Pages

Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

dimanche 20 février 2011

Lever le silence sur un sujet longtemps tabou : le commerce des esclaves



  • Breaking the Silence : un programme de l'UNESCO

Depuis sa création en 1946, l’UNESCO est l’organisation des Nations Unies responsable de la lutte contre l’ignorance et de la promotion de la compréhension mutuelle entre les peuples. 
Convaincue que l’occultation d’événements historiques majeurs constitue en soi un obstacle à cette compréhension mutuelle, à la réconciliation et à la coopération entre les peuples, l’UNESCO a lancé en 1994 le projet La Route de l’esclave, pour briser le silence sur la traite négrière et l’esclavage. Une tragédie qui a impliqué tous les continents et provoqué d’énormes bouleversements qui affectent encore les sociétés modernes. Le projet de l'UNESCO vise à encourager la production de la connaissance scientifique sur le sujet et sa vulgarisation auprès des populations, de manière à favoriser le dialogue entre les cultures et la paix. En 2010, il a débouché sur la création d'un DVD (en anglais, français, espagnol) qui propose une "vision globale" du phénomène et propose une somme des connaissances scientifiques sur la question. 

Le projet "Breaking the Silence : Transatlantic Slave Trade (TST)", lancé lui aussi dans les années 1990, est directement destiné au milieu scolaire. Il relie des écoles des trois régions impliquées dans le commerce transatlantique des esclaves : Afrique, les Amériques, et l'Europe. L'objectif du projet est d'accroître la conscience et la vigilance autour du phénomène esclavagiste - dans sa dimension passée et présente. 
Initialement financé par la Norvège, le projet a facilité les échanges entre professeurs, étudiants, et permis la création d'un matériel éducatif tenant compte de l'implication spécifique de chaque région
Participants : 
Afrique : Angola, Bénin, Gambie, Ghana, Mozambique, Nigéria, Sénégal
Amérique Latine et Caraïbes : les Barbades, Brésil, Cuba, république dominicaine, HaÏti, la Jamaïque
Amérique du Nord : Etats-Unis
Europe : Danemark, Pays-Bas, France, Royaume-Uni, Portugal, Espagne, Norvège. 
  • La traité négrière et l'esclavage : une tragédie unique dans l'histoire de l'humanité
Le commerce transatlantique est désormais considéré comme un crime contre l'humanité, y compris par les pays qui y participèrent activement. La dénomination de "crime contre l'humanité" a ainsi été employée par le gouvernement français en février 1999, et cette position a été adoptée par l'Unesco. commerce esclavagiste transatlantique est unique dans l'histoire de l'humanité pour trois raisons majeures : sa durée (environ 4 siècles), ses victimes (des hommes, femmes et enfants africains), la légitimation intellectuelle dont il a été l'objet de la part de ses acteurs (développement d'une idéologie raciste). 
Les routes majeures de l'esclavage depuis l'Afrique vers le Vieux Monde et les Nouveaux Mondes
Le commerce transatlantique des esclaves peut être considéré comme une première expérience de mondialisation. Représentant la plus grande entreprise de déportation de l'histoire (environ 17 millions de déportés), ce commerce a eu un impact déterminant sur l'économie mondiale du 18e siècle en connectant l'économie de trois continents, en autorisant l'essor du Vieux Monde, et en jouant un rôle essentiel au développement économique des Amériques.  


Peinture de Alphonse Lévy (1843-1918),
Convoi de femmes captives, date inconnue
Conservé au musée des Arts africains et océaniens


 En Europe, le commerce des esclaves africains concerne d'abord les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, puis les Français. Il atteint des proportions inconnues auparavant avec les Anglais, qui fondent une compagnie royale (1672, Royal Africa Company).


Le commerce implique la capture des esclaves, leur regroupement, puis leur déportation à travers l'Atlantique ( "the middle passage"). Les conditions de voyage sont effroyables et occasionnent la mort d'environ un million d'esclaves. 


vente d'esclaves, St Helena, 1829



A l'arrivée dans le Nouveau Monde - Caraïbes, Amérique latine, colonies anglaises de l'Amérique du Nord - , les esclaves sont l'objet d'une vente particulièrement lucrative.

Comme en témoigne l'affiche ci-contre, l'esclave est une marchandise comme une autre. La même affiche annonce la vente de trois esclaves dont les caractéristiques de sexe, d'âge et de corpulence sont précisées, mais aussi de riz, de livres...etc



Propriété de celui qui le possède, l'esclave est l'objet de sanctions en cas de désobéissance au maître, comme à ses représentants. Ainsi de cette femme, condamnée à une peine de 200 coups de fouets pour avoir refusé d'avoir des relations sexuelles avec un contremaître (Surinam, 1774)


Sources : 
Site internet : http://old.antislavery.org/breakingthesilence
Site de l'UNESCO : www.unesco.org

Surtout, un site qui propose une collection (1200 images ) exceptionnelle de documents relatifs à l'histoire de la traité négrière et de l'esclavage : www.slaveryimages.org, site sponsorisé par la Virginia Foundation for the Humanities and the University of the Virginia Library. Raccourci : http://hitchcock.itc.virginia.edu/slavery/index.php. Cet article utilise les images référencées C O18 (peinture d'Alphonse Lévy), NW 0204 (Flagellation of a Female Slave), H OO3 (vente d'esclaves à St Helena)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire