreprises) et financiers (banques et organismes de crédit mais aussi place financière). Par opposition à cette région centrale, au coeur de l'économie brésilienne, trois autres espaces apparaissent en retrait. D'abord, la région du centre-ouest, qui est une région anciennement mise en valeur ( mise en valeur au 18e avec exploitation des mines d'or, puis au 19e avec la culture du café). Bien reliée au Sud et au Sudeste, cette région a bénéficié du changement de capitale, décidé en 1960. Elle peut désormais être considérée comme une périphérie intégrée, soit un territoire qui se développe dans la dynamique du centre. Deuxième périphérie, celle que forme le nordeste. La situation est totalement différente. Cette région est, elle aussi, exploitée depuis longtemps. C'est même l'une des régions d'arrivée des colons, dans laquelle a été précocement développée la canne à sucre - à grand renfort d'esclaves noirs. Mais cette région, fortement
peuplée sur le littoral, connaît des difficultés conséquentes, en particulier liées à des contraintes climatiques ( le coeur du nordeste forme le sertao, une région au climat semi-aride, qualifiée par les géographes de "polygone de la sécheresse"). Son retard de développement se traduit par le fait qu'elle soit la principale région émettrice de flux de population à destination des autres régions brésiliennes ( flux migratoires internes)  : le centre d'une part, la région amazonienne d'autre part. L'Amazonie forme en effet la dernière périphérie de cet ensemble fragmenté. C'est une périphérie encore marginale, en réserve, mais qui subit une mutation rapide : front pionnier de peuplement, avancées de la mise en valeur agricole, ... lesquels mettent en péril la survie des Indiens d'Amazonie.
Source :
http://annemls.canalblog.com/archives/2009/11/15/15810236.html

vendredi 14 octobre 2011

BRIC, BRICS, ... des économies qui montent

  • BRIC, BRICS... le club des pays émergents

BRIC ... le mot est apparu en 2001 sous la plume d'un économiste pour désigner le groupe des puissances émergentes formé par le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Depuis 2009, ces quatre pays tiennent des sommets réguliers et discutent de leurs politiques économiques. Ils  cherchent par ailleurs à user de leur poids sur la scène économique internationale pour faire contrepoids aux groupes dominants ( le G8) et aller dans le sens d'une plus grande prise en compte des puissances non occidentales et du caractère multipolaire de l'économie mondiale. Le petit cercle des BRIC s'est agrandi d'un nouveau venu en 2010, l'Afrique du sud. Selon de nombreux économistes,  l'Indonésie aurait aussi toute sa place dans ce club attractif des économies émergentes.  
Sur les adhésions possibles (Indonésie surtout) et l'évolution des termes proposés pour désigner les économies émergentes :
http://fr.rian.ru/world/20090615/121981364.htmlhttp://www.cafedelabourse.com/archive/article/lindonesie-nouvelle-brique-des-brichttp://www.wansquare.com/fr/article/exclusif/6335:les-bric-selargissent.html
  • Des économies qui pèsent lourd à l'échelle mondiale

  • Mais des pays qui restent marqués par la pauvreté

En 2010, la richesse des pays membres du BRICS reste nettement inférieure à celle des pays du G8 comme la France ou les Etats-Unis : 11 000 $ par an et par habitant pour le pays le mieux placé des BRICS, la Russie, contre près de 35 000 pour la France et plus de 45 000 pour les Etats-Unis. Les géants démographiques que sont la Chine et l'Inde se retrouvent évidemment en fin de classement. 
L'IDH - indicateur de développement humain - signale plus nettement l'écart qui sépare les économies émergentes de celles des pays développés en terme de bien-être. Si l'on excepte le cas de la Russie, les BRICS se signalent par un IDH moyen voire faible, compris entre 0,52 pour le plus faible (l'Inde, au 119 ème reang mondial pour l'IDH) et 0, 69 pour le Brésil. La Russie occupe le 65 eme rang mondial, avec un IDH de 0,71: position qui traduit sa situation à cheval entre pays du Nord - auxquels elle appartient - et pays émergents - auxquels elle appartient aussi, par le biais des BRICS! 
La frontière entre pays du Nord et pays du Sud traverse donc les BRICS, situation qui leur confère peut-être une certaine légitimité pour revendiquer un nouvel ordre mondial plus favorable aux économies émergentes en particulier, et aux pays du Sud en général. 
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/les-bric-reclament-un-ordre-mondial-plus-juste_230469.html

Sources :
http://leblogalupus.com/2011/04/29/de-bric-et-de-broc-les-populations-du-brics-restent-encore-tres-pauvres/
http://hdrstats.undp.org/fr/indicateurs/49806.html

dimanche 9 octobre 2011

Croissance, vous avez dit croissance?

La croissance désigne l'augmentation durable de la production de biens et de services (PIB). C'est l'indicateur communément utilisé pour évoquer la bonne santé - ou non - des économies. 
Les évolutions récentes sont pour le moins contrastées. De manière schématique, on peut opposer les fortes croissances enregistrées par certaines puissances émergentes, comme l'Inde ou la Chine ( qui se place désormais à la deuxième place mondiale) et les croissances moyennes, voire faibles, qui caractérisent désormais les pays du Nord. 


Comme le montre le graphique ci-dessus, les taux de croissance de la Chine - le dragon - et de l'Inde - le Tigre - sont appelées à se rejoindre, la croissance chinoise se ralentissant (pour éviter la surchauffe) quant celle de l'Inde atteint des valeurs hautes. Pour les années 2010, le constat est celui d'une croissance de l'ordre de 8%. 
Evolution des taux de croissance du PIB des EU et de la zone euro, en %. Source : Alternatives économiques, mai 2008.

Les économies des pays du Nord - Etats Unis, pays de la zone euro (le graphique ne propose par de données relatives au Japon) - ont par contre essuyé de sérieux revers depuis le milieu des années 1980. Les années 2000 sont marquées par des taux de croissance faible, en dessous su seuil des 2%. Les années 2010 ne devraient pas modifier radicalement ces données. 

Taux de croissance 2010
Evolution 2000/2010 en %
Etats-Unis
2,9
0,7
Japon
4
1,6
UE à 27
1,8
2,2



La France ne détonne pas dans cette morosité générale, au vu des données établies comme des prévisions pour 2011:


Ces évolutions divergentes posent la question de la pertinence d'une limite Nord/Sud dans laquelle les économies dont les taux de croissance sont les plus élevés sont au Sud...

Sources :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/10/06/04016-20111006ARTFIG00711-la-croissance-sauvee-en-2011-mais-menacee-en-2012.php
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=98&ref_id=CMPTEF08118
Alternatives économiques, n° 269, mai 2008. Graphique : évolution du taux de croissance du PIB des Etats-Unis et de la zone euro, en %

vendredi 16 septembre 2011

Le Mexique et l'engrenage de la violence



Des supporters tentant de se protéger lors de la fusillade de Torréon, 20 août 2011
Au Mexique, la violence rythme l'actualité : attentat au casino de Monterrey, fusillade entre police et criminels présumés, en plein match de football  à Torreon...
  • Des cartels extrêmement puissants
Cette violence est largement liée à la puissance de familles (les cartels) qui dominent l'économie illégale : celle de la drogue, du trafic des armes, du trafic de clandestins, de la prostitution... Ces grandes familles cherchent à étendre le territoire qu'elles dominent, ce qui donne lieu à une guerre des gangs, dont le bilan est très lourd. Mais les morts ne sont pas seulement des membres des organisations rivales. La société mexicaine toute entière est concernée par l'activité des gangs : enlèvements (suivis de demandes de rançons), assassinats, fusillades... En 2010, 72 cadavres de clandestins - parmi lesquels ceux de 14 femmes - originaires d'Amérique centrale et du sud, ont été retrouvés dans une ferme du nord-est du Mexique : ils avaient été abattus pour avoir refusé de se mettre au service du gang (la famille des Zetas) chargé de leur faire passer la frontière américaine.
La carte ci-dessus met en évidence la particularité du territoire mexicain, véritable passerelle entre le monde de la production de la drogue ( les états latino-américains : Colombie, Venezuela, pour les produits bruts, mais aussi la Chine, pour l'éphédrine - ou ecstazy), et celui de sa consommation, les Etats-Unis surtout. Ce trafic est ainsi un révélateur des disparités Nord/Sud, dans lequel le Mexique fait figure de porte d'entrée sur le riche territoire nord-américain, comme le montrent les flux - toutes drogues confondues - qui se pressent sur la frontière des Etats-Unis.
  • Depuis 2006, le gouvernement mexicain est en guerre contre les barons de la drogue
Depuis 2006, le président de la République mexicaine, Felipe Calderon, a lancé, avec le soutien des Etats-Unis, une guerre contre les formations mafieuses, qui implique la police mais aussi l'armée mexicaines. Son bilan chiffré reflète l'emprise de l'économie de la drogue sur le territoire mexicain :
Selon le ministère de la défense, les milliers de soldats déployés pour traquer les narcotrafiquants ont saisi environ 180 millions de dollars en liquide et un arsenal de quelque 96.000 armes à feu. La même source a ajouté que l’armée mexicaine a également démantelé plus de 560 laboratoires clandestins de fabrication de drogues synthétiques et confisqué plus de 35.000 véhicules, 510 avions et 182 bateaux, utilisés dans le transport des stupéfiants.Toutes ces actions, ont permis ”d’affecter la structure logistique et financière” des principaux groupes de trafic de drogue et du crime organisé, d’autant qu’une douzaine de leurs chefs de premier ordre ont été tués ou arrêtés.Ce bilan impressionnant est rendu public pour la première fois par le ministère de la défense dans l’objectif de montrer l’ampleur du trafic de drogue dans le pays et la lutte que mène le Mexique pour l’éradiquer, depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuelle administration en décembre 2006.A noter que ce bilan porte uniquement sur les opérations réalisées par l’armée de terre et les forces aériennes. La Marine mexicaine, qui est un corps indépendant, et la police fédérale participent, elles aussi, de manière active aux opérations de lutte contre le narcotrafic.Source – Ministère de la défense ( Le Grand Journal, 8/09/2011) 
Une douzaine de chefs des organisations mafieuses éliminés, une organisation atteinte dans ses structures ( laboratoires démantelés) et des ses profits... Le bilan est conséquent. Pourtant, des voix s'élèvent au Mexique pour en dénoncer les failles. Ainsi de cet article paru dans Proceso, signé José Gil Olmos (daté du 6/09/2011, repris dans Courrier International) :

"(...) Le Mexique a franchi un seuil dans l'escalade de la violence. Preuve, une fois plus, que la guerre contre la criminalité organisée déclarée par le président Felipe Calderón est un échec, et que l'armée et la police sont largement débordées par les groupes mafieux. Mais, pour la société, l'un des plus grands dangers, dans ce climat d'aggravation de l'insécurité, est de constater à quel point elle est vulnérable. La peur, l'insécurité, la terreur et ce sentiment de vulnérabilité qui se sont abattus sur la population peuvent entraîner des effets très dangereux comme l'immobilisme et le désespoir social.
Cette paralysie et cette passivité pourraient être mises à profit non seulement par les cartels pour étendre leur empire de terreur, comme on le voit déjà dans plusieurs régions du pays, mais aussi par des mouvements politiques désireux d'établir un régime autoritaire, de type militaire et policier, afin de rétablir l'ordre sur le territoire national. En témoigne la décision prise par Calderón, juste après l'attentat au casino Royale de Monterrey [qui a fait 53 morts], de demander au Congrès de l'Union d'adopter la loi de sécurité nationale, qui vise à accroître les moyens d'intervention des forces armées. La tentation de la force, de l'autoritarisme, par opposition à l'intelligence, voilà ce qu'il y a derrière ce projet de loi qui donnera au président toute latitude pour envoyer l'armée quand il jugera qu'une situation d'urgence nationale l'exige, et plus seulement en cas de catastrophe naturelle.
Tant les mafieux que les partisans de l'autoritarisme ont tout intérêt à avoir une société engourdie, craintive, terrorisée. Une telle société est une proie facile pour n'importe quel groupe violent ou autoritaire qui ne raisonne pas, mais exerce la violence pour obtenir ce qu'il veut : davantage de contrôle social et territorial. C'est dire l'importance des manifestations qui ont eu lieu à Monterrey, où la population n'est pourtant pas encline à se mobiliser. A l'heure où le désespoir et la peur progressent, ces mobilisations, ainsi que la présence des organisations sociales, sont les seuls moyens d'expression dont dispose la société pour faire reculer la violence. S'il n'y a pas de mobilisation sociale, si nos concitoyens sont gagnés par le conformisme et l'apathie, la terreur et la violence ne feront que s'accroître dans les mois qui viennent et la présidentielle de 2012 ne servira à rien, car, dans les faits, ce sont les groupes criminels qui gouverneront".
Version intégrale de cet article en espagnol :
http://www.proceso.com.mx/?p=280111


Sources : 
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2010/08/25/007-charnier-mexique-survivant.shtml
Le grand journal, le quotidien des Francophones du Mexique, http://www.legrandjournal.com.mx/category/actu-mexique, 
Courrier International, mardi 6 septembre 2011, A la Une : Amériques

mercredi 24 août 2011

Le classement des universités, miroir de la suprématie américaine

Le classement 2011 des universités, proposé depuis 2003 par l'Academic Ranking of World Universities - plus connu sous le nom de classement de Shangaï ( parce qu'il est établi par des chercheurs de l'université Jiao-Tong de Shangaï) -, est sorti. Peu de surprise : cette année encore, les universités américaines tiennent le haut du pavé. 

  • Les universités américaines, symbole de la puissance d'attraction des Etats-Unis
Université de Harvard
17 des vingt premières universités mondiales sont en effet américaines, 8 parmi le Top ten. La n°1 mondiale demeure Harvard. Le classement des universités reflète par ailleurs la géographie de la puissance américaine : parmi les universités distinguées se trouvent celles de la côte nord-est, communément appelées universités de la Ivy League ( référence au lierre qui recouvre les façades des vieilles bâtisses du 18e ou du 19e siècles) : Harvard, Princeton, Yale... mais aussi celles qui illustrent l'affirmation de la côte ouest, et particulièrement de la Californie : Stanford, Berkeley...
La suprématie universitaire américaine, attestée par un classement qui fait la part belle à la recherche par rapport à l'enseignement, et aux sciences dures par rapport aux sciences humaines, explique l'hégémonie américaine dans le domaine de la recherche, dont la carte des prix nobels est un bon indicateur : 


voir à ce sujet l'article consacré au classement des prix nobels par Mr Legros : 
http://monsieurlegros.wordpress.com/2009/10/12/prix-nobel-mondialisation-et-domination-des-pays-des-pays-du-nord/

La réussite américaine dans le domaine de la recherche s'explique largement par la puissance d'attraction des universités américaines, qui drainent les meilleurs chercheurs mondiaux dans le cadre de ce que l'on appelle le brain drain

Comme le montre cette carte, le territoire américain attire des chercheurs ( 3 millions) en provenance de tous les continents. Trois aires émettrices sont remarquables : l'aire de puissance de l'Asie orientale (Chine, Japon, Corée du sud, Taïwan...) à laquelle on peut associer ici l'Inde ; l'aire européenne (pays de l'aire de puissance de l'Europe du Nord-ouest mais aussi de l'Europe orientale en transition économique) ; enfin, le continent américain. 
  • Le classement des universités : un indicateur des inégalités Nord/Sud
Le classement de Shangaï, très attendu par le monde universitaire, est aussi très critiqué. On lui reproche particulièrement de valoriser, dans les indicateurs de sélection, la recherche et non l'enseignement - ce qui favorise les universités anglo-saxonnes -, mais aussi de privilégier les établissements de grande taille, ce qui grève les chances des universités des pays peu peuplés et/ou peu attractifs, ainsi que ceux de vieille tradition universitaire (donc beaucoup d'établissements de petite taille). 
Reste que ce classement conforte le résultat proposé par tous les classements établis ( par exemple celui du Times, qui a longtemps fait référence) : celui d'une suprématie, a priori  inébranlable, des pays du Nord. Le classement des universités peut ainsi être considéré comme le miroir de la place inégale occupée par les états dans l'économie mondiale. 
Pas un seul pays du Sud ( au sens économique du terme) ne prend en effet place parmi les 100 premières places du classement. Parmi elles, 53 sont occupées par les Etats-Unis, 10 par la Grande-Bretagne ( avec Oxford, Cambridge). Si l'on y ajoute 4 universités canadiennes, le monde anglo-saxon détient plus des 2/3 des 100 meilleures universités! En dehors de la Grande-Bretagne, le Vieux continent fait figure de parent pauvre. En outre, seuls les pays d'Europe du nord-ouest sont représentés : France (trois établissements dans le top 100), Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Danemark, pays de la péninsule scandinave (Norvège, Suède, Finlande), Suisse. Cet ensemble rassemble 22 universités classées parmi les 100 premières. Enfin, figurent de manière marginale dans le top 100, les universités de quatre pays : Russie ( Moscou, 1ère à l'échelle nationale, est seulement 77ème mondiale), Australie, Japon, et enfin Israël.
Il faut considérer la suite du classement ( universités classées parmi les 300 premières) pour voir arriver les représentantes des dragons d'Asie du sud-est (Corée du Sud, Taïwan, Singapour) désormais classés au Nord, ou celles des pays de l'Europe centrale ou méditerranéenne (république tchèque, Grèce). Apparaissent aussi, en nombre restreint , celles de pays émergents - comme le Brésil ou la Chine -, et celles de pays rentiers du pétrole (Arabie Saoudite). 
La géographie des universités les mieux cotées reflète donc bien une hiérarchie des puissances fondée sur les disparités : disparité Nord/Sud, mais aussi disparité au sein du Nord ainsi qu'au sein du Sud. 






Une information similaire, mais plus nuancée, est délivrée par cette carte de l'enseignement supérieur, qui, en plus des universités, représente la force d'attraction des états tant par le nombre d'étudiants étrangers que par l'offre de formation dans le supérieur ( taux de scolarisation dans le supérieur). Sans surprise, les pays qui accueillent des étudiants étrangers sont les pays riches du Nord : Etats-Unis, Canada, pays de l'Europe du Nord-Ouest, Japon, Australie et Russie. A leurs côtés, on note la présence de nombreux étudiants étrangers dans les pays du Moyen-orient. Les inégalités en matière de formation, liées aux inégalités de développement, sont mises en évidence par le taux de scolarisation dans le supérieur : il est inférieur à 30% dans certains pays latino-américains et non des moindres comme le Brésil ou le Mexique, dans la presque totalité des pays africains, dans de nombreux pays asiatiques... Il est toujours supérieur à 30% dans les pays du Nord, à l'exception de l'Albanie ( à noter que certaines cartes isolent justement les pays de la péninsule balkanique et les intègrent au Sud...). 

Sources : 
Site Radio France International (Rfi) : Article du 15 août 2011. http://www.rfi.fr/science/20110815-le-classement-universites-le-monde-cuvee-2011-shanghaï-harvard-paris11
http://www.shanghairanking.com/ARWU2011.html
Blog d'un collègue, M.Legros : http://monsieurlegros.wordpress.com/2009/10/12/prix-nobel-mondialisation-et-domination-des-pays-des-pays-du-nord/
L'espace mondial, manuel Nathan Tles L/ES/S, 2008, p. 89. 

lundi 20 juin 2011

Haïti, 1 an après le séisme



La video qui précède a été réalisée pour l'UNICEF, à propos de son action à Haïti depuis le séisme de janvier 2010. Elle permet de poser une double question : celle de la vulnérabilité de certains milieux, et plus encore de certaines sociétés, face aux risques naturels ; celle de l'action des organisations comme l'Unicef.

  • Le risque sismique dans la zone caraïbe
Le risque sismique est très important dans le bassin des Caraïbes. Des séismes ont frappé le Mexique (1985, 10 000 morts à Mexico) et les pays d'Amérique centrale (1972, 10 000 morts à Managua au Nicaragua; 1976, 22 000 morts au Guatemala) dans les années 1970 et suivantes. 
La catastrophe de Port-au-Prince était d'une certaine manière prévisible, et envisagée par les autorités. "Dans son plan national de gestion des risques et des désastres en 2001, le ministère haïtien de l'Intérieur citait la faille qui traverse le sud d'Haïti. Il soulignait que l'activité sismique passée montrait une accumulation d'énergie due à la longue période de "silence sismique" dans ces failles, créant les conditions susceptibles de déclencher un événement de très grande envergure" (Hervé Morin, "L'activation d'une faille qui traverse l'île d'est en ouest", Le Monde, 15 janvier 2010). 
  • Les sociétés face aux risques 
Le fait qu'une catastrophe soit prévisible ne signifie pas pour autant qu'elle soit prévue, c'est-à-dire anticipée. Les sociétés sont très inégales face aux risques et ne disposent pas des mêmes moyens en amont, pour s'y préparer - et donc en réduire le coût humain - , en aval, pour réparer les destructions. 
Les sociétés face aux risques

Pour une même exposition à un aléa naturel ou technologique, les dommages que subissent les Etats et les populations sont très différents. La pauvreté aggrave considérablement la vulnérabilité d'une société, soit sa propension à subir des dommages ou sa capacité à résister face à un risque donné. Les pays du Nord - pays développés - , qui subissent environ un quart des catastrophes naturelles, déplorent moins de 5% du total mondial des victimes. A l'autre bout de l'échelle, les pays les moins développés, affectés par moins de 20% des désastres, concentrent plus de 60% des victimes des catastrophes naturelles. Pour illustrer le propos, on peut comparer le bilan des séismes d'Haïti et du Chili de 2010. Alors que le séisme ayant frappé le Chili était d'une magnitude supérieure (8,8 contre 6,6 pour Haïti), le nombre de victimes est de 800 contre 250 000 en Haïti. Deux données permettent d'éclairer ces différences : la distance de la capitale à l'épicentre du séisme est dans le cas chilien de 350 km contre 35 dans le cas haïtien. La concentration des populations dans les métropoles est un facteur aggravant. Surtout, le Chili se classe au 44e rang mondial en terme d'IDH, alors qu'Haïti est au 151e rang mondial, parmi les pays les plus pauvres de la planète (Haïti figure sur liste des PMA, pays les moins avancés).
  • Le bilan de l'action humanitaire en Haïti par l'un de ses acteurs : l'Unicef
L’Unicef, Fonds des Nations unies pour l’enfance, est né en 1946. C’est une agence de l’Organisation des Nations unies (ONU), implantée dans plus de 150 pays d'intervention, qui a pour vocation d'assurer à chaque enfant, santé, éducation, égalité et protection.



Un an après le séisme, quel bilan de l’action humanitaire faites-vous ?

 Quand on arrive en Haïti en avion et que l’on survole Port-au-Prince, c’est très beau, on voit une ville toute bleue… La réalité pourtant est bien plus triste que cette belle image : cette couleur bleue, ce sont les milliers de tentes, dans lesquelles les gens vivent dans des conditions très précaires. Un an après le séisme, on compte encore 1 million de déplacés, dont 380 000 enfants qui vivent dans des camps ! Pourtant, en douze mois, les équipes humanitaires n’ont pas chômé, et les résultats sont là, même s’ils ne sont pas forcément visibles. Certes la reconstruction effective n’a pas encore commencé, mais la raison est simple : les financements nécessaires (et promis !) ne sont jamais arrivés, car les grands bailleurs de fonds ne font pas confiance au gouvernement haïtien actuel. En revanche, les financements pour la réponse humanitaire, eux, ont bien été reçus : provenant à 70% de particuliers, ce grand élan de solidarité nous a permis, pendant un an, de fournir de l’eau potable à la population (ce qui représente un coût considérable), de réunir les familles dont les enfants avaient été séparés de leurs parents, de construire des écoles provisoires et semi-permanentes pour que les enfants puissent reprendre une vie normale…
( extrait d'une interview publiée sur le site de l'Unicef le 7 janvier 2011). Suite de l'interview : 
Sources : 
http://www.unicef.fr/contenu/actualite-humanitaire-unicef/haiti-une-reconstruction-difficile-entre-instabilite-politique-et-cholera-2011-01-07
http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/hist-geo/EspacePeda/LYCEE/Divers/Societes_face_aux_risques.htm
N.Gendre, C.Guitard, "Les sociétés face aux risques", Historiens & Géographes, n° 381, décembre 2002, p. 38.
Manuel géographie seconde, Hatier, 2010, p. 256-257 et p. 273.

mardi 14 juin 2011

L'interface méditerranéenne en croquis (2)

Quand on aime, on ne compte pas...
Ci-joint le lien pour une proposition de croquis de synthèse présentée par étapes, réalisée selon une logique désormais totalement connue ( inégal développement) mais qui a le mérite de mentionner le processus de Barcelone. 
http://hg-ec.ac-orleans-tours.fr/joomla/attachments/149_mediterranee.pdf

Les effets spatiaux de la mondialisation, croquis commenté

La mondialisation n'a pas un effet égal sur toutes les parties du monde. Certaines sont des centres d'impulsion de la mondialisation qui conforte leur domination sur l'espace mondial, d'autres s'intègrent à la dynamique de mondialisation en prenant une part de plus en plus marquée aux échanges mondiaux (périphérie intégrée, littoraux, façades secondaires), d'autres jouent encore un rôle marginal ( périphérie en marge, délaissée). La question de la mondialisation croise donc celle des inégalités Nord/sud, puisque globalement les centres d'impulsion sont au Nord ( les espaces moteurs de la Triade sont les espaces moteurs de la mondialisation) et les espaces marginaux au Sud ( Afrique sub-saharienne, Asie occidentale, Amérique latine intérieure). Mais le clivage Nord/sud est aussi remis en cause par la mondialisation puisque des puissances émergentes du Sud ( particulièrement la Chine, mais aussi l'Inde, le Brésil...) jouent un rôle de plus en plus marqué à l'échelle mondiale. 

Le croquis proposé est précis et assez complet. 
Il met d'abord en évidence (I) les espaces moteurs en distinguant selon les échelles. Apparaissent d'abord les centres d'impulsion à l'échelle nationale qui ne comprennent que des pays du Nord économique. Puis, à une échelle plus petite, les mégapoles (villes mondiales, parmi lesquelles le rôle de New York est souligné), qui forment entre elles un archipel mégalopolitain mondial (AMM) c'est-à-dire l'ensemble des mégapoles d'importance mondiale, lesquelles, reliées entre elles, organisent le système-monde ( expression du géographe Olivier Dollfus). Ces villes sont pour l'essentiel situées au Nord économique mais des capitales économiques du Sud apparaissent aussi : Sao Paulo, Johannesburg, Sidney, Shangaï... Enfin la mention des façades maritimes (côtes ouest et est des Etats-Unis, Northern Range, Tokkaïdo) montre que ces espaces se répondent. La mention de façades secondaires ( même figuré mais en bleu pâle) : façade du golfe du Mexique tournée vers l'Amérique latine, façade de l'Asie orientale, façade méditerranéenne, aurait permis de faire le lien avec la seconde partie. Mais le croquis est déjà bien chargé...
La seconde partie s'intéresse aux espaces dynamisés par la mondialisation. Elle évoque des espaces en évolution, qui sont soit des pays du Sud dynamisés par la mondialisation (pays émergents, pays pétroliers qui tirent parti des exportations d'hydrocarbures) soit des pays du Nord confrontés à la mondialisation de manière récente (la Russie). Cette sous-partie mêle donc des pays du Nord et des pays du Sud. Il me semble que j'aurais proposé une version plus classique : espaces en recomposition ( Russie + ex-républiques soviétiques comme l'Ukraine ou la Biélorussie), espaces émergents ( seulement ceux du Sud, la Hongrie faisant partie des périphéries intégrées de la Triade, mais j'aurais rajouté la Turquie), pays pétroliers à haut revenu ( attention à la faute de frappe pour Oman. Inutile d'en mentionner autant cf : on ne voit pas les émirats arabes unis ou le Koweït à cette échelle). L'intégration à la mondialisation passe par la participation aux échanges, mais implique aussi une logique de regroupement, traduite ici par la mention des organisations économiques ( plutôt qu'un liseré qui entoure précisément les pays membres de telle ou telle organisation, on peut opter par l'ellipse, plus discrète et surtout moins risquée cf : la carte est désormais un peu datée puisqu'elle ne compte pas le Venezuela parmi les membres du Mercosur).
Enfin, sous l'intitulé " La mondialisation en question", la carte montre les limites de la mondialisation : la première tient dans le renforcement des inégalités ( donc montre les "oubliés" de la mondialisation, les espaces en marge. Evidemment, on n'écrit pas dans une légende : voir le site de la documentation française!!! c'est une mention destinée aux élèves pour qu'ils se renseignent!). La seconde limite tient à l'impact inégal dans l'espace de la mondialisation, que traduit l'importance des flux Nord/Nord et la nature des flux sud/nord ( migrations, produits bruts, drogue). 
Source
http://annejo77.perso.sfr.fr/carto/term/mondial/mondial.htm

L'interface méditerranéenne en croquis (1)

  • L'espace méditerranéen, une interface

Le croquis vu en classe est fondé sur celui proposé dans le manuel Magnard. Intitulé l'espace méditerranéen, une interface - soit un espace de contact entre zones au développement très différent - il décline cette idée en trois points : d'abord, les inégalités (la Méditerranée met en contact deux zones, de part et d'autre de la limite Nord/sud, qui sont très différents en terme de développement, le Sud étant de plus confronté à une croissance urbaine très forte dans les grandes agglomérations); ensuite, les contacts sous forme d'échanges (le croquis fait le choix d'insister sur les flux humains, qui traduisent les inégalités Nord/sud) ; enfin, le croquis cherche à montrer que ce contact pourrait représenter une chance pour le Sud, dont le développement peur reposer sur la mise en valeur de ressources majeures pour le Nord ( gisements d'hydrocarbures, mais aussi bassins touristiques et cultures irriguées), ce qui favorise une première industrialisation ( d'où les exportations de produits manufacturés et l'émergence de grands ports industriels).
La logique adoptée est donc centrée sur la logique Nord/Sud (inégalités de développement, inégalités des termes de l'échange ) et son éventuel dépassement (le NOrd comme atout pour le développement du Sud). Dans cette logique, pourraient être ajoutées ( en 3e partie) la mention de l'Union pour la Méditerranée - qui pourrait apparaître sous la forme d'une ellipse en tiretés entourant l'ensemble des pays de la carte à l'exclusion de la Libye), et en 1ère partie la mention des révolutions affectant le monde arabe, signe du mal-développement (une flèche depuis la Tunisie jusqu'à l'Egypte pour signaler les trois pays touchés de manière majeure depuis décembre 2010). 

  • La Méditerranée, une interface Nord/sud : une approche différente
D'autres croquis, plus ou moins compliqués, peuvent compléter cette première approche. 
Par exemple, celui-ci proposé sur le site d'un collègue, propose, pour le même intitulé, une approche complètement différente. L'accent n'est pas mis sur les inégalités de développement, mais sur les rapports de domination existant dans la zone. La première partie met donc en évidence la domination du Nord, en soulignant le poids joué par les pays de l'UE dans la zone (85% du PIB du bassin), et en faisant apparaître un arc latin (depuis l'Espagne jusqu'à l'Italie) qui pourrait être représenté par une flèche double).La deuxième partie présente les échanges, mais on peut regretter que la même logique de domination du Nord sur le sud ne soit pas mise en évidence. Les flux migratoires de direction sud/Nord signalent bien le déséquilibre. On aurait pu représenter des flux inégaux (flux de produits bruts sud/nord, contre flux de produits manufacturés Nord/sud). La troisième partie est celle qui adopte la logique la plus originale, puisqu'elle cherche à lister toutes les différences qui fondent la rupture. ( donc la carte conclut à l'impossibilité du trait d'union). Elle met en évidence des conflits internes au sud ( conflits pour l'eau, conflits ethniques, et/ou religieux), des  clivages liés aux grandes aires de civilisation (aire chrétienne, musulmane, juive), des foyers d'activisme liés au terrorisme international (localisés au Sud mais qui menacent aussi le Nord, ce que la carte sous-entend sans le montrer). Enfin, apparaît la traditionnelle limite Nord/sud .
Dans la logique de l'épreuve du bac, il me semble que l'insistance mise sur le fait religieux n'est pas bienvenue. Les écarts de richesse et de développement, le déséquilibre des échanges, apparaissent trop peu. Par contre, on peut retenir de cette carte la notion d'arc latin (vue en première), la mise en évidence des pays de l'UE ( donc la disparité, au Nord, entre pays riches de l'UE et pays non encore intégrés, principalement balkaniques), la mise en évidence de conflits qui sont autant d'entraves au développement  (conflits pour l'eau entre Turquie et Syrie, entre Israël, territoires occupés et Jordanie).

dimanche 5 juin 2011

La mondialisation : les espaces moteurs

Ce croquis simplifié (emprunté à un collègue), consacré aux espaces moteurs de la mondialisation, met en évidence le rôle joué par plusieurs types d'espaces. D'abord, à l'échelle nationale, apparaissent les pays du Nord industrialisés : Etats-Unis et Canada, pays de l'Europe (l'Union européenne), Japon, Australie. Certains  forment les pôles de la Triade, représentée ici dans une acception assez imprécise : Amérique du Nord, Europe, Japon. Il vaudrait peut-être mieux choisir de nommer les seuls pôles (Etats-Unis, Allemagne, Japon). On voit bien que les pôles de la Triade - et les aires de puissance qu'ils dominent - sont reliés entre eux par des flux : ici sont représentés les flux financiers qui forment un arc entre les pôles, reliant entre elles les places boursières, signalant la circulation des capitaux entre ces places, et la circulation des IDE entre les différentes aires de puissance. 
Par opposition à ces espaces moteurs qui appartiennent tous à ce que l'on appelle le Nord économique, d'autres espaces se signalent par leur rôle secondaire. Sont représentés les NPIA (nouveau pays industrialisé asiatique, soit la Corée du sud, HK, Taïwan et Singapour), dont la croissance et le développement ont été tels dans les années 80 qu'ils ont désormais classés au Nord. Apparaissent aussi des pays producteurs et exportateurs de pétrole  : la Russie - économie en transition, classée au Nord économique -, mais aussi l'Arabie saoudite, qui appartient au sud économique. De ces pays partent des flux à destination des pays riches (ici, les flèches ne sont pas achevées, ce qui pose un peu problème pour celle qui part du Golfe Persique et semble s'achever dans l'océan Indien. Il faudrait la prolonger jusque l'aire asiatique et les aires de puissance européenne et américaine). 
Enfin, ce croquis met en évidence l'émergence de pays du Sud, qui jouent désormais un rôle important dans l'économie mondiale : les "géants" démographiques que sont l'Inde et la Chine, mais aussi le Brésil, le Mexique, l'Afrique du sud. Les facteurs de cette émergence apparaissent mal sur le croquis, qui met en évidence des flux de produits manufacturés, insistant sur le fait que ces pays du Sud ont fait le choix d'ouvrir leurs économies aux investissements des pays du Nord - importance des firmes transnationales, sous-traitance, "pays ateliers". Il conviendrait d'ajouter que ces pays se situent le long des grands axes de circulation maritime mondiale ( la route des Indes, la route du Cap). 
Par opposition à ces espaces moteurs - pour les centres d'impulsion - ou en voie d'intégration - pour les autres -, de très nombreux espaces sont représentés vierges de toute information, ce qui signifie qu'ils sont "écartés de la mondialisation", en marge de la mondialisation. C'est le cas de la presque  totalité de l'Afrique, d'une grande partie de l'espace latino-américain, d'une part non négligeable de l'Asie. Ce croquis simplifié adopte la logique centre ( les espaces moteurs ) / périphéries (intégrées ou non). Il illustre l'idée selon laquelle la mondialisation aurait un impact très inégal sur les pays, et particulièrement sur les pays du Sud, dont peu parviennent à participer au processus de mondialisation. 
L'auteur de ce croquis propose une animation sur un thème similaire, celui des territoires de la mondialisation : 

Notions clés : 
La mondialisation : c’est la mise en relation des différentes parties du monde qui se manifeste à travers la multiplication des échanges. Elle fait du monde un seul marché, le « village planétaire ». Elle entraîne une hiérarchisation des espaces.
• Centre d’impulsion, pôle ou espace moteur : un espace plus ou moins vaste qui attire et exerce une influence sur d’autres espaces. Il génère et reçoit des flux à l’échelle mondiale, c’est un espace générateur de dynamisme. Un pays de la Triade et une métropole sont des centres d’impulsion.
• Centre et périphérie : Le centre est l’espace le plus dynamique. C’est un espace dominant qui exerce une influence sur le territoire qui l’entoure. La périphérie est l’espace sous influence du centre, c’est un espace dépendant du centre. La périphérie intégrée est bien reliée au centre, la périphérie en marge est davantage en retrait.
• Une aire de puissance : un ensemble de pays qui est capable de dominer et d’influencer d’autres espaces dans un ou plusieurs domaines : économique géopolitique, culturel, financier, informations. L’Amérique du Nord, l’Asie orientale et l’Union Européenne sont 3 aires de puissance.
• Flux : déplacement entre un lieu de départ et un lieu d’arrivée. Flux visibles : matières premières et produits finis Flux invisibles : ce sont les flux financiers, les flux d’information et les échanges de service Flux migratoires : déplacements de personnes
• Investissements Directs à l’Etranger (IDE) : il s’agit de l’achat ou de la création d’une entreprise à l’étranger.

Source :
http://cbudde.free.fr/IMG/jpg/Lesespacesmoteurs-3.jpg

jeudi 2 juin 2011

L'Angola, ou les mirages de la mondialisation

  • Pétrole et croissance record
L'Angola est un vaste pays d'Afrique centrale, qui borde l'océan atlantique. Il se signale depuis les années 2000 par une très forte croissance économique ( de l'ordre de +13% en 2010), tirée par les recettes des exportations : pétrole d'abord, mais aussi diamants, minerais, café, poisson, bois. Des exportations de produits bruts exclusivement, signe d'une stratégie de développement fondée sur l'exploitation des ressources et l'insertion dans les échanges mondiaux. 
Cette stratégie est totalement extravertie : les capitaux viennent de l'extérieur, qu'il s'agisse des capitaux investis dans l'exploitation pétrolière ou des recettes. Depuis 2009, l'Angola est le premier pays africain producteur de pétrole. Pour l'essentiel, les gisements sont exploités par des multinationales étrangères : Chevron Texaco (EU), Exxon Mobil (EU), Total (Fr), BP (RU), Shell (PB)...), ainsi que par une compagnie publique angolaise, Sonangol. Les ressources nationales sont donc à la source du développement, mais elles ne sont pas d'abord exploitées par des entreprises nationales... De plus, si l'Angola bénéficie actuellement de l'envolée des cours du pétrole, il est ,comme tous les pays fondant leur développement sur les exportations, extrêmement dépendant des fluctuations des cours du marché. Or, les recettes du pétrole - la rente pétrolière - représentent 80% des recettes en devises du pays. Que sera l'après-pétrole?
  • A qui profite la manne pétrolière?
Depuis la fin de la guerre civile en 2002 ( trente années de guerre civile ont ravagé le pays après l'indépendance en 1975), les prix élevés du pétrole, les milliards d'investissements étrangers (notamment dans la construction) assurent au pays une croissance vertigineuse. Mais là où il y a croissance, il n'y a pas forcément développement... 
Ballon rond, pétrole, et bidonvilles... photo publiée sur le site France 24
Malgré la rente pétrolière, l'IDH (indicateur de développement humain, calculé en prenant en compte le PIB/ht, l'alphabétisation et l'espérance de vie) de l'Angola reste toujours en bas du classement mondial. En 2009, il est de 0, 403, plaçant l'Angola au 146e rang mondial (depuis 5 ans, l'Angola a gagné 2 places dans le classement, passant du 148 au 146 e rang...). 
Les indicateurs démographiques et sociaux ne trompent pas sur la réalité d'un développement dans l'impasse. L'espérance de vie est de 48 ans - chiffre que l'on retrouve dans d'autres pays d'Afrique centrale comme le Tchad, la République démocratique du Congo ou la République centrafricaine - ; le taux de mortalité infantile (nombre de bébés morts avant d'avoir atteint l'âge de 1 an sur l'ensemble des naissances vivantes) dépasse 100 pour 1 000. 
La démographie de l'Angola reste typique des pays les plus pauvres, dans lesquels avoir des enfants est une garantie pour l'avenir.  Ainsi, le nombre moyen d'enfants par femme (indice de fécondité) demeure élevé, même s'il a enregistré une légère baisse. De 7,4 dans les années 1970, il est tombé à 5,4 actuellement, autorisant toujours une croissance soutenue de la population angolaise ( 19 millions d'habitants en 2010). 
Selon la Banque mondiale, les deux tiers de la population angolaise continuent à vivre avec moins de 2 $ par jour. Et si le taux de chômage n'est que de 15 %, la moitié de la population urbaine dépend du secteur informel pour générer des revenus. 
L'argent du pétrole ne semble donc pas avoir bénéficié à la population et, selon le porte-parole du principal parti d'opposition de l'Angola, l'UNITA (Union pour l'indépendance totale de l'Angola ), l'écart entre les nantis et les démunis continue de s'élargir. 

  • Un pays, deux mondes à part... quelle solution politique?





En Angola, le pouvoir est aux mains, depuis 32 ans, du président José Eduardo Dos Santos, chef du parti MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola). Sorti vainqueur de la guerre civile qui a succédé à l'indépendance, le MPLA - et son chef José Euardo - tiennent le pays d'une main de fer. Il y a bien eu des pressions internationales pour que des élections présidentielles soient organisées. Mais elles ont été reportées et le président a fait passer en 2010 une révision constitutionnelle renforçant encore ses pouvoirs. Des élections devraient avoir lieu en 2012... 
Toute contestation est, pour l'instant, étouffée dans l'oeuf. Ainsi, en mars 2011, un projet de rassemblement - mettant en cause le président angolais - s'est soldé par l'arrestation de trois journalistes à l'origine du mouvement. Une contre-manifestation a par contre été organisée par le pouvoir, rassemblant des milliers de manifestants dans tout le pays. 
Cet épisode témoigne d'une certaine anxiété de la part du MPLA dans le contexte de déstabilisation qui agite l'Afrique du Nord depuis l'hiver 2010/2011. Selon un économiste angolais, le gouvernement aurait peur "d'un mouvement inspiré des révoltes populaires de Tunisie ou d'Egypte". 
Deux éléments jouent néanmoins en faveur du pouvoir... et donc, contre toute solution politique au mal-développement angolais. Le premier réside dans le caractère récent de la paix en Angola. Le pays a connu près de 30 années de guerre civile, et "le peuple, n'envisage pas de reprendre les armes", selon Elias Isaac (de la fondation Open Society) : "la paix a seulement huit ans et le peuple, qui avait tout perdu, n'est pas prêt à lâcher le peu qu'il a acquis depuis le cessez-le-feu". Le second élément qui autorise, pour l'instant, le maintien au pouvoir d'un gouvernement qui semble se soucier assez peu de redistribution des richesses, tient, paradoxalement, dans la fracture qui divise le pays. 

Douglas Steinberg, directeur national de 'Save the Children' en Angola, a expliqué: "Il y a un énorme fossé entre les riches et les pauvres ici, et beaucoup de gens ne sont pas vraiment informés de la richesse de l'Angola. Les gens qui vivent dans les zones rurales ou les zones centrales, ne voient pas les plateformes pétrolières en mer, ils ne savent pas simplement la masse d'argent qui est là, ils ne voient pas toutes les nouvelles constructions et les voitures tape-à-l’oeil et les restaurants chers".

"Et je pense que cela fait partie du problème - si les gens ne savent pas que le pays est riche, il leur est plus difficile de tenir le gouvernement responsable de la manière dont il dépense cet argent", a-t-il ajouté. 
Sources : 
IPS (InterPressService), Louise Redvers, Les riches et les pauvres - un pays, mais deux mondes à part, 18 septembre 2009.
World population Prospects, nations Unies, 2009. 
Agence française de développement, Africapolis II, fiche pays Angola.
http://www.indexmundi.com
http://www.jeuneafrique.com/Article/DEPAFP20090920T074217Z/anniversaire-mpla-unita-election-presidentielledos-santos-fete-ses-30-ans-au-pouvoir.html