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dimanche 10 avril 2011

Un monde chinois?

Courrier International, n° 1014, 8 avril 2010
Un monde chinois : c'est la question posée par le numéro spécial de Courrier International en avril 2010. Question qui sonne comme une affirmation. 
Pourquoi?
Parce que la Chine est devenue en 2009 le premier exportateur mondial de marchandises, ce qui témoigne de son émergence en tant que puissance industrielle. 

Le graphique proposé ci-dessus témoigne de la conquête par la Chine des marchés mondiaux. Entre 1992 et 2005 - dates extrêmes des données -, la structure du commerce extérieur chinois a évolué. Les produits de faible valeur ajoutée - habillement, textiles, autres produits manufacturés ( jouets par exemple) - pesaient lourd dans les exportations chinoises au début des années 1990 : la Chine était alors une puissance émergente. Sur le littoral s'étaient créées des zones franches ( dans le cadre des ZES, zones économiques spéciales), des villes ouvertes, dans lesquelles s'installaient des entreprises désireuses de profiter des avantages fiscaux et de la main d'oeuvre à faible coût (dynamique de délocalisation). Entre 1992 et 2005, les produits manufacturés qui témoignent de l'acquisition d'un savoir-faire, de la maîtrise de technologies de plus en plus complexes, gagnent du terrain dans les exportations : machines industrielles, machines de bureau et matériel informatique, télécommunications... sont désormais les produits phares grâce auxquels la Chine conquiert les marchés mondiaux. 
Conteneurs sur le port de Shanga
Pays atelier du monde, la Chine connaît une croissance record de son excédent commercial (différence positive entre les exportations et les importations) depuis le début des années 2000. En 2001, cet excédent était de 22 milliards de $, en 2007, il avait décuplé ( 262 milliards de $). Depuis, l'excédent connaît une croissance moins soutenue et oscille, selon les années, entre 180 et 190 milliards de $. Cet excédent est source de tensions avec les Etats-Unis, et dans une moindre mesure, avec l'Union européenne, qui estiment que les performances chinoises sont liées à une sous-évaluation du yuan ( la monnaie chinoise), dont ils demandent la ré-évaluation. 

Cet excédent autorise la montée en puissance financière de la Chine, qui détient désormais les premières réserves de change du monde (2 500 milliards de $ en 2010). Cette puissance financière permet à la Chine de jouer un rôle majeur dans l'investissement. 

Les deux graphes proposés témoignent de cette dynamique complexe. La Chine, pays atelier, eldorado pour les entreprises à la recherche de main d'oeuvre à faible coût et docile, est devenue dans les années 1990 l'un des premiers destinataires des investissements directs à l'étranger (IDE) émis à l'échelle mondiale ( IDE entrants). La puissance industrielle et commerciale acquise par la Chine lui permet désormais de devenir elle-même une puissance financière, ce que traduit l'essor des IDE sortants, de plus en plus importants (+ de 10 milliards de $ depuis 2005).

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