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lundi 28 février 2011

Que reste-t-il de Boumediène?

La révolution qui emporte les pays de sud et de l'est de la Méditerranée engendre rêves ( celui d'une démocratie qui se répandrait heureusement dans des pays jusque là privés du plein exercice des libertés individuelles), peurs (celui de flux migratoires que l'Europe subirait de plein fouet), et fantasmes. Des  hommes d'affaires (par exemple celui dont le lien suit) évoquent ainsi le risque d'un renchérissement du cours des matières premières, seul moyen pour les nouveaux régimes de satisfaire aux besoins de leurs populations, véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des pays riches installés au Nord de la Méditerranée.

Cette peur d'un rééquilibrage au profit des pays du Sud invite à un retour sur une personnalité du monde arabe qui a marqué son époque - celle des années 60 et 70, où le Tiers Monde cherchait à faire entendre sa voix -, et dont la mémoire est intacte en Algérie comme dans le monde arabe : Houari Boumédiene.




Né aux environs de Guelma (Algérie) en 1932, issu d'une famille pauvre, Houari Boumediene (de son vrai nom Boukherouba Mohamed Brahim) a suivi l'enseignement des écoles coraniques, celui de l'université Al-Azhar (Egypte), puis celui de l'école militaire. 
La guerre d'Algérie permet sa promotion : simple combattant de l'ALN (Armée de Libération Nationale) en 1956, il devient chef de l'état-major en 1960. Il soutient la formation du gouvernement de Ben Bella qui prend le pouvoir lors de l'indépendance en 1962. Mais trois ansplus tard, en 1965, il est l'auteur d'un coup d'état qui renverse Ben Bella. Il restera à la tête de l'Algérie jusqu'à sa mort, en 1978.


Au plan économique, les années Boumediène sont des années d'affirmation de la souveraineté algérienne sur les ressources de son territoire. En 1966, les mines et compagnies d'assurances étrangères sont nationalisées. En 1971, c'est au tour des hydrocarbures : l'Etat acquiert 51% des avoirs des sociétés pétrolières françaises présentes en Algérie. 
A l'origine d'une politique d'indépendance économique à l'échelle de l'Algérie, Boumediène devient le leader d'un Tiers Monde désireux de faire entendre sa voix, et de poser la question du développement. En 1973, le IVe sommet des non-alignés se tient à Alger. C'est l'occasion pour Houari Boumediène de prononcer un discours qui fera date ( et qui peut faire l'objet d'une étude de document en mineure...)



Discours de Houari Boumediene à la conférence d'Alger (1973) :
« La coopération économique internationale ne saurait prendre un essor durable que si elle repose sur le principe de la souveraineté effective et concrète des pays en voie de développement sur leurs ressources naturelles et sur le principe de la maîtrise, par ces pays, des mécanismes qui commandent le fonctionnement de leur économie. Il s'agit d'abord du contrôle effectif de chaque Etat sur l'exploitation de ses richesses naturelles et sur la conduite de ses activités économiques internes, ce qui implique [...] le droit à la nationalisation. Il convient, en même temps, d'engager ou de poursuivre les transformations nécessaires dans les structures économiques internes, en vue de les adapter aux exigences d'un développement efficace et rapide, permettant d'accélérer le processus d'élimination du sous-développement. 
En outre, la conférence a souligné la nécessité de renforcer la solidarité et la coopération entre les pays non alignés, par la mise en commun et la coordination de leurs efforts, et ce, afin d'accroître leur pouvoir de négociation dans la confrontation avec les groupements des pays industrialisés et de renforcer leur capacité de résistance à l'exploitation, aux pressions et aux agressions économiques. De même, elle s'est prononcée pour le soutien sans réserve de tous ceux qui luttent pour la récupération de leurs ressources nationales.


Enfin, la conférence préconise et encourage la mise en place d'organismes communs entre pays producteurs exportateurs de produits de base, comme c'est le cas notamment pour le pétrole et le cuivre, de même qu'elle préconise la tenue d'une conférence des pays en voie de développement au sujet de ces produits de base. [...]
Elle a décidé, en plus, la création d'un fonds de développement et de solidarité pour les pays non-alignés.
Elle préconise, enfin, une réunion conjointe de la C.N.U.C.E.D. et de la F.A.O. en vue d'examiner les mesures à prendre pour parer aux conséquences de la crise alimentaire mondiale qui se profile en ce moment, et dont les pays en voie de développement risquent d'être les seules victimes.

Compter sur soi apparaît ainsi comme le corollaire, sur le plan économique, de la politique de non-alignement. Car dans la mesure où le non-alignement consiste essentiellement à protéger l'indépendance nationale contre les pressions hégémonistes, les convoitises et l'attraction des zones d'influence, il serait pour le moins peu réaliste de fonder son développement uniquement sur l'appui de l'aide extérieure. » 
FAO : organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.
CNUCED : Conférence de Nations Unies sur le commerce et le développement. 


Source : Extrait du discours de clôture prononcé par Houari Boumediene, président de la République d'Algérie à la 4ème conférence des pays non-alignés (Alger, le 9 septembre 1973) paru dans France-Algérie, n° 43, septembre 1973.




http://www.ina.fr/video/CAF94073744/sommet-alger.fr.html

Le président de l'Algérie trace alors, pour l'ensemble des pays du Tiers Monde,  une voie qui doit permettre la sortie du sous-développement : reconquête des ressources du sous-sol par la nationalisation, coopération économique des pays non-alignés, mise sur pied d'organisations qui permettent de faire pression sur les marchés (comme l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, OPEP, dont l'Algérie est membre depuis 1969). 
L'arme du pétrole montre toute son efficacité dès l'automne 1973, où elle est utilisée par les payas arabes comme moyen de pression dans la guerre du Kippour. 
Houari Boumediène est aussi à l'origine de la convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU, en 1974, au cours de laquelle est rédigée une déclaration sur les "droits et devoirs économiques des Etats dans leurs rapports mutuels". Cette déclaration semble aller dans le sens du nouvel ordre économique international  (NOEI) souhaité par Houari Boumediène, puisqu'elle affirme que le nouvel ordre économique international devrait être fondé, entre autres, sur la "souveraineté permanente intégrale de chaque Etat sur ses ressources naturelles et sur ses activités économiques". (Déclaration adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU réunie en session extraordinaire, le 1er mai 1974).
Sources : 
Le Monde diplomatique, Manières de voir, 1986, chronologie sur l'Algérie, 
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/86/PIRONET/14100
Jeune Afrique consacre un article récent à cette personnalité incontournable : 
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2607p079-081.xml0/

L'émancipation des peuples colonisés : indépendances et tentatives d'organisation (1945-1975)




L'émancipation des peuples colonisés : indépendances et tentatives d'organisation (1945-1975). [France métropolitaine, juin 2005]
Chronologie indicative :
1945 : Proclamation de l'indépendance du Viêt Nam.
1946-1954 : Guerre d'Indochine.
1947 : Indépendance de l'Inde et du Pakistan.
1955 : Conférence de Bandung.
1956 : Indépendance du Maroc et de la Tunisie.
1957-1966 : Indépendance de la plupart des colonies britanniques d'Afrique Noire.
1961 : Première conférence des pays non-alignés à Belgrade.
1962 : Indépendance de l'Algérie.
1964 : Première CNUCED.
1973 : Sommet des non-alignés à Alger. Premier choc pétrolier.
1975 : Indépendance des colonies portugaises d'Afrique.


Le sujet de composition proposé est un sujet classique, déjà tombé en tant que sujet national à la session 2005. 
Le piège de tout sujet assorti d'une chronologie indicative est de tomber dans le commentaire de la chronologie, au fil des événements cités. 
Comme tout sujet de composition, celui-ci suppose une réflexion préalable sur le sujet, ses bornes, ses enjeux.


L'émancipation des peuples colonisés : indépendances et tentatives d'organisation (1945-1975).

Analyse du sujet

Au coeur du sujet : l'émancipation des peuples colonisés, c'est à dire la façon dont les colonies sont sorties de la tutelle imposée par la métropole lors de la colonisation. Cette émancipation passe par l'acquisition de l'indépendance, mais aussi par la volonté de se libérer de la tutelle économique des métropoles, donc par l'affirmation de la souveraineté sur ses propres ressources. Elle passe aussi, éventuellement, par la conscience de former une entité spécifique, celle de pays libéré de la tutelle coloniale, et donc éventuellement désireux de s'organiser politiquement avec d'autres pays partageant cette caractéristique. 
Cette émancipation est à étudier entre 1945 et 1975 : donc de la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui amplifie la contestation anti-colonialiste ( il faudra dire pourquoi), à 1975, qui sonne la fin officielle de la décolonisation en Afrique (1975 : indépendance des deux colonies portugaises de l'Angola et du Mozambique). 1975, c'est aussi l'entrée dans une nouvelle périodes des relations économiques, avec la revendication hautement affirmée (en 1973, lors du sommet d'Alger des non-alignés, en 1974, à l'ONU ) d'un nouvel ordre économique international. La période couverte par le sujet est donc brève : une génération.

Deux aspects du sujet sont proposés dans l'intitulé, et reliés par et, ce qui signifie qu'il faudrait logiquement les étudier dans les relations qu'ils entretiennent entre eux : les indépendances d'une part, les tentatives d'organisation, d'autre part. Au niveau de la Terminale néanmoins, l'intitulé du sujet invite à un plan thématique, distinguant les accessions à l'indépendance d'une part, et les tentatives d'organisation d'autre part (donc, pas de mise en relation exigée). En prenant en compte les bornes chronologiques proposées - et en particulier, la première, qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale - , cela signifie qu'il va falloir étudier le tournant que représente la guerre dans l'affirmation des mouvements indépendantistes, puis les accessions à l'indépendances (dans leurs différentes modalités), et enfin, les tentatives d'organisation. 
L'analyse du sujet permet donc d'envisager un plan thématique classique, qui ne négligera pas la chronologie.
Elle permet aussi de formuler la problématique : 
Comment les peuples colonisés se dégagent-ils de la tutelle de la métropole et comment s'organisent-ils? 

Proposition de plan : 
I. Les facteurs d'émancipation des peuples colonisés
1. Des volontés indépendantistes anciennes...
2. renforcées par le rôle joué par les colonies dans la Seconde Guerre mondiale
3. Et qui profitent du contexte de l'après-guerre

II. Les vagues d'émancipation
1. Un processus commencé en Asie : des décolonisations pour certaines négociées (ex de l'Inde)
2. Mais, pour certaines, arrachées (ex de l'Indochine)
3. Un mouvement dont profite ensuite l'Afrique (ex des colonies françaises d'Afrique Noire)

III. Un monde à la recherche d'une unité
1. De Bandung, éveil des peuples d'Afrique et d'Asie (Asie surtout)
2. Au non-alignement...
3... A la recherche du développement 

Proposition d'introduction :

En l'espace d'une génération (de 1945 à 1975), les vieilles puissances coloniales ( Royaume-Uni, France, Pays-Bas surtout ) doivent accepter la perte de leur empire. Les nouveaux Etats, devenus indépendants en période de Guerre Froide, et confrontés à des questions de développement, forment alors ce que l'on appelle le Tiers-Monde. Ils tentent de s'organiser sur le plan politique et économique. Comment les peuples colonisés d'Asie, puis d'Afrique, se dégagent-ils de la tutelle de la métropole et s'organisent-ils? Nous montrerons d'abord que la Seconde Guerre mondiale constitue un formidable accélérateur pour l'affirmation des volontés indépendantistes. L'étude des indépendances, dans leur diversité, précédera l'analyse des diverses tentatives d'organisation qui ont jalonné l'affirmation d'un Tiers-Monde. 

Les passages en gras sont directement inspirés de l'analyse du sujet. Caractériser un sujet suppose de bien l'analyser. Les éléments mis en évidence par l'analyse forment la trame de la caractérisation du sujet en début d'introduction. Suit l'énoncé de la problématique : une problématique simple, qui reprend les termes du sujet (ici, émancipation et organisation). Enfin, le candidat annonce son plan. 

Proposition de conclusion : 
En trente ans, une nouvelle carte politique de l'Asie et de l'Afrique est constituée après affrontement ou négociation entre colonies et métropoles. Les "jeunes nations" tentent de s'organiser en un ensemble autonome sur le plan politique dans le cadre de la Guerre froide, et, sur le plan économique, face aux pays industriels. Mais le nouvel ordre économique voulu par le Tiers Monde tarde à voir le jour, et les années 1970 sont marquées par les premières failles dans la tentative d'unité du Tiers Monde. 

Production graphique possible :


Sources : 
Le corrigé proposé est très largement inspiré du corrigé proposé dans le manuel Magnard, édition 2008, p. 144. La production graphique est extraite de ce même manuel, p. 137. 

dimanche 27 février 2011

La Chine, deuxième puissance économique mondiale

Depuis 2009, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale. Le classement repose sur la valeur du PIB global. Pour l'année 2010, celui du Japon est de 5 472 milliards de $, celui de la Chine, de 5 878 milliards de $. La Chine a donc dépassé le Japon. 
  • L'Asie orientale : une croissance singulière dans un monde de crise économique 

Le classement des 40 premières puissances mondiales pour l'année 2009 montre que cette ascension de la Chine s'inscrit sur fond de marasme mondial ( l'évolution 2008-2009 est négative pour la majorité des grandes puissances), de promotion de l'aire Pacifique, au sein de laquelle l'Asie orientale joue un rôle moteur, de difficultés des puissances traditionnelles (Etats-Unis, Japon, mais aussi puissances européennes). 


Classement 2009 des puissances mondiales, en euros. L'évolution 2008-2009 est indiquée entre parenthèses : 

  1. Etats-Unis : 11 312 Mds € (-2,6% en 2009)
  2. Chine : 6 998 Mds € (+9,1%)
  3. Japon : 3 320 Mds € (-5,3%)
  4. Inde : 2 856 Mds € (+7,4%)
  5. Allemagne : 2 248 Mds € (-4,9%)
  6. Royaume-Uni : 1 702 Mds € (-4,9%)
  7. Russie : 1 688 Mds € (-7,9%)
  8. France : 1 678 Mds € (-2,5%)
  9. Brésil : 1 610 Mds € (-0,2%)
  10. Italie : 1 391 Mds € (-5,1%)
  11. Mexique : 1 172 Mds € (-6,5%)
  12. Corée du Sud : 1 091 Mds € (+0,2%)
  13. Espagne : 1 090 Mds € (-3,6%)
  14. Canada : 1 023 Mds € (-2,5%)
  15. Indonésie : 770 Mds € (+4,5%)
  16. Turquie : 700 Mds € (-5,6%)
  17. Australie : 681 Mds € (+1,3%)
  18. Iran : 662 Mds € (+1,5%)
  19. Taïwan : 588 Mds € (-1,9%)
  20. Pologne : 551 Mds € (+1,7%)
  21. Pays-Bas : 528 Mds € (-3,9%)
  22. Arabie saoudite : 474 Mds € (+0,1%)
  23. Argentine : 439 Mds € (-2,8%)
  24. Thaïlande : 432 Mds € (-2,2%)
  25. Afrique du Sud : 404 Mds € (-1,8%)
  26. Egypte : 375 Mds € (+4,7%)
  27. Pakistan : 346 Mds € (+4,2%)
  28. Colombie : 321 Mds € (+0,1%)
  29. Malaisie : 307 Mds € (-1,7%)
  30. Belgique : 306 Mds € (-2,7%)
  31. Venezuela : 279 Mds € (-3,3%)
  32. Nigéria : 271 Mds € (+6,1%)
  33. Grèce : 267 Mds € (-2,0%)
  34. Suède : 265 Mds € (-5,1%)
  35. Philippines : 259 Mds € (+0,9%)
  36. Autriche : 257 Mds € (-3,4%)
  37. Suisse : 252 Mds € (-1,9%)
  38. Hong Kong : 241 Mds € (-2,8%)
  39. Ukraine : 232 Mds € (-15,0%)
  40. Norvège : 214 Mds € (-1,5%)
Inde et Chine se distinguent par des chiffres de croissance record, supérieurs à 7%. L'évolution du reste de l'Asie orientale est plus contrastée : certaines puissances ont des croissances négatives (Japon, Taïwan, Hong Kong, soit pour partie la première génération des NPI, auxquels il faut associer la Malaisie) ; d'autres des croissances ralenties (Philippines, Corée du Sud) ; d'autres des croissances soutenues (Indonésie). 
  • à l'échelle de la Chine : une croissance inégale 
La forte croissance économique de la Chine masque des inégalités importantes. D'abord, le PIB global diverge du PIB/habitant... Or, la Chine est, de loin, le pays le plus peuplé au monde (1,4 milliards de chinois). Par ailleurs, la très forte croissance économique se combine avec une forte inflation (de l'ordre de 5%), qui frappe spécialement les plus faibles revenus. Alimentation et immobilier connaissent une très forte hausse. Surtout, le problème fondamental demeure le développement inégal du pays. La richesse est produite par la zone côtière, celle des villes mondiales comme Shangaï ou Pékin, et des zones économiques spéciales littorales. 

Chine : PIB/habitant (2001)


Une carte du PIB par région montre ces inégalités. La carte montre nettement l'opposition intérieur/littoral. Cette opposition est néanmoins estompée sur la carte par le fait que les régions du Nord, nettement moins peuplées, semblent partager l'essor du littoral.



Ce que la carte ne montre pas, ce sont les flux importants des campagnes vers les villes, de l'intérieur vers le littoral, d'une population à la recherche d'un meilleur niveau de vie. Or, cette population de migrants pâtit actuellement d'une très forte inégalité de traitement social. Il y a donc des différences sensibles, y compris à l'échelle locale. 

Sources : 
Cartothèque de la Documentation française. 
20 minutes, édition de Lille, 15/02/2011,  Chine : En route vers l'hégémonie?, p. 12 (chiffres du PIB global 2010, exprimé en $)
Classement en euros des puissances mondiales, 9 octobre 2010, http://www.populationdata.net/

samedi 26 février 2011

La façade atlantique de l'Amérique du Nord

Un exemple de croquis sur la façade atlantique de l'Amérique du Nord. La démarche est expliquée par étapes. A consulter en plein écran
Croquis Facade Atlantique

Croquis réalisé par Cédric Ridel, professeur au lycée international de Hô Chi Minh-Ville
http://kanaga.ridel.org


Indochine, Vietnam : colonisation et indépendance

Une présentation en images de la colonisation, puis de l'accession à l'indépendance, de la péninsule indochinoise. 
Histoire coloniale vietnam
Réalisation : lycée français de Hô Chi Minh-Ville. Cédric Ridel.

http://kanaga.ridel.org/


vendredi 25 février 2011

Paix au Proche-orient : le sommet de Washington, 2010

  • 2010 : Le sommet de Washington, une rencontre Israël/Autorité palestinienne... 
Mahmoud Abbas et Benaymin Netanyahou à Washington, septembre 2010
En septembre 2010 a eu lieu une nouvelle rencontre entre le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Cette rencontre a été  l'objet de longues négociations : les Etats-Unis ont ainsi obtenu en novembre 2009, en gage de bonne volonté d'Israël, un moratoire de 10 mois de la colonisation juive en Cisjordanie. C'est à cette condition que Mahmoud Abbas, fortement contesté au sein de l'Autorité palestinienne et dont le pouvoir ne s'étend désormais qu'à la seule Cisjordanie (le Hamas contrôlant depuis 2007 la bande de Gaza), a accepté cette rencontre au sommet. Le Hamas, quant à lui, considère ces négociations contraires à l'intérêt des palestiniens. 

  • ...sous l'égide des Etats-Unis

La tenue de cette nouvelle conférence a été voulue par les Etats-Unis, la relance du processus de paix au Proche-Orient étant considérée comme un objectif prioritaire par Barack Obama.
Elle s'inscrit dans une tradition d'intervention américaine en faveur de la paix au Proche-Orient, dont témoignent les rencontres de Camp David (1978), les accords de Washington et d'Oslo (1993), la nouvelle rencontre de Camp David (2000), puis celle d'Annapolis (2007).
Mais, avant même que les résultats en soient connus, elle était envisagée avec le plus grand scepticisme. Un scepticisme lié à l'échec de toutes les conférences depuis 2000. Un scepticisme fondé sur l'observation du rapport de forces dans la région, entre un Mahmoud Abbas contesté par le Hamas et  une puissance israélienne dont la détermination semble totale (en témoignent l'opération plomb durci lancée en décembre 2008 contre la bande de Gaza, la continuation de la colonisation juive en Cisjordanie). De plus,  le premier ministre israélien présent à la table des négociations, Benyamin Netanyahou, chef du gouvernement depuis février 2009, est aussi le chef du parti du Likoud (parti de la droite nationaliste et conservatrice fondé en 1973, qui a accepté l'existence d'un Etat palestinien de manière très récente).



  • La caricature : une lecture de l'événement



Dessin de Plantu, Le Monde, 2 septembre 2010
Au premier jour de la rencontre, le 2 septembre 2010, - la rencontre n'a duré qu'une journée...- , Plantu en a croqué une vision. 
Les trois personnages sont représentés ici par Plantu devant le drapeau de leur pays. Barack Obama, debout, semble vouloir décliner le discours de la paix ( les colombes sur son texte, comme les colombes de la paix dans le ciel de la rencontre) ; Il est manifestement seul à écouter son discours, puisque les deux autres protagonistes sont tournés l'un vers l'autre. A la droite d'Obama, Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne depuis les élections de 2005, a les yeux rivés sur ce que confectionne/concocte le premier ministre israélien : une jolie cocotte en papier, symbole de ce que Israël semble faire de la colombe de la paix ( même succession colombe/cocotte dans le ciel de la rencontre). Le premier ministre israëlien, Benyamin Netanyahou, est indifférent aux autres personnages, son visage, à l'expression amusée,  contraste avec la crispation qui se lit sur celui de Mahmoud Abbas. Ce dernier a par ailleurs des menottes aux mains. 
La vision proposée par Plantu partage donc le scepticisme général sur l'issue de la conférence (laquelle, de fait, n'a pas permis d'avancée du processus de paix). Elle en livre une interprétation. Dans la vision de Plantu, Barack Obama serait soit animé par le plus grand idéalisme, soit dans la comédie d'un discours tout fait. Mahmoud Abbas serait dans l'incapacité de participer à la réunion, dans une position de prisonnier : du Hamas? de sa propre stratégie d'ouverture à Israël, forcément vouée à l'échec? Quant à Netanyahou, il est présenté comme le responsable de l'échec éventuel par son indifférence au discours de paix. Les commentaires prêtés aux souris confirment cette impression : "Et alors, cet accord", "c'est plié" renvoient à la cocotte que le premier ministre israélien fabrique, donc au refus de tout compromis, et donc d'avancée. 
Cette caricature se présente donc comme l'image d'un échec annoncé.

    mercredi 23 février 2011

    Auschwitz en héritage (3) : la BD et l'holocauste

    • Une série de BD pour sauver la mémoire de l'Holocauste chez les jeunes
    Une bande dessinée sur la passion d'une juive et d'un polonais, et leur tragique évasion d'Auschwitz : Un amour dans l'ombre de la mort,  paraît en Pologne. C'est la première BD d'une série documentée en polonais et anglais sur Auschwitz. Son but : éveiller l'intérêt des jeunes sur l'Holocauste.

    La co-éditrice de cette série de BD estime que "l'histoire des camps n'est pas suffisamment transmise aux jeunes générations, et, qui plus est, rarement de manière intéressante pour un jeune". 
    Mala Zimetbaum
    Le premier numéro raconte le drame d’Edward (Edek) Galinski, un Polonais non juif déporté dans un des premier transports pour Auschwitz en 1940, et de Mala Zimetbaum, une Juive polonaise prise en 1942 dans une rafle en Belgique.La connaissance de nombreuses langues a sauvé Mala des chambres à gaz et elle utilise son statut privilégié pour aider les autres. Edek organise leur fuite le 24 juin 1944 avec la complicité d’un SS, Allemand de Pologne, Edward Lubusch. Ils sont repris le 6 juillet, exécutés publiquement dans le camp en août. Elle a 26 ans, lui 21.Mala trouvera le moyen de se trancher les veines et d’assainer une gifle ensanglantée à son bourreau. L’héroïsme d’Edek fera se découvrir les détenus présents à sa pendaison, provoquant l’ire des geôliers.

    La bande dessinée, inspirée de faits réels, a été l'objet d'une relecture attentive d'historiens du camp d'Auschwitz ( Adam Cyra, en particulier) et d'anciens prisonniers, et est distribuée par le musée d'Auschwitz. Elle est publiée en polonais et en anglais. 
    La seconde bande dessinée évoque le résistant polonais Witold Polecki, qui s'est volontairement fait interner à Auschwitz de manière à obtenir des informations sur le fonctionnement du camp. 

    Voir le site créé par les éditeurs de ces BD : 
    www.episodesfromauschwitz.pl

    • Maus, de Art Spiegelman
    L'utilisation de la bande dessinée pour dire l'indicible n'est pas nouvelle. Maus, la bande dessinée en 2 tomes du dessinateur américain Art Spiegelman, a déjà démontré la pertinence de ce support pour aborder la question de la Shoah. Le premier volume de Maus (Maus : a survivor's Tale, publié en français sous le titre Mon père saigne l'Histoire) paraît en 1986. Le second volume  (From Mauschwitz to the Catskills publié en français sous le titre Et c'est là que mes ennuis ont commencé), en 1991. L'oeuvre a été traduite en 18 langues. 
    Maus est la représentation en bande dessinée des souvenirs d'un père ( le père d'Art Spiegelman ) ayant survécu à sa déportation : l'histoire d'une souris poursuivie par un chat, du port de l'étoile jaune aux camps d'extermination.La bande dessinée pose aussi la question des relations entre les descendants et les survivants (ici, les relations du père et du fils) : c'est aussi l'histoire d'un fils (l'auteur Art Spiegelman) traquant son père pendant des années, le contraignant à transmettre l'histoire de sa vie de 1939 à 1945. 
    L’un des traits frappants de cette oeuvre est le choix de représentation des personnes par des hybrides d’hommes et de bêtes : la souris c’est le juif (souris en allemand se dit justement Maus), le chat : l’allemand, le chien : l’américain, la grenouille : le français… Ce choix, qui peut être interprété de multiples manières, signifie entre autres que l'individu n'existe pas pour lui-même mais est rattaché de manière essentielle à une espèce confrontée à d'autres. 

    Une analyse de Maus
    http://renardbiblio.canalblog.com/archives/2006/11/06/3098102.html

    France Info (30/01/2011) : Le 38ème Festival international de la BD d’Angoulême a décerné son Grand Prix 2011 à Art Spiegelman, figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 70-80, seul auteur de BD à avoir décroché le Pulitzer grâce à "Maus", chronique mythique et féline de la Shoah. 
    Sources : 
    http://www.siged-diplomatique.com/spip.php?article340 . Site qui reprend l'information de l'AFP relative à la création de la bande dessinée "Episodes d'Auschwitz"
    Site France Info. 

    mardi 22 février 2011

    Esclavagisme et grand écran






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    Esclavage : mémoires, héritages, et conséquences.

    C'est le thème choisi pour lesRencontres internationales du film de chercheurs qui se déroule du 1 au 3 février 2011, à l'Université de Lyon 2.




    Cette rencontre fait suite au "Festival international de la vidéo de recherche sur les esclavages" initié par les programmes canadien (MCRI) européen (EURESCL-7è PCRD), français (CIRESC). Elle sera l'occasion de réfléchir à la fois aux différents processus de reconnaissance de la citoyenneté des afro-descendants et à l'apport de l'anthropologie sonore et visuelle dans le débat contemporain.


    L'esclavagisme est donc, de manière assez récente, le thème de rencontres autour de films de chercheurs.

    Depuis longtemps, le grand écran s'est emparé du sujet, mais de manière ponctuelle et parcellaire.


    On peut citer le film d'Henry Hathaway, "âmes à la mer",sorti en 1937, qui prend pour toile de fond une révolte d'esclaves sur un navire anglais.

    Affiche du film "Ames à la mer", 1937




    Synopsis : Angleterre, 1842. Le capitaine Michael Taylor est accusé d'avoir provoqué la mort de plusieurs personnes lors d'un naufrage. Malgré différents témoignages en sa faveur, la Cour s'apprête à le juger coupable. C'est alors qu'un représentant de la Couronne raconte la véritable histoire de Taylor.
    Quelque mois plus tôt... Taylor et son ami Powdah appartiennent à l'équipage d'un navire esclavagiste. Soumis à un traitement inhumain, les esclaves finissent par se révolter et par tuer le capitaine du bateau. Après enquête, il apparaît que Taylor a sauvé bon nombre d'esclaves. C'est alors que le gouvernement britannique décide de lui confier une mission secrète...


    Mais, comme le montrent nettement l'affiche et le synopsis, ce sont les acteurs blancs du drame qui sont les personnages clés. 

    En 1997, Steven Spielberg réalise la première ( ou l'une des premières ) production qui place la question de la traité négrière et de l'esclavage au coeur du propos : Amistad.

    Synopsis : 
    En 1839, l'Amistad, navire espagnol transportant des esclaves africains, est pris dans une violente tempête au large de Cuba. Une cinquantaine de prisonniers réussissent à se libérer de leurs chaînes et se retournent contre leurs bourreaux, qu'ils passent par les armes. Cinqué, leur leader, oblige le capitaine à les ramener vers l'Afrique, mais celui-ci, profitant de son ignorance, met le cap sur l'Amérique. Jetés en prison, les mutins vont être défendus par deux fervents abolitionnistes, Theodore Joadson et Lewis Tappan, qui engagent un jeune avocat, Roger Baldwin.





    Sources :
    www.ecrannoir.fr/films/97/amistad
    www.cinemovies.fr/fiche_film/php
    www.cinetrafic.fr

    dimanche 20 février 2011

    Lever le silence sur un sujet longtemps tabou : le commerce des esclaves



    • Breaking the Silence : un programme de l'UNESCO

    Depuis sa création en 1946, l’UNESCO est l’organisation des Nations Unies responsable de la lutte contre l’ignorance et de la promotion de la compréhension mutuelle entre les peuples. 
    Convaincue que l’occultation d’événements historiques majeurs constitue en soi un obstacle à cette compréhension mutuelle, à la réconciliation et à la coopération entre les peuples, l’UNESCO a lancé en 1994 le projet La Route de l’esclave, pour briser le silence sur la traite négrière et l’esclavage. Une tragédie qui a impliqué tous les continents et provoqué d’énormes bouleversements qui affectent encore les sociétés modernes. Le projet de l'UNESCO vise à encourager la production de la connaissance scientifique sur le sujet et sa vulgarisation auprès des populations, de manière à favoriser le dialogue entre les cultures et la paix. En 2010, il a débouché sur la création d'un DVD (en anglais, français, espagnol) qui propose une "vision globale" du phénomène et propose une somme des connaissances scientifiques sur la question. 

    Le projet "Breaking the Silence : Transatlantic Slave Trade (TST)", lancé lui aussi dans les années 1990, est directement destiné au milieu scolaire. Il relie des écoles des trois régions impliquées dans le commerce transatlantique des esclaves : Afrique, les Amériques, et l'Europe. L'objectif du projet est d'accroître la conscience et la vigilance autour du phénomène esclavagiste - dans sa dimension passée et présente. 
    Initialement financé par la Norvège, le projet a facilité les échanges entre professeurs, étudiants, et permis la création d'un matériel éducatif tenant compte de l'implication spécifique de chaque région
    Participants : 
    Afrique : Angola, Bénin, Gambie, Ghana, Mozambique, Nigéria, Sénégal
    Amérique Latine et Caraïbes : les Barbades, Brésil, Cuba, république dominicaine, HaÏti, la Jamaïque
    Amérique du Nord : Etats-Unis
    Europe : Danemark, Pays-Bas, France, Royaume-Uni, Portugal, Espagne, Norvège. 
    • La traité négrière et l'esclavage : une tragédie unique dans l'histoire de l'humanité
    Le commerce transatlantique est désormais considéré comme un crime contre l'humanité, y compris par les pays qui y participèrent activement. La dénomination de "crime contre l'humanité" a ainsi été employée par le gouvernement français en février 1999, et cette position a été adoptée par l'Unesco. commerce esclavagiste transatlantique est unique dans l'histoire de l'humanité pour trois raisons majeures : sa durée (environ 4 siècles), ses victimes (des hommes, femmes et enfants africains), la légitimation intellectuelle dont il a été l'objet de la part de ses acteurs (développement d'une idéologie raciste). 
    Les routes majeures de l'esclavage depuis l'Afrique vers le Vieux Monde et les Nouveaux Mondes
    Le commerce transatlantique des esclaves peut être considéré comme une première expérience de mondialisation. Représentant la plus grande entreprise de déportation de l'histoire (environ 17 millions de déportés), ce commerce a eu un impact déterminant sur l'économie mondiale du 18e siècle en connectant l'économie de trois continents, en autorisant l'essor du Vieux Monde, et en jouant un rôle essentiel au développement économique des Amériques.  


    Peinture de Alphonse Lévy (1843-1918),
    Convoi de femmes captives, date inconnue
    Conservé au musée des Arts africains et océaniens


     En Europe, le commerce des esclaves africains concerne d'abord les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, puis les Français. Il atteint des proportions inconnues auparavant avec les Anglais, qui fondent une compagnie royale (1672, Royal Africa Company).


    Le commerce implique la capture des esclaves, leur regroupement, puis leur déportation à travers l'Atlantique ( "the middle passage"). Les conditions de voyage sont effroyables et occasionnent la mort d'environ un million d'esclaves. 


    vente d'esclaves, St Helena, 1829



    A l'arrivée dans le Nouveau Monde - Caraïbes, Amérique latine, colonies anglaises de l'Amérique du Nord - , les esclaves sont l'objet d'une vente particulièrement lucrative.

    Comme en témoigne l'affiche ci-contre, l'esclave est une marchandise comme une autre. La même affiche annonce la vente de trois esclaves dont les caractéristiques de sexe, d'âge et de corpulence sont précisées, mais aussi de riz, de livres...etc



    Propriété de celui qui le possède, l'esclave est l'objet de sanctions en cas de désobéissance au maître, comme à ses représentants. Ainsi de cette femme, condamnée à une peine de 200 coups de fouets pour avoir refusé d'avoir des relations sexuelles avec un contremaître (Surinam, 1774)


    Sources : 
    Site internet : http://old.antislavery.org/breakingthesilence
    Site de l'UNESCO : www.unesco.org

    Surtout, un site qui propose une collection (1200 images ) exceptionnelle de documents relatifs à l'histoire de la traité négrière et de l'esclavage : www.slaveryimages.org, site sponsorisé par la Virginia Foundation for the Humanities and the University of the Virginia Library. Raccourci : http://hitchcock.itc.virginia.edu/slavery/index.php. Cet article utilise les images référencées C O18 (peinture d'Alphonse Lévy), NW 0204 (Flagellation of a Female Slave), H OO3 (vente d'esclaves à St Helena)