Pages

dimanche 28 août 2011

18 juillet, Mandela Day


  • Mandela Day : l'Afrique du Sud libre et multiraciale  honore son fondateur

L'Afrique du Sud célèbre le "Mandela Day"Le 18 juillet 2011, Mandela avait 93 ans. Cet anniversaire a été fêté par la nation sud-africaine toute entière. Dans toutes les écoles du pays, plus de 12 millions d'enfants ont chanté un "joyeux anniversaire" spécial, africanisé pour l'occasion. Radios et télévisions transmettaient la chanson, que tous les habitants du pays étaient invités à reprendre en coeur. 
L'événement a une dimension nationale : c'est la fondation Madiba ( surnom donné au président Nelson Mandela) qui a fait du 18 juillet une fête nationale. En 2009, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon a donné à cet événement une portée internationale, en souhaitant que tous répondent à l'appel lancé par l'ONU de consacrer 67 minutes de son temps - 67, pour les 67 années consacrées par Mandela à son combat politique pour une Afrique du sud multiraciale et tolérante - à aider ses semblables. "Chacun se souvient d'une figure inspiratrice qui a joué un rôle important dans sa vie (...) La meilleure manière de remercier Nelson Mandela pour son travail, c'est en agissant ensemble pour les autres et inspirer le changement" a-t-il déclaré. Dans le cadre d'opérations souvent parrainées par les médias ou les syndicats, de nombreux sud-africains ont ainsi été appelés à nettoyer ou repeindre écoles, hospices et orphelinats, à réparer des cabanes délabrées dans les bidonvilles, à distribuer des colis aux plus démunis... 

  • Le combat contre l'apartheid, le combat d'une vie
mandela youngNelson Rolihpahla Mandela, fils d'un chef de la tribu des Thembu, est né le 18 juillet 1918 dans l'ancien bantoustan du Transkei (province du Cap oriental). L'Afrique du sud est alors un dominion britannique, dans lequel les conflits sont encore vifs entre afrikaners ( descendants des colons hollandais ) et anglophones ( descendants des colons anglais). Une autre ligne de clivage oppose les blancs aux hommes de couleurs ( noirs, métis, indiens), qui sont victimes dès 1912 de lois organisant la ségrégation raciale. En particulier, le Native's Land Act (1913) limite les droits de propriété des Africains. Cette situation est dénoncée par une formation politique représentant la bourgeoisie noire, créée dès 1912, le SANNC qui deviendra l'ANC ( African National Congress). 
Diplômé en droit ( université de Johannesburg), Mandela crée avec Olivier Tambo le premier cabinet d'avocats noirs d'Afrique du Sud. Il s'engage par ailleurs en politique,  en rejoignant dès 1942 les rangs des militants de l'ANC, structure qu'il dote d'une nouvelle formation : la ligue de la jeunesse de l'ANC (Youth League). Les jeunes de l'ANC, Mandela et Tambo en tête, prennent rapidement la tête d'un mouvement jusqu'alors modéré. 
Signboard on a Durban beach - History of Apartheid in South Africa, South African Apartheid Laws


Le combat pour une Afrique libérée des lois ségrégatives va devenir un combat de tous les instants avec l'arrivée au pouvoir des afrikaners qui instaurent l'apartheid, un régime de ségrégation d'Etat (apartheid signifie en afrikaans "Vivre à part") : interdiction des mariages mixtes, instauration des bantoustans ( entités territoriales assignées aux populations noires), lieux publics distincts selon la race (toilettes, parcs...) etc. 

Pour en savoir plus sur l'apartheid : 

L'ANC lutte contre le régime sud-africain par les manifestations et la lutte politique. Il se dote en 1955 d'une charte de la liberté. 

Notre peuple a été privé, par une forme de gouvernement fondée sur lʼinjustice et lʼinégalité, de son droit naturel à la terre, à la liberté et à la paix ; Seul un État démocratique fondé sur la volonté de tous peut assurer à tous, sans distinction de race, de couleur, de sexe ou de croyance, les droits qui leur reviennent de par leur naissance ;  
Cʼest pourquoi nous, peuples de lʼAfrique du Sud, Blancs aussi bien que Noirs, réunis comme des égaux, des compatriotes et des frères, adoptons cette Charte de la liberté.
• Le gouvernement doit appartenir au peuple. Toute personne doit avoir le droit de voter et dʼêtre éligible à tout organe législatif.
• Tous les groupes nationaux doivent jouir de droits égaux. Tous les groupes nationaux comme toutes les races doivent être sur un pied dʼégalité, aussi bien dans les administrations de lʼÉtat que dans les tribunaux et les écoles. Le droit de parler leur langue maternelle et de développer leur culture et leurs coutumes traditionnelles doit être le même pour tous. Toutes lois et mesures dʼapartheid doivent être abrogées. (...)
Voir le texte dans son intégralité :
http://intranet.crdp-nantes.fr/cinema/upload/43001-j6XSiza3.pdf
Nelson Mandela, lui, est arrêté une première fois en 1952 ( condamné à 9 mois de prison pour non-respect des lois de l'apartheid et pour communisme). Il devient l'une des figures majeures de l'ANC ( l'un des quatre vice-présidents). En 1956, il est accusé de trahison, mais sera acquitté en 1961 à la suite d'un long procès. Le massacre de Sharpeville en 1960 (79 morts parmi les manifestants), l'interdiction de l'ANC, changent la donne : le mouvement anti-apartheid, jusqu'alors non-violent et inscrit sur le terrain politique se tourne vers la lutte armée. L'ANC et Mandela fondent une organisation paramilitaire, Umkhonto We Sizwe ("Lance de la Nation"). 
Il est à nouveau arrêté en 1962 et cette fois, son emprisonnement va durer puisqu'il ne sera libéré qu'en 1990 ! Condamné à 5 ans de prison en 1962 pour incitation à la grève et déplacement illégal ( Mandela s'était rendu à l'étranger), il est ensuite inculpé de sabotage, trahison et complot en 1963, et condamné à la prison à vie. Il va passer 17 ans à la prison de l'île de Robben ( au large du Cap), puis sera transféré à celle de Pollsmoor. En résidence surveillée à partir de 1988, il est libéré en février 1990.


  • Un artisan de la paix distingué par le prix Nobel en 1993
Son combat est consacré au plus haut niveau par le prix Nobel de la Paix, qui lui est décerné en 1993, conjointement avec Frederik De Klerk, le président sud-africain depuis 1989 qui avait fait le choix d'ouvrir les négociations avec l'ANC, de faire libérer Mandela et de mettre fin aux lois ségrégationnistes. 
Il faut souligner que l'organisation du Nobel avait précocement manifesté son soutien au combat anti-apartheid, en décernant dès 1960 le prix Nobel de la Paix au président de l'ANC (Albert Luthuli), puis en 1984 à Desmond Tutu, evêque anglican du Cap, apôtre pacifiste de la lutte contre l'apartheid. 
Les années 1990 sont celles de la consécration politique pour Mandela. Il est le chef d'une formation politique, l'ANC, qui, désormais autorisée, remporte largement les premières élections législatives organisées dans un cadre multiracial et pluraliste en avril 1994. En mai, il est élu par le Parlement président de la République sud-africaine. Il le restera jusqu'au terme de son mandat en 1999. 


  • Réconciliation: Mandela's Miracle, un documentaire/hommage (2011)
Après Invictus (2010), le film réalisé par Clint Eastwood, qui traite des premières années de la présidence Mandela, la réconciliation du peuple sud-africain a fait l'objet d'un documentaire, lui aussi réalisé par un américain, Michael Henry Wilson ( et produit par sa femme, Carole J.Wilson). En 2011, ce documentaire de 88 minutes, Reconciliation : Mandela's Miracle a été présenté au 4e Cape Wineslands Film Festival (festival du film des vignobles du Cap). 



Extraits d'une interview de la productrice, Carole J.Wilson ( Radio France International, 19 mars 2011, interview réalisée par Keoprasith Souvannavong) : 



RFI : Carole J. Wilson, l’idée d’un documentaire sur Nelson Mandela vous a été inspirée par le guide spirituel tibétain, le Dalaï Lama. Racontez-nous.
Carole J. Wilson :(...)  En août 1999, (...) Nous avons été reçus en audience privée par le Dalaï lama à qui nous avons présenté le film (In search of Kundun, film sur le drame tibétain). Nous avons parlé de l’esprit de réconciliation, un thème très cher au Dalaï Lama. Nous lui avions fait part de notre intention de tourner un documentaire sur ce sujet, avec des témoignages de lauréats du prix Nobel de la Paix. « Les premières personnes que vous devez rencontrer sont Nelson Mandela et l’archevêque Desmond Tutu », nous avait-il aussitôt suggéré. Et de préciser : « Rappelez-vous que tout a commencé là-bas, en Afrique du Sud, avec Gandhi ». Mais ensuite nous n’avions jamais pu mettre sur pied le projet... Jusqu’au jour où Michael Henry Wilson, ami de longue date de Clint Eastwood, a appris que le réalisateur américain voulait tourner le film Invictus*, sur Nelson Mandela. Nous avons exposé notre projet à Clint Eastwood. D’emblée, il a été d’accord pour s’exprimer dans notre film. Au printemps 2009, nous sommes allés en Afrique du Sud au moment où Clint Eastwood tournait Invictus. Nous avons ainsi pu nous entretenir avec l’ex-président sud-africain Frederik Willem de Klerk, Mgr Desmond Tutu, Zinzile [la fille de Nelson Mandela], mais pas avec Mandela en personne. Etant très âgé et pas vraiment en bonne santé, il s'était déjà retiré de la vie publique. En plus des diverses personnalités, nous avons également interviewé les victimes de l'Apartheid. Toutes ces personnes qui apparaissent dans le film nous ont livré leur vision sur ce qu'elles appelaient, et qu’elles appellent encore « le miracle de Mandela » , à savoir le passage d’un régime d’Apartheid à l’instauration d’une démocratie. (...) 


RFI : Votre film traite du processus de réconciliation tout en soulignant le pouvoir du dialogue entre les hommes clés de l'époque et le pouvoir du pardon. Expliquez-nous.
C.J.W. : Tout à fait. La réconciliation se déroule en plusieurs étapes. Elle requiert la tolérance mutuelle, la reconnaissance des droits fondamentaux, comme le droit de vote pour les Noirs ou la mise en place d'une société non basée sur des principes raciaux. Quant au pardon, il relève de la compassion, de ce que l'être humain a de plus profond en lui. (...) Beaucoup de gens que nous avons interviewés en Afrique du Sud nous ont dit que « la réconciliation doit absolument se faire, mais le pardon, lui, relève d'une démarche personnelle, il ne peut pas être dicté par un Etat ». (...) 
RFI : « L’oppresseur devient un partenaire ». Cette phrase forte est aussi le titre d'un des chapitres de votre film...
C.J.W. : Oui. L’oppresseur est lui-même oppressé. L’oppresseur est habité par la peur, la haine. L’ancien président sud-africain Frederik Willem de Klerk a eu une vision fort intéressante. Son père avait fondé le Parti nationaliste. Il a baigné dans l’Apartheid. En décidant de démanteler le système, Frederik de Willem de Klerk avait compris, comme il le déclarait lui-même, que « personne ne peut quitter la table des négociations avec au final un vainqueur et un vaincu. Ce doit être du gagnant-gagnant ». Et comme l'a très bien rappelé dans le film l'ancienne maire du Cap-Occidental, Helen Zille, « Mandela a dû faire la paix avant que son camp ne remporte la victoire, et de Klerk avant que les siens ne la perdent ».



RFI : Où en est la réconciliation en Afrique du Sud aujourd’hui ?
C.J.W. : La promesse d’une nouvelle Afrique du Sud n’a été tenue que partiellement vingt ans après les faits. Nous en sommes conscients. Mais dans le même temps, il n’y avait pas de bases économiques solides pour assurer une réelle transition. La pauvreté reste un énorme problème. La réconciliation économique n’est toujours pas au rendez-vous. Il y a une classe moyenne au sein de la population noire d’Afrique du Sud, certes, mais force est de constater que les Noirs forment toujours la majorité des pauvres. Il reste encore beaucoup de progrès à faire en ce sens, mais ce progrès ne peut pas s’accomplir sans la solidarité entre les gens.
Sources : 
http://www.walf.sn/international/suite.php?rub=6&id_art=73859
Site RFI : http://www.rfi.fr/mfi/20110323-mandela-le-miracle-reconciliation-afrique-sud ( article signé Keoprasith Souvannavong, 19 mars 2011)
http://www.afrique-express.com/afrique/afrique-du-sud/mandela-biographie.html
Site jeune Afrique
http://www.nobel-paix.ch/paix_p1/apartheid.htm
http://www.hartpon.info/ht/?p=58
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/chronologie-de-l-afrique-du-sud-1652-2010_494016.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire