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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

dimanche 19 juin 2011

Yvette Lundy, Mlle Lundi : Quand la fiction rencontre l'histoire

  • Mlle Lundy/Mlle Lundi

Le film Liberté de Tony Gatlif ( sorti dans les salles en février 2010) évoque l'histoire oubliée des Tsiganes pendant la seconde guerre mondiale. Il met en scène des personnages de fiction, pour certains inspirés de personnages réels. Le personnage féminin, institutrice et secrétaire de mairie,  joué au cinéma par Marie-Josée Croze, est inspiré d'une figure féminine de la résistance marnaise, Yvette Lundy ( dont le nom de famille, à peine modifié, à été conservé dans le film). 
C'est par l'intermédiaire de Delphine Mantoulet, producteur exécutif et compositeur, dont la famille est originaire de Gionges, village marnais où Yvette Lundy était institutrice pendant la 2e guerre mondiale, que le réalisateur Tony Gatlif et l'actrice Marie-Josée Croze ont rencontré Yvette Lundy et ont été fortement impressionnés par sa personnalité. L'histoire relatée dans le film Liberté n'est pas directement celle d'Yvette Lundy qui n'a pas eu l'occasion de protéger, cacher, accueillir des tsiganes chez elle pendant la 2e guerre mondiale – « Le film parle de choses semblables à ce que j'ai vécu, mais ce n'est pas mon histoire »  –  , mais son action résistante a inspiré le personnage de l'institutrice au point de lui donner le nom de « Mademoiselle Lundi ».
  • Une résistance ordinaire : le soutien aux soldats, aux résistants, aux persécutés

Yvette Lundy devant le Mémorial aux martyrs de la
Résistance de Reims, 2005.

Yvette Lundy est désormais une vieille femme qui témoigne. Sur l'engagement résistant qui a été le sien pendant la Seconde Guerre mondiale, sur la déportation - au camp de Ravensbrück - qui en a été le prolongement. 

"Nous habitions au Nord de Reims, pas très loin du camp de Bazancourt où étaient enfermés plus de 3000 soldats français prisonniers, gardés par les Allemands. Certains sont parvenus à s'enfuir et nous en avons recueilli. Il fallait les habiller en civil, les nourrir, leur changer l'identité. Comme j'étais institutrice et secrétaire de mairie, je pouvais faire des fausses cartes. Les cartes d'identité étaient nécessaires pour pouvoir obtenir les cartes d'alimentation à cause du rationnement. Mes frères avaient de la place chez eux et pouvaient héverger plusieurs personnes, moi je ne pouvais en héberger qu'une seule à la fois. J'ai aussi fait des fausses cartes d'identité pour des familles juives, pour des gens qui refusaient de faire le S.T.O. et qui se cachaient . D'autres personnes ont hébergé des aviateurs anglais et américains dont les avions avaient été descendus par la D.C.A et qu'il fallait cacher pour les faire repartir en Angleterre."
( extrait d'un témoignage auprès d'élèves, 2007)

  • Yvette Lundy, une figure de la résistance marnaise
Yvette Lundy avant son arrestation par la Gestapo
Yvette Lundy est née le 22 avril 1916 à Oger dans la Marne. 
En 1938, elle est nommée institutrice à Gionges, où elle fait office de secrétaire de mairie.
 En mai 1940, lors de l'exode, elle quitte le département pour y revenir en juillet 1940. Sous l'Occupation, elle fournit des papiers d’identité et des cartes d’alimentation en particulier à des prisonniers évadés du camp de Bazancourt pris en charge par son frère Georges Lundy, ainsi qu'à une famille juive de Paris.
Elle assure l’hébergement de réfractaires du STO, de résistants traqués et d'équipages alliés pris en charge par le réseau d'évasion Possum.
Arrêtée le 19 juin 1944 à Gionges, elle fait croire lors des interrogatoires qu’elle est fille unique pour protéger ses frères et sœur, également engagés dans la résistance.
Elle est incarcérée à la prison de Châlons-sur-Marne,  puis transférée au camp de Romainville.
 Le 18 juillet 1944, elle est déportée comme résistante à Sarrebruck Neue Bremm, puis à Ravensbrück ( matricule 47 360 ).
Le 16 novembre 1944, elle est transférée à Buchenwald ( matricule 15 208 ) et affectée au kommando deSchlieben où elle est libérée le 21 avril 1945.


Sources : 
http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_deportation/temoins51/lundy.htm#000066
http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.248.#LUNDY

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