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mardi 17 mai 2011

2009, la France réintègre le commandement intégré de l'OTAN


La France réintègre l’OTAN et Sarkozy ferme la parenthèse gaulliste

Jean-Noël Guenot,
La Tribune de Genève, 12 mars 2009, 





«Ceux qui prétendent que notre indépendance serait en question trompent les Français!».  
Sur ce ton guerrier lancé hier à l’Ecole militaire de Paris, Nicolas Sarkozy a annoncé le retour de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN. Il ferme ainsi la parenthèse ouverte en 1966 par le général de Gaulle. Certes en retirant la République des structures militaires de l’Alliance atlantique, le général-président avait pris garde de ne pas rompre entièrement avec l’OTAN. De plus, ces dernières années, la France a réintégré la plupart des instances de l’Alliance. Il ne restait plus qu’à reprendre place sur les sièges du commandement militaire. Ce sera donc chose faite.
«Nous devons être là où s’élaborent les décisions et les normes, plutôt qu’attendre dehors qu’on nous les notifie», argumente le président français, qui souligne à gros traits: «Mais nous conserverons notre dissuasion atomique indépendante. La décision nucléaire ne se partage pas.» 
L’apostrophe de Nicolas Sarkozy concernant l’indépendance de la France ne vise pas tellement les opposants habituels – les socialistes ou le MoDem de François Bayrou – que le propre parti du président, l’UMP. 
Si la majeure partie des députés de la droite approuve la réintégration complète dans l’OTAN, plusieurs «poids lourds» de l’UMP s’y opposent, de même que l’aile restée fidèle au gaullisme pur sucre. Parmi ces opposants, deux anciens chefs de gouvernement: Dominique de Villepin, le plus virulent, et Alain Juppé, plus modéré dans ses propos mais tout aussi méfiant quant aux conséquences de ce changement de cap. Dans un blog des partisans de Villepin, le député-maire UMP de Vannes François Goulard n’a pas ménagé ses critiques contre cette réintégration: «La France risque d’apparaître comme systématiquement alignée, alors qu’on a besoin qu’elle s’exprime librement, comme elle l’a fait avec l’Irak.» Pour clore le bec des députés restés fidèles au gaullisme traditionnel, Nicolas Sarkozy a demandé à son premier ministre, François Fillon, d’engager la responsabilité du gouvernement mardi prochain. Ce jour-là, les députés devront donner leur feu vert au retour, plein et entier, de la France dans l’OTAN. Si les parlementaires refusent cette réintégration, ils feront également tomber le gouvernement. Ce qui contraint les députés UMP antiatlantistes – une quarantaine au moins – à ne pas voter avec l’opposition. «C’est une mauvaise manière qui empêche les députés de s’exprimer», s’insurge François Goulard, qui ne prendra pas part au vote. Le feu vert de l’Assemblée nationale ne fait donc aucun doute. Mais cette question laissera de douloureuses cicatrices à l’UMP.

Défense nationale et alliance à l’ouest, brève chronologie : 
«Garder les Américains à l’intérieur, les Russes à l’extérieur et les Allemands  sous tutelle», tel est l’esprit  qui prévaut à la création de l’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN), selon  les mots de son premier secrétaire général Lord Hastings Lionel Ismay. 
 4 avril 1949
La France fait partie des  cinq pays européens parmi  les douze fondateurs de  l’OTAN. 
30 août 1954 
L’Assemblée nationale rejette le traité de la Communauté européenne de défense prévoyant la création d’une armée européenne sous tutelle supranationale. 
 7 mars 1966 
Dans une lettre au président américain Lyndon Johnson,  le général de Gaulle, prend  ses distances, tout en restant dans l’OTAN. La France se retire du commandement intégré et ferme les bases américaines et canadiennes sur son sol. «La France se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice  de sa souveraineté, entamé par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation habituelle qui est faite de son ciel.» 
 5 décembre 1995 
La France annonce qu’elle reprend sa place au comité militaire, où elle n’avait plus qu’un rang d’observateur.

Source
L'intégralité de ce message reprend l'article publié dans La tribune de Genève, 12 mars 2009. 

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