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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

mardi 17 mai 2011

Libération vécue, libération rêvée (1)

Libération, affiche de Phili (Philippe Grach), fin août 1944

Libération (affiche de Phili)

La Libération est une période, un temps de transition entre le  régime de Vichy et la libération totale du territoire de l'occupation étrangère. Soit, une période qui s'étend de la fin août 1944 - libération de Paris - à la fin du printemps 1945 : capitulation de l'Allemagne (8 mai 1945), libération des dernières poches de résistance allemande sur le territoire français (Lorient, St Nazaire, Dunkerque, 8/9 mai 1945).

La Libération est aussi un temps fort de la construction d'une mémoire nationale. Pour les Français qui ont vécu sous l'occupation allemande et sous la tutelle d'un régime collaborateur, il faut désormais penser la sortie de guerre. 

Cette affiche, éditée par le secrétariat à l'information du GPRF (Gouvernement Provisoire de la République française ) à la fin août 1944 propose une vision de la Libération : la Libération comme renaissance, comme redressement. 
Marianne - l'allégorie de la République -, drapée dans les couleurs nationales, soulève la dalle du tombeau dans lequel elle était enfermée depuis quatre ans, et libère ainsi le peuple opprimé. Ses bras, comme ceux des individus libérés (dont certains portent encore des chaînes brisées à leurs poignets ), dessinent le V de la Victoire. Le soleil inonde la scène. L'accent est ainsi mis sur le rôle de la France dans sa libération - et non sur celui des Alliés -, et donc sur l'espoir qu'a représenté la perspective de la Libération ( la référence au seul combat mené par la Français pour la libération de leur territoire  s'explique, en août 1944, par  l'incertitude qui entoure les projets des Alliés. Les américains n'ont alors pas encore abandonné l'idée d'une occupation militaire du territoire français - AMGOT- après sa libération). L'affiche porte ainsi témoignage du combat résistant - sous-entendu - et de la souffrance qui a été celle de la communauté nationale (corps décharnés). 
Libération, Paul Colin, 17 août 1944

" La Marianne aux stigmates" (Paul Colin)

L'affiche de Phili propose un message bien différent de celui véhiculé par une affiche légèrement antérieure, celle de Paul Colin, datée du 17 août 1944.  A la mi-août 1944, Paris n'est pas encore libéré et, si la résistance intérieure a témoigné de son engagement, sa capacité à jouer un rôle majeur dans la libération du territoire n'est pas encore démontrée.   
L'allégorie de la République proposée par Paul Colin porte les symboles de la République : bonnet phrygien, couleurs nationales. 
Mais elle occupe seule l'espace de l'affiche, semble porter un suaire ( la France en ruines), porte aux mains les stigmates de la crucifixion. 
Elle est certes debout, mais en souffrance, et le regard tourné vers les libérateurs qui viennent de l'extérieur ( deux débarquements ont alors eu lieu : Overlord en Normandie, le 6 juin 1944 ; Dragoon en Provence, à partir du 15 août 1944).
Les auteurs : 
Philippe Grach est graphiste sous Vichy (principal graphiste de la propagande familiale sous Vichy). Il signe d'abord de son nom, Grach, puis de plus en plus souvent, Phili. A la Libération, il continue à exercer son office pour le compte du GPRF.
Paul Colin, affichiste et décorateur célèbre ( il est l'auteur d'une affiche pour la Revue nègre en 1925 qui contribua à lancer Joséphine Baker), a refusé de mettre son talent au service du régime de Vichy. En 1944, il peint la "Marianne aux stigmates", affiche datée du 17 août 1944.




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