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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

mercredi 20 février 2013

La Russie, un état-continent eurasiatique en recomposition

Dans le nouveau programme de géographie des classes de Terminale, la Russie est avant tout étudiée en tant que territoire en recomposition. Une recomposition politique déjà ancienne puisque la Russie est née de la décomposition de l'URSS (1991). Une recomposition géopolitique, dont témoignent les litiges/conflits frontaliers que la Russie connaît avec certaines ex-républiques soviétiques ( comme la Géorgie), ou certains espaces russes ( comme la Tchétchénie). Une recomposition territoriale liée aussi au fait que, si la Russie occidentale domine toujours l'espace russe - ce qui est renforcé par les relations nouées avec les partenaires européens -, d'autres dynamiques sont à l'oeuvre, et en particulier celle qui ancre la Russie en Asie (relations avec la Chine et les ex-républiques d'Asie centrale dans le cadre de l'OCS, par exemple).

Le croquis attendu doit donc mettre en évidence les grandes lignes traditionnelles de l'organisation du territoire russe (une région centrale = la région moscovite, une périphérie intégrée, et une périphérie en réserve qui regorge de ressources) : 
40228633.jpg

Mais il doit aussi montrer les recompositions à l'oeuvre : ouverture sur l'Union européenne mais aussi sur l'Asie, flux migratoires de retour depuis les républiques d'Asie centrale, route de l'Arctique en devenir, ... D'où le fait que les fonds de carte proposés imposent le plus souvent de renseigner les territoires frontaliers européens (pays de l'UE, de l'OTAN) et asiatiques (pays de l'OCS, Japon, ...).
Voici le croquis proposé par le manuel Hatier, par étapes et avec des couleurs qui "passent" inégalement le cap du scanner ... : 
D'abord, mise en évidence de la région métropolitaine (rouge) et de la région bien équipée, aux ressources rares ou en voie d'épuisement (orange). Ne pas oublier la petite enclave de Kaliningrad.
Ensuite, les frontières : celles de l'ex-URSS ( attention au tracé selon le fond de carte proposé, se rappeler que les républiques d'Asie centrale appartenaient à l'URSS) ; celles de la Russie.
L'URSS : 15 républiques, dont une majeure : la république de Russie

Ensuite, renseigner les pays frontaliers : 
Un à-plat de couleur bleu pour les pays membres de l'UE ( peu visible ici, concerne Finlande, Suède, républiques baltes, Pologne, Allemagne) ; un à-plat de couleur mauve pour les pays d'Asie orientale avec lesquels les échanges sont croissants ( Chine, Japon).
un figuré ponctuel (petite croix dans un cercle) pour les membres de l'OTAN (Attention, dans la péninsule scandinave, la Norvège seule est concernée) ; un autre figuré ponctuel ( losange noir ) pour les pays membres de l'Organisation de coopération de Shangaï (Chine, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan). 

  Mentionner les litiges frontaliers (Attention, comme leur nom l'indique, sur les frontières...). On pourrait ne retenir que le litige à la frontière géorgienne et celui qui concerne les îles Sakhaline (litige Japon/Russie)

 Sur la carte suivante, le reste du territoire russe est colorié en vert très clair ( cela n'apparaît pas ici ) pour signaler un espace en marge, en réserve. Les ports ont été indiqués, ainsi que les noms des villes majeures.
 Le réseau de transport est un élément majeur de l'organisation de l'espace du territoire russe, et un témoignage des recompositions en cours. Ici, l'axe majeur de transport apparaît en figuré continu ( ne pas oublier l'axe nord/sud St Petersbourg-Moscou-Volgograd dans la Russie métropolitaine), l'axe transcontinental en projet en discontinu.
 Enfin, un hachuré signale une région aux densités élevées ( pour la Russie) :
Une flèche met en évidence la route maritime qui s'ouvre au Nord avec le réchauffement climatique. Et, ce qui n'a rien à voir, d'autres flèches (mauves) mettent en évidence les flux migratoires qui sont essentiellement des flux de retour vers la Russie ( depuis les ex-républiques) :
 Les ressources énergétiques ( hydrocarbures en vert ; la couleur noire irait aussi bien, et des figurés au large de Mourmansk et des Sakhaline pourraient être ajoutés pour signaler les gisements off-shore) et minérales ( en marron) sont enfin mentionnées
un conseil : faire peu de figurés et relativement gros
Ainsi que les riches terres agricoles ( pointillé vert )
 Ce qui donne le croquis suivant :
Avec pour légende, une légende organisée en trois points : 
Un 1er qui porte sur la recomposition politique, ou géopolitique : 
on peut éventuellement simplifier en amalgamant les deux derniers points
Le 2ème axe aborde la question des déséquilibres de l'organisation du territoire russe : 
Enfin, le dernier point met en évidences les ressources et potentialités, tout en reprenant l'idée d'une mise en valeur inégale : 

samedi 16 février 2013

L'industrie automobile dans la mondialisation, Etude critique de documents (Terminale)


L'industrie automobile dans la mondialisation.
Consigne : Après avoir présenté les deux documents, vous montrerez comment leur analyse permet de déterminer l'évolution de la production de l'industrie automobile. Vous mettrez par ailleurs en évidence les acteurs et les processus à l'origine de cette évolution. 

Document 1
Document 2
  • Inscrire le sujet dans le programme
Le sujet proposé s'inscrit dans le deuxième thème du programme de géographie : Les dynamiques de la mondialisation et permet de questionner deux questions parmi celles qui le composent : la question "La mondialisation en fonctionnement" (Question 3 du programme) et celle qui s'intitule " Les territoires dans la mondialisation" (Question 4).
Cette précision n'est pas seulement formelle : la première chose à faire pour le candidat consiste à repérer à quelles parties du programme l'étude renvoie, de manière à avoir une idée, presque réflexe, des problématiques et notions attendues. 
  • Lire attentivement la consigne
La consigne est là pour guider l'étude et indiquer quels sont les axes selon lesquels la réponse doit être organisée. Ici, deux axes sont proposés ( après présentation des documents) : 
- l'évolution de la production de l'industrie automobile
- les acteurs et processus à l'origine de l'évolution constatée.
Logiquement, la réponse doit donc comporter un court premier paragraphe de présentation des documents, puis un paragraphe nettement plus long consacré au premier axe, engin un deuxième paragraphe consacré aux acteurs et processus. Une très courte conclusion peut clore le devoir. Cette architecture du devoir doit se voir : Sauter une ligne après la présentation, puis entre chacune des parties. Autre impératif : il faut toujours, au maximum, confronter les documents. ici, c'est difficile puisque chaque axe s'appuie essentiellement sur l'analyse de l'un des documents, mais à chaque fois que cela est possible, il faut prolonger les remarques faites en utilisant l'autre document. 
  • Présenter les documents, présenter le sujet
En étude de documents, même si la consigne ne l'exige pas explicitement, il est toujours impératif de présenter les documents, si possible en les associant lorsqu'il y a deux documents. 
Ici, la présentation doit mentionner la nature des documents : une carte par anamorphose, un article du journal Le Monde ( version Internet), et indiquer qu'ils permettent d'étudier l'évolution de la production automobile entre 1969 ( date de la première carte), soit la période des Trente Glorieuses, et 2010/2012 (date de l'article et de la seconde carte), soit la période actuelle, terme de l'évolution, marquée par une recomposition. Cette courte présentation se termine par l'exposé du sujet, ici par exemple : "ces deux documents permettent d'interroger l'évolution de la production automobile, et de montrer en quoi elle est révélatrice des processus et dynamiques de la mondialisation". 
  • L'évolution de la production automobile 
Le document 1 met en évidence les producteurs majeurs en 1969 : Etats-Unis, avec une production de l'ordre de 8 millions de véhicules, soit plus de 20% de la production mondiale ( il est impératif de montrer au correcteur que vous savez LIRE le document, donc ne pas oublier une partie de la légende) ; Japon, puis Allemagne. Ces trois producteurs représentent à eux seuls près de 50% de la production mondiale, qui est donc aux mains des pays du Nord ( seuls présents sur la carte) , et particulièrement des trois pôles de la Triade. La situation en 2010 est bien différente. Le document permet de mettre en évidence la multiplication des pays producteurs ( 18 pays présents contre 9 sur la carte précédente). On note :
- la présence de nouveaux pays du Nord ( Espagne, république tchèque)
- la percée des dragons asiatiques, comme la Corée du sud
- la percée de pays émergents, comme le Brésil, l'Inde, la Chine ( les BRICS, pour partie)
- enfin, la présence de pays du Sud de situation intermédiaire, comme la Thaïlande ou l'Iran, pays qui bénéficient de délocalisations. Le document 2 autorise le même constat, puisque c'est au Maroc que Renault a fait le choix d'ouvrir sa nouvelle usine. 
Par ailleurs la carte montre une recomposition, puisque la hiérarchie des producteurs est profondément modifiée. Désormais, c'est la Chine qui détient la 1ère place avec plus de 20% de la production mondiale, le Japon conservant sa seconde place ( cette place du Japon est d'ailleurs illustrée par l'association entre Renault et Nissan). Il y a donc promotion de l'aire Pacifique. La production automobile n'est plus l'apanage des vieux pays industrialisés : d'ailleurs, comme le mentionne l'article, Renault n'effectue plus qu'un quart de sa production en France et le nouveau site marocain dépasse en superficie le site historique de Flins (région parisienne). 
Chaîne de montage de la frégate Renault à Flins, années 1950
  • Acteurs et processus à l'origine de l'évolution constatée
Le document 2 permet de questionner les logiques qui sous-tendent cette évolution. En premier lieu, il met en évidence l'importance de nouveaux acteurs : territoires (Renault a d'abord essaimé en Roumanie puis au Maroc) mais aussi et surtout firmes transnationales, qui nouent des relations nouvelles ( association entre Renault et Nissan). Il montre ainsi l'intégration progressive  de territoires à la mondialisation, mais aussi les stratégies adoptées par les FTN pour résister dans une situation de concurrence accrue. Surtout, l'article met clairement en relief le processus de délocalisation :
-  sont évoqués les investissements (IDE ) nécessaires ( ici, 600 millions d'euros) ; 
- sont mentionnés aussi les facteurs expliquant les implantations (ici, non seulement les coûts salariaux "quatre fois inférieurs au salaire minimum français", mais aussi l'accessibilité puisque le site choisi est "desservi par le port géant de Tanger Med"). Les territoires choisis pour les délocalisations cumulent donc des avantages en terme de main d'oeuvre (d'où le choix des PED) et de localisation à proximité des grandes routes maritimes (d'où le choix des littoraux). 
- Est enfin expliquée la stratégie low cost de conquête de nouveaux marchés, celui des pays émergents en particulier, le marché européen étant "atone".Il s'agit de produire moins cher pour vendre moins cher sur des marchés en expansion, sur lesquels cependant s'exerce une forte concurrence, celle des nouveaux pays producteurs (Chine, Inde, Brésil..., dont le rôle apparaît sur le document 1).
Port de Tanger-Med, construit entre 2004 et 2007. ( le document permet de localiser la zone franche dans laquelle l'usine Renault s'installe)
L'analyse des deux documents permet ainsi de conclure à une internationalisation de la production automobile, qui passe par la multiplication des flux ( financiers et commerciaux), le rôle clé des FTN, et, une fracture entre décision ( au Nord) et fabrication (au Sud).

Pour aller plus loin : 
http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/comment-dacia-renault-a-reussi-son-tournant-low-cost_342580.html