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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

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vendredi 15 juin 2012

La France et la question algérienne, épreuve bac 1ère S


Analyse de documents en histoire : la France et la question algérienne.

Consigne : Montrez en quoi ces documents rendent compte de deux moments importants de la guerre d’Algérie et de l’évolution des positions du gouvernement français. Présentez leur apport et leurs limites pour comprendre le déroulement de ce conflit.

Document 1 :
M. Pierre Mendès France, Président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, le 12 novembre 1954 devant l’Assemblée nationale.

« [...] Il y a quelques semaines à peine, je m’étais fait votre interprète, l’interprète de l’émotion ressentie par tous les Français devant la catastrophe qui, dans la région d’Orléansville, venait d’endeuiller l’Algérie  (1).
J’avais alors affirmé la solidarité de la nation entière avec les populations éprouvées. L’Algérie, hélas ! vient d’être frappée à nouveau, et cette fois la violence provient de la volonté criminelle de quelques hommes, mais elle n’est pas moins cruelle, inutile et aveugle. À nouveau la nation doit s’affirmer unie et solidaire devant le malheur, devant les forces de destruction. […] Vous pouvez être certains, en tout cas, qu’il n’y aura, de la part du Gouvernement, ni hésitation, ni atermoiement, ni demi-mesure dans les dispositions qu’il prendra pour assurer la sécurité et le respect de la loi. Il n’y aura aucun ménagement contre la sédition, aucun compromis avec elle, chacun ici et là-bas doit le savoir. On ne transige pas lorsqu’il s’agit de défendre la paix intérieure de la nation, l’unité, l’intégrité de la République.
Les départements d’Algérie constituent une partie de la République française. Ils sont français depuis longtemps et d’une manière irrévocable. Leurs populations qui jouissent de la citoyenneté française et sont représentées au Parlement, ont d’ailleurs donné, dans la paix comme autrefois dans la guerre, sans distinction d’origine ou de religion, assez de preuves de leur attachement à la France pour que la France à son tour ne laisse pas mettre en cause cette unité. Entre elles et la métropole il n’y a pas de sécession concevable. Cela doit être clair une fois pour toutes et pour toujours aussi bien en Algérie et dans la métropole qu’à l’étranger. (Applaudissements à gauche, au centre, à droite et à l’extrême droite.)
Jamais la France, aucun Gouvernement, aucun Parlement français, quelles qu’en soient d’ailleurs les tendances particulières, ne cédera sur ce principe fondamental. »
Pierre Mendès France. OEuvres complètes. Tome 3, Gouverner c’est choisir (1954-1955). Institut Pierre Mendès France, 1986, pp. 454-456.
(1) il s’agit d’un tremblement de terre.

Document 2 : "Une" du journal le Figaro, 17 septembre 1959




 Rappels méthodologiques :

  • Le sujet, ici " La France et la question algérienne", renvoie à un cours précis, qu'il importe de relever immédiatement. Ici, le sujet renvoie au cours sur la décolonisation, et particulièrement à la décolonisation de l'Algérie française (thème 4 du programme). Pour autant, on peut aussi se référer au cours sur l'Algérie dans les années 30 ( éventuellement traité sous forme d'étude de cas, toujours dans le thème 4), mais aussi au cours sur la France ( thème 5, La République, 3 Républiques, cours sur la 5ème République 1958-1962). 

1er rappel donc : la lecture du sujet invite à repérer le thème majeur auquel celui-ci se rapporte, ce qui permet logiquement d'avoir une petite idée des notions clés attendues.
2ème rappel : les termes du sujet, auquel vous devez prêter une grande attention, peuvent vous inciter à penser à d'autres cours, le programme permettant de très nombreuses passerelles entre les questions. 

  • Analyser deux documents suppose obligatoirement de les confronter. Il est donc hors de question de les étudier successivement sans jamais comparer leur apport. 
  • Ce n'est pas parce que la consigne ne demande pas expressément de présenter les documents qu'il ne faut pas le faire, brièvement, cette présentation devant déboucher sur l'énoncé de la question à traiter.

  • La consigne doit être lue très attentivement. C'est elle qui va indiquer le plan à suivre pour organiser le propos. Ici, 2 axes majeurs sont proposés : 
- deux moments importants de la guerre d'Algérie, donc une évolution des positions du gouvernement français
- apport et limites de ces deux documents pour comprendre le déroulement de ce conflit


Corrigé
Attention : ne pas se fier à sa longueur... tous les éléments proposés ne seraient pas forcément attendus. Cela dépend évidemment des cours, des connaissances donnés. 

Un premier paragraphe de présentation des documents débouchant sur l'énoncé de la question à traiter : 
Les deux documents proposés sont de nature très différente. le premier est un texte officiel,  un extrait du discours prononcé par le président du Conseil Pierre Mendès-France (PMF) devant l'Assemblée nationale le 12 novembre 1954, soit au début de la guerre d'Algérie. Il exprime la position du gouvernement, par le biais du discours de son chef ( le président du Conseil est le chef du gouvernement sous la IVème République). Le second document, quoique de nature très différente - c'est la "Une" d'un journal français conservateur, Le Figaro - exprime lui aussi la position du gouvernement français, par la voix du président de la République, Charles de Gaulle, dont les propos sont cités. Ce document date du 17 septembre 1959, soit cinq ans après le début du conflit qui ne prendra fin qu'en mars 1962 avec la signature des accords d'Evian. Ces deux documents invitent à poser la question de l'attitude de la France ( gouvernement, opinion publique) face à la question algérienne à l'époque de la guerre d'Algérie (1954-1962)
 Vous remarquez que la présentation s'intéresse à la nature des documents, à leurs auteurs, à leur contexte. D'emblée, elle montre que le sujet ( la guerre d'Algérie) est bien maîtrisé ( les dates en sont données, et même répétées). 
Un second paragraphe consacré à l'évolution de la guerre et surtout des positions du gouvernement français face à cette guerre : 
Lorsque PMF s'adresse aux députés en novembre 1954, la guerre vient à peine de commencer. Le 1er novembre 1954 en effet a été marqué par une vague d'attentats perpétrés par le nouveau mouvement indépendantiste algérien, le FLN ( Front de Libération Nationale). Ces attentats ne sont pas considérés comme l'expression d'une volonté algérienne, mais comme le fait d'une minorité ( "la volonté criminelle de quelques hommes") qui représente une force de "destruction". Le mot "guerre" n'est d'ailleurs pas utilisé, mais seulement celui de "sédition" qui renvoie à un phénomène de révolte contre l'autorité. Or le gouvernement français n'admet pas cette révolte sur des territoires qui sont français : de fait, l'Algérie est constitué de trois départements français ( préfectures Oran, Alger, Constantine), et ce, "depuis longtemps". La conquête de l'Algérie remonte en effet au début du 19ème siècle : conquête en 1830, le territoire étant réellement soumis en 1847. De plus, PMF rappelle que ce territoire jouit des mêmes droits que ceux de la métropole : "citoyenneté française, (...) populations représentées au Parlement". Cette présentation est très généreuse au regard de la réalité. En Algérie, les populations musulmanes sont représentées par un nombre de députés égal à celui des "pieds-noirs", alors qu'elles sont neuf fois plus nombreuses. Par ailleurs, la situation de la population algérienne diffère beaucoup entre les pieds-noirs et les algériens : pour les seconds, on constate un très faible accès à la scolarisation par exemple. Le discours de PMF témoigne donc d'un premier moment de la guerre d'Algérie, dans lequel cette guerre est niée, posée comme une révolte minoritaire et sans fondement. En 1959, les choses ont considérablement évolué puisque de Gaulle, président de la République depuis 1958, affirme que "les Algériens décideront de leur destin". Si la guerre n'est toujours pas nommée, la mention du "retour à la paix" renvoie, en creux, à l'état de guerre. Ce revirement s'explique par la montée de la violence qui a marqué les années 1954-1958. Pour s'opposer à la "sécession" inconcevable en 1954, la France a progressivement durci sa politique sur le territoire algérien : envoi du contingent, pouvoirs spéciaux donnés au gouvernement, utilisation de la torture, ... sans pour autant parvenir à pacifier le territoire algérien. De Gaulle propose donc une nouvelle voie, la voie politique, qui doit permettre, à terme, de sortir du conflit. Il évoque la possibilité pour les Algériens de choisir "leur destin" ( c'est le principe de l'autodétermination), en mentionnant trois possibilités : la "sécession" (donc l'indépendance avec rupture totale des relations avec la métropole), la "francisation" (donc le maintien de l'Algérie française, mais avec une réelle égalité des droits), le "gouvernement des Algériens" ( donc l'autonomie, mais dans le cadre de la Communauté française, donc avec des relations fortes avec la France).
Un dernier paragraphe mettant en évidence l'apport des deux documents mais aussi leurs limites pour traiter de la question posée : 

Les deux documents proposés ont donc pour intérêt majeur de mettre en évidence l'évolution radicale des positions françaises au cours du conflit. Alors qu'en 1954, la sécession n'est pas envisageable, elle le devient en 1959. La guerre d'Algérie comprend bien deux phases très différentes : une première phase marquée par l'escalade de la violence et qui débouche sur la crise du régime français, une seconde phase ouverte avec le rappel de de Gaulle au pouvoir, au cours de laquelle le Général, contrairement à ce qu'espéraient les partisans de l'Algérie française, va faire évoluer les positions françaises vers l'idée d'une indépendance négociée. Le second apport des documents tient dans le fait qu'ils témoignent de l'évolution de l'opinion publique française. Le premier document en particulier montre que l'ensemble de la classe politique, à une exception près ( l'extrême gauche, soit le parti communiste), adhère au discours de PMF. En 1954, la "nation" est effectivement "unie et solidaire" pour considérer que l'Algérie est française (" la Méditerranée traverse la France comme la Seine traverse Paris" ont appris tous les petits français sur le bancs de l'école...). Le référendum sur l'autodétermination, qui aura lieu en 1961, montre à l'inverse que les Français sont désormais totalement acquis à la nécessaire possibilité pour les Algériens de déterminer leur destin. 
Centrés sur les positions françaises, les documents ne permettent pas, par contre, de cerner le point de vue algérien. Ils ne disent strictement rien ni de la situation en Algérie, ni des raisons pour lesquelles le mouvement indépendantiste a pu se développer. De même, ils n'évoquent pas directement la guerre et ses conditions sur le terrain. C'est leur principale limite.   
Un corrigé proposé sur le site "assistance scolaire", qui propose une organisation du propos différente ( moins "calée" sur les axes proposés par la consigne)
http://www.assistancescolaire.com/eleve/1S/histoire/travailler-sur-des-sujets-du-bac/la-france-et-la-question-algerienne-1_hisrde02

vendredi 16 mars 2012

Chronologie de la guerre d'Algérie


A l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, Radio France Internationale propose une chronologie interactive ( avec liens vers des vidéos de l'ina ) intéressante : 
http://www.tiki-toki.com/timeline/entry/29674/Algerie-la-longue-route-vers-lindependance-par-RFI-Radio-France-Internationale/

Pour réviser, en savoir plus, voir en images, ...

lundi 28 février 2011

L'émancipation des peuples colonisés : indépendances et tentatives d'organisation (1945-1975)




L'émancipation des peuples colonisés : indépendances et tentatives d'organisation (1945-1975). [France métropolitaine, juin 2005]
Chronologie indicative :
1945 : Proclamation de l'indépendance du Viêt Nam.
1946-1954 : Guerre d'Indochine.
1947 : Indépendance de l'Inde et du Pakistan.
1955 : Conférence de Bandung.
1956 : Indépendance du Maroc et de la Tunisie.
1957-1966 : Indépendance de la plupart des colonies britanniques d'Afrique Noire.
1961 : Première conférence des pays non-alignés à Belgrade.
1962 : Indépendance de l'Algérie.
1964 : Première CNUCED.
1973 : Sommet des non-alignés à Alger. Premier choc pétrolier.
1975 : Indépendance des colonies portugaises d'Afrique.


Le sujet de composition proposé est un sujet classique, déjà tombé en tant que sujet national à la session 2005. 
Le piège de tout sujet assorti d'une chronologie indicative est de tomber dans le commentaire de la chronologie, au fil des événements cités. 
Comme tout sujet de composition, celui-ci suppose une réflexion préalable sur le sujet, ses bornes, ses enjeux.


L'émancipation des peuples colonisés : indépendances et tentatives d'organisation (1945-1975).

Analyse du sujet

Au coeur du sujet : l'émancipation des peuples colonisés, c'est à dire la façon dont les colonies sont sorties de la tutelle imposée par la métropole lors de la colonisation. Cette émancipation passe par l'acquisition de l'indépendance, mais aussi par la volonté de se libérer de la tutelle économique des métropoles, donc par l'affirmation de la souveraineté sur ses propres ressources. Elle passe aussi, éventuellement, par la conscience de former une entité spécifique, celle de pays libéré de la tutelle coloniale, et donc éventuellement désireux de s'organiser politiquement avec d'autres pays partageant cette caractéristique. 
Cette émancipation est à étudier entre 1945 et 1975 : donc de la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui amplifie la contestation anti-colonialiste ( il faudra dire pourquoi), à 1975, qui sonne la fin officielle de la décolonisation en Afrique (1975 : indépendance des deux colonies portugaises de l'Angola et du Mozambique). 1975, c'est aussi l'entrée dans une nouvelle périodes des relations économiques, avec la revendication hautement affirmée (en 1973, lors du sommet d'Alger des non-alignés, en 1974, à l'ONU ) d'un nouvel ordre économique international. La période couverte par le sujet est donc brève : une génération.

Deux aspects du sujet sont proposés dans l'intitulé, et reliés par et, ce qui signifie qu'il faudrait logiquement les étudier dans les relations qu'ils entretiennent entre eux : les indépendances d'une part, les tentatives d'organisation, d'autre part. Au niveau de la Terminale néanmoins, l'intitulé du sujet invite à un plan thématique, distinguant les accessions à l'indépendance d'une part, et les tentatives d'organisation d'autre part (donc, pas de mise en relation exigée). En prenant en compte les bornes chronologiques proposées - et en particulier, la première, qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale - , cela signifie qu'il va falloir étudier le tournant que représente la guerre dans l'affirmation des mouvements indépendantistes, puis les accessions à l'indépendances (dans leurs différentes modalités), et enfin, les tentatives d'organisation. 
L'analyse du sujet permet donc d'envisager un plan thématique classique, qui ne négligera pas la chronologie.
Elle permet aussi de formuler la problématique : 
Comment les peuples colonisés se dégagent-ils de la tutelle de la métropole et comment s'organisent-ils? 

Proposition de plan : 
I. Les facteurs d'émancipation des peuples colonisés
1. Des volontés indépendantistes anciennes...
2. renforcées par le rôle joué par les colonies dans la Seconde Guerre mondiale
3. Et qui profitent du contexte de l'après-guerre

II. Les vagues d'émancipation
1. Un processus commencé en Asie : des décolonisations pour certaines négociées (ex de l'Inde)
2. Mais, pour certaines, arrachées (ex de l'Indochine)
3. Un mouvement dont profite ensuite l'Afrique (ex des colonies françaises d'Afrique Noire)

III. Un monde à la recherche d'une unité
1. De Bandung, éveil des peuples d'Afrique et d'Asie (Asie surtout)
2. Au non-alignement...
3... A la recherche du développement 

Proposition d'introduction :

En l'espace d'une génération (de 1945 à 1975), les vieilles puissances coloniales ( Royaume-Uni, France, Pays-Bas surtout ) doivent accepter la perte de leur empire. Les nouveaux Etats, devenus indépendants en période de Guerre Froide, et confrontés à des questions de développement, forment alors ce que l'on appelle le Tiers-Monde. Ils tentent de s'organiser sur le plan politique et économique. Comment les peuples colonisés d'Asie, puis d'Afrique, se dégagent-ils de la tutelle de la métropole et s'organisent-ils? Nous montrerons d'abord que la Seconde Guerre mondiale constitue un formidable accélérateur pour l'affirmation des volontés indépendantistes. L'étude des indépendances, dans leur diversité, précédera l'analyse des diverses tentatives d'organisation qui ont jalonné l'affirmation d'un Tiers-Monde. 

Les passages en gras sont directement inspirés de l'analyse du sujet. Caractériser un sujet suppose de bien l'analyser. Les éléments mis en évidence par l'analyse forment la trame de la caractérisation du sujet en début d'introduction. Suit l'énoncé de la problématique : une problématique simple, qui reprend les termes du sujet (ici, émancipation et organisation). Enfin, le candidat annonce son plan. 

Proposition de conclusion : 
En trente ans, une nouvelle carte politique de l'Asie et de l'Afrique est constituée après affrontement ou négociation entre colonies et métropoles. Les "jeunes nations" tentent de s'organiser en un ensemble autonome sur le plan politique dans le cadre de la Guerre froide, et, sur le plan économique, face aux pays industriels. Mais le nouvel ordre économique voulu par le Tiers Monde tarde à voir le jour, et les années 1970 sont marquées par les premières failles dans la tentative d'unité du Tiers Monde. 

Production graphique possible :


Sources : 
Le corrigé proposé est très largement inspiré du corrigé proposé dans le manuel Magnard, édition 2008, p. 144. La production graphique est extraite de ce même manuel, p. 137. 

samedi 26 février 2011

Indochine, Vietnam : colonisation et indépendance

Une présentation en images de la colonisation, puis de l'accession à l'indépendance, de la péninsule indochinoise. 
Histoire coloniale vietnam
Réalisation : lycée français de Hô Chi Minh-Ville. Cédric Ridel.

http://kanaga.ridel.org/


lundi 31 janvier 2011

Une vision sombre de l'Afrique décolonisée

La décolonisation de l'Afrique noire commence dans les années 1950. Très rapidement, les difficultés rencontrées par les pays africains nouvellement indépendants, et parmi elles, la difficulté à construire des états démocratiques, sont pointées du doigt. En témoigne cette caricature de 1960, signée Fritz Behrendt, un caricaturiste allemand-hollandais ( né à Berlin en 1925, il s'est réfugié aux Pays-Bas en 1937 et y a vécu pendant la Seconde guerre mondiale. Il participe après-guerre aux plus grands journaux allemands ).

"Nouvelles gens", caricature de Fritz Behrendt, 1960

Dans ce dessin, seuls deux éléments changent entre les deux images : le dictateur noir a remplacé le colon, la servitude des populations reste entière, mais elle est assortie d'une façade de consentement, que symbolisent les slogans "vivat...". 

La photo qui suit fait écho à cette vision sombre. Elle représente le dictateur Mobutu, qui a régné sur le Zaïre (ex-Congo belge) de 1965 à 1997, date de son décès. Mobutu Sesse Seko, "président Soleil", le "léopard de Kinshasa", le "roi Léopard", incarne la dictature au service de l'enrichissement personnel : à sa mort, en 1997, sa fortune personnelle ( placée à l'étranger : France, Belgique, Luxembourg, Portugal, Afrique du Sud, Suisse...etc) s'élève à 7 milliards de dollars. 

Mobutu Sesse Seko 
Le parcours de Mobutu, les soutiens qu'il a trouvé auprès des occidentaux sont décrits dans un rapport émanant du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement): 
"Mais d’où venait cet argent ? Mobutu possédait de nombreuses parts dans des sociétés, notamment la Gécamines, la société minière d’État seule autorisée à exploiter le cuivre et le cobalt, qui lui reversait une partie des recettes d’exploitation. Il avait orchestré un pillage systématique des fonds publics, en ouvrant par exemple des comptes de la Banque centrale du Zaïre à l’étranger ou en s’octroyant 30 à 40% des investissements publics avec l’accord du Parlement. (...) Selon le Financial Times, le Zaïre a reçu de l’Occident 8,5 milliards $ de subventions et de prêts. « Pourtant, on a du mal à croire qu’il ait été fait grand chose au Zaïre sur le plan économique ou social », indiquait en 1997 un rapport interne de la Banque mondiale. En effet, cet argent a été alloué à Mobutu, non pas pour développer son pays mais parce qu’il était un allié indispensable contre le communisme du temps de la guerre froide. Il avait ainsi ordonné l’assassinat du père de l’indépendance congolaise, Patrice Lumumba, en 1961, allié des soviétiques. Le Zaïre regorgeait par ailleurs de ressources naturelles (cuivre, cobalt, or, diamant, bois) et de terres propices à la culture du café et du cacao. "
( rapport "Biens mal acquis", juin 2009, établi par le CCFD. Rapport qui passe en revue les avoirs détournés de quelque 30 dirigeants de pays en voie de développement - évalués à 100 milliards de dollars au total -, interroge la question de savoir "à qui profite le crime?" et préconise la restitution des biens aux populations pillées). 

Pour consulter l'article dans son intégralité : 
http://ccfd-terresolidaire.org/BMA/img/PDF/pays/BMA_chap1-2congo.pdf


Sources : 
Photo de Mobutu, extraite du manuel d'Histoire Terminale Hachette 2002, p.165
Caricature de Behrendt, manuel d'Histoire Terminale Nathan, 2008, p. 153. 
Site du CCFD. Rapport "Biens mal acquis, A qui profite le crime?", juin 2009. 

Colonisation/Décolonisation : révisions...

Un petit message pour faciliter les révisions. 
Voici quelques tableaux synthétiques qui remettent en perspective - très sommairement - les grandes évolutions décrites en cours : 
Les questions posées sous les tableaux ont pour seul objet d'attirer votre attention sur l'essentiel. Impossible, évidemment, de vérifier la qualité de vos réponses en ligne. Quoique, par télépathie?

  • Le statut des territoires dominés

Vérifiez que vous êtes capable de citer au moins un exemple de chaque type de territoire. 
Le protectorat est un système avantageux pour le colonisateur. Pourquoi? 
  • Les relations économiques entre métropoles et colonies
Ce schéma cherche à mettre en évidence un aspect positif de la colonisation pour la colonie : celui lié aux investissements réalisés, qui vont autoriser la création d'infrastructures lourdes ( transport). Les aspects négatifs l'emportent nettement. Relevez les et montrez que le système colonial engendre un échange inégal. 
  • Un éveil du sentiment national dans les colonies dès l'entre-deux-guerres

Ce tableau met en évidence le rôle de la Première Guerre mondiale dans l'éveil du sentiment national. Quels aspects mentionnés ici se retrouvent à nouveau dans l'après-1945?
  • Un tableau portant spécifiquement sur l'Asie, et donc sur le contexte de l'après 1945
Relevez les éléments nouveaux par rapport au tableau précédent. 
  • Dans les années 1950, la décolonisation s'accélère : pourquoi?

Revoir ce qu'est la conférence de Bandoung. Quels autres facteurs sont pointés ici pour leur rôle dans l'accélération de la décolonisation?
  • L'affirmation du Tiers Monde se heurte à la diversité croissante du "Sud"

La carte met en évidence des NPI , des pays rentiers (dont le développement repose sur l'exportation des hydrocarbures), des pays dont le choix de développement est dit "autocentré" (sans appel à l'extérieur : capitaux ou technologies). Relevez au moins deux exemples pour chaque catégorie. 
La référence à la Révolution verte (adoption de variétés de riz ou de blé à très haut rendement) signale la volonté de pays du Tiers Monde d'accéder à l'autosuffisance alimentaire. Repérez un pays asiatique et un pays africain qui l'ont mise en oeuvre. 

Sources (tableaux de synthèse)
Manuel d'Histoire de Terminale, T L, ES, S, Hatier, 2008.