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vendredi 9 décembre 2011

Etats-Unis : dette, désengagement, déclin?

Des économies-monde en évolution : après l'économie-monde britannique, l'économie-monde américaine, ... l'économie-monde chinoise?
(Source Arvind Subramanian, économiste, universitaire aux Etats-Unis, ancien haut fonctionnaire au GATT)
Les Etats-Unis vivent, depuis longtemps, à crédit. La nouveauté est que ce crédit semble désormais menacé. Depuis l'été 2011, l'une des agences de notation  - Standard & Poors - a fait perdre aux Etats-Unis le AAA, note de la dette qui autorise un emprunt à des taux avantageux. Cet abaissement livre les Etats-Unis à la critique de leur principal concurrent ET créancier : la Chine. Pékin donne des leçons à Washington : c'est le titre sous lequel un article a pu commenter la réaction chinoise à l'annonce de la perte du AAA. 

"Le commentaire est sévère, le ton peu diplomatique. La Chine a demandé samedi aux Etats-Unis de cesser de vivre au-dessus de ses moyens, au lendemain de l'abaissement de la note de la dette américaine.  "Le gouvernement américain doit se résigner à un état de fait douloureux : le bon vieux temps où il n'avait qu'à emprunter pour se tirer du pétrin qu'il avait lui-même créé est terminé", écrit l'agence de presse officielle du gouvernement Chine Nouvelle. "Les jours où l'oncle Sam, croulant sous les dettes, pouvait facilement dilapider des quantités infinies d'emprunts de l'étranger semblent comptés", prévient encore le gouvernement chinois.   

Pékin, de loin le plus grand créancier des Etats-Unis, estime que l’agence de notation Standar & Poors n'a fait que confirmer une "horrible vérité". La Chine "a désormais tous les droits d'exiger des Etats-Unis qu'ils s'attaquent à leur problème structurel de dette", a souligné l'agence, qui suggère ainsi à Washington de réduire ses dépenses militaires et sociales. Et de rappeler que l'agence chinoise de notation Dagong avait déjà abaissé mercredi la note de la dette américaine".
(Source : http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Dette-americaine-la-Chine-demande-aux-Etats-Unis-de-cesser-de-vivre-au-dessus-de-ses-moyens-369093/ )
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Dette des Etats-Unis, graphique du Washington Post, mai 2011


La dette totale des Etats-Unis avoisine 15 000 milliards de $, soit l'équivalent du PNB américain. Ce montant global comprend une dette auprès du gouvernement, auprès des ménages, auprès des pays étrangers ( foreign debt). Cette dernière, d'un montant d'environ 4 500 milliards de $, est largement aux mains de créanciers asiatiques, et particulièrement chinois. 
http://www.washingtonpost.com/wp-srv/special/business/foreign-held-us-debt/

Voilà qui permet de comprendre le changement de ton dans les relations entre Pékin et Washington. Le désengagement américain en Irak - effectif à la fin 2011 - peut ainsi être analysé sinon comme la marque d'un déclin américain, du moins comme le signe d'une incapacité à payer le prix d'un engagement planétaire. Selon Michael Morvan, le grand gagnant de la guerre en Irak serait ainsi... la Chine! 

"C'est la Chine qui a gagné la guerre en Irak
Tant la crédibilité financière que diplomatique des Etats-Unis s'en est retrouvée affaiblie au profit de la Chine, passée de puissance régionale à superpuissance"
(...) 
"Alors, maintenant que les troupes sont de retour, qui a gagné ? La question peut sembler naïve mais, soyez-en certain, beaucoup de gens vont exiger une réponse.(...)Il est probable qu’aucun pays n’a autant bénéficié sur le long terme du bourbier irakien que la Chine. En cinq ans, la Chine est passée du statut de puissance régionale émergente, en quête de joint-ventures américaines et d’un parrainage des Etats-Unis pour son entrée dans l’OMC, à celui d’une superpuissance en devenir à l’influence, financière et autre, incontournable. Politiquement, au sens large, la Chine s’affiche de façon agressive comme une véritable alternative au modèle libéral démocratique de marché supposément vainqueur de la guerre froide. Son mélange de diplomatie cynique et de capitalisme de carnet de chèque remporte les suffrages de pays comme la Russie, le Venezuela, la Serbie et beaucoup de pays islamiques qui, eux aussi, ont adopté certains aspects du capitalisme, mais rejettent la pagaille associée aux libertés politiques prônées par l’Occident.
Aujourd’hui, j’en suis totalement convaincu. Du point de vue de Pékin, quel meilleur service pouvait lui rendre l’Amérique que d’attaquer l’Irak au nom d’accusations qui se sont révélées fausses par la suite? Pour parachever le tout, c’est la crédibilité des prétentions américaines à emmener l’économie mondiale qui en a pris un sacré coup quand ses banques ont provoqué la pire crise économique depuis la grande dépression. Pour combler le gouffre budgétaire engendré par ces deux événements dévastateurs, George W. «Louis XIV» Bush a dû engager des milliards et des milliards de dollars, mettant le principal concurrent de la Chine pour le pouvoir en Asie, et dans la course vitale au leadership idéologique à l’échelon mondial, au bord de la faillite".
(Source : Michael Moran, Slate.fr, 23/11/2011. Michael Moran, journaliste, est l'auteur d'un ouvrage : The Reckoning : Debt, Democraty, and the Future of American Power, à paraître en avril 2012 aux Etats-Unis. Il est l'auteur d'un blog du même nom - The Reckoning - sur Slate.fr) 


Pour lire la totalité de l'article ( qui traite aussi du vainqueur apparent, l'Iran, et du grand perdant, les Etats-Unis) :
http://www.slate.fr/story/46589/vainqueur-guerre-irak-iran-chine-obama-geopolitique-argent

Un point de vue diamétralement opposé ( "Le déclin américain est une idée fausse" ) ici :

p://www.pearltrees.com/#/N-fa=663463&N-play=1&N-u=1_57439&N-p=24642508&N-s=1_2559720&N-f=1_2559720

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