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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

mercredi 22 juin 2011

Jorge Semprun, itinéraire d'un éternel résistant (1923-2011)


Jorge Semprun est mort le 7 juin 2011 à Paris. Il avait fait de la France son pays d'adoption et de la langue française, la langue de ses écrits. En 1996, il avait été admis à l'Académie Goncourt. 
Le général Franco, 1936
  • Fuir le franquisme : La France, patrie d'adoption...

Jorge Semprun est né le 10 décembre 1923 à Madrid dans une famille bourgeoise : son père est avocat et professeur de droit. Catholique pratiquant, il est néanmoins partisan de la jeune république espagnole portée au pouvoir en 1931, et du gouvernement de Front populaire créé en 1936 en Espagne.  En 1937, pendant la guerre d'Espagne, la famille de Jorge Semprun s'exile en France. A Paris, il suit sa scolarité ( au lycée Henri IV). Il a 16 ans en avril 1939 lorsque le général Franco annonce la fin de la guerre civile espagnole, dont il sort vainqueur. En septembre 1939,  la France déclare la guerre à l'Allemagne hitlérienne, donc au pays qui a armé les combattants franquistes. Jorge Semprun ne peut que partager la cause française. 

Mais, côté français, l'entrée en guerre contre l'Allemagne est une entrée en guerre à reculons : pas de combats déclenchés sur le front occidental, une "drôle de guerre" derrière la ligne Maginot, et, par contre, une lutte ouverte déclenchée contre l'ennemi de l'intérieur : le communiste. Le Parti communiste ( conséquence de la signature du pacte germano-soviétique en août 1939) est dissous. 
Buchenwald
En mai-juin 1940, la défaite entraîne l'instauration du régime de Vichy, qui fait le choix de la collaboration avec l'Allemagne. Jorge Semprun, alors âgé de 18 ans, fait précocement le choix de la résistance. Il participe - il est alors jeune lycéen - à la manifestation du 11 novembre 1940. Puis, il s'engage au côté des forces communistes : en 1941 ( alors qu'il est étudiant en philosophie à la Sorbonne), il adhère à l'organisation communiste des Francs Tireurs et Partisans. Son engagement résistant lui vaut la déportation. En 1943, il est arrêté par la Gestapo et envoyé au camp de concentration de Buchenwald.
http://www.ina.fr/video/I05276515/jorge-semprun-sur-buchenwald.fr.htm

  • Lutter contre le franquisme après-guerre
Jorge Semprun rentre à Paris en 1945, après le "grand voyage" (c'est le titre du premier livre   de Jorge Semprun, publié en 1963) qu'est la déportation. Jusqu'en 1952, il sera traducteur auprès de l'Unesco. Il reste un militant. Le franquisme est sorti intact de la guerre et continue à imposer sa marque à l' Espagne.   C'est au sein du parti communiste qu'il continue la lutte contre cette dictature : à partir de 1953, il coordonne les activités clandestines de résistance au régime de Franco au nom du Comité Central du Parti communiste espagnol en exil puis il entre au Comité Central et au bureau politique. De 1957 à 1962, il anime le travail clandestin du parti communiste dans l'Espagne de Franco sous le pseudonyme de Frederico Sanchez. 
L'année 1963 marque un tournant majeur dans son itinéraire. D'abord parce qu'il reçoit le prix Formentor pour "Le grand voyage", premier texte qui narre le voyage du déporté vers l'univers concentrationnaire, et qui le fait connaître du grand public. Ensuite, parce que ses prises de position lui valent d'être exclu du Parti (en 1964). On est alors en pleine guerre froide, et le Parti communiste ne supporte aucune divergence.

  • "L'écriture ou la vie"...
La rupture avec le Parti communiste marque un véritable tournant. Désormais, Jorge Semprun se consacre à son travail d'écrivain et de scénariste. La plupart de ses oeuvres sont écrites en français et ses qualités d'écrivain lui vaudront la reconnaissance de ses pairs ( prix littéraires de renom, français comme étrangers, mais aussi élection à l'Académie Goncourt en 1996). Son parcours militant, son renom comme écrivain, lui valent aussi d'être appelé à occuper le ministère de la Culture (entre 1988 et 1991)  dans une Espagne enfin libérée du franquisme (la mort de Franco en novembre 1975 permet le rétablissement d'un état de droit en Espagne) et gouvernée par les socialistes ( gouvernement Felipe Gonzalez). 
L'expérience concentrationnaire est au coeur de son oeuvre littéraire. En 1994, l'écriture ou la vie lui est ainsi consacré, ainsi qu'à l'expérience du retour. 
"Quant à moi, je me souviens vraiment du 8 mai 1945. Ce n’est pas une simple date pour manuels scolaires. Je me souviens du ciel radieux, de la blondeur des filles, de la ferveur des multitudes. Je me souviens de l’angoisse des familles en grappes affligées à l’entrée de l’hôtel Lutétia, attendant des proches non encore revenus des camps. Je me souviens d’une femme aux cheveux grisonnants, au visage encore lisse et juvénile, qui était montée dans le métro à la station Raspail. Je me souviens qu’un remous des voyageurs l’avait poussée près de moi. Je me souviens qu’elle a soudain remarqué ma tenue, mes cheveux ras, qu’elle a cherché mon regard. Je me souviens que sa bouche s’est mise à trembler, que ses yeux se sont remplis de larmes. Je me souviens que nous sommes restés longtemps face à face, sans dire un mot, proches l’un de l’autre d’une inimaginable proximité. Je me souviens que je me souviendrai toute ma vie de ce visage de femme. Je me souviendrai de sa beauté, de sa compassion, de sa douleur, de la proximité de son âme."

( L'écriture ou la vie)

Jorge Semprun à Buchenwald en 1995
Rencontre avec Jorge Semprun, à l'occasion de la parution de L'Écriture ou la vie (1994)  : ( interview sur le site de Gallimard)
  L'Écriture ou la vie... Ce « ou » est-il exclusif ?
  Jorge Semprun  Quand je suis rentré de Buchenwald, à la fin d'avril 1945, j'avais un peu plus de vingt ans. Depuis l'âge de sept ans, j'avais décidé d'être écrivain. Dès mon retour, j'ai donc voulu écrire sur l'expérience que je venais de vivre. Quelques mois plus tard, après avoir écrit, réécrit et détruit des centaines de pages, je me suis rendu compte qu'à la différence d'autres expériences, notamment celles de Robert Antelme et surtout de Primo Levi, qui se sont dégagés de l'horreur de la mémoire par l'écriture, il m'arrivait précisément l'inverse. Rester dans cette mémoire, c'était à coup sûr ne pas aboutir à écrire un livre, et peut-être aboutir au suicide. J'ai donc décidé d'abandonner l'écriture pour choisir la vie, d'où ce titre. Et ce « ou ».
  Comment est-il possible de choisir la vie en renonçant précisément à ce qui fait sa vie ?
  Jorge Semprun  C'était un choix terrible pour continuer à exister, j'ai dû cesser d'être ce que je voulais être le plus. Et j'ai tenu pendant dix-sept ans. J'ai pratiqué une sorte de thérapie systématique, parfois brutale, de l'oubli. Et j'y suis parvenu au point d'entendre des anciens déportés parler des camps sans avoir conscience que moi aussi j'étais des leurs. J'écoutais leurs récits comme des témoignages extérieurs. En même temps, les plus petites choses pouvaient faire rejaillir les souvenirs. 
  Qu'est-ce qui a déclenché le retour à l'écriture ?
  Jorge Semprun  Lorsque j'étais dirigeant du Parti communiste espagnol, il m'est arrivé, en 1961, de me retrouver bloqué dans un appartement clandestin de Madrid, dont je n'ai pu sortir pendant toute une semaine en raison des menaces policières. Tous ces jours-là, j'ai passé mon temps à écouter les récits du maître de maison. Il avait été interné à Mauthausen, mais ignorait que j'avais été moi-même déporté. Plus je l'écoutais, plus je trouvais qu'il racontait très mal, qu'il était impossible de comprendre de quoi il parlait. Et tout à coup, au terme de cette semaine, la mémoire m'est revenue et j'ai écrit, très vite, Le Grand Voyage. Dès qu'il a été publié, mon rapport au passé et à la mémoire a basculé. Il est redevenu douloureux et terrifiant. Je suis sorti de l'oubli pour entrer dans l'angoisse.
  Et la genèse de L'Écriture ou la vie ?
  Jorge Semprun — Beaucoup plus tard, en 1987. J'écrivaisNetchaïev est de retour et, un samedi d'avril, je racontais une scène où l'un des personnages du roman se rendait à Buchenwald pour tenter de retrouver un compagnon de résistance déporté. Tout cela devait tenir en deux pages. Ce jour-là, l'écriture a dérapé complètement. Je me suis retrouvé en train d'écrire, à la première personne, un autre livre : c'étaient les premières pages de L'Écriture ou la vie. L'inconscient, ou je ne sais quoi, m'avait joué un curieux tour : ce samedi 11 avril était l'anniversaire de la libération de Buchenwald, et la première nouvelle entendue le lendemain fut l'annonce du suicide de Primo Levi... Dans ces conditions, il me fallait évidemment mener ce livre à son terme. Cela m'a pris très longtemps.
  Êtes-vous ainsi parvenu au bout de la mémoire ?
  Jorge Semprun  À partir du moment où s'accomplit le premier travail de mémorisation, tout revient peu à peu. Mais je me suis aperçu que j'avais tellement oublié que certains souvenirs, que je sais présents, restent à retrouver. Je peux aller encore plus loin.
  • Bibliographie et filmographie



1963 Le grand voyage Gallimard, roman, prix Formentor
1967 L'évanouissement Gallimard, roman
1969 La deuxième mort de Ramon MercaderGallimard, roman, prix Fémina
1986 La montagne blanche Gallimard, roman
1994 L'écriture ou la vie Gallimard, récit, prix Fémina Vacaresco
1998 Adieu, vive clarté... blanche Gallimard
1998 Le retour de Carola Neher Le Manteau d’Arlequin, Gallimard
2002 Le mort qu'il faut Gallimard
2004 Vingt ans et un jour Gallimard, Collection Du monde entier, traduction de l'espagnol par Serge Mestre
Autobiographie de Federico Sanchez, réédité en Points-Seuil en 1996
1980 Quel beau dimanche! Grasset
1991 L'Algarabie Fayard, réédité chez Gallimard Folio en 1997
1991 Netchaïev est de retour Lattès
1993 Federico Sanchez vous salue bien Grasset
1995 Mal et modernité Climats
2002 Les sandales Mercure de France
2003 Veinte anos y un dia Tusquets, Barcelone
Filmographie : 
La guerre est finie, d'Alain Resnais, scénario, 1966
Z, de Costa Gavras, scénario, 1969
Stavisky, d'Alain Resnais, scénario, 1974
L'Aveu, de Costa Gavras, d'après A. London, scénario et dialogues de J. Semprun et C. Gavras, 1970
Section Spéciale de C. Gavras, scénario et dialogues de J. Semprun et C. Gavras, 1975
Une femme à sa fenêtre de P. Granier-Deferre, scénario et dialogues de J. Semprun, 1976
Les routes du sud de Joseph Losey, scénario et dialogues de J. Semprun, 1978



Sources
http://www.academie-goncourt.fr/?membre=1016697318
http://www.gallimard.fr/catalog/entretiens/01029405.htm

lundi 20 juin 2011

Haïti, 1 an après le séisme



La video qui précède a été réalisée pour l'UNICEF, à propos de son action à Haïti depuis le séisme de janvier 2010. Elle permet de poser une double question : celle de la vulnérabilité de certains milieux, et plus encore de certaines sociétés, face aux risques naturels ; celle de l'action des organisations comme l'Unicef.

  • Le risque sismique dans la zone caraïbe
Le risque sismique est très important dans le bassin des Caraïbes. Des séismes ont frappé le Mexique (1985, 10 000 morts à Mexico) et les pays d'Amérique centrale (1972, 10 000 morts à Managua au Nicaragua; 1976, 22 000 morts au Guatemala) dans les années 1970 et suivantes. 
La catastrophe de Port-au-Prince était d'une certaine manière prévisible, et envisagée par les autorités. "Dans son plan national de gestion des risques et des désastres en 2001, le ministère haïtien de l'Intérieur citait la faille qui traverse le sud d'Haïti. Il soulignait que l'activité sismique passée montrait une accumulation d'énergie due à la longue période de "silence sismique" dans ces failles, créant les conditions susceptibles de déclencher un événement de très grande envergure" (Hervé Morin, "L'activation d'une faille qui traverse l'île d'est en ouest", Le Monde, 15 janvier 2010). 
  • Les sociétés face aux risques 
Le fait qu'une catastrophe soit prévisible ne signifie pas pour autant qu'elle soit prévue, c'est-à-dire anticipée. Les sociétés sont très inégales face aux risques et ne disposent pas des mêmes moyens en amont, pour s'y préparer - et donc en réduire le coût humain - , en aval, pour réparer les destructions. 
Les sociétés face aux risques

Pour une même exposition à un aléa naturel ou technologique, les dommages que subissent les Etats et les populations sont très différents. La pauvreté aggrave considérablement la vulnérabilité d'une société, soit sa propension à subir des dommages ou sa capacité à résister face à un risque donné. Les pays du Nord - pays développés - , qui subissent environ un quart des catastrophes naturelles, déplorent moins de 5% du total mondial des victimes. A l'autre bout de l'échelle, les pays les moins développés, affectés par moins de 20% des désastres, concentrent plus de 60% des victimes des catastrophes naturelles. Pour illustrer le propos, on peut comparer le bilan des séismes d'Haïti et du Chili de 2010. Alors que le séisme ayant frappé le Chili était d'une magnitude supérieure (8,8 contre 6,6 pour Haïti), le nombre de victimes est de 800 contre 250 000 en Haïti. Deux données permettent d'éclairer ces différences : la distance de la capitale à l'épicentre du séisme est dans le cas chilien de 350 km contre 35 dans le cas haïtien. La concentration des populations dans les métropoles est un facteur aggravant. Surtout, le Chili se classe au 44e rang mondial en terme d'IDH, alors qu'Haïti est au 151e rang mondial, parmi les pays les plus pauvres de la planète (Haïti figure sur liste des PMA, pays les moins avancés).
  • Le bilan de l'action humanitaire en Haïti par l'un de ses acteurs : l'Unicef
L’Unicef, Fonds des Nations unies pour l’enfance, est né en 1946. C’est une agence de l’Organisation des Nations unies (ONU), implantée dans plus de 150 pays d'intervention, qui a pour vocation d'assurer à chaque enfant, santé, éducation, égalité et protection.



Un an après le séisme, quel bilan de l’action humanitaire faites-vous ?

 Quand on arrive en Haïti en avion et que l’on survole Port-au-Prince, c’est très beau, on voit une ville toute bleue… La réalité pourtant est bien plus triste que cette belle image : cette couleur bleue, ce sont les milliers de tentes, dans lesquelles les gens vivent dans des conditions très précaires. Un an après le séisme, on compte encore 1 million de déplacés, dont 380 000 enfants qui vivent dans des camps ! Pourtant, en douze mois, les équipes humanitaires n’ont pas chômé, et les résultats sont là, même s’ils ne sont pas forcément visibles. Certes la reconstruction effective n’a pas encore commencé, mais la raison est simple : les financements nécessaires (et promis !) ne sont jamais arrivés, car les grands bailleurs de fonds ne font pas confiance au gouvernement haïtien actuel. En revanche, les financements pour la réponse humanitaire, eux, ont bien été reçus : provenant à 70% de particuliers, ce grand élan de solidarité nous a permis, pendant un an, de fournir de l’eau potable à la population (ce qui représente un coût considérable), de réunir les familles dont les enfants avaient été séparés de leurs parents, de construire des écoles provisoires et semi-permanentes pour que les enfants puissent reprendre une vie normale…
( extrait d'une interview publiée sur le site de l'Unicef le 7 janvier 2011). Suite de l'interview : 
Sources : 
http://www.unicef.fr/contenu/actualite-humanitaire-unicef/haiti-une-reconstruction-difficile-entre-instabilite-politique-et-cholera-2011-01-07
http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/hist-geo/EspacePeda/LYCEE/Divers/Societes_face_aux_risques.htm
N.Gendre, C.Guitard, "Les sociétés face aux risques", Historiens & Géographes, n° 381, décembre 2002, p. 38.
Manuel géographie seconde, Hatier, 2010, p. 256-257 et p. 273.

dimanche 19 juin 2011

Yvette Lundy, Mlle Lundi : Quand la fiction rencontre l'histoire

  • Mlle Lundy/Mlle Lundi

Le film Liberté de Tony Gatlif ( sorti dans les salles en février 2010) évoque l'histoire oubliée des Tsiganes pendant la seconde guerre mondiale. Il met en scène des personnages de fiction, pour certains inspirés de personnages réels. Le personnage féminin, institutrice et secrétaire de mairie,  joué au cinéma par Marie-Josée Croze, est inspiré d'une figure féminine de la résistance marnaise, Yvette Lundy ( dont le nom de famille, à peine modifié, à été conservé dans le film). 
C'est par l'intermédiaire de Delphine Mantoulet, producteur exécutif et compositeur, dont la famille est originaire de Gionges, village marnais où Yvette Lundy était institutrice pendant la 2e guerre mondiale, que le réalisateur Tony Gatlif et l'actrice Marie-Josée Croze ont rencontré Yvette Lundy et ont été fortement impressionnés par sa personnalité. L'histoire relatée dans le film Liberté n'est pas directement celle d'Yvette Lundy qui n'a pas eu l'occasion de protéger, cacher, accueillir des tsiganes chez elle pendant la 2e guerre mondiale – « Le film parle de choses semblables à ce que j'ai vécu, mais ce n'est pas mon histoire »  –  , mais son action résistante a inspiré le personnage de l'institutrice au point de lui donner le nom de « Mademoiselle Lundi ».
  • Une résistance ordinaire : le soutien aux soldats, aux résistants, aux persécutés

Yvette Lundy devant le Mémorial aux martyrs de la
Résistance de Reims, 2005.

Yvette Lundy est désormais une vieille femme qui témoigne. Sur l'engagement résistant qui a été le sien pendant la Seconde Guerre mondiale, sur la déportation - au camp de Ravensbrück - qui en a été le prolongement. 

"Nous habitions au Nord de Reims, pas très loin du camp de Bazancourt où étaient enfermés plus de 3000 soldats français prisonniers, gardés par les Allemands. Certains sont parvenus à s'enfuir et nous en avons recueilli. Il fallait les habiller en civil, les nourrir, leur changer l'identité. Comme j'étais institutrice et secrétaire de mairie, je pouvais faire des fausses cartes. Les cartes d'identité étaient nécessaires pour pouvoir obtenir les cartes d'alimentation à cause du rationnement. Mes frères avaient de la place chez eux et pouvaient héverger plusieurs personnes, moi je ne pouvais en héberger qu'une seule à la fois. J'ai aussi fait des fausses cartes d'identité pour des familles juives, pour des gens qui refusaient de faire le S.T.O. et qui se cachaient . D'autres personnes ont hébergé des aviateurs anglais et américains dont les avions avaient été descendus par la D.C.A et qu'il fallait cacher pour les faire repartir en Angleterre."
( extrait d'un témoignage auprès d'élèves, 2007)

  • Yvette Lundy, une figure de la résistance marnaise
Yvette Lundy avant son arrestation par la Gestapo
Yvette Lundy est née le 22 avril 1916 à Oger dans la Marne. 
En 1938, elle est nommée institutrice à Gionges, où elle fait office de secrétaire de mairie.
 En mai 1940, lors de l'exode, elle quitte le département pour y revenir en juillet 1940. Sous l'Occupation, elle fournit des papiers d’identité et des cartes d’alimentation en particulier à des prisonniers évadés du camp de Bazancourt pris en charge par son frère Georges Lundy, ainsi qu'à une famille juive de Paris.
Elle assure l’hébergement de réfractaires du STO, de résistants traqués et d'équipages alliés pris en charge par le réseau d'évasion Possum.
Arrêtée le 19 juin 1944 à Gionges, elle fait croire lors des interrogatoires qu’elle est fille unique pour protéger ses frères et sœur, également engagés dans la résistance.
Elle est incarcérée à la prison de Châlons-sur-Marne,  puis transférée au camp de Romainville.
 Le 18 juillet 1944, elle est déportée comme résistante à Sarrebruck Neue Bremm, puis à Ravensbrück ( matricule 47 360 ).
Le 16 novembre 1944, elle est transférée à Buchenwald ( matricule 15 208 ) et affectée au kommando deSchlieben où elle est libérée le 21 avril 1945.


Sources : 
http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_deportation/temoins51/lundy.htm#000066
http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.248.#LUNDY

Liberté, de Tony Gatlif, l'histoire des tsiganes pendant l'Occupation

  • Liberté, de tony Gatlif, un film "inspiré"

http://culturebox.france3.fr/all/6814/la-liberte-selon-tony-gatlif#/all/6814/la-liberte-selon-tony-gatlif

L'histoire : 
Théodore, vétérinaire et maire d'un village situé en zone occupée pendant la Seconde Guerre mondiale, a recueilli P'tit Claude, 9 ans, dont les parents ont disparu depuis le début de la guerre. MademoiselleLundi, l'institutrice fait la connaissance des Tsiganes qui se sont installés à quelques pas de là. Ils sont venus pour faire les vendanges dans le pays. Humaniste et républicaine convaincue, elle s'arrange, avec l'aide de Théodore, pour que les enfants tsiganes soient scolarisés. De son côté, P'tit Claude se prend d'amitié pour Talochegrand gamin bohémien de 30 ans qui se promène partout avec son singe sur l'épaule. Mais les contrôles d'identité imposés par le régime de Vichy se multiplient et les Tsiganes,peuple nomade, n'ont plus le droit de circuler librement : Théodore cède alors un de ses terrains aux Bohémiens, désormais sédentarisés. Tandis que les enfants tsiganes suivent les cours de Mademoiselle Lundi, P'tit Claude est de plus en plus fasciné par le mode de vie des Bohémiens - un univers de liberté où les enfants sont rois. Mais la joie et l'insouciance sont de courte durée : la pression de la police de Vichy et de la Gestapo s'intensifie et le danger menace à chaque instant. Comme ils l'ont toujours fait depuis des siècles, les Tsiganes devront reprendre la route...  
( présentation du film sur le site Evene)
Le film de Tony Gatlif aborde donc un génocide peu visité par la fiction comme par le cinéma, celui des Tsiganes. Il pose par ailleurs la question du sauvetage : pourquoi et comment des individus ordinaires ont fait le choix d'aider les persécutés? 
  • "Liberté, Egalité, Tsigane", une interview de Tony Gatlif

Sans renier ses convictions d’auteur-cinéaste, Tony Gatlif signe avec Liberté son film le plus militant et le plus bouleversant. Aboutissement de 20 ans d’enquêtes et de réflexions, Libertédevrait porter au plus grand nombre son message pour la reconnaissance des Gitans et dévoiler le sort de ce peuple durant l’occupation allemande en France.

Tony Gatlif, cinéaste gitan ou cinéaste des Gitans ?

Tony Gatlif : Je dirais cinéaste gitan des Gitans, parce qu'on ne peut pas faire de films sur eux sans les connaître. On peut tout faire, filmer n’importe quelle histoire, en créant, en inventant, mais si on veut aller au fond de ce qu’on veut raconter, il faut appartenir à quelque chose. C’est normal, c’est comme raconte l’histoire d’une famille.
Votre famille est de quelle origine exactement ?
Mon père était Kabyle et ma mère Gitane, mais quand un non-Gitan épouse une Gitane, c’est lui qui vient à la maison et non le contraire.
Comment est née votre vocation ?
Quand on commence à être cinéaste, à faire de la musique et à évoluer dans le monde du spectacle, on a deux choix. Soit gagner de l’argent, soit défendre des gens, nos gens. Je crois qu’on peut considérer le cinéma comme un art ou comme l'équivalent du travail d'un avocat. C’est ce dernier choix que j’ai fait. Les Gitans du monde entier subissent une injustice incroyable depuis des siècles. C’est impossible de ne pas vouloir en parler dans mes films.
Qu’est-ce qui dans votre parcours vous a fait embrasser cette cause ?
Quand on a 5 ans et qu’on voit son père se faire embarquer à 5 heures du matin dans un camion de gendarmes et se faire frapper, excuse-moi mais je fais un film tout de suite après. C’est de cette injustice dont je parle. Il n’avait rien fait. C’était pendant la guerre d’Algérie et je ne sais pas de quoi il était soupçonné. D’ailleurs, c’était ou ça ou les autres, ceux du FLN (Front de Libération Nationale), qui disaient qu’il fallait tuer les chiens, ne pas boire et se tenir bien. Dans ma famille, ils aimaient bien la vie, alors ça ne les faisait pas arrêter de boire. Ils étaient maltraités des deux côtés. C’est à partir de là que j’ai commencé à ouvrir les yeux sur le monde.
Comment est né le projet Liberté ?
Dès mes débuts, à l’époque des Princes (1982), j’avais ce projet. On savait qu’il y avait eu des centaines de milliers de Roms et de Manouches massacrés par les Nazis et leurs alliés. Comment faire un film sur ce sujet ? C’était dur car il y a peu de mémoire dessus, les gens n’ont pas parlé. Grâce à Matéo Maximoff (écrivain gitan d’origine roumaine, 1917-1999), j’ai rencontré un vieux qui avait été dans un camp. Dès que je lui ai dit que je voulais faire un film là-dessus, son visage s’est refermé, il a bu son thé et n’a plus dit un mot. Dans la culture gitane, on n’évoque pas les morts. Ce sont des fantômes qu’il ne faut pas réveiller. Personne ne voulait parler, il n’y avait pas de documentaires, quasiment pas d’écrits. C’était impossible de faire un film comme Liberté dans les années 70 ou 80. Après, à travers mon parcours, avec les films que j’ai faits, j’ai rencontré des gens. J’ai récolté des témoignages, certains faits. Ce n'est qu'il y a cinq ans que j’ai appris qu'il y avait eu en France quarante camps de concentrations pour les Gitans, les Tsiganes, les Manouches. Avec à l'intérieur de chacun deux à trois mille personnes gardées par des gendarmes et des douaniers français. Je ne dis pas que c’étaient des gens méchants, c’étaient des trouffions. On leur avait dit : « Maintenant la France appartient aux Allemands, vous ne commandez plus rien, alors gardez les Tsiganes ! ». Ce n’était pas le paradis, parfois ça se passait mal, les gendarmes prenaient la nourriture des Gitans pour la donner ailleurs. Bon, il n’y avait pas non plus que des salauds, il y avait des gens biens. Avec tous les témoignages que j’ai fini par récolter, je sentais que le moment était venu de faire Liberté. C'est à dire un film sur la déportation des Manouches de France et de ceux d'Europe de l’Est. Dès 1946, ils ont été mis dans un « trou noir », on a rebouché l’Histoire et plus personne n’a entendu parler d’eux.
En quoi consista l'expérience des camps pour les Gitans ?
En France, on les a gardés dans les camps jusqu’en 1946. En 1945, Paris est libéré, mais les camps de Gitans sont restés en place un an après l'entrée de De Gaulle dans Paris. Pourquoi ? C’est très simple, les Gitans sont les bêtes noires des pays, des mairies. Ils ont été enfermés injustement, dépossédés de tout : voitures, charrettes et animaux. Ils ne voulaient pas les faire sortir d’un coup dans la paysannerie française. C’est inhumain ! On ne leur a même pas donné de draps ou de couvertures, on les laissait dans la crasse. En Roumanie ou en Hongrie, ce sont les habitants eux-mêmes qui les ont massacrés sans que les Nazis ne leur demandent. A un moment, il faut que ça se sache. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de faire un procès, d’accuser qui que ce soit, mais il est temps que les Français, les Hongrois ou les Roumains reconnaissent avoir emprisonné, jusqu’en 1946, des Gitans qui n’avaient rien fait d’autre que voyager d’un endroit à l’autre, parce qu’ils étaient des travailleurs saisonniers. Cette histoire doit être écrite dans les livres scolaires. Il faut que les enfants apprennent que les Tsiganes ont été persécutés au même titre que les Juifs, les communistes ou les homosexuels. Il n’y a pas de comparaison à faire entre les souffrances.
 Liberté est un film sur des Gitans français, qui furent arrêtés à partir de 1940 à cause de la loi de Vichy qui leur interdisait de nomadiser, de bouger. Mais ils avaient des papiers français. Des hongrois de passage se sont aussi retrouvés bloqués en France et enfermés. Ces camps étaient des camps de concentration ; ceux d’extermination se trouvaient en Allemagne, en Pologne ou en Roumanie. Mais ils mourraient aussi en France, du typhus ou de rage de dents, car dans ces conditions on peut mourir de rages de dents. Et les gosses en bas âge mourraient, car leur mère n’avait pas de lait puisqu’on ne leur donnait pas à manger. En Camargue, ils avaient déguisé le camp de Saliers à la manière d'un village à la Walt Disney, avec des petites maisons typiques pour montrer qu’on les traitait bien. Mais à l’intérieur, c’était infesté de vermine ! Les Gitans ne sont pas morts dans les chambres à gaz, mais d’injustice, de laisser-aller, de maladies, d’enfermement. Ce n’est pas excusable, c’est révoltant.
Vous vous êtes inspiré de personnages historiques pour écrire votre scénario?
J’ai travaillé avec beaucoup de personnes, des historiens, une documentaliste qui a été cherché partout dans les archives des camps. Je n’ai pas écrit le scénario comme on écrit un polar, je me suis fondé sur des chiffres, des vérités historiques et aussi des anecdotes. Je ne voulais pas qu’il n’y ait que de la misère et des salauds. Pour moi, un mec qui sauve un gitan rattrape les millions qui ne l’ont pas fait. Et il y en a eu, un docteur par exemple, en Normandie, qui a inscrit des Gitans sur des listes électorales et les a ainsi sauvés de l’enfermement. C’était un Juste, et même si il y en avait peu, ça rassure sur l’humanité. Je me suis aussi inspiré de l’histoire de ce notaire qui a acheté une maison à une famille de Gitans pour les faire sortir des camps. C’est en pensant à ces personnes que j’ai écrit Liberté. Ca me rassure de les voir dans le film, de me dire qu’il y avait des gens comme eux.
Ce film d’une forme plus classique marque-t-il une nouvelle étape ?
C’est une volonté d’enseigner. Je voudrais que les enfants des écoles aussi bien que les Gitans le voient. C’est un film d’auteur populaire, je veux qu’il soit accessible à tout le monde et que les Gitans le reconnaissent comme leur film.

  • Le génocide des Tsiganes



La carte ci-dessus montre la répartition de la population tsigane en Europe en 1939. C'est en Europe orientale ( la communauté roumaine est forte de 300 000 tsiganes) que les tsiganes sont les plus présents. En France, la communauté tsigane compte 40 000 individus, victimes dès l'instauration du régime de Vichy de mesures discriminatoires. 



Les Nazis considéraient les Tsiganes comme "racialement inférieurs", et le destin de ceux-ci fut, en de nombreux points, parallèle à celui des Juifs. Les Tsiganes subirent l'internement, le travail forcé et beaucoup furent assassinés. Ils étaient aussi soumis à la déportation dans les camps d'extermination. Les Einsatzgruppen (unités mobiles d’extermination) assassinèrent des dizaines de milliers de Tsiganes dans les territoires de l'est occupés par les Allemands. En outre, des milliers d’entre eux furent tués dans les camps d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, de Chelmno, de Belzec, de Sobibor et de Treblinka. Les nazis incarcérèrent aussi des milliers de Tsiganes dans les camps de concentration de Bergen-Belsen, de Sachsenhausen, de Buchenwald, de Dachau, de Mauthausen et de Ravensbrück. Dans les zones de l'Europe occupées par les Allemands, le destin des Tsiganes varia d’un pays à l’autre, selon les circonstances locales. Les Nazis internaient généralement les Tsiganes et les déportaient ensuite en Allemagne ou en Pologne pour les soumettre au travail forcé ou pour les assassiner. Beaucoup de Tsiganes de Pologne, des Pays-Bas, de Hongrie, d'Italie, de Yougoslavie et d'Albanie furent abattus ou déportés dans les camps d'extermination et exterminés. Dans les pays baltes et les zones de l'Union soviétique occupées par les Allemands, les Einsatzgruppen (unités mobiles d'extermination) massacraient les Tsiganes en même temps qu'ils exterminaient les Juifs et les responsables communistes. Des milliers de Tsiganes, hommes, femmes et enfants furent tués au cours de ces opérations. Beaucoup de Tsiganes furent assassinés avec les Juifs à Babi Yar, près de Kiev, par exemple. En France, les autorités avaient pris des mesures restrictives à l’encontre des Tsiganes avant même l'occupation allemande du pays. Le gouvernement de Vichy organisa leur internement dans des camps familiaux. Les Tsiganes français ne furent cependant pas déportés sauf ceux des départements du Nord et du Pas-de-Calais rattachés au Gouvernement militaire de Bruxelles.


Sources : 
Cartes : http://memorial-wlc.recette.lbn.fr/article.php?lang=fr&ModuleId=75
http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_deportation/temoins51/lundy.htm
Interview de Tony Gatlif sur le site mondomix : http://tony-gatlif.mondomix.com/fr/itw5623.htm

vendredi 17 juin 2011

1979, l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS




L'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques en décembre 1979 s'inscrit dans une dynamique complexe, dont l'un des facteurs explicatifs est la fragilisation de l'Afghanistan dans les années 1970. 

  • Premier acte : 1973, la monarchie est renversée
le roi Zaher Shah en 1963
Dans les années 1970, l'Afghanistan est un pays montagneux enserré entre l'Iran (alors allié des Etats-Unis), le Pakistan (alors allié des Etats-Unis) et l'URSS (apparaissent sur la carte Turkmenistan, Ouzbekistan et Tadjikistan, qui sont alors des républiques de l'URSS). C'est par ailleurs un régime monarchique, dont le monarque, Zaher Shah - sur le trône depuis 1933 - s'est progressivement rapproché de l'URSS. 
Ce rapprochement s'explique par la tension qui oppose le Pakistan et l'Afghanistan (tracé de frontière contesté par l'Afghanistan) et se traduit par une pénétration économique conséquente de la part de l'URSS (construction de barrages, d'usines, de stations électriques...). Par ailleurs, le régime se libéralise dans les années 60, et favorise la scolarisation et l'émancipation des femmes.
Mais en juillet 1973, alors que le monarque est en voyage en Europe, son cousin, le général Daoud, renverse le régime et proclame la République. 
  • Second acte : 1978, un coup d'état pro-soviétique a lieu
Le général Daoud initie une politique de non-alignement qui met un terme aux bonnes relations entre l'Afghanistan et l'URSS. Le contexte est au retour des tensions avec l'ennemi américain (guerre fraÎche) : ne pas être aligné, c'est presque être dans l'autre camp... C'est dans ce contexte qu'a lieu, en avril 1978, un nouveau coup d'état mené par un groupe d'officiers pro-soviétiques. 
Taraki, président afghan avril 1978
septembre 1979
Selon les sources, on dit de l'URSS qu'elle a fomenté ce coup d'état ou qu'elle a été mise devant le fait accompli. Toujours est-il que le nouvel homme fort, Nour Mohammed Taraki, transforme l'Afghanistan en une république populaire, initiant une politique de nationalisations, laïcisant à marche forcée la société, bousculant les bases de l'agriculture... L'Afghanistan signe un traité d'amitié avec l'URSS en décembre 1978. 
Cette politique rencontre des résistances nombreuses dans une société traditionnelle attachée au poids de la religion,  dominée par l'Islam. Par ailleurs, le PDPA ( parti démocratique et populaire afghan), est traversé par des luttes intestines qui fragilisent le pouvoir afghan. En septembre 1979, Nour Mohammed Taraki est lui-même victime d'un coup d'état qui porte au pouvoir Hafizullah Amin. Pour Moscou, la situation afghane manque de stabilité, l'amitié avec Moscou est remise en cause, et l'agitation grandissante doit être calmée. 
Et ce d'autant plus que de l'autre coté de la frontière afghane, en Iran, s'est produit en 1979 une révolution à fondement religieux, portant au pouvoir l'ayatollah Khomeiny, et dont l'URSS redoute l'effet de contagion dans la région. 
  • Troisième acte : 1979, les troupes soviétiques envahissent l'Afghanistan
C'est ce qui explique que l'URSS fasse en décembre 1979 le choix - imprévu, impensable même pour tous les observateurs étrangers - d'envahir l'Afghanistan. 
La décision de l'intervention a été prise par Léonid Brejnev, contre les réticences de son état-major. Il semble que les services secrets américains aient secrètement encouragé cette décision, un engagement en Afghanistan ne pouvant qu'épuiser l'URSS et lui faire connaître son "bourbier vietnamien". Toujours est-il que l'intervention armée est décidée : elle passe par la prise de contrôle des aéroports afghans, puis, le 27 décembre 1979, par l'occupation du pays par les troupes terrestres. C'est l'opération "Chtorm 333" ( chtorm signifie tempête en russe).Pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'Armée rouge sort des frontières de l'URSS. L'intervention militaire se combine avec l'action politique : Amin, jugé responsable de la rébellion, est éliminé et remplacé par un communiste fidèle à l'URSS, Babrak Kamal. 


Pour en savoir plus :
http://bricabraque.unblog.fr/2009/03/12/les-guerres-dafghanistan-1979-1988-et-2001/
http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-26393477.html

Sources :
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19780427
http://www.thucydide.com/realisations/utiliser/chronos/afghanistan.htm