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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

mercredi 21 décembre 2011

L'aménagement du territoire français dans les années 60

Corrigé du schéma à compléter ( 1S/1ES)

Le schéma proposé peut illustrer une composition évoquant les logiques d'aménagement du territoire. Ici est mise en évidence la logique qui a prévalu pendant les années 1960-1970, une logique qui visait avant tout, pour l'Etat qui en était le principal acteur, à corriger les grands déséquilibres. Deux grands déséquilibres existaient : la suprématie parisienne - ou la macrocéphalie parisienne - ( dénoncée dans l'ouvrage Paris et le désert français de 1947), et le déséquilibre industriel entre une France de l'Est industrialisée et une France de l'ouest sous-industrialisée. La création de villes nouvelles a, à l'échelle régionale, cherché à désengorger Paris, quand la création de métropoles d'équilibre (1964) a cherché à rééquilibrer le territoire à l'échelle nationale. La déconcentration de l'industrie parisienne vers le bassin parisien et surtout vers l'ouest, de même que la littoralisation de l'activité sidérurgique ( zones industrialo-portuaires, particulièrement de Dunkerque) ont tendu à rééquilibrer le territoire du point de vue industriel. 

samedi 17 décembre 2011

Cesaria Evora, la "diva aux pieds nus", a cessé de chanter la langueur du Cap Vert



Césaria Evora, décédée aujourd'hui à l'âge de 70 ans, avait rencontré le succès en France à la fin des années 1980. Originaire du Cap Vert, un archipel situé au large des côtes africaines, elle y avait toujours chanté jusqu'à ce qu'un capverdien installé en France ne lui propose, en 1988, d'enregistrer un premier disque produit par Lusafrica. Ensuite, le succès était allé s'amplifiant, avec l'intérêt pour la world music et particulièrement pour les musiques africaines. Cesaria Evora, interprète et non auteur-compositeur, chantait avec une voix stupéfiante la Morna ( la musique du Cap Vert). 
Son itinéraire - entre l'Europe et le Cap Vert - est représentatif de celui de nombreux cap verdiens, dont beaucoup ont quitté l'archipel. Un peu plus de 500 000 habitants sur l'archipel, près de 700 000 capverdiens à l'étranger ( Etats-Unis, Portugal, France, Pays-Bas...). Signe d'une longue difficulté de l'ancienne petite colonie portugaise, longtemps centre important de la traite des esclaves, à sortir du mal-développement. 



Une courte biographie de la chanteuse :
http://www.mondomix.com/cesaria-evora/fr/biographie.htm
Et, sur le Cap Vert, le site gouvernemental suivant : www.diplomatie.gouv.fr

La Silicon Valley

Au sud de San Francisco, la Silicon Valley - vallée du silicium - est l'un des espaces de la haute technologie parmi les plus connus au monde. 

En terme de chiffres, la Silicon Valley, ce sont plus de 6 000 entreprises, un PIB équivalent à celui du Chili, une population de plus de 2 millions d'habitants. 

En terme de superficie, l'espace est relativement restreint : une quinzaine de kilomètres de large sur quelques cinquante kilomètres de long. Au fond de la baie de San Francisco, depuis Palo Alto, la Silicon Valley forme une grande boucle, structurée le long des axes routiers et autoroutiers à destination de Los Angeles. 

C'est en 1971 qu'un journaliste - Don Hoefler - a, le premier, utilisé l'expression désormais consacrée de "Silicon Valley" pour désigner cette concentration d'entreprises de haute technologie née dans l'entre-deux guerres. Jusque là, l'activité de cet espace était encore limitée et peu connue et les expressions utilisées pour le désigner étaient : "Palo Alto" ( nom de la première ville qui amorce la boucle), "l'industrie électronique de la côte ouest", ou encore "Santa Clara County". Aujourd'hui, l'expression est mondialement connue et la Silicon Valley n'est que le plus ancien de tous les parcs technologiques du territoire américain. 
Magnard, édition 2008, p. 109
La renommée de la Silicon Valley repose pour partie sur celle de l'une des entreprises qui ont fait sa fortune, Apple. 
Mais de très nombreuses autres entreprises sont installées sur le site : Yahoo, Intel, Adobe, Microsoft, Hewlett Packard... 
Surtout, trois très grandes universités participent à la ruche intellectuelle que forme la vallée : Stanford - université qui a formé les deux ingénieurs fondateurs de Hewlett-Packard : William Hewlett et David Packard ( promotion 1934) - Oakland, mais aussi Berkeley, plus au Nord. 


La connaissance de cet espace peut servir la démonstration dans une copie relative à l'organisation de l'espace américain ( un exemple de pôle technologique installé dans les régions motrices de la sun belt), dans une copie portant sur la puissance américaine ( la Silicon Valley est un bon exemple de centre d'impulsion à l'échelle régionale, nationale et mondiale, et, par ailleurs, permet d'évoquer le rôle de la libre-entreprise comme celui de l'association entre recherche et industries aux Etats-Unis), mais aussi dans une copie interrogeant la mondialisation.


Un schéma de cet espace mythique est donc le bienvenu dans une composition. Voici celui proposé par le manuel Magnard, simple, et facile à mémoriser : 


vendredi 9 décembre 2011

Etats-Unis : dette, désengagement, déclin?

Des économies-monde en évolution : après l'économie-monde britannique, l'économie-monde américaine, ... l'économie-monde chinoise?
(Source Arvind Subramanian, économiste, universitaire aux Etats-Unis, ancien haut fonctionnaire au GATT)
Les Etats-Unis vivent, depuis longtemps, à crédit. La nouveauté est que ce crédit semble désormais menacé. Depuis l'été 2011, l'une des agences de notation  - Standard & Poors - a fait perdre aux Etats-Unis le AAA, note de la dette qui autorise un emprunt à des taux avantageux. Cet abaissement livre les Etats-Unis à la critique de leur principal concurrent ET créancier : la Chine. Pékin donne des leçons à Washington : c'est le titre sous lequel un article a pu commenter la réaction chinoise à l'annonce de la perte du AAA. 

"Le commentaire est sévère, le ton peu diplomatique. La Chine a demandé samedi aux Etats-Unis de cesser de vivre au-dessus de ses moyens, au lendemain de l'abaissement de la note de la dette américaine.  "Le gouvernement américain doit se résigner à un état de fait douloureux : le bon vieux temps où il n'avait qu'à emprunter pour se tirer du pétrin qu'il avait lui-même créé est terminé", écrit l'agence de presse officielle du gouvernement Chine Nouvelle. "Les jours où l'oncle Sam, croulant sous les dettes, pouvait facilement dilapider des quantités infinies d'emprunts de l'étranger semblent comptés", prévient encore le gouvernement chinois.   

Pékin, de loin le plus grand créancier des Etats-Unis, estime que l’agence de notation Standar & Poors n'a fait que confirmer une "horrible vérité". La Chine "a désormais tous les droits d'exiger des Etats-Unis qu'ils s'attaquent à leur problème structurel de dette", a souligné l'agence, qui suggère ainsi à Washington de réduire ses dépenses militaires et sociales. Et de rappeler que l'agence chinoise de notation Dagong avait déjà abaissé mercredi la note de la dette américaine".
(Source : http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Dette-americaine-la-Chine-demande-aux-Etats-Unis-de-cesser-de-vivre-au-dessus-de-ses-moyens-369093/ )
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Dette des Etats-Unis, graphique du Washington Post, mai 2011


La dette totale des Etats-Unis avoisine 15 000 milliards de $, soit l'équivalent du PNB américain. Ce montant global comprend une dette auprès du gouvernement, auprès des ménages, auprès des pays étrangers ( foreign debt). Cette dernière, d'un montant d'environ 4 500 milliards de $, est largement aux mains de créanciers asiatiques, et particulièrement chinois. 
http://www.washingtonpost.com/wp-srv/special/business/foreign-held-us-debt/

Voilà qui permet de comprendre le changement de ton dans les relations entre Pékin et Washington. Le désengagement américain en Irak - effectif à la fin 2011 - peut ainsi être analysé sinon comme la marque d'un déclin américain, du moins comme le signe d'une incapacité à payer le prix d'un engagement planétaire. Selon Michael Morvan, le grand gagnant de la guerre en Irak serait ainsi... la Chine! 

"C'est la Chine qui a gagné la guerre en Irak
Tant la crédibilité financière que diplomatique des Etats-Unis s'en est retrouvée affaiblie au profit de la Chine, passée de puissance régionale à superpuissance"
(...) 
"Alors, maintenant que les troupes sont de retour, qui a gagné ? La question peut sembler naïve mais, soyez-en certain, beaucoup de gens vont exiger une réponse.(...)Il est probable qu’aucun pays n’a autant bénéficié sur le long terme du bourbier irakien que la Chine. En cinq ans, la Chine est passée du statut de puissance régionale émergente, en quête de joint-ventures américaines et d’un parrainage des Etats-Unis pour son entrée dans l’OMC, à celui d’une superpuissance en devenir à l’influence, financière et autre, incontournable. Politiquement, au sens large, la Chine s’affiche de façon agressive comme une véritable alternative au modèle libéral démocratique de marché supposément vainqueur de la guerre froide. Son mélange de diplomatie cynique et de capitalisme de carnet de chèque remporte les suffrages de pays comme la Russie, le Venezuela, la Serbie et beaucoup de pays islamiques qui, eux aussi, ont adopté certains aspects du capitalisme, mais rejettent la pagaille associée aux libertés politiques prônées par l’Occident.
Aujourd’hui, j’en suis totalement convaincu. Du point de vue de Pékin, quel meilleur service pouvait lui rendre l’Amérique que d’attaquer l’Irak au nom d’accusations qui se sont révélées fausses par la suite? Pour parachever le tout, c’est la crédibilité des prétentions américaines à emmener l’économie mondiale qui en a pris un sacré coup quand ses banques ont provoqué la pire crise économique depuis la grande dépression. Pour combler le gouffre budgétaire engendré par ces deux événements dévastateurs, George W. «Louis XIV» Bush a dû engager des milliards et des milliards de dollars, mettant le principal concurrent de la Chine pour le pouvoir en Asie, et dans la course vitale au leadership idéologique à l’échelon mondial, au bord de la faillite".
(Source : Michael Moran, Slate.fr, 23/11/2011. Michael Moran, journaliste, est l'auteur d'un ouvrage : The Reckoning : Debt, Democraty, and the Future of American Power, à paraître en avril 2012 aux Etats-Unis. Il est l'auteur d'un blog du même nom - The Reckoning - sur Slate.fr) 


Pour lire la totalité de l'article ( qui traite aussi du vainqueur apparent, l'Iran, et du grand perdant, les Etats-Unis) :
http://www.slate.fr/story/46589/vainqueur-guerre-irak-iran-chine-obama-geopolitique-argent

Un point de vue diamétralement opposé ( "Le déclin américain est une idée fausse" ) ici :

p://www.pearltrees.com/#/N-fa=663463&N-play=1&N-u=1_57439&N-p=24642508&N-s=1_2559720&N-f=1_2559720

mardi 6 décembre 2011

Le réchauffement climatique, Durban, 2011


Un baobab géant pour éveiller les consciences

La 17ème conférence des Nations Unies sur le changement climatique s'est ouverte à Durban ( Afrique du Sud) le 28 novembre et devrait durer jusqu'au 9 décembre 2011. Pour sensibiliser la population au problème du réchauffement climatique, montrer que des alternatives sont possibles, la ville de Durban a fait installer un baobab géant - de Noël -, fabriqué à partir de palettes de bois recyclé, éclairé grâce aux passants/pédaleurs d'un instant...
Il s'agit, à DURBAN, de donner une suite au protocole de Kyoto, signé en 1995, entré en vigueur en 2005, ratifié en 2010 par 141 états, et qui arrive à terme en 2012. Les dernières conférences sur le climat ( Copenhague en 2009, Cancun en 2010) ont donné peu de résultats. En ces temps de crise économique, la défense de l'environnement ne semble pas prioritaire... Signe des temps : aucun chef d'Etat et de gouvernement n'a fait le déplacement pour Durban. 

Pourtant, les menaces qui pèsent sur l'environnement n'ont pas disparu, et avec elles la nécessité de trouver un accord qui permette de limiter à 2°C le réchauffement climatique terrestre. 







Depuis le début des années 2000, les pays pollueurs n'ont pas beaucoup changé. Essentiellement des pays riches, vieux pays industriels : Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni... Mais, comme le montrent la carte et le tableau statistique, la carte des pays pollueurs suit la carte du développement et  de l'insertion dans la mondialisation. Aux côtés des pays du Nord, figurent désormais en bonne place des pays émergents ( Chine, Inde, Mexique, Brésil, ...) comme des pays dont le développement est fondé sur l'exploitation intensive des ressources ( Iran, Arabie saoudite). 
Selon les données présentées au sommet de Durban, c'est la Chine qui occupe désormais la première place dans le classement 2010 des pays pollueurs, avec 9 milliards de tonnes de gaz à effet de serre émis sur deux ans. Les cinq plus gros pollueurs ( Chine, Etats-Unis, Inde, Russie et Japon ) sont, à eux seuls, à l'origine de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. 
Pays du Nord gros pollueurs depuis des générations, pays émergents nouveaux pollueurs dont la demande en énergie accompagne le développement : les premiers pressent les seconds de réduire leurs émissions - alors même que certains d'entre eux fournissent des efforts mesurés ( et unilatéraux ) dans ce domaine, comme les Etats-Unis - ; les seconds refusent, au nom de la croissance...


Carte : Les pays ayant ratifié le protocole de Kyoto en 2009

Les signataires du protocole de Kyoto sont nombreux ( presque la totalité des pays du monde). Cela ne signifie par qu'ils aient ratifié le protocole : les Etats-Unis en particulier ne l'ont pas ratifié... Parmi les autres états, des engagements ont été pris par nombre de pays du Nord - les pays du Sud, signataires des accords ne sont pas concernés par cette réduction - pour réduire leur émission de CO2. Ces engagements sont très inégalement remplis, le Japon, le Canada, la Norvège - mais aussi les Etats-Unis qui se sont retirés des négociations dès 2001 - connaissant une différence de plus de 20% entre les émissions 2010 et les engagements.
Voir : 

Sources : 


http://www.slateafrique.com/75925/un-baobab-de-noel-illumine-par-des-velos-durban
RFI, 2/12/2011
Le nouvel Observateur, 6/12/2011
Alternatives Internationales, Comment enrayer le réchauffement climatique, décembre 2009, http://www.alternatives-internationales.fr/comment-enrayer-le-rechauffement-climatique_fr_art_882_46097.html

dimanche 20 novembre 2011

L'URSS au grand air, une caricature antisoviétique au temps de la Guerre froide

Epreuve de bac : L'URSS au grand air, étude de document mineure ( Terminale, séries générales)

L'URSS au grand air, affiche du mouvement Paix et Liberté, 1951
Questions : 
1. Présentez le document
2. Expliquez précisément la scène encadrée relative aux démocraties populaires ( la scène encadrée, qui n'apparaît pas ici, est celle qui met en vis-à-vis Staline et les "pays libérés", en haut à gauche de l'affiche)
3. En analysant deux des scènes présentées sur ce document ( en dehors de celle évoquée en Q2), montrez quel est le point de vue des auteurs.
4. Identifiez différents aspects du système soviétique illustrés dans ce document
5. Que savez vous de l'évolution du système soviétique dans le courant des années 1950?


Cette étude de document suppose des connaissances sur le modèle communiste soviétique et sur la Guerre froide.

1. Rappel : présenter un document suppose de s'intéresser à : auteur, nature, contexte, enjeu, destinataire.
Ici, le plus simple est de commencer par souligner la nature du document, une affiche de propagande, vecteur particulièrement utilisé pendant la GF à propos de laquelle on a parlé de guerre des affiches. Une affiche de propagande donc, dont l'auteur est le mouvement Paix et Liberté, une association française anticommuniste née dans les années 1950. Cette association, créée par le député radical Jean-Paul David, a pour but de répondre, sur le sol français marqué par une forte emprise du PCF, à la propagande orchestrée par ce parti. 
Le destinataire de l'affiche est donc le public français, dans une France où le PCF est encore un parti très puissant, passé depuis 1947 dans l'opposition et animateur d'une campagne pacifiste, pro-soviétique, dans le cadre de l'Appel de Stockholm.
Cette affiche prend la forme d'une brochure touristique qui mettrait en avant les caractéristiques du territoire soviétique ( fond de carte dans lequel apparaissent des scénettes dont l'emplacement correspond à la situation géographique). Sous couvert de présentation, l'affiche se livre à une charge contre le modèle soviétique des années 1950, et particulièrement contre son chef, Staline, au pouvoir en tant que secrétaire général du PCUS depuis 1928. Nous sommes alors en pleine guerre froide : la crise de Berlin vient de s'achever, la guerre de Corée ( qui oppose de manière indirecte URSS et Etats-Unis ) bat son plein. 
Ce qui fait défaut aux présentations est souvent la mise en évidence du contexte : Guerre froide, sur le territoire européen, ici français, une guerre qui se traduit par des crises ( Berlin, Corée) et par un conflit idéologique dans lequel l'affiche joue un rôle majeur pour dénoncer le modèle opposé. 

2. La scène encadrée est à la charnière entre le territoire soviétique et celui des démocraties populaires à l'ouest. Elle met en scène d'une part, un cochon auquel sont apportées des vivres, et qui fait donc "bonne chère" et d'autre part - de l'autre côté de la frontière - des individus attablés sommés de livrer leurs vivres sous la menace d'armes. Sous ces individus apparaît la mention " pays libérés". Ces " pays libérés" l'ont été par l'Armée Rouge en 1944/1945 lors de la libération des territoires de l'Europe de l'Est par l'URSS. Comme le signale l'insistance sur le mot "libérés", cette libération se traduit de fait par une occupation par l'Armée Rouge et par une soumission. Ce que dénonce donc d'abord l'affiche, c'est la réalité d'une libération - libération de l'occupation hitlérienne - qui se meut en une autre occupation - celle par l'Armée rouge. De plus, ces territoires occupés auraient dû, en application des accords de Yalta, évoluer vers la liberté politique. Mais, deuxième problème soulevé par l'ironie du terme " libération", les élections libres n'ont pas eu lieu ( Pologne) ou l'Armée rouge a immédiatement imposé un régime communiste ( Roumanie). Entre 1945 et 1948, ces territoires "libérés" par l'Armée rouge ont été satellisés par l'URSS : gouvernement communiste ( en 1948, par le "coup de Prague" est parachevée la transformation des régimes en régimes communistes), stalinisation ( les partis communistes des pays de l'Est sont l'objet d'une épuration drastique dans le cadre de grands procès dans les années 1948 et suivantes). Enfin, ces pays transformés en démocraties populaires ( Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et, depuis 1949, RDA), sont liés à l'URSS par le CAEM : cette organisation économique permet, d'après les auteurs de l'affiche, le pillage des ressources des pays de l'Est au profit de l'URSS. 
Lacune majeure des réponses : démocraties populaires non citées. ( il faut impérativement les nommer). Et surtout, pas d'explication claire sur leur adoption obligée du système politique soviétique ( ce sont, comme l'URSS, des démocraties populaires, avec un parti communiste unique ET dominant) , leur alignement idéologique ( grâce au Kominform), leur sujétion économique ( dans le cadre du CAEM). 
3. Impossible de relever ici toutes les scènes. 
Il faut relever la dénonciation de la figure de Staline, qui apparaît à 10 occasions et est reconnaissable à sa moustache et à la casquette de maréchal flanquée de l'étoile rouge. Cette critique de l'"homme d'acier" est celle du culte de la personnalité ( scénette "au musée"), de la dictature d'un régime totalitaire qui impose SA parole ( scénette de Staline vociférant depuis le Kremlin : "éducation"), de l'instrumentalisation de l'art au service du régime ( scénette "musées"), de la dictature aveugle ( "équitation"). Le régime soviétique des années 1950 est, selon les auteurs de cette affiche, un régime dictatorial, usant de la répression ("cures de repos", "excursions organisées", "stations thermales"... dénoncent l'archipel du goulag, où les opposants sont "rééduqués" par le travail au profit du régime - une main d'oeuvre abondante, servile, renouvelable - ), dans lequel le Parti est au coeur d'un système meurtrier ( la rose des vents place la faucille et le marteau, symboles du PCUS, au coeur d'un système de mort / cadavres embrochés), et dans lequel la police est à l'oeuvre (partout des policiers encadrent la répression et on les voit particulièrement à l'oeuvre dans la scénette "surveillance"). 
L'essentiel pour cette question est d'être très précis dans la description de l'image. Ne pas chercher à en décrire plus de deux, mais les décrire de manière extrêmement précise. Et tirer de cette description des notions plus générales ( culte de la personnalité, régime policier...), pour pouvoir répondre à la question posée / point de vue des auteurs : évidemment hostile et critique. Le but des auteurs est de "dévoiler" ce qui se cache sous la propagande soviétique. 
4. Les aspects du régime soviétique attendus - qui seront diversement développés selon le choix de scénettes commentées à la question précédente -  sont : culte de la personnalité, poids du Parti, régime policier, arbitraire, dictature, régime totalitaire, négation des libertés. 
Un autre aspect (non évoqué ici en question 3) est celui mis en évidence par la scène "footing" : l'armée - puissante - peut éventuellement sortir des frontières. Allusion au fait que l'URSS impose aux démocraties populaires considérées comme des "pays frères" de s'aligner totalement sur l'URSS. Sauf à courir le risque de la répression. C'est une façon d'évoquer l'expansionnisme soviétique, menace qui est particulièrement utilisée dans les pays occidentaux. 
Cette question invite à évoquer des aspects, des caractéristiques : il faut donc mobiliser les notions - clés vues dans le cours sur le modèle soviétique.
5. Comme le document date du début des années 1950 - et donc de la période stalinienne - , la question invite à évoquer l'après-Staline. Donc il faut d'abord rappeler son décès en mars 1953, puis l'évolution qui a suivi. Sous l'égide de Khrouchtchev, une première libéralisation du régime va avoir lieu, qui se traduit en particulier par la libération de nombreux prisonniers du Goulag. Surtout, en février 1956, lors du 20ème congrès du PCUS, Khrouchtchev se livre à une dénonciation du régime stalinien. Mais l'ouverture affichée par le 20 ème Congrès ne signifie pas que les démocraties populaires puissent se démarquer de l'URSS. Il faut évoquer ici la répression des manifestations berlinoises ( juin 1953), et surtout le coup d'arrêt mis à la révolution hongroise (novembre 1956). 
La dernière question est une question de cours. Le document n'est plus sollicité, il faut mobiliser des connaissances. Concision, précision sont ici attendues. 

Un autre corrigé sur le même document (questions légèrement différentes) : 

D'autres affiches du mouvement Paix et Liberté : 

vendredi 18 novembre 2011

Les mutations de la population active en France, milieu XIX-début XXe siècles

Les mutations de la population active en France, milieu XIX-début XX e siècles
Etude de document guidée, niveau première générale, thème 1 du nouveau programme.


Telle qu'elle est conçue, cette étude de document est extrêmement guidée. Certaines questions invitent expressément à lire ( question 2), à analyser ( question 3), à mobiliser des connaissances (Question 4), à inscrire le document dans un contexte plus général et donc à le confronter à ce qui a été vu en cours (question 5), à mesurer sa portée (question 6). Traditionnellement, la première question invite à présenter le document, ce qui doit TOUJOURS être fait, pour bien cerner l'enjeu de l'étude.

Les écueils majeurs mis en évidence par les copies :
  • l'imprécision du propos. L'élève pense à définir lorsque cela lui est demandé expressément ( question 1/ population active), mais omet totalement de le faire lorsque cela n'est pas précisé ( question 2 / Secteurs primaire et secondaire)
  • La difficulté à présenter. Ici, il faut dire clairement que le document est un graphique en barres qui montre la structure de la population active (c'est-à-dire le poids des trois secteurs dans la population active ) à trois dates différentes. Il convient de préciser ce que recouvrent ces trois secteurs ( cf. remarque précédente)
  • La difficulté à exploiter les données. Dire, par exemple, que le secteur primaire est passé de plus de 50% à 33% de la population active entre le milieu du XIX et 1930 ( en réponse à la question 2) est une lecture correcte du document. C'est encore mieux si l'on ajoute que le secteur primaire représentait donc un actif sur deux au milieu du XIX, et seulement un sur trois en 1930. Ici, les données sont utilisées, exploitées : on leur fait dire quelque chose de significatif. 
  • Plus généralement, la difficulté à développer. En réponse à la question 3, l'industrialisation est évoquée, mais le propos met rarement en évidence en quoi l'industrialisation a des effets sur la population employée dans le primaire. Développer, c'est expliquer, démontrer ce que l'on dit, l'illustrer. On attend un développement qui évoque la mécanisation de l'agriculture, l'économie de bras que cette mécanisation engendre, donc l'exode rural, et parallèlement le développement des villes qui attirent, le besoin de bras des industries naissantes, et donc le phénomène de déversement des actifs du primaire vers le secondaire. 
  • Enfin, et surtout, la difficulté à contextualiser. Dire que le document montre la répartition de la population active à trois dates différentes ne suffit pas. Il faut inscrire ces dates dans un contexte plus général, celui des révolutions industrielles ( première et seconde). 
  • Enfin, encore, et surtout, la difficulté à mobiliser les connaissances du cours. Il est impératif que les notions clés vues en classe apparaissent dans le devoir. Ici, étaient attendues : industrialisation, mécanisation, organisation scientifique du travail, rationalisation urbanisation exode rural, féminisation de l'emploi, tertiarisation... ces notions devant évidemment être expliquées lorsqu'elles sont utilisées. 
Contre toute attente, la dernière question, qui suppose une mise en relation entre le document et le cours, est plutôt bien réussie. C'est plutôt bon signe puisque les épreuves proposées au baccalauréat ( en 1ère S dès cette année, et sans doute en Terminale à partir de l'an prochain) ne proposent plus de questions guidant l'étude, mais une consigne globale, qui invite à présenter, montrer les apports du document ( analyser en utilisant les connaissances du cours), et ses limites ( confronter le document avec ce qui a été vu en classe). 

Dans l'optique "nouvelles épreuves", l'étude de document aurait pu avoir comme consigne : 
"Après avoir présenté le document ( ce qui équivaut à la question 1 ici), vous montrerez en quoi il traduit les évolutions majeures de la population active à cette période (ce qui équivaut aux questions 2,3 et 4), puis mettrez en évidence ses limites (ce qui équivaut à la question 6). 
La comparaison entre les deux façons de concevoir le sujet met en évidence une difficulté majeure des nouvelles épreuves : la mobilisation de connaissances est attendue, elle n'est pas explicitement demandée! ( par exemple, pas de question de cours comme la question 5). Il faut donc que le candidat pense toujours à expliquer ce qu'il décrit, même si on ne le lui demande pas. 

vendredi 11 novembre 2011

La guerre du Vietnam, un conflit indirect de Guerre froide (1)

  • La guerre du Vietnam, un modèle de conflit indirect de guerre froide

Lorsque la guerre d'Indochine prend fin, en 1954, les accords de Genève entérinent l'existence provisoire, sur le territoire du Vietnam, de deux états : la république démocratique du Vietnam du Nord ( RDVN), communiste - qui apparaît sur la carte en rouge -  et le Vietnam du sud, au sud du 17ème parallèle. Existence provisoire, parce que logiquement des élections doivent avoir lieu autorisant une éventuelle unification... Mais ces élections n'ont pas lieu, et chacun des deux états évolue de manière divergente : au nord, la RDVN communiste se transforme en régime de démocratie populaire, suit le modèle communiste ( chinois, ici) de réforme agraire et de transformation des campagnes, quant le Vietnam du sud adopte le modèle capitaliste. 
Le caractère dictatorial du régime sud-vietnamien, sous l'égide de Ngô Dinh Diem, favorise le développement d'une opposition composite : militaires, marxistes, libéraux, bouddhistes qui forment un Front National de Libération en 1960. Sans surprise, cette opposition reçoit le soutien du Vietnam du Nord qui favorise l'agitation dans le sud Vietnam... En 1961, l'opposition menée par le FNL contrôle 1/3 du pays, la guérilla est menée depuis les campagnes et menace les principales villes. 
Au nom de la théorie des dominos ( la conversion d'un pays au communisme entraîne, par contagion, celle des pays voisins à la manière des dominos qui s'écroulent les uns après les autres), les Etats-Unis accentuent alors leur soutien au Vietnam du sud, cherchant, par l'envoi de conseillers militaires de plus en plus nombreux, à éviter la victoire du communisme au sud du Vietnam. Pour eux, en effet, l'opposition sud-vietnamienne, plurielle dans les faits ( libéraux, marxistes...), est manipulée par le Vietnam du Nord. D'où, pour désigner les opposants du FNL, l'appellation de vietcong : communiste vietnamien.  L'extension de la rébellion menace l'équilibre de la péninsule. A Washington, l'idée selon laquelle une intervention directe est nécessaire pour sauver la situation s'impose progressivement.  
En août 1964, l'"incident" du golfe du Tonkin ( attaque d'un navire de guerre américain par la RDVN) autorise l'escalade américaine. Le président Johnson obtient les pleins pouvoirs pour répondre à toute nouvelle attaque de la RDVN. Le conflit oppose donc un petit état communiste, la RDVN, accusé par la première puissance mondiale, guide du "monde libre", de favoriser l'expansion du communisme au sud du pays. Pour les Etats-Unis, il s'agit, en menant une offensive massive de bombardement de la RDVN, de la contraindre à cesser tout soutien au FNL, de cesser de le ravitailler. Le conflit est qualifié de conflit indirect puisqu'à l'engagement des Etats-Unis s'oppose celui de l'URSS et de la Chine, qui, à l'inverse, arment la RDVN. 
Comme on le voit sur la carte, les bombardements américains frappent les villes du Nord, les bases américaines sont par contre installées au sud. Au sud, le FNL contrôle les campagnes, bénéficie du soutien de la RDVN, qui ravitaille les combattants par la piste Hô Chi Minh ( qui relie le Vietnam du Nord au sud-vietnam, en passant par le Laos et le Cambodge).

Ce conflit, modèle des conflits indirects de guerre froide - où les deux grandes puissances s'affrontent par états interposés - , peut faire l'objet d'une schématisation. Ce type de schéma accompagne avec profit les compositions.


Une périodisation intéressante du conflit :

Regards d'écrivains sur l'Allemagne nazie

L'Allemagne nazie ... l'expression évoque d'abord le régime hitlérien, la mise en oeuvre de la Solution finale, une société enrégimentée, un passé difficile à assumer ... Mais l'Allemagne nazie est aussi le foyer d'une résistance ordinaire, d'une résistance des humbles. C'est de cette résistance ordinaire que traite le roman de Hans Fallada, paru en 1947 ( après le décès de son auteur), intitulé Seul dans Berlin ( Jeder stirbt fûr sich allein).

Seul dans Berlin raconte l'itinéraire d'un couple allemand, le couple Quangel, un couple ordinaire, jusque là membre du Parti, dont le fils Otto est parti se battre pour le régime sur le front de l'Est, et qui, peu à peu, bascule dans la remise en cause, accepte l'idée de s'opposer, et passe à l'acte, en l'occurrence, une résistance au quotidien, qui consiste à glisser sous les portes des appartements des messages anti-hitlériens. Pour Primo Levi, Seul dans Berlin est l'un des plus beaux livres sur la résistance antinazie. 


"–Otto est mort Trudel !Du fond du cœur de Trudel monte le même « Oh ! » profond qu’il a eu lui aussi en apprenant la nouvelle. Un moment, elle arrête sur lui un regard brouillé de larmes. Ses lèvres tremblent. Puis elle tourne le visage vers le mur, contre lequel elle appuie le front. Elle pleure silencieusement. Quangel voit bien le tremblement de ses épaules, mais il n’entend rien.« Une fille courageuse ! se dit-il. Comme elle tenait à Otto !… A sa façon, il a été courageux, lui aussi. Il n’a jamais rien eu de commun avec ces gredins. Il ne sest jamais laissé monter la tête contre ses parents par la Jeunesse Hitlérienne. Il a toujours été contre les jeux de soldats et contre la guerre. Cette maudite guerre !… »Quangel est tout effrayé par ce qu’il vient de penser. Changerait-il donc, lui aussi ? Cela équivaut presque au « Toi et ton Hitler » d’Anna.Et il s’aperçoit que Trudel a le font appuyé contre cette affiche dont il venait de l’éloigner. Au-dessus de sa tête se lit en caractère gras :AU NOM DU PEUPLE ALLEMANDSon front cache les noms des trois pendus.Et voilà qu’il se dit qu’un jour on pourrait fort bien placarder une affiche du même genre avec les noms d’Anna, de Trudel, de lui-même… Il secoue la tête, fâché… N’est-il pas un simple travailleur manuel, qui ne demande que sa tranquillité et ne veut rien savoir de la politique ? Anna ne s’intéresse qu’à leur ménage. Et cette jolie fille de Trudel aura bientôt trouvé un nouveau fiancé…Mais ce qu’il vient d’évoquer l’obsède :« Notre nom affiché au mur ? pense-t-il, tout déconcerté. Et pourquoi pas ? Etre pendu n’est pas plus terrible qu’être déchiqueté par un obus ou que mourir d’une appendicite… Tout ça n’a pas d’importance… Une seule chose est importante : combattre ce qui est avec Hitler… Tout à coup, je ne vois plus qu’oppression haine, contrainte et souffrance !… Tant de souffrance !… « Quelques millier » , a dit Borkhausen ce mouchard et ce lâche… Si seulement il pouvait être du nombre !… Qu’un seul être souffre injustement, et que, pouvant y changer quelque chose, je ne le fasse pas, parce que je suis lâche et que j’aime trop ma tranquillité… »Il n’ose pas aller plus avant dans ses pensées. Il a peur, réellement peur, qu’elles ne le poussent implacablement à changer sa vie, de fond en comble.Au lieu de cela, il contemple de nouveau ce visage de jeune fille au-dessus duquel on lit AU NOM DU PEUPLE ALLEMAND. Elle ne devrait pas pleurer ainsi, appuyée justement à cette affiche !… Il ne peut résister à la tentation ; il écarte son épaule du mur et dit, aussi doucement qu’il peut :–Viens, Trudel. Ne reste pas appuyée contre cette affiche !Un moment, elle regarde sans comprendre le texte imprimé. Ses yeux sont de nouveau secs, ses épaules ne tremblent plus. Puis la vie revient dans son regard. Ce n’est plus un éclat joyeux, comme lorsqu’elle s’avançait dans ce couloir ; c’est un feu sombre, à présent. Avec fermeté et douceur à la fois, elle pose la main à l’endroit où se lit le mot « pendaison » :–Je n’oublierai jamais, dit-elle, que c’est devant une de ces affiches que j’ai sangloté à cause d’Otto… Peut-être mon nom figurera-t-il aussi un jour sur un de ces torchons.Elle le regarde fixement. Il a le sentiment qu’elle ne comprend pas toute la portée de ce qu’elle dit. (Pages 34-36)



Hans Fallada - de son vrai nom Rudolf Ditzen - est un écrivain allemand né en Poméranie. Il a travaillé dans l'agriculture, l'édition, le journalisme, avant de pouvoir vivre de sa plume. C'est son deuxième roman : Kleiner Mann, was nun ? ( Et puis après? ), publié en 1932, qui lui confère une notoriété internationale. Le roman évoque l'itinéraire d'un jeune comptable, besogneux et honnête, que la crise économique fait plonger dans l'engrenage du chômage et de la misère. Avec ce roman, Fallada/Ditzen devient un chef de file du mouvement réaliste de la Neue Sachlichkeit ( mouvement qui compte des écrivains allemands tels Erich Kästner, Erich Maria Remarque)
Avec la prise de pouvoir de Hitler ( 1933), Fallada se retire sur ses terres de Feldberg ( Mecklembourg) où il se tient à l'écart de la vie publique. En 1944, il entame la rédaction de son roman Der Trinker ( Le Buveur) qui rappelle le parcours de l'auteur, lui-même alcoolique et morphinomane. 


Pour en savoir plus sur l'auteur ( site en anglais ) 

Sources : 
http://mondalire.pagesperso-orange.fr/seul_dans_berlin.htm#hp
http://kirjasto.sci.fi/hfallada.htm

lundi 7 novembre 2011

Le Brésil, un état du Sud inégalement développé, croquis commenté

Le Brésil fait partie des sujets tombés au Bac en juin 2011. L'intitulé du sujet : "les contrastes spatiaux de développement au Brésil" invite le candidat à mettre en évidence les contrastes régionaux majeurs - le développement est inégal en fonction des régions ( Nordeste, sudeste, sud, centre-ouest et nord) -, à les expliquer  - mettre en évidence les facteurs explicatifs qui peuvent rendre compte du plus grand développement de certaines régions, et du moindre développement d'autres régions -, et à faire état de contrastes visibles à différentes échelles : cela signifie ici de ne pas tenir compte des seules disparités existant entre les régions, mais, en changeant d'échelle, de considérer aussi celles qui existent au sein des villes. Une autre donnée à prendre en compte est celle des dynamiques spatiales - autrement dit des évolutions (déplacement du front pionnier, flux migratoires...).
En prenant pour base de réflexion le croquis proposé par une collègue - et réalisé par l'un(e) de ses élèves - , dont l'énoncé est différent dans les termes mais pas sur le fonds : "Le Brésil, un état du Sud inégalement développé", il est possible de dégager les grands points qui doivent apparaître sur ce sujet. 




IL faut d'abord souligner le soin apporté à la réalisation, première qualité exigée d'un croquis. Les à-plats de couleur sont nettement mis en évidence, l'écriture est lisible, une typographie différente est utilisée pour les villes ( minuscules ) et pour les noms de régions ( majuscules)... Deuxième remarque : le croquis propose une nomenclature tout à fait convenable puisque les états frontaliers sont nommés et que, sur le territoire même du Brésil, apparaissent les principales villes attendues ( voire davantage). Troisième remarque : comme cela est exigé pour l'épreuve du baccalauréat, la légende est ordonnée ( l'information est organisée selon un plan).
Fichier:Brasilia ministerios da torre.jpg
Ministères, Congrès, cathédrale de Brasilia

La logique centre/périphéries est utilisée pour rendre compte des contrastes régionaux. Ainsi apparaît une région centrale - composée des régions du Sud et du Sudeste - qui est à la fois la plus riche et la plus développée. La capitale économique du Brésil (Sao Paulo) s'y trouve et de grandes métropoles (Sao Paulo, Rio, Belo Horizonte ) forment un triangle industriel, c'est-à-dire une zone qui concentre l'essentiel de la production et surtout des centres de décision économiques (sièges sociaux des grandes entreprises) et financiers (banques et organismes de crédit mais aussi place financière). Par opposition à cette région centrale, au coeur de l'économie brésilienne, trois autres espaces apparaissent en retrait. D'abord, la région du centre-ouest, qui est une région anciennement mise en valeur ( mise en valeur au 18e avec exploitation des mines d'or, puis au 19e avec la culture du café). Bien reliée au Sud et au Sudeste, cette région a bénéficié du changement de capitale, décidé en 1960. Elle peut désormais être considérée comme une périphérie intégrée, soit un territoire qui se développe dans la dynamique du centre. Deuxième périphérie, celle que forme le nordeste. La situation est totalement différente. Cette région est, elle aussi, exploitée depuis longtemps. C'est même l'une des régions d'arrivée des colons, dans laquelle a été précocement développée la canne à sucre - à grand renfort d'esclaves noirs. Mais cette région, fortement
peuplée sur le littoral, connaît des difficultés conséquentes, en particulier liées à des contraintes climatiques ( le coeur du nordeste forme le sertao, une région au climat semi-aride, qualifiée par les géographes de "polygone de la sécheresse"). Son retard de développement se traduit par le fait qu'elle soit la principale région émettrice de flux de population à destination des autres régions brésiliennes ( flux migratoires internes)  : le centre d'une part, la région amazonienne d'autre part. L'Amazonie forme en effet la dernière périphérie de cet ensemble fragmenté. C'est une périphérie encore marginale, en réserve, mais qui subit une mutation rapide : front pionnier de peuplement, avancées de la mise en valeur agricole, ... lesquels mettent en péril la survie des Indiens d'Amazonie.
Source :
http://annemls.canalblog.com/archives/2009/11/15/15810236.html

La guerre à l'aube du XXIe siècle

Dessin de Pessin, septembre 2011
Comme souvent, le dessin de presse pointe avec acuité un phénomène complexe, ici, la nature mouvante de la guerre.  La guerre "n'est plus ce qu'elle était" semblent se désoler ces soldats représentés comme des fantassins d'un autre âge, de pauvres hères qui rentrent au pays sans que le conflit ( quel conflit, d'ailleurs?) dans lequel ils étaient engagés soit terminé. Le dessin de Pessin s'inscrit dans le contexte des guerres du début de siècle : Afghanistan d'abord, Irak ensuite, et du désengagement américain de ces territoires ( retrait des troupes américaines en Irak achevé fin 2011; retrait des troupes américaines du territoire afghan amorcé à l'été 2011, progressif jusqu'en 2014 et à la passation de relais aux forces de sécurité afghanes). Il formule un premier constat, celui de l'incapacité à déterminer désormais le "sort des armes". Qui est vainqueur? Qui est vaincu? Et, s'il n'y a ni vainqueur, ni vaincu, quand se termine une guerre? Comment concevoir la démobilisation alors que le conflit n'est pas tranché? La question de l'issue du conflit ( victoire, défaite) pose celle de son objectif : si la guerre peut n'être ni gagnée ni perdue, quel est son objectif? Comment la justifier auprès des populations? 
Ce sont des soldats qui parlent dans ce dessin. Certes, des soldats dont l'habit a peu à voir avec l'uniforme (on peut songer à des mercenaires, à des soldats en déroute, voire à des soldats démobilisés qui donc ont quitté l'uniforme). Mais des soldats qui font référence à leur "métier", celui des armes. Et l'incapacité à les identifier de manière immédiate renvoie à leur propre impuissance. Même les soldats ne savent plus qui ils sont. Parce que le combat n'a plus d'objectif clair et tranché? Sans doute. Mais aussi peut-être parce que l'ennemi, et c'est l'une des caractéristiques des nouveaux conflits, est de moins en moins identifiable. 
Cette réflexion est au coeur du nouveau programme de première,  qui fait de la guerre au 20e siècle l'un de ses thèmes majeurs, et invite à s'interroger sur les nouvelles conflictualités, et, en particulier, les conflits asymétriques ( conflit opposant une armée régulière à une force de nature différente ), comme le conflit afghan ou irakien. 

1970, Willy Brandt à Varsovie

Kniefall von Warschau ( la génuflexion de Varsovie). Willy Brandt s'agenouille devant le monument commémorant le soulèvement du ghetto de Varsovie

En 1970, le voyage de Willy Brandt (chancelier de la RFA depuis 1969) à Varsovie peut être considéré comme un symbole fort de la détente entre l'Est et l'Ouest, entre le bloc occidental et le bloc communiste

(Source : wikipedia, article ligne Oder-Neisse)
En effet, l'objectif du voyage est la reconnaissance par la RFA de la frontière du territoire allemand avec la Pologne. Cette frontière, fixée provisoirement en 1945 sur la ligne Oder-Neisse, a été reconnue par la RDA( accords de Görlitz de 1950), mais jamais par la RFA. En reconnaissant la ligne Oder-Neisse comme frontière entre l'Allemagne et la Pologne, le chancelier ouest-allemand oeuvre donc dans le sens d'une normalisation des relations entre l'ouest ( la RFA ) et l'est ( la démocratie populaire qu'est la Pologne). C'est la porte ouverte à une normalisation des relations entre RFA et RDA - normalisation qui se traduira en actes par le règlement du statut de Berlin (1971), puis, par la reconnaissance mutuelle des deux Allemagnes, et donc leur entrée à l'ONU (1973).  Le voyage en Pologne a donc des conséquences territoriales - acceptation de la carte de l'Europe issue de la Seconde Guerre mondiale - et diplomatiques. Il s'inscrit dans une politique originale de rapprochement de la RFA avec l'URSS, désignée sous le nom d'Ostpolitik.

Dans le même temps, le voyage en Pologne signe la reconnaissance par l'Allemagne des crimes perpétrés - par l'Allemagne nazie - sur le territoire polonais : génocide des juifs polonais, répression du soulèvement du ghetto de Varsovie. Cette reconnaissance n'est pas de l'ordre du discours, elle est implicite : en s'agenouillant devant le monument qui commémore le soulèvement du ghetto de Varsovie, Willy Brandt demande, de fait, pardon. 






Pour en savoir plus sur la portée et le sens de ce moment historique : 
Pour en savoir plus sur l'Ostpolitik : 
http://bricabraque.unblog.fr/2009/11/03/lostpolitik/

dimanche 23 octobre 2011

Regard critique sur l'Amérique des années 1930


Margaret Bourke-White, At the time of the Louisville Flood, 1937

Cette photo a été prise en 1937, lors des inondations de Louisville (Etats-Unis), par l'une des photographes les plus connues de l'époque : Margaret Bourke-White. 

Durant les années 1930, cette photographe reconnue ( elle a travaillé pour le magazine Fortune, puis a été embauchée par le tout nouveau Life) est sollicitée par la Farm security Administration (un organisme dépendant créé dans le cadre du new Deal)  pour prendre des photos des individus frappés par la Grande dépression. Les clichés pris alors - galerie de visages, d'individus au travail, sur les routes... - témoignent du drame vécu par les américains. 


La photo "At the time of the Louisville Flood" est plus tardive et a peu à voir avec le contexte du New Deal auquel elle est parfois associée. Nous sommes en 1937 et la ville de Louisville est frappée par des inondations de l'Ohio. Plus de 70% de la ville est alors inondée. La photographie représente des files d'individus qui se rendent auprès de la Croix Rouge pour chercher secours. 
Le contraste entre cette file continue - dans laquelle dominent les figures noires - et le panneau publicitaire situé au-dessus donne toute sa force à cette photo. Le message du panneau est simple, mais en parfait décalage avec la marée des démunis : "La plus grande qualité de vie au monde- Rien n'égale la "façon de faire" américaine"... Sur l'affiche, les élus du mode de vie américain : une famille blanche, parents et enfants souriants, dans une automobile rutilante. Les regards convergent vers l'avant, vers un avenir radieux. Le fait que le panneau publicitaire soit masqué pour partie par la file humaine - qui l'ignore - donne le sentiment que les deux dynamiques sont en opposition. 
La photographie remplit son rôle ( témoigner d'une situation vécue par les habitants de Louisville ) et le dépasse, puisqu'elle autorise une lecture critique de la société américaine. 


Margaret Bourke-White (1904-1971) est l’un des photographes américains les plus connus. D’abord photographe à Cleveland dans le milieu industriel, elle travaille pour Fortune dès la fin des années 1920. Elle est la première photographe occidentale à partir dans l’ URSS stalinienne (1930), l’une des premières femmes correspondants de guerre pendant la Seconde guerre mondiale, l’un des premiers photographes à pénétrer dans les camps de concentration en 1945 lors de leur libération. Les photographies qu’elle a prises en Inde après-guerre, particulièrement celles de Gandhi, contribuent aussi à sa notoriété. 


Sources : 
Women in History. Margaret Bourke-White biography. Last Updated: 10/23/2011. Lakewood Public Library. Date accessed 10/23/2011 . <http://www.lkwdpl.org/wihohio/bour-mar.htm>.
http://saintsulpice.unblog.fr/2009/02/20/margaret-bourke-white/

vendredi 21 octobre 2011

Regard critique sur l'Amérique des années 1920


« Notre Citoyen idéal, je me le représente avant  tout plus affairé qu’un chien de chasse (…) mettant toute son ardeur à son magasin, sa profession ou son art. Le soir, il allume un bon cigare, monte dans le petit omnibus, ou peut-être maudit son carburateur, et rentre vite chez lui. Il tond sa pelouse ou s’occupe de quelque travail pratique, puis se prépare pour le dîner. Après, il raconte son histoire à ses petits, emmène sa famille au cinéma, ou joue quelques parties de bridge, ou lit le journal du soir et, s’il a des goûts littéraires, un ou deux chapitres d’un bon roman de l’Ouest, bien mouvementé (…) Enfin, il va joyeusement se mettre au lit, la conscience pure, ayant, pour sa petite part, contribué à la prospérité de la ville, et augmenté son compte en banque"
 
Sinclair LEWIS, Babbitt, 1970 (1ère édition, 1922) http://www.americanliterature.com/SinclairLewis/Babbitt/Babbitt.html

Aux Etats-Unis, les années 1920 sont des années d'effervescence. L'économie de la première puissance mondiale bat son plein, les industries tournent à plein régime, surtout le secteur tertiaire se développe, imposant le modèle social du col blanc. Cet américain moyen est celui qui incarne la réussite américaine et celui auquel le mythe américain (celui d'une réussite possible pour tous ceux qui en font l'effort) renvoie. Il est aussi celui qui profite de l'american way of life (une résidence éloignée du centre ville, une épouse comblée par le confort électroménager, une automobile puissante...).
C'est cet américain moyen que Lewis Sinclair écorne dans son roman Babbitt, paru en 1922. Georges F. Babbitt est un col blanc, un employé modèle, un agent immobilier prospère... Avec lui, c'est toute l'Amérique des années 1920, obsédée par la spéculation immobilière et l'acquisition de biens de consommation, qui est dépeinte. De manière réaliste - Sinclair est le chef de file de l'école réaliste aux Etats-Unis - , et critique : le personnage du roman est conscient de ses limites, du conformisme réducteur de sa vie, il cherche à sortir de cette vacuité ... en vain!
Dans le discours qu'il prononce en 1930 lors de la remise du Prix Nobel de Littérature ( il est alors le premier romancier américain à être distingué par ce prix), Sinclair Lewis remercie l'académie d'avoir honoré un écrivain réaliste, alors que, selon lui, les Etats-Unis entretiennent, par le biais de la littérature, une image figée des Etats-Unis, faite de stéréotypes et destinée seulement à pérenniser l'image d'Epinal d'une Amérique bucolique, pure et juste... 

vendredi 14 octobre 2011

BRIC, BRICS, ... des économies qui montent

  • BRIC, BRICS... le club des pays émergents

BRIC ... le mot est apparu en 2001 sous la plume d'un économiste pour désigner le groupe des puissances émergentes formé par le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Depuis 2009, ces quatre pays tiennent des sommets réguliers et discutent de leurs politiques économiques. Ils  cherchent par ailleurs à user de leur poids sur la scène économique internationale pour faire contrepoids aux groupes dominants ( le G8) et aller dans le sens d'une plus grande prise en compte des puissances non occidentales et du caractère multipolaire de l'économie mondiale. Le petit cercle des BRIC s'est agrandi d'un nouveau venu en 2010, l'Afrique du sud. Selon de nombreux économistes,  l'Indonésie aurait aussi toute sa place dans ce club attractif des économies émergentes.  
Sur les adhésions possibles (Indonésie surtout) et l'évolution des termes proposés pour désigner les économies émergentes :
http://fr.rian.ru/world/20090615/121981364.htmlhttp://www.cafedelabourse.com/archive/article/lindonesie-nouvelle-brique-des-brichttp://www.wansquare.com/fr/article/exclusif/6335:les-bric-selargissent.html
  • Des économies qui pèsent lourd à l'échelle mondiale

  • Mais des pays qui restent marqués par la pauvreté

En 2010, la richesse des pays membres du BRICS reste nettement inférieure à celle des pays du G8 comme la France ou les Etats-Unis : 11 000 $ par an et par habitant pour le pays le mieux placé des BRICS, la Russie, contre près de 35 000 pour la France et plus de 45 000 pour les Etats-Unis. Les géants démographiques que sont la Chine et l'Inde se retrouvent évidemment en fin de classement. 
L'IDH - indicateur de développement humain - signale plus nettement l'écart qui sépare les économies émergentes de celles des pays développés en terme de bien-être. Si l'on excepte le cas de la Russie, les BRICS se signalent par un IDH moyen voire faible, compris entre 0,52 pour le plus faible (l'Inde, au 119 ème reang mondial pour l'IDH) et 0, 69 pour le Brésil. La Russie occupe le 65 eme rang mondial, avec un IDH de 0,71: position qui traduit sa situation à cheval entre pays du Nord - auxquels elle appartient - et pays émergents - auxquels elle appartient aussi, par le biais des BRICS! 
La frontière entre pays du Nord et pays du Sud traverse donc les BRICS, situation qui leur confère peut-être une certaine légitimité pour revendiquer un nouvel ordre mondial plus favorable aux économies émergentes en particulier, et aux pays du Sud en général. 
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/les-bric-reclament-un-ordre-mondial-plus-juste_230469.html

Sources :
http://leblogalupus.com/2011/04/29/de-bric-et-de-broc-les-populations-du-brics-restent-encore-tres-pauvres/
http://hdrstats.undp.org/fr/indicateurs/49806.html