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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

dimanche 23 octobre 2011

Regard critique sur l'Amérique des années 1930


Margaret Bourke-White, At the time of the Louisville Flood, 1937

Cette photo a été prise en 1937, lors des inondations de Louisville (Etats-Unis), par l'une des photographes les plus connues de l'époque : Margaret Bourke-White. 

Durant les années 1930, cette photographe reconnue ( elle a travaillé pour le magazine Fortune, puis a été embauchée par le tout nouveau Life) est sollicitée par la Farm security Administration (un organisme dépendant créé dans le cadre du new Deal)  pour prendre des photos des individus frappés par la Grande dépression. Les clichés pris alors - galerie de visages, d'individus au travail, sur les routes... - témoignent du drame vécu par les américains. 


La photo "At the time of the Louisville Flood" est plus tardive et a peu à voir avec le contexte du New Deal auquel elle est parfois associée. Nous sommes en 1937 et la ville de Louisville est frappée par des inondations de l'Ohio. Plus de 70% de la ville est alors inondée. La photographie représente des files d'individus qui se rendent auprès de la Croix Rouge pour chercher secours. 
Le contraste entre cette file continue - dans laquelle dominent les figures noires - et le panneau publicitaire situé au-dessus donne toute sa force à cette photo. Le message du panneau est simple, mais en parfait décalage avec la marée des démunis : "La plus grande qualité de vie au monde- Rien n'égale la "façon de faire" américaine"... Sur l'affiche, les élus du mode de vie américain : une famille blanche, parents et enfants souriants, dans une automobile rutilante. Les regards convergent vers l'avant, vers un avenir radieux. Le fait que le panneau publicitaire soit masqué pour partie par la file humaine - qui l'ignore - donne le sentiment que les deux dynamiques sont en opposition. 
La photographie remplit son rôle ( témoigner d'une situation vécue par les habitants de Louisville ) et le dépasse, puisqu'elle autorise une lecture critique de la société américaine. 


Margaret Bourke-White (1904-1971) est l’un des photographes américains les plus connus. D’abord photographe à Cleveland dans le milieu industriel, elle travaille pour Fortune dès la fin des années 1920. Elle est la première photographe occidentale à partir dans l’ URSS stalinienne (1930), l’une des premières femmes correspondants de guerre pendant la Seconde guerre mondiale, l’un des premiers photographes à pénétrer dans les camps de concentration en 1945 lors de leur libération. Les photographies qu’elle a prises en Inde après-guerre, particulièrement celles de Gandhi, contribuent aussi à sa notoriété. 


Sources : 
Women in History. Margaret Bourke-White biography. Last Updated: 10/23/2011. Lakewood Public Library. Date accessed 10/23/2011 . <http://www.lkwdpl.org/wihohio/bour-mar.htm>.
http://saintsulpice.unblog.fr/2009/02/20/margaret-bourke-white/

vendredi 21 octobre 2011

Regard critique sur l'Amérique des années 1920


« Notre Citoyen idéal, je me le représente avant  tout plus affairé qu’un chien de chasse (…) mettant toute son ardeur à son magasin, sa profession ou son art. Le soir, il allume un bon cigare, monte dans le petit omnibus, ou peut-être maudit son carburateur, et rentre vite chez lui. Il tond sa pelouse ou s’occupe de quelque travail pratique, puis se prépare pour le dîner. Après, il raconte son histoire à ses petits, emmène sa famille au cinéma, ou joue quelques parties de bridge, ou lit le journal du soir et, s’il a des goûts littéraires, un ou deux chapitres d’un bon roman de l’Ouest, bien mouvementé (…) Enfin, il va joyeusement se mettre au lit, la conscience pure, ayant, pour sa petite part, contribué à la prospérité de la ville, et augmenté son compte en banque"
 
Sinclair LEWIS, Babbitt, 1970 (1ère édition, 1922) http://www.americanliterature.com/SinclairLewis/Babbitt/Babbitt.html

Aux Etats-Unis, les années 1920 sont des années d'effervescence. L'économie de la première puissance mondiale bat son plein, les industries tournent à plein régime, surtout le secteur tertiaire se développe, imposant le modèle social du col blanc. Cet américain moyen est celui qui incarne la réussite américaine et celui auquel le mythe américain (celui d'une réussite possible pour tous ceux qui en font l'effort) renvoie. Il est aussi celui qui profite de l'american way of life (une résidence éloignée du centre ville, une épouse comblée par le confort électroménager, une automobile puissante...).
C'est cet américain moyen que Lewis Sinclair écorne dans son roman Babbitt, paru en 1922. Georges F. Babbitt est un col blanc, un employé modèle, un agent immobilier prospère... Avec lui, c'est toute l'Amérique des années 1920, obsédée par la spéculation immobilière et l'acquisition de biens de consommation, qui est dépeinte. De manière réaliste - Sinclair est le chef de file de l'école réaliste aux Etats-Unis - , et critique : le personnage du roman est conscient de ses limites, du conformisme réducteur de sa vie, il cherche à sortir de cette vacuité ... en vain!
Dans le discours qu'il prononce en 1930 lors de la remise du Prix Nobel de Littérature ( il est alors le premier romancier américain à être distingué par ce prix), Sinclair Lewis remercie l'académie d'avoir honoré un écrivain réaliste, alors que, selon lui, les Etats-Unis entretiennent, par le biais de la littérature, une image figée des Etats-Unis, faite de stéréotypes et destinée seulement à pérenniser l'image d'Epinal d'une Amérique bucolique, pure et juste... 

vendredi 14 octobre 2011

BRIC, BRICS, ... des économies qui montent

  • BRIC, BRICS... le club des pays émergents

BRIC ... le mot est apparu en 2001 sous la plume d'un économiste pour désigner le groupe des puissances émergentes formé par le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Depuis 2009, ces quatre pays tiennent des sommets réguliers et discutent de leurs politiques économiques. Ils  cherchent par ailleurs à user de leur poids sur la scène économique internationale pour faire contrepoids aux groupes dominants ( le G8) et aller dans le sens d'une plus grande prise en compte des puissances non occidentales et du caractère multipolaire de l'économie mondiale. Le petit cercle des BRIC s'est agrandi d'un nouveau venu en 2010, l'Afrique du sud. Selon de nombreux économistes,  l'Indonésie aurait aussi toute sa place dans ce club attractif des économies émergentes.  
Sur les adhésions possibles (Indonésie surtout) et l'évolution des termes proposés pour désigner les économies émergentes :
http://fr.rian.ru/world/20090615/121981364.htmlhttp://www.cafedelabourse.com/archive/article/lindonesie-nouvelle-brique-des-brichttp://www.wansquare.com/fr/article/exclusif/6335:les-bric-selargissent.html
  • Des économies qui pèsent lourd à l'échelle mondiale

  • Mais des pays qui restent marqués par la pauvreté

En 2010, la richesse des pays membres du BRICS reste nettement inférieure à celle des pays du G8 comme la France ou les Etats-Unis : 11 000 $ par an et par habitant pour le pays le mieux placé des BRICS, la Russie, contre près de 35 000 pour la France et plus de 45 000 pour les Etats-Unis. Les géants démographiques que sont la Chine et l'Inde se retrouvent évidemment en fin de classement. 
L'IDH - indicateur de développement humain - signale plus nettement l'écart qui sépare les économies émergentes de celles des pays développés en terme de bien-être. Si l'on excepte le cas de la Russie, les BRICS se signalent par un IDH moyen voire faible, compris entre 0,52 pour le plus faible (l'Inde, au 119 ème reang mondial pour l'IDH) et 0, 69 pour le Brésil. La Russie occupe le 65 eme rang mondial, avec un IDH de 0,71: position qui traduit sa situation à cheval entre pays du Nord - auxquels elle appartient - et pays émergents - auxquels elle appartient aussi, par le biais des BRICS! 
La frontière entre pays du Nord et pays du Sud traverse donc les BRICS, situation qui leur confère peut-être une certaine légitimité pour revendiquer un nouvel ordre mondial plus favorable aux économies émergentes en particulier, et aux pays du Sud en général. 
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/les-bric-reclament-un-ordre-mondial-plus-juste_230469.html

Sources :
http://leblogalupus.com/2011/04/29/de-bric-et-de-broc-les-populations-du-brics-restent-encore-tres-pauvres/
http://hdrstats.undp.org/fr/indicateurs/49806.html

Les Etats-Unis : une hyperpuissance qui vit à crédit


L'endettement des Etats-Unis n'est pas un phénomène nouveau. Mais la dette américaine dépasse désormais le seuil des 10 000 milliards de $, suscitant le doute sur la capacité des Etats-Unis à faire face à leurs engagements. Comme le montre le graphique, après être restée modérée pendant la période des Trente glorieuses, la dette a commencé à croître dans les années 1980 : elle est multipliée par 6 entre 1980 et 2000, et semble depuis cette date épouser une courbe exponentielle.

Dessin de Glez, 2 août 2011, Courrier international
En août 2011, la Chambre des représentants puis le Sénat américains ont adopté un accord sur le relèvement du plafond de la dette américaine, jusque là  fixé à 14 300 milliards de $. Ce relèvement du plafond, qui écarte temporairement le risque de voir la première puissance mondiale se déclarer en cessation de paiement, s'accompagne de mesures destinées à réduire le déficit américain ( de 2 400 milliards de $ en 10 ans). 
us president barack obama spending money for debt policy sp



Objet de débats nourris aux Etats-Unis (comme en témoigne le dessin de presse ci-dessus mettant en scène l'âne républicain et l'éléphant démocrate, en observateurs de la politique d'Obama), la dette américaine continue d'inquiéter. L'absence de solution sur le long terme - le relèvement du plafond de la dette est une solution à très court terme, déjà employée à plusieurs reprises - a des conséquences à plusieurs niveaux. A l'échelle américaine d'abord : les Etats-Unis risquent de perdre totalement la confiance des marchés, or ce sont eux qui autorisent l'endettement américain. De plus, l'endettement des Etats-Unis les place en situation de dépendance à l'égard de leurs créanciers (comme la Chine). En outre, les Etats-Unis sont comme toutes les autres puissances soumis à la notation d'agences (Moody, Fitch, Standard & Poor) : une baisse de leur note signifie une difficulté accrue à emprunter, donc un relèvement du taux de crédit, donc des difficultés pour l'économie américaine... Enfin, comment concilier relance de l'économie américaine et nécessité de réduire les déficits? La question est posée avec acuité. Dans une économie mondialisée, la question de la bonne santé de l'économie américaine dépasse largement les frontières nationales. A l'échelle mondiale, la faillite des Etats-Unis - le premier importateur mondial - aurait des conséquences que ses partenaires préfèrent ne pas envisager...

Sources : 
http://juanquevauvillers.blogspot.com/2011/04/la-dette-americaine-le-doute-sinstalle.html
Courrier International, 2 août 2011, dessin de Glez
http://www.objectifeco.com/economie/economie-politique/article/olivier-crottaz-qui-detient-la-dette-americaine
http://etudactualite.over-blog.com/article-qui-detient-la-dette-americaine-80179532.html

dimanche 9 octobre 2011

Croissance, vous avez dit croissance?

La croissance désigne l'augmentation durable de la production de biens et de services (PIB). C'est l'indicateur communément utilisé pour évoquer la bonne santé - ou non - des économies. 
Les évolutions récentes sont pour le moins contrastées. De manière schématique, on peut opposer les fortes croissances enregistrées par certaines puissances émergentes, comme l'Inde ou la Chine ( qui se place désormais à la deuxième place mondiale) et les croissances moyennes, voire faibles, qui caractérisent désormais les pays du Nord. 


Comme le montre le graphique ci-dessus, les taux de croissance de la Chine - le dragon - et de l'Inde - le Tigre - sont appelées à se rejoindre, la croissance chinoise se ralentissant (pour éviter la surchauffe) quant celle de l'Inde atteint des valeurs hautes. Pour les années 2010, le constat est celui d'une croissance de l'ordre de 8%. 
Evolution des taux de croissance du PIB des EU et de la zone euro, en %. Source : Alternatives économiques, mai 2008.

Les économies des pays du Nord - Etats Unis, pays de la zone euro (le graphique ne propose par de données relatives au Japon) - ont par contre essuyé de sérieux revers depuis le milieu des années 1980. Les années 2000 sont marquées par des taux de croissance faible, en dessous su seuil des 2%. Les années 2010 ne devraient pas modifier radicalement ces données. 

Taux de croissance 2010
Evolution 2000/2010 en %
Etats-Unis
2,9
0,7
Japon
4
1,6
UE à 27
1,8
2,2



La France ne détonne pas dans cette morosité générale, au vu des données établies comme des prévisions pour 2011:


Ces évolutions divergentes posent la question de la pertinence d'une limite Nord/Sud dans laquelle les économies dont les taux de croissance sont les plus élevés sont au Sud...

Sources :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/10/06/04016-20111006ARTFIG00711-la-croissance-sauvee-en-2011-mais-menacee-en-2012.php
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=98&ref_id=CMPTEF08118
Alternatives économiques, n° 269, mai 2008. Graphique : évolution du taux de croissance du PIB des Etats-Unis et de la zone euro, en %

samedi 8 octobre 2011

La Guerre froide en 5 dates clés

La Guerre froide est l'appellation qui a été donnée à la période 1947-1991 durant laquelle les relations internationales sont marquées par l'affrontement entre l'Ouest et l'Est. Deux modèles antagonistes s'opposent alors ( le modèle capitaliste et le modèle communiste), incarnés par deux nations sorties grands vainqueurs de la Seconde guerre mondiale : les Etats-Unis et l'URSS. 
On parle, pour désigner cette logique d'affrontement autour de deux pôles, de monde bipolaire. Ces deux pôles constituent autour d'eux des sphères d'influence dont la taille - et la composition - évolue dans le temps, et que l'on appelle aussi leur bloc.
Enfin, la caractéristique majeure de la Guerre froide tient à l'absence d'affrontement armé direct entre les deux pôles. Comme l'a écrit Gaston Bouthoul, "la guerre froide est la première expérience vécue de la paix atomique". Après 1945 et Hiroshima, avec la détention de l'arme atomique par les deux Grands ( l'URSS dispose de la bombe A en 1949), il n'est pas possible de risquer un affrontement entre deux puissances disposant de la capacité de détruire totalement l'autre - et le reste du monde...
D'où le fait que la Guerre froide soit marquée par des conflits indirects. Les quatre suivants sont considérés comme des conflits majeurs : crise de Berlin (qui se décline en deux temps : le blocus de 1948/1949, puis la construction du mur en 1961); guerre de Corée (1950-1953); crise de Cuba (1962); guerre du Vietnam (1965-1973). Dans deux cas ( Berlin et Cuba), l'affrontement oppose bien Etats-Unis et URSS, mais il n'y a pas conflit ouvert - pas d'utilisation des armes -, seulement crise, mais une crise dont l'issue aurait pu être le conflit armé. Dans les deux autres cas ( Corée, Vietnam), il y a conflit armé, mais indirect, au sens où URSS et Etats-Unis arment chacun des protagonistes qui s'affrontent.

Source : 
http://lewebpedagogique.com/bazarhistoiregeo/2009/02/27/5-dates-cles-de-la-guerre-froide/

vendredi 7 octobre 2011

L'hymne soviétique

l'histgeobox: Les hymnes ont une histoire (II) l'hymne soviétiqu...: Le drapeau rouge flotte sur Berlin (mai 1945). Avec la révolution d'octobre 1917 et l'accession au pouvoir des bolcheviques, toute les réf...

Prix Nobel de la Paix 2011 : une reconnaissance du rôle des femmes

De gauche à droite : la militante yéménite Tawakkul KARMAN, la présidente du Libéria Ellen JOHNSON-SIRLEAF, la militante libérienne LEYMAH GBOWEE
Le prix Nobel de la Paix 2011 vient d'être décerné. Le choix du comité en charge de la désignation ( le comité comprend cinq personnes désignées par le Parlement norvégien) s'est, cette année, porté sur trois figures féminines. Deux libériennes : Ellen Johnson-Sirleaf , Leymah Gbowee et une yéménite : Tawakkul Karman
Mère Térésa, Calcutta
Ce n'est pas la première fois que des femmes sont honorées par cette distinction : on se souvient de la nomination de Mère Térésa (1979) - pour sa contribution à la lutte contre la pauvreté en Inde- , ou, plus récemment, de celle de Aung San Suu Kyi (1991) - militante birmane- . Mais ces femmes distinguées ( six depuis 1901, sans compter les lauréates 2011) faisaient figure d'exception dans un paysage masculin. Avec trois nominations féminines, le prix Nobel 2011 représente une rupture. 
La seconde nouveauté tient aux fondements de la distinction. Les femmes honorées par le Nobel de la Paix ont toujours été des militantes : présidentes d'organisations pacifistes (en 1946, la lauréate est ainsi la présidente de la Ligue internationale des femmes pour la paix ou la liberté), militantes écologistes (en 2004, c'est la militante écologiste kényane Wangari Muta Maathai qui est distinguée), militante "sur le terrain" ( Mère Térésa dans les bidonvilles de Calcutta)... Les femmes honorées en 2011 sont, elles aussi, des militantes. En faveur de la paix ( les deux libériennes ont été impliquées dans le combat non-violent pour la fin de la guerre civile au Libéria), en faveur d'une société libérée de toute forme d'oppression. Ce qui est nouveau, c'est que leur combat - et donc, le combat qui a été distingué - n'est pas seulement un combat pacifiste auquel des femmes, comme d'autres, auraient pris part. C'est  un combat mené par des femmes, avec des formes de lutte spécifiques, porté par la conviction que les femmes ont une voix à faire entendre et des droits à faire respecter. 
Chirine Ebadi
En ce sens, la nomination de Chirine EBADI (prix Nobel 2003), la première femme à avoir accédé à la fonction de juge en Iran, fonction qu'elle a mise au service de la défense des droits des femmes iraniennes, peut être considérée comme le premier pas vers la consécration du combat, pacifiste et féministe, des femmes. En 2011, les trois militantes distinguées l'ont été "pour leur lutte non-violente pour la sécurité des femmes et leurs droits à une participation entière dans la construction de leur pays". 
Tawakkul Karman apprend sa nomination
Consacrer la lutte des femmes en faveur des droits des femmes dans une société de justice et de paix... Le choix de Tawakkul Karman - journaliste yéménite qui a fondé en 2005 le groupe Femmes journalistes sans chaînes, femme pionnier de la contestation menée depuis  le printemps 2011 contre le régime du président Saleh - est une forme d'hommage à un printemps arabe révolutionnaire ET féminin. D'ailleurs, c'est aux militants arabes que la lauréate a immédiatement dédié son prix. 
http://www.courrierinternational.com/article/2011/07/07/un-printemps-revolutionnaire-et-feminin
Le choix de la militante libérienne Leymah Gbowee est, lui aussi, sans surprise dans le cadre d'une consécration de l'action non-violente menée par les femmes. Leymah Gbowee est en effet l'une des actrices majeures de la lutte que les femmes ont mené au Libéria en 2003 contre le régime du dictateur Charles Taylor, pour mettre un terme à la guerre civile qui ravageait le pays. 
Un documentaire produit en 2008, dans lequel Leymah Gbowee intervient, a d'ailleurs été consacré à cette victoire féminine et non-violente sur la violence du régime et de la société libérienne des années 1990 et 2000 : Pray the Devil back to Hell. 
"Il n'y a rien qui devrait conduire les gens à faire ce qu'ils ont fait aux enfants du Liberia", drogués, armés, devenus des machines à tuer, explique-t-elle (Leymah Gbowee)  dans un documentaire sur le combat des Libériennes pour la paix, "Pray the Devil Back to Hell" ("Prie et renvoie le diable en enfer"). La lutte des Libériennes pour la paix "n'est pas une histoire de guerre traditionnelle. Il s'agit d'une armée de femmes vêtues de blanc, qui se sont levées lorsque personne ne le voulait, sans peur, parce que les pires choses imaginables nous étaient déjà arrivées", écrit-elle dans son autobiographie. "Il s'agit de la manière dont nous avons trouvé la force morale, la persévérance et le courage d'élever nos voix contre la guerre, et rétablir le bon sens dans notre pays", ajoute-t-elle. ( article sur le site 7 sur 7)
Leymah Gbowee
http://praythedevilbacktohell.com/
Ellen Johnson Sirleaf, une des trois lauréates du prix Nobel de la paix, a déclaré vendredi à Monrovia que "c'est un prix pour tout le peuple libérien".
Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria depuis 2006
La présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, était la "lauréate la plus probable" ( selon la chaîne norvégienne TV2) ; elle est aussi la seule lauréate contestée... Des trois militantes reconnues par le Nobel, elle est la seule femme de pouvoir. La lutte menée par les femmes libériennes pour mettre un terme à la dictature de Charles Taylor et à la guerre civile a en effet permis une transition démocratique et l'élection de Ellen Sirleaf à la présidence (2006). Elle est alors entrée dans l'Histoire en devenant la première femme élue présidente sur le continent africain. En 2011, le prix Nobel consacre cet itinéraire d'exception. Mais il intervient à un moment critique pour la lauréate, qui est désormais une présidente sortante dont le bilan est discuté à quelques jours des élections présidentielles. Il peut aussi être perçu comme un "coup de pouce", ce qui attise les critiques. Le principal adversaire politique d'Ellen Sirleaf, Winston Tubman (dirigeant du Congrès pour le Changement démocratique) ne mâche pas ses mots : "Ce prix est inacceptable et non mérité". La présidente sortante a engagé une lutte sans merci contre la corruption politique -  engagement qui lui a valu le surnom de "dame de fer"- ; elle est par ailleurs parvenue à éviter la crise alimentaire à son pays, en attirant des investisseurs étrangers. Mais elle est accusée de ne pas avoir tenu ses promesses économiques et sociales - le chômage touche toujours 80% de la population libérienne - et, surtout, de ne pas avoir suffisamment oeuvré dans le sens de la réconciliation nationale, dans un pays ravagé par une longue guerre civile. 
Sources : 
http://www.europe1.fr/International/Ellen-Johnson-Sirleaf-femme-d-influence-757117/
http://www.lagazettedeberlin.de/5625.html
http://www.lematin.ch/actu/monde/le-nobel-de-la-paix-attribue-trois-liberiennes
http://www.courrierinternational.com/article/2011/07/07/un-printemps-revolutionnaire-et-feminin
http://www.leparisien.fr/international/nobel-de-la-paix-deux-africaines-et-une-arabe-recompensees-07-10-2011-1642583.php