Pages

Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

lundi 29 août 2011

Nouvelle épreuve en Histoire-Géographie pour la série S


A compter de la session 2012, les élèves de première S passeront, en fin de première, une épreuve obligatoire en histoire-géographie. 

Cette épreuve écrite porte sur le programme de la classe de 1ère ( nouveau programme, défini en 2010, applicable à la rentrée 2011). Elle est d'une durée de 4 heures, coefficient 3.

D'après les instructions officielles (note de service n°2010-267 du 23/12/2010), voilà ce que l'on sait de cette future épreuve : 

Elle a pour objectifs d'évaluer l'aptitude du candidat à : 
- mobiliser des connaissances, au service d'une réflexion historique et géographique. Donc, des connaissances nécessaires ( comme toujours), mais pas pour être étalées à l'envi et sans raison. Elles doivent être au service de la réflexion : donc, ne jamais oublier que l'on dispose d'un cerveau, qu'il autorise la réflexion, et que celle-ci sera nourrie par les connaissances. 
- exploiter, hiérarchiser et mettre en relations des informations. Donc être capable de réfléchir ! 
- analyser et interpréter de manière critique des documents de sources ou de nature diverses. Ici encore, il s'agit de réfléchir : comprendre ce que dit un document, quelles informations il donne, pourquoi et pour qui il les donne, comment on peut expliquer ces informations, comment on peut les croiser avec d'autres. Sans changement, la palette des documents possibles est très vaste : documents écrits, iconographiques, chiffrés...
- comprendre, interpréter et pratiquer différents langages graphiques : il s'agit d'être capable de LIRE mais aussi de PRODUIRE des langages graphiques variés ( cartes, schémas, croquis, organigrammes...). Cette compréhension des langages graphiques est un bon indicateur de l'assimilation des connaissances, de leur appropriation ( et non de leur seule mémorisation). 
- Enfin, l'épreuve doit évaluer la maîtrise des capacités acquises tout au long de la scolarité secondaire. Autrement dit, le savoir et le savoir-faire surtout se construisent sur plusieurs années... Dès la seconde, des méthodes ont été vues qui seront utiles - et approfondies - en Première : lire un document, le présenter, en dégager l'idée majeure, savoir sélectionner dans ce document des informations pertinentes par rapport à une question posée, mais aussi être capable de présenter une réponse précise à une question de cours, et même être capable de développer une réponse organisée en plusieurs points...

Elle comprend deux parties : 
-une première partie, dans laquelle le candidat doit composer sur un sujet d'histoire ou de géographie (10 points)
- une seconde partie, dans laquelle deux exercices ( un en histoire, un en géographie) permettent d'évaluer les capacités d'analyse du candidat. Chacun des deux exercices compte pour 5 points. 

Le premier exercice proposé, une composition, ne présente pas de nouveauté majeure par rapport aux épreuves proposées traditionnellement. La composition est une composition d'histoire OU de géographie. Ce n'est pas le candidat qui décide. Ce sera Histoire OU Géographie. Dans les deux cas, deux sujets sont proposés au choix du candidat ( deux sujets d'histoire OU deux sujets de géographie), parmi lesquels il en choisira un. Donc, la nouvelle définition des épreuves confirme la nécessité d'accorder autant d'importance aux deux matières. Que ce soit histoire ou géographie, le candidat doit COMPOSER : proposer une réponse pertinente au sujet posé, comportant une introduction, un développement argumenté ( plusieurs paragraphes distincts), une conclusion. La formulation du sujet peut prendre des formes diverses : reprise partielle ou totale d'un intitulé de programme, question, affirmation, problématique explicite ou non.

Exemples de sujets proposés - à titre d'essai - par le ministère :
  • COMPOSITION de GEOGRAPHIE : La présence française dans le monde. Le sujet proposé reprend intégralement un intitulé du programme de géographie. 
  • COMPOSITION d' HISTOIRE : L'enracinement de la culture républicaine en France dans les années 1880-1890. Ici encore, le sujet proposé reprend intégralement un intitulé du programme d'histoire.

La seconde partie de l'épreuve est plus neuve. Comme elle comporte obligatoirement un exercice en histoire et un en géographie, l'une des deux matières ( celle qui sera tombée en première partie) pèsera lourd ( 15 points). Donc, on se répète : surtout ne pas négliger l'une ou l'autre des deux matières puisque l'on ne sait pas d'avance à laquelle sera choisie pour la composition. 
En Histoire, l'exercice proposé est un exercice d'analyse d'un ou de deux documents. Ce qui est nouveau, c'est que le ou les documents ne sont pas accompagnés de nombreuses questions guidant l'analyse mais d'une question d'ensemble qui doit permettre au candidat de montrer qu'il comprend le contenu de ces documents, est capable de d'en montrer l'apport ( dégager l'intérêt et les limites éventuelles du document par rapport à la question historique à laquelle il se rapporte), de les confronter. Pour y parvenir, le candidat doit avoir un bon niveau de connaissances pour pouvoir d'emblée comprendre à quel problème historique le document fait référence et quelles notions clés sont attendues. Il doit avoir aussi un bon niveau d'analyse - puisque le ( ou les ) document(s) proposé(s) n'aura pas forcément été déjà vu en cours - et être capable de dégager SEUL son sens général, les problèmes qu'il pose, sa portée...
Exemple de sujets proposés par le ministère : 
  • Analyse de documents en histoire : La France et la question algérienne

Montrez en quoi ces documents rendent compte de deux moments importants de la guerre d'Algérie et de l'évolution des positions du gouvernement français. Présentez leurs apports et leurs limites pour comprendre le déroulement de ce conflit. 
Deux documents sont proposés : un extrait du discours prononcé par Pierre Mendès-France, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères devant l'Assemblée nationale, le 12 novembre 1954/ La "une" du journal Le Figaro du 17 septembre 1959 qui titre " Les Algériens décideront de leur destin".
  • Analyse de document en Histoire : genèse d'un régime totalitaire
Après avoir situé le document dans son contexte, montrez en quoi le programme du NSDAP pose les premières bases du régime totalitaire nazi.
Le document proposé est un extrait du programme en 25 points du parti nazi, NSDAP.


En géographie, deux types d'exercices peuvent être proposés. Soit l'analyse d'un ou plusieurs documents selon les mêmes modalités qu'en histoire. Soit la réalisation d'un croquis (fonds de carte fourni) ou d'un schéma d'organisation spatiale d'un territoire en réponse à un sujet précis. Ici, ce qui est nouveau, c'est la réalisation du schéma.

 Exemple de sujets proposés par le ministère : 
Analyse de documents en géographie : les villes françaises
Analysez les documents pour dégager les caractères de l'armature urbaine du territoire de la France métropolitaines et les évolutions en cours. Montrez l'apport et les limites du document 2 dans la compréhension de ces évolutions.
Les deux documents proposés sont une carte des principales villes françaises et leur évolution et une affiche parue dans la revue TGV-Magazine se rapportant à la ville de Nîmes. 
Réalisation d'un croquis de géographie : 
Les inégalités socio-spatiales au sein de l'Union européenne
( un fonds de carte est fourni)

dimanche 28 août 2011

Pour une rentrée dans la bonne humeur


18 juillet, Mandela Day


  • Mandela Day : l'Afrique du Sud libre et multiraciale  honore son fondateur

L'Afrique du Sud célèbre le "Mandela Day"Le 18 juillet 2011, Mandela avait 93 ans. Cet anniversaire a été fêté par la nation sud-africaine toute entière. Dans toutes les écoles du pays, plus de 12 millions d'enfants ont chanté un "joyeux anniversaire" spécial, africanisé pour l'occasion. Radios et télévisions transmettaient la chanson, que tous les habitants du pays étaient invités à reprendre en coeur. 
L'événement a une dimension nationale : c'est la fondation Madiba ( surnom donné au président Nelson Mandela) qui a fait du 18 juillet une fête nationale. En 2009, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon a donné à cet événement une portée internationale, en souhaitant que tous répondent à l'appel lancé par l'ONU de consacrer 67 minutes de son temps - 67, pour les 67 années consacrées par Mandela à son combat politique pour une Afrique du sud multiraciale et tolérante - à aider ses semblables. "Chacun se souvient d'une figure inspiratrice qui a joué un rôle important dans sa vie (...) La meilleure manière de remercier Nelson Mandela pour son travail, c'est en agissant ensemble pour les autres et inspirer le changement" a-t-il déclaré. Dans le cadre d'opérations souvent parrainées par les médias ou les syndicats, de nombreux sud-africains ont ainsi été appelés à nettoyer ou repeindre écoles, hospices et orphelinats, à réparer des cabanes délabrées dans les bidonvilles, à distribuer des colis aux plus démunis... 

  • Le combat contre l'apartheid, le combat d'une vie
mandela youngNelson Rolihpahla Mandela, fils d'un chef de la tribu des Thembu, est né le 18 juillet 1918 dans l'ancien bantoustan du Transkei (province du Cap oriental). L'Afrique du sud est alors un dominion britannique, dans lequel les conflits sont encore vifs entre afrikaners ( descendants des colons hollandais ) et anglophones ( descendants des colons anglais). Une autre ligne de clivage oppose les blancs aux hommes de couleurs ( noirs, métis, indiens), qui sont victimes dès 1912 de lois organisant la ségrégation raciale. En particulier, le Native's Land Act (1913) limite les droits de propriété des Africains. Cette situation est dénoncée par une formation politique représentant la bourgeoisie noire, créée dès 1912, le SANNC qui deviendra l'ANC ( African National Congress). 
Diplômé en droit ( université de Johannesburg), Mandela crée avec Olivier Tambo le premier cabinet d'avocats noirs d'Afrique du Sud. Il s'engage par ailleurs en politique,  en rejoignant dès 1942 les rangs des militants de l'ANC, structure qu'il dote d'une nouvelle formation : la ligue de la jeunesse de l'ANC (Youth League). Les jeunes de l'ANC, Mandela et Tambo en tête, prennent rapidement la tête d'un mouvement jusqu'alors modéré. 
Signboard on a Durban beach - History of Apartheid in South Africa, South African Apartheid Laws


Le combat pour une Afrique libérée des lois ségrégatives va devenir un combat de tous les instants avec l'arrivée au pouvoir des afrikaners qui instaurent l'apartheid, un régime de ségrégation d'Etat (apartheid signifie en afrikaans "Vivre à part") : interdiction des mariages mixtes, instauration des bantoustans ( entités territoriales assignées aux populations noires), lieux publics distincts selon la race (toilettes, parcs...) etc. 

Pour en savoir plus sur l'apartheid : 

L'ANC lutte contre le régime sud-africain par les manifestations et la lutte politique. Il se dote en 1955 d'une charte de la liberté. 

Notre peuple a été privé, par une forme de gouvernement fondée sur lʼinjustice et lʼinégalité, de son droit naturel à la terre, à la liberté et à la paix ; Seul un État démocratique fondé sur la volonté de tous peut assurer à tous, sans distinction de race, de couleur, de sexe ou de croyance, les droits qui leur reviennent de par leur naissance ;  
Cʼest pourquoi nous, peuples de lʼAfrique du Sud, Blancs aussi bien que Noirs, réunis comme des égaux, des compatriotes et des frères, adoptons cette Charte de la liberté.
• Le gouvernement doit appartenir au peuple. Toute personne doit avoir le droit de voter et dʼêtre éligible à tout organe législatif.
• Tous les groupes nationaux doivent jouir de droits égaux. Tous les groupes nationaux comme toutes les races doivent être sur un pied dʼégalité, aussi bien dans les administrations de lʼÉtat que dans les tribunaux et les écoles. Le droit de parler leur langue maternelle et de développer leur culture et leurs coutumes traditionnelles doit être le même pour tous. Toutes lois et mesures dʼapartheid doivent être abrogées. (...)
Voir le texte dans son intégralité :
http://intranet.crdp-nantes.fr/cinema/upload/43001-j6XSiza3.pdf
Nelson Mandela, lui, est arrêté une première fois en 1952 ( condamné à 9 mois de prison pour non-respect des lois de l'apartheid et pour communisme). Il devient l'une des figures majeures de l'ANC ( l'un des quatre vice-présidents). En 1956, il est accusé de trahison, mais sera acquitté en 1961 à la suite d'un long procès. Le massacre de Sharpeville en 1960 (79 morts parmi les manifestants), l'interdiction de l'ANC, changent la donne : le mouvement anti-apartheid, jusqu'alors non-violent et inscrit sur le terrain politique se tourne vers la lutte armée. L'ANC et Mandela fondent une organisation paramilitaire, Umkhonto We Sizwe ("Lance de la Nation"). 
Il est à nouveau arrêté en 1962 et cette fois, son emprisonnement va durer puisqu'il ne sera libéré qu'en 1990 ! Condamné à 5 ans de prison en 1962 pour incitation à la grève et déplacement illégal ( Mandela s'était rendu à l'étranger), il est ensuite inculpé de sabotage, trahison et complot en 1963, et condamné à la prison à vie. Il va passer 17 ans à la prison de l'île de Robben ( au large du Cap), puis sera transféré à celle de Pollsmoor. En résidence surveillée à partir de 1988, il est libéré en février 1990.


  • Un artisan de la paix distingué par le prix Nobel en 1993
Son combat est consacré au plus haut niveau par le prix Nobel de la Paix, qui lui est décerné en 1993, conjointement avec Frederik De Klerk, le président sud-africain depuis 1989 qui avait fait le choix d'ouvrir les négociations avec l'ANC, de faire libérer Mandela et de mettre fin aux lois ségrégationnistes. 
Il faut souligner que l'organisation du Nobel avait précocement manifesté son soutien au combat anti-apartheid, en décernant dès 1960 le prix Nobel de la Paix au président de l'ANC (Albert Luthuli), puis en 1984 à Desmond Tutu, evêque anglican du Cap, apôtre pacifiste de la lutte contre l'apartheid. 
Les années 1990 sont celles de la consécration politique pour Mandela. Il est le chef d'une formation politique, l'ANC, qui, désormais autorisée, remporte largement les premières élections législatives organisées dans un cadre multiracial et pluraliste en avril 1994. En mai, il est élu par le Parlement président de la République sud-africaine. Il le restera jusqu'au terme de son mandat en 1999. 


  • Réconciliation: Mandela's Miracle, un documentaire/hommage (2011)
Après Invictus (2010), le film réalisé par Clint Eastwood, qui traite des premières années de la présidence Mandela, la réconciliation du peuple sud-africain a fait l'objet d'un documentaire, lui aussi réalisé par un américain, Michael Henry Wilson ( et produit par sa femme, Carole J.Wilson). En 2011, ce documentaire de 88 minutes, Reconciliation : Mandela's Miracle a été présenté au 4e Cape Wineslands Film Festival (festival du film des vignobles du Cap). 



Extraits d'une interview de la productrice, Carole J.Wilson ( Radio France International, 19 mars 2011, interview réalisée par Keoprasith Souvannavong) : 



RFI : Carole J. Wilson, l’idée d’un documentaire sur Nelson Mandela vous a été inspirée par le guide spirituel tibétain, le Dalaï Lama. Racontez-nous.
Carole J. Wilson :(...)  En août 1999, (...) Nous avons été reçus en audience privée par le Dalaï lama à qui nous avons présenté le film (In search of Kundun, film sur le drame tibétain). Nous avons parlé de l’esprit de réconciliation, un thème très cher au Dalaï Lama. Nous lui avions fait part de notre intention de tourner un documentaire sur ce sujet, avec des témoignages de lauréats du prix Nobel de la Paix. « Les premières personnes que vous devez rencontrer sont Nelson Mandela et l’archevêque Desmond Tutu », nous avait-il aussitôt suggéré. Et de préciser : « Rappelez-vous que tout a commencé là-bas, en Afrique du Sud, avec Gandhi ». Mais ensuite nous n’avions jamais pu mettre sur pied le projet... Jusqu’au jour où Michael Henry Wilson, ami de longue date de Clint Eastwood, a appris que le réalisateur américain voulait tourner le film Invictus*, sur Nelson Mandela. Nous avons exposé notre projet à Clint Eastwood. D’emblée, il a été d’accord pour s’exprimer dans notre film. Au printemps 2009, nous sommes allés en Afrique du Sud au moment où Clint Eastwood tournait Invictus. Nous avons ainsi pu nous entretenir avec l’ex-président sud-africain Frederik Willem de Klerk, Mgr Desmond Tutu, Zinzile [la fille de Nelson Mandela], mais pas avec Mandela en personne. Etant très âgé et pas vraiment en bonne santé, il s'était déjà retiré de la vie publique. En plus des diverses personnalités, nous avons également interviewé les victimes de l'Apartheid. Toutes ces personnes qui apparaissent dans le film nous ont livré leur vision sur ce qu'elles appelaient, et qu’elles appellent encore « le miracle de Mandela » , à savoir le passage d’un régime d’Apartheid à l’instauration d’une démocratie. (...) 


RFI : Votre film traite du processus de réconciliation tout en soulignant le pouvoir du dialogue entre les hommes clés de l'époque et le pouvoir du pardon. Expliquez-nous.
C.J.W. : Tout à fait. La réconciliation se déroule en plusieurs étapes. Elle requiert la tolérance mutuelle, la reconnaissance des droits fondamentaux, comme le droit de vote pour les Noirs ou la mise en place d'une société non basée sur des principes raciaux. Quant au pardon, il relève de la compassion, de ce que l'être humain a de plus profond en lui. (...) Beaucoup de gens que nous avons interviewés en Afrique du Sud nous ont dit que « la réconciliation doit absolument se faire, mais le pardon, lui, relève d'une démarche personnelle, il ne peut pas être dicté par un Etat ». (...) 
RFI : « L’oppresseur devient un partenaire ». Cette phrase forte est aussi le titre d'un des chapitres de votre film...
C.J.W. : Oui. L’oppresseur est lui-même oppressé. L’oppresseur est habité par la peur, la haine. L’ancien président sud-africain Frederik Willem de Klerk a eu une vision fort intéressante. Son père avait fondé le Parti nationaliste. Il a baigné dans l’Apartheid. En décidant de démanteler le système, Frederik de Willem de Klerk avait compris, comme il le déclarait lui-même, que « personne ne peut quitter la table des négociations avec au final un vainqueur et un vaincu. Ce doit être du gagnant-gagnant ». Et comme l'a très bien rappelé dans le film l'ancienne maire du Cap-Occidental, Helen Zille, « Mandela a dû faire la paix avant que son camp ne remporte la victoire, et de Klerk avant que les siens ne la perdent ».



RFI : Où en est la réconciliation en Afrique du Sud aujourd’hui ?
C.J.W. : La promesse d’une nouvelle Afrique du Sud n’a été tenue que partiellement vingt ans après les faits. Nous en sommes conscients. Mais dans le même temps, il n’y avait pas de bases économiques solides pour assurer une réelle transition. La pauvreté reste un énorme problème. La réconciliation économique n’est toujours pas au rendez-vous. Il y a une classe moyenne au sein de la population noire d’Afrique du Sud, certes, mais force est de constater que les Noirs forment toujours la majorité des pauvres. Il reste encore beaucoup de progrès à faire en ce sens, mais ce progrès ne peut pas s’accomplir sans la solidarité entre les gens.
Sources : 
http://www.walf.sn/international/suite.php?rub=6&id_art=73859
Site RFI : http://www.rfi.fr/mfi/20110323-mandela-le-miracle-reconciliation-afrique-sud ( article signé Keoprasith Souvannavong, 19 mars 2011)
http://www.afrique-express.com/afrique/afrique-du-sud/mandela-biographie.html
Site jeune Afrique
http://www.nobel-paix.ch/paix_p1/apartheid.htm
http://www.hartpon.info/ht/?p=58
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/chronologie-de-l-afrique-du-sud-1652-2010_494016.html

vendredi 26 août 2011

La tombe de Rudolph Hess ne sera plus un lieu de culte pour les nazis

Au mois de juillet 2011, dans un charmant petit village bavarois, sur décision paroissiale longuement mûrie, la dépouille de Rudolph Hess a été exhumée puis incinérée. Ses cendres ont été dispersées dans la mer. Il ne reste donc plus rien de Rudolph Hess, plus de pierre tombale qui puisse attirer les fidèles nazis - vieillards nostalgiques de la belle époque, jeunes nazillons convaincus des mérites d'un régime qu'ils n'ont pas connu...

  • Qui était Rudolph Hess? 
Who was Rudolph Hess? Born into a prosperous family of traders in 1894 Rudolf Hess first met Hitler in 1920, and became a devoted Nazi rapidly rising up the party hierarchy. But his career was cut short when he made a dramatic solo flight to the UK on the eve of Germany's invasion of the Soviet Union in 1941.Whether Hitler sanctioned the flight or it was on Hess's own initiative remains disputed but it appears Hess wanted to try and negotiate some form of peace settlement with Britain. To his bitter surprise his offer was rejected and he spent the rest of the war as a POW.But his time in the UK probably saved him from the gallows as he escaped charges of war crimes and crimes against humanity at the Nuremberg trials in 1946. Found guilty of crimes against peace he was sentenced to life in prison.On August 17 1987 Hess was found dead in his cell in Spandau prison. A coroner's report concluded he had committed suicide by strangulation, although his lawyer always maintained he had been murdered by the British, fearful that, if released, Hess might divulge secrets about his wartime flight.end
 http://www.telegraph.co.uk/news/8652573/Who-was-Rudolf-Hess.html
De ce qui précède, vous aurez compris que Rudolph Hess était une figure entourée de mystère. L'un des plus anciens partisans d'Hitler, ayant participé à l'événement fondateur qu'a été le putch de la brasserie de 1923, il a été enfermé avec lui à la prison de Landsberg et lui a servi de secrétaire pour la rédaction de Mein Kampf ; mais il est aussi celui qui a vainement tenté la négociation avec la Grande-Bretagne dès 1941; il est ainsi en 1945 un criminel de guerre (prisonnier depuis 1941 des Alliés) contre lequel n'ont pu être retenues les charges les plus graves lors du procès de Nuremberg ( crime de guerre et surtout crime contre l'humanité), et qui a donc été condamné à la prison à perpétuité; mais qui, en 1987, âgé de 93 ans, aurait fait, dans la prison de Spandau (Berlin-ouest) le choix du suicide... 
Who was Rudolf Hess?
Hitler et son fidèle Rudolph Hess
En 1987, lorsqu'il se suicide, le prisonnier Rudolph Hess est le dernier prisonnier nazi encore détenu à la prison de Spandau. Les six autres condamnés à Nuremberg à une peine de prison (Von Neurath, Raeder, Dönitz, Funk, Von Schirach, et Speer) ont été libérés dans les années cinquante et soixante. Sa longue incarcération - il était condamné à perpétuité - , sa longévité, son suicide (autour duquel plane la rumeur d'un assassinat commandité par la CIA), en font un symbole. De plus, Hess occupait une position élevée dans la hiérarchie nazie : ami intime d'Hitler, il avait été désigné comme son représentant  en avril 1933 et promu ministre sans portefeuille du Reich en décembre de la même année. Dans l'ordre de succession du Führer, il occupait la seconde place derrière Göring. 
  • Effacer les traces des criminels nazis
la prison de Spandau en 1951
Près de 40 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, après le décès de Hess, les autorités alliées en charge de l'administration de Berlin ont jugé préférable de ne pas permettre que la prison de Spandau devienne un lieu de recueillement pour les nostalgiques du Troisième Reich. La prison a donc été rasée, et, à sa place, a été construit un bâtiment commercial. Les matériaux qui avaient servi à la construction de la prison ne furent pas réutilisés mais dispersés dans la mer du Nord.
Effacer les lieux est plus facile qu'effacer les hommes. En 1987, La volonté exprimée par Rudolph Hess d'être enterré dans le cimetière protestant de Wunsiedel ( Bavière), où ses parents avaient possédé une résidence, avait été respectée. Depuis, sa tombe était devenue le plus important lieu de pèlerinage néo-nazi allemand. Chaque année, des militants nostalgiques se retrouvaient à la date de son décès ( 17 août ) autour de la tombe porteuse d'une inscription propre à enflammer les esprits : "Ich habe gemagt" (J'ai osé). C'est à ce culte, que de nombreux règlements municipaux n'étaient pas parvenus à enrayer ( 5 000 personnes présentes encore en 2005), que l'exhumation et l'incinération de la dépouille de Hess mettent fin. Précisons que la mesure a reçu l'approbation des héritiers de Rudolph Hess, qui, après avoir demandé le renouvellement de la concession pour 20 ans ( elle arrivait à échéance en octobre 2011), se sont rangés à l'avis négatif des autorités religieuses locales. 
  • Nostalgie et enjeu de mémoire
L'exhumation de la dépouille de Rudolph Hess a été effectuée en catimini et peu de journaux ont relayé l'information (presse régionale bavaroise, nationale allemande, Les dernières nouvelles d'Alsace...). Une exhumation "à la lueur d'un petit projecteur (...), à l'abri du public, et sans que les médias en soient informés" (Dernières nouvelles d'Alsace, 22/07/2011). Un tel silence s'explique par la volonté de ne pas favoriser la résurgence d'une mémoire clandestine, celle du nazisme. En Allemagne, le salut hitlérien est  interdit. Et si les historiens allemands font la lumière sur le passé nazi, considérant le point de vue des victimes, la nostalgie d'un "bon vieux temps" subsiste. En Allemagne, mais aussi en France... comme en témoigne le fait que l'un des rares sites à avoir relayé l'information relative à l'exhumation de Rudolph Hess soit le blog d'une formation d'extrême-droite : la Nouvelle Droite Populaire/Alsace. 
Le traitement de l'information par ce site est extrêmement révélateur des enjeux de mémoire qui s'y attachent. En premier lieu, il est l'un des rares ( je n'ai pas poussé la recherche au-delà des 10 premières pages de réponse affichées sur Google ) à proposer la photo de la tombe de Hess - telle qu'elle existait avant l'exhumation. En second lieu, cette exhumation est considérée comme " une profanation" ( l'article précédent proposé par ce blog traite de profanations de cimetières chrétiens dans une tentative d'amalgame).


(...)
A 04h00 du matin, le 20 juillet, dans un style "commando" similaire à celui des forces américaines contre Ben Laden, les forces de l'ordre sont entrées dans le cimetière de Wunsiedel en Allemagne.
Leur but : détruire la tombe de Rudolf Hess, exhumer ces restes, les brûlés (sic)  et diffuser ces cendres en mer pour que celui-ci disparaisse à jamais.
C'est pour mettre fin aux commémorations annuelles de sa disparition suspecte, le 17 aout 1987, que la paroisse protestante de Wunsiedel a décidé de ne pas renouveler la concession familiale où reposait Rudolf Hess. Les autorités ont enlevé la tombe de celui-ci afin d’effacer toutes les traces qui pourraient donner lieu à quelconques pèlerinages. Souvenez-vous que, juste après la mort de Rudolf Hess, la prison de Spandau, près de Berlin, où il avait passé 46 années de captivité, avait été détruite pour les mêmes raisons…
Rudolf Hess avait rejoint l’Angleterre en avion, en 1941, afin de proposer une cessation des hostilités entre les puissances de l’Axe et les alliés. Ceci était son seul « crime ». Il n'a pas été condamné à Nuremberg pour des "crimes contre l'humanité", comme la plupart des autres accusés, mais paradoxalement condamné à la prison à vie pour des "crimes contre la paix" !  Ce qui nous montre que le tribunal de Nuremberg n'était qu'une vaste mascarade juste destinée à satisfaire les humeurs vengeresses des vainqueurs.
L'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. N'oublions pas que la dépouille de l'un des plus grands hommes que l’Angleterre ait connue, Oliver Cromwell, fut, à l'époque, exhumée de sa propre tombe et pendue à Tyburn.
La profanation de la tombe de Rudolf Hess n'est ni le premier, ni le dernier, de ces actes mesquins ayant pour seul but d’éradiquer nos mémoires et notre histoire.
Mais qu’il s’agisse de Jeanne d'Arc, de William Wallace, de Robert Brasillach ou des autres martyrs de notre cause, ils peuvent les souiller, les pendre, les brûler, les réduire en poussières et les disperser dans le vent ou la mer, dans nos esprits et dans nos cœurs, ils marcheront toujours dans nos rangs…
( extrait du message consacré à l'exhumation sur le blog de la Nouvelle Droite Populaire)



Tout est dit. D'abord, l'exhumation est présentée comme une opération violente (commando, les forces sont entrées, détruire, brûler, diffuser...), irrespectueuse des individus - silence sur l'accord familial à cette mesure -, qui ont tous droit au repos... Ensuite, la réhabilitation de l'individu sur fond de demi-vérité : Hess a été paradoxalement condamné pour crimes contre la paix. Ce qui est vrai, si l'on enlève le terme paradoxalement. Du point de vue des auteurs de ce blog, c'est mettre l'accent sur ses tentatives de négociations, lesquelles auraient été passées par pertes et profit au procès de Nuremberg. C'est donc en somme un artisan de la paix qui aurait été condamné ! C'est là une lecture tronquée des chefs d'accusation qui est proposée. En effet, les chefs de crimes de guerre et crimes contre l'humanité n'ont pu être retenus contre Rudolph Hess puisque dès 1941, il est prisonnier aux mains des Alliés. Etre condamné pour crimes contre la paix recouvre "la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d'une guerre d'agression ou d'une guerre de violation des traités, assurances ou accords internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l'accomplissement de l'un quelconque des actes qui précèdent". Membre du conseil de défense du Reich, bras droit d'Hitler, Hess a de toute évidence participé à la préparation de la Seconde Guerre mondiale.  
De la réhabilitation de Rudolph Hess au mépris pour le procès de Nuremberg, il n'y a qu'un pas, que l'article s'empresse de franchir : Nuremberg a été une "mascarade destinée à satisfaire les humeurs vengeresses des vainqueurs". Exit l'esprit éventuel de justice qui aurait animé les artisans de ce procès d'un genre nouveau ! Exit surtout l'idée d'une responsabilité de l'Allemagne et surtout du régime nazi dans les crimes perpétrés.
Dernier temps : la réécriture de l'histoire, légitime puisque l'histoire officielle " est écrite par les vainqueurs". Pour autant, l'article ne développe pas. Pas de révisionnisme affiché, une prise de risque nulle donc, du fait des risques encourus mais aussi pour laisser le lecteur sous l'emprise de formules fortes - et non argumentées...
L'énumération finale mérite que l'on s'y arrête. D'une part, parce qu'elle met sur un pied d'égalité des héros officiels de la mémoire nationale (Jeanne d'Arc) et des collaborateurs condamnés comme tels dans le cadre de l'épuration (Robert Brasillach). Surtout parce qu'elle procède à un renversement des rôles saisissant : ce sont les autres ("ils"?) - c'est à dire ceux qui ne sont pas nostalgiques du passé nazi - qui sont les auteurs des crimes ("souiller, pendre, brûler"...). 
Reste une mémoire nazie condamnée à la clandestinité - "éradiquer nos mémoires et notre histoire" - mais qui tend à afficher sa vigueur. 
Outre la photographie de la tombe de Rudolph Hess, le propos est illustré par une vidéo, postée sur youtube par un mystérieux HerrRadieu ( dont la plupart des vidéos postées, aux titres évocateurs "Germania", Souvenirs effacés", "LVF"...) ne sont pas disponibles en France, et intitulée : "Rudolph Hess, dernier adieu". Un hymne au grand homme est proposé, sur fond de photographies bon enfant ( Hess souriant, avec des enfants...) et de musique sirupeuse. A la date d'aujourd'hui, 1370 internautes " aiment" dont un qui affirme : "ils peuvent détruire un corps, une sépulture... Mais l'idéal qui l'animait reste bien vivant! Souvenons nous de lui!"


http://www.youtube.com/watch?v=_YCQ3LAloE0&feature=player_embedded

Sources :
Photos : http://law2.umkc.edu/faculty/projects/ftrials/nuremberg/nuremberghess.html
Rfi
http://www.telegraph.co.uk/news/8652573/Who-was-Rudolf-Hess.html
http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/nuremberg.htm
http://www.dna.fr/fr/infos-generales/monde/info/5451522-Allemagne-La-tombe-du-nazi-Rudolf-Hess-detruite-Une-depouille-embarrassante
http://ndp-alsace.hautetfort.com/archive/2011/07/22/profanation-politiquement-correct-du-cimetiere-de-wunsiedel.html

mercredi 24 août 2011

Le classement des universités, miroir de la suprématie américaine

Le classement 2011 des universités, proposé depuis 2003 par l'Academic Ranking of World Universities - plus connu sous le nom de classement de Shangaï ( parce qu'il est établi par des chercheurs de l'université Jiao-Tong de Shangaï) -, est sorti. Peu de surprise : cette année encore, les universités américaines tiennent le haut du pavé. 

  • Les universités américaines, symbole de la puissance d'attraction des Etats-Unis
Université de Harvard
17 des vingt premières universités mondiales sont en effet américaines, 8 parmi le Top ten. La n°1 mondiale demeure Harvard. Le classement des universités reflète par ailleurs la géographie de la puissance américaine : parmi les universités distinguées se trouvent celles de la côte nord-est, communément appelées universités de la Ivy League ( référence au lierre qui recouvre les façades des vieilles bâtisses du 18e ou du 19e siècles) : Harvard, Princeton, Yale... mais aussi celles qui illustrent l'affirmation de la côte ouest, et particulièrement de la Californie : Stanford, Berkeley...
La suprématie universitaire américaine, attestée par un classement qui fait la part belle à la recherche par rapport à l'enseignement, et aux sciences dures par rapport aux sciences humaines, explique l'hégémonie américaine dans le domaine de la recherche, dont la carte des prix nobels est un bon indicateur : 


voir à ce sujet l'article consacré au classement des prix nobels par Mr Legros : 
http://monsieurlegros.wordpress.com/2009/10/12/prix-nobel-mondialisation-et-domination-des-pays-des-pays-du-nord/

La réussite américaine dans le domaine de la recherche s'explique largement par la puissance d'attraction des universités américaines, qui drainent les meilleurs chercheurs mondiaux dans le cadre de ce que l'on appelle le brain drain

Comme le montre cette carte, le territoire américain attire des chercheurs ( 3 millions) en provenance de tous les continents. Trois aires émettrices sont remarquables : l'aire de puissance de l'Asie orientale (Chine, Japon, Corée du sud, Taïwan...) à laquelle on peut associer ici l'Inde ; l'aire européenne (pays de l'aire de puissance de l'Europe du Nord-ouest mais aussi de l'Europe orientale en transition économique) ; enfin, le continent américain. 
  • Le classement des universités : un indicateur des inégalités Nord/Sud
Le classement de Shangaï, très attendu par le monde universitaire, est aussi très critiqué. On lui reproche particulièrement de valoriser, dans les indicateurs de sélection, la recherche et non l'enseignement - ce qui favorise les universités anglo-saxonnes -, mais aussi de privilégier les établissements de grande taille, ce qui grève les chances des universités des pays peu peuplés et/ou peu attractifs, ainsi que ceux de vieille tradition universitaire (donc beaucoup d'établissements de petite taille). 
Reste que ce classement conforte le résultat proposé par tous les classements établis ( par exemple celui du Times, qui a longtemps fait référence) : celui d'une suprématie, a priori  inébranlable, des pays du Nord. Le classement des universités peut ainsi être considéré comme le miroir de la place inégale occupée par les états dans l'économie mondiale. 
Pas un seul pays du Sud ( au sens économique du terme) ne prend en effet place parmi les 100 premières places du classement. Parmi elles, 53 sont occupées par les Etats-Unis, 10 par la Grande-Bretagne ( avec Oxford, Cambridge). Si l'on y ajoute 4 universités canadiennes, le monde anglo-saxon détient plus des 2/3 des 100 meilleures universités! En dehors de la Grande-Bretagne, le Vieux continent fait figure de parent pauvre. En outre, seuls les pays d'Europe du nord-ouest sont représentés : France (trois établissements dans le top 100), Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Danemark, pays de la péninsule scandinave (Norvège, Suède, Finlande), Suisse. Cet ensemble rassemble 22 universités classées parmi les 100 premières. Enfin, figurent de manière marginale dans le top 100, les universités de quatre pays : Russie ( Moscou, 1ère à l'échelle nationale, est seulement 77ème mondiale), Australie, Japon, et enfin Israël.
Il faut considérer la suite du classement ( universités classées parmi les 300 premières) pour voir arriver les représentantes des dragons d'Asie du sud-est (Corée du Sud, Taïwan, Singapour) désormais classés au Nord, ou celles des pays de l'Europe centrale ou méditerranéenne (république tchèque, Grèce). Apparaissent aussi, en nombre restreint , celles de pays émergents - comme le Brésil ou la Chine -, et celles de pays rentiers du pétrole (Arabie Saoudite). 
La géographie des universités les mieux cotées reflète donc bien une hiérarchie des puissances fondée sur les disparités : disparité Nord/Sud, mais aussi disparité au sein du Nord ainsi qu'au sein du Sud. 






Une information similaire, mais plus nuancée, est délivrée par cette carte de l'enseignement supérieur, qui, en plus des universités, représente la force d'attraction des états tant par le nombre d'étudiants étrangers que par l'offre de formation dans le supérieur ( taux de scolarisation dans le supérieur). Sans surprise, les pays qui accueillent des étudiants étrangers sont les pays riches du Nord : Etats-Unis, Canada, pays de l'Europe du Nord-Ouest, Japon, Australie et Russie. A leurs côtés, on note la présence de nombreux étudiants étrangers dans les pays du Moyen-orient. Les inégalités en matière de formation, liées aux inégalités de développement, sont mises en évidence par le taux de scolarisation dans le supérieur : il est inférieur à 30% dans certains pays latino-américains et non des moindres comme le Brésil ou le Mexique, dans la presque totalité des pays africains, dans de nombreux pays asiatiques... Il est toujours supérieur à 30% dans les pays du Nord, à l'exception de l'Albanie ( à noter que certaines cartes isolent justement les pays de la péninsule balkanique et les intègrent au Sud...). 

Sources : 
Site Radio France International (Rfi) : Article du 15 août 2011. http://www.rfi.fr/science/20110815-le-classement-universites-le-monde-cuvee-2011-shanghaï-harvard-paris11
http://www.shanghairanking.com/ARWU2011.html
Blog d'un collègue, M.Legros : http://monsieurlegros.wordpress.com/2009/10/12/prix-nobel-mondialisation-et-domination-des-pays-des-pays-du-nord/
L'espace mondial, manuel Nathan Tles L/ES/S, 2008, p. 89.