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jeudi 31 mars 2011

La Chine, les aléas de la montée en puissance

La montée en puissance de la Chine signale avec force son insertion dans la mondialisation. Et mondialisation  semble rimer avec occidentalisation, au moins de l'alimentation. 

Depuis la fin des années 1970, soit depuis l'ouverture de la Chine sur l'extérieur sous l'égide de Deng Xiao Ping, la Chine est entrée dans la voie de la modernisation économique, de la croissance ... et de la transition alimentaire. 

En chinois, un même mot (liansshi) signifie "nourriture" et "grain". C'est dire à quel point l'alimentation des Chinois - comme celle de l'ensemble des populations asiatiques - est traditionnellement fondée sur les céréales. 

Depuis les années 1970, la structure alimentaire des chinois est entrée dans une période de transition alimentaire : les calories d'origine animale jouent un rôle de plus en plus important, au détriment des calories d'origine végétale.
Source : manuel Nathan Seconde, 2010

Ce changement a des conséquences sur la santé des Chinois. 20% des enfants chinois sont en surpoids, la proportion d'obèses augmente de manière conséquente. Et le gouvernement chinois s'inquiète désormais des conséquences de cette alimentation trop riche sur la santé publique. 

La Chine compte environ 40 millions de diabétiques, selon un sondage mené par l'Association médicale chinoise en 2007. La plupart des cas ont été recensés dans les villes et les régions rurales fortunées. Beijing a lancé vendredi une campagne de trois mois visant à sensibiliser le public au diabète, en encourageant les styles de vie sains dès le plus jeune âge en tant que mesure de prévention. Le Bureau municipal de la santé publique de Beijing a mis en place vendredi une équipe médicale au Parc olympique, où elle fournira des informations gratuites au public sur la prévention et le traitement du diabète. Le bureau prévoit de fournir des consultations médicales gratuites dans des centres médicaux, et d'éduquer le public à travers la télévision, la radio et les journaux, mais aussi avec des sites internet et des brochures."Environ 80% des cas de diabète peuvent être évités tant que les gens adoptent un style de vie sain," a déclaré le ministre de la Santé publique Chen Zhu.
( site Chine-informations, 15/11/2008) 
La malbouffe gagne donc la Chine. L'obésité est devenue, en une génération, le nouveau fléau de la Chine riche, la chine littorale ouverte sur l'extérieur. Une caricature de Chappatte, parue en 2006, dénonce cette situation où l'inégalité sociale se traduit, au sens propre, par le poids. 
International Herald Tribune, 19 mars 2006

Sources : 


Manuel Nathan Seconde, 2010
http://www.chine-informations.com

samedi 26 mars 2011

Les élections cantonales de 2011 : mode d'emploi

Les élections cantonales, quand et comment? 

Comme leur nom l'indique, les élections cantonales sont des élections qui ont pour base le canton, circonscription électorale créée sous la Révolution française (22 décembre 1789). A l'échelle du canton sont donc élus des conseillers généraux (plus de 3 500 en France), au suffrage universel direct. Les conseillers généraux sont élus pour 6 ans et renouvelés par moitié tous les 3 ans. 
Le mode de scrutin - comme pour la presque totalité des élections en France - est le scrutin uninominal majoritaire à 2 tours
Uninominal : un seul nom. Car il y a un seul siège à pourvoir pour la circonscription ( 1 canton = 1 siège).
Majoritaire : celui qui emporte la majorité des suffrages emporte le siège.
A deux tours : puisqu'il faut obtenir au premier tour, pour l'emporter, la majorité absolue des suffrages exprimés ( la moitié des voix + 1 ) et un quart des électeurs inscrits, un second tour est souvent nécessaire. La majorité relative est alors suffisante pour être proclamé élu. 

Avec ce type de scrutin, il n'est pas rare que plusieurs candidats se retrouvent au second tour. Pour limiter les cas de triangulaires - situations où 3 candidats se retrouvent en lice au second tour - , une loi récente (décembre 2010) a posé des conditions restrictives : pour être candidat au second tour, il faut désormais avoir obtenu ( au premier tour ) un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits. Le vote de cette loi devait, dans l'esprit de ses promoteurs  - issus de la majorité présidentielle - consolider les positions acquises, autrement dit enraciner les élus de longue date et leurs formations politiques. 


Les élections cantonales : un enjeu local...


Le conseil général, c'est une assemblée - composée de l'ensemble des conseillers généraux du département (79 pour le département du Nord) - , un président général ( élu par les conseillers généraux ), et une commission permanente. 
Le conseil général règle les affaires du département dans les domaines de compétence attribués par la loi : action sanitaire et sociale (action en faveur des personnes âgées, handicapées, protection de la famille et de l'enfance...), aménagement et entretien de la voirie départementale, construction et entretien des collèges, ... mais aussi financement des aides aux entreprises et mission de protection de l'environnement. 


... qui peut avoir des conséquences à l'échelle nationale
Les résultats des cantonales 2011 à l'issue du premier tour
Le premier tour des élections cantonales de 2011 l'a montré : comme toutes les élections à l'échelle régionale ( municipales, cantonales, régionales), l'élection a valeur de test pour les formations politiques, dans l'attente des échéances nationales ( législatives et présidentielles en 2012). 
Or, les cantonales de 2011 livrent deux enseignements majeurs : une abstention qui atteint des sommets (55%) et des résultats concluants pour le Front National  ( 15%, soit 3 points de plus qu'en 2004) sous l'égide de son nouveau chef, Marine Le Pen. 
Le Front National n'avait jusqu'alors aucun conseiller général. A l'issue du premier tour des cantonales 2011, le Front National est parvenu à se qualifier dans 402 cantons. Il va donc se retrouver en situation d'affronter au second tour les autres formations politiques, et, éventuellement l'emporter (il mène la course dans 39 cantons). Dans quelques cas, cet affrontement prendra la forme d'une triangulaire (3 composantes en lice). Dans la très grande majorité (394 situations sur 402), il s'agit de duels, qui vont opposer le FN au Parti socialiste (204 cas), à l'UMP (89 cas), ...


La question fondamentale est donc celle du report des voix et des consignes données aux électeurs par les formations politiques. 
La cause est inégalement entendue. Les dirigeants du PS, d'Europe Ecologie-Les Verts et du Parti communiste ont appelé ensemble au rassemblement de la gauche pour contrer le FN. Le secrétaire général de l'UMP (Jean-François Copé) a fait savoir que l'UMP ne voulait ni alliance avec le FN ni front républicain ( c'est à dire report des voix des électeurs de l'UMP sur le candidat de gauche affrontant le FN lorsque la situation se pose) contre le FN. Cette prise de position a suscité des remous au sein de la majorité (le chef du Parti radical Jean-Louis Borloo a par exemple nettement appelé à faire barrage au FN) y compris dans les rangs de l'UMP. 

Sources : 
Site du ministère de l'intérieur
Libération, Combien d'élus dimanche pour le Front National, 25 mars 2011
Rfi, En France, taux d'abstention historique au premier tour des cantonales, 21 mars 2011

Veuves et orphelins de la Première Guerre mondiale

La première Guerre mondiale : une hécatombe


Près de 1,4 millions de soldats sont morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Plus de 5 millions sont blessés, 1,2 millions sont invalides. 1/5 des hommes de moins de 50 ans, 10% de la population masculine active ont ainsi payé le tribut du sang. 

Dans un cimetière parisien, 1er novembre 1918. Source ECPAD
La saignée est sans précédent. Elle laisse en héritage une situation inédite : la France compte près de 600 000 veuves de guerre, près de 1 million d'orphelins, plongés dans la détresse morale, et financière. Le retour à la paix équivaut en effet, pour les femmes, à un retour au foyer : les femmes qui avaient, en grand nombre, occupé les places laissées vacantes en temps de guerre, sont invitées après-guerre à regagner le foyer familial afin d'élever leurs enfants. 


La reconnaissance morale du sacrifice consenti

Monument aux morts de Péronne
Tout comme après la guerre de 1870, la France reconnaît naturellement le sacrifice consenti par toutes les mères et toutes les épouses et leur rend largement hommage à travers l'édification de monuments aux morts. Cette vision de la femme terrassée par la douleur est déclinée selon deux thèmes : la souffrance résignée et la révolte. Les femmes sont soit représentées comme des héroïnes, pleurant celui qui a donné sa vie pour la Patrie et soutenues par leurs enfants, soit comme des combattantes qui brandissent le glaive pour abattre le fléau - la guerre - qui leur a pris ceux qu'elles aimaient.




Monument aux morts de Péronne

Des mesures sociales : le rôle de l'Etat

Les difficultés rencontrées par les veuves de guerre pour élever leurs enfants, le sacrifice qui a été le leur, incitent l'Etat à prendre des mesures : emplois réservés dans la fonction publique, création de pensions de veuves de guerre. Une femme est considérée comme veuve de guerre si elle est l'épouse d'un militaire mort en service ou mort des suites de blessures ou de maladies contractées pendant le service.
Les orphelins de la colonie agricole et ménagère de Dampierre-sur-Salon en promenade. Source : bibliothèque Marguerite Durand
La société française s'inquiète également du sort des enfants des soldats morts en service. La loi du 27 juillet 1917 crée le statut de pupille de la Nation. Par son article 1, "La France adopte les orphelins dont le père, la mère ou le soutien de famille a péri, au cours de la guerre de 1914, victime militaire ou civile de l'ennemi". Un enfant, adopté par l'État à la suite d'un jugement du tribunal de grande instance demandé soit par le tuteur légal de l'enfant, soit par l'État lui-même, devient pupille de la Nation. 

Source :

Site Chemins de mémoire : http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=14886

lundi 21 mars 2011

Le recours à la force contre la Libye (2)


  • Face à la révolte en Libye...
La révolte en Libye est née à Benghazi, dans l'est du pays. Un sit-in organisé le 15 février contre le pouvoir a été violemment dispersé. 
Les débuts de la révolte en Libye, dossier rtl
Le développement de la contestation a fait l'objet d'une répression systématique de la part du pouvoir en place. Des massacres et tirs à l'arme lourde ont en particulier lieu à Benghazi, selon des témoins. 
Dès le 25 février, la ligue libyenne des droits de l'homme (LLHR) dénonce auprès du conseil des droits de l'homme de l'ONU "la situation dramatique dans laquelle se trouve la Libye en ce moment". Son secrétaire général évoque "les crimes commis par Kadhafi contre les manifestants qui protestent pacifiquement pour réclamer leurs droits reconnus par la Déclaration universelle des droits de l’homme et les conventions qui en sont issues. Le secrétaire général de la LLHR a qualifié ces actes de crimes contre l’humanité, appelant à poursuivre les coupables en justice" (site de la Ligue internationale des Droits de l'homme). 
La situation en Libye à la veille de l'intervention, site France culture
  • ...des acteurs nombreux
En toute logique, c'est donc d'abord l'ONU qui est sollicitée, puisque c'est à elle de dire le droit international et de tenter de protéger les populations. Le conseil de sécurité de l'ONU lance dès le 22 février un premier appel pour que cessent les violences contre les civils. Cet appel est suivi le 26 février de sanctions contre la Libye : embargo sur les armes, interdiction internationale de voyager et gel des avoirs de Kadhafi. La cour pénale internationale lance une enquête visant le colonel Kadhafi mais aussi "son cercle rapproché" pour "crimes contre l'humanité". Enfin, le 17 mars, la résolution 1973 autorise le recours à la force armée. Dans ce cas comme dans d'autres, l'ONU a procédé de manière graduée, le recours à la force armée étant considéré comme le dernier recours. 
Sollicitée au premier chef, l'Organisation des Nations Unies n'est cependant pas seule à s'être prononcée sur la révolte libyenne et les réactions à adopter. 
D'autres acteurs jouent un rôle majeur : les états - qui peuvent prendre des positions de manière unilatérale - , les organisations internationales, parmi lesquelles il convient de distinguer les ONG ( comme la Ligue internationale des Droits de l'Homme) des organisations intergouvernementales (comme la Ligue arabe).
Ces organisations méritent que l'on s'arrête sur les positions qu'elles ont adoptées. 
Réunion des chefs de la diplomatie du G8, Paris, 14-15 mars 2011
Côté occidental, le G8, réuni à Paris les 14 et 15 mars, s'est prononcé pour des sanctions, mais a écarté l'option militaire en Libye. Les puissances les plus industrialisées (Etats-Unis, Russie, Japon, canada, France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne) ont appelé Kadhafi au respect " des légitimes revendications du peuple libyen concernant ses droits fondamentaux, la liberté d'expression et une forme représentative de gouvernement". Au sein du G8, l'Allemagne a eu l'occasion de faire connaître son opposition à l'utilisation de la force par crainte " qu'un tel développement devienne une guerre et n'affaiblisse le mouvement de démocratisation en Afrique du Nord"


Côté oriental au contraire, les organisations intergouvernementales se sont distinguées par la précocité et la fermeté de leur réaction. C'est la Ligue arabe qui - dès le 22 février - a suspendu la participation des délégations libyennes à ses réunions, témoignant ainsi du désaveu du monde arabe à l'égard de la politique répressive menée par Kadhafi. C'est elle qui, le 22 mars, a demandé à l'ONU d'autoriser la zone d'exclusion aérienne.  
☛Un tel dispositif ("no-fly zone") revient à interdire le survol aérien d'une zone déterminée. Les avions voulant quitter le territoire libyen doivent demander l'autorisation avant de décoller. Sans autorisation, ils sont considérés comme des avions ennemis et peuvent être abattus. 


Les pays de l'organisation de la conférence islamique
Par ailleurs, l'organisation de la conférence islamique - la plus importante organisation intergouvernementale après l'ONU, puisqu'elle regroupe 57 pays  musulmans - s'est, elle aussi, prononcée pour une zone d'exclusion aérienne. 


Les pays arabes ont donc clairement fait connaître leur volonté de faire cesser la répression orchestrée par Kadhafi ( répression fortement déstabilisatrice et dangereuse pour un monde arabe secoué par une vague de révolte sans précédent). L'Occident a par contre manifesté sa division : volontarisme de la France et de la Grande Bretagne, réserves des Etats-Unis, opposition de la Russie et de l'Allemagne. 

  • Qui laissent l'ONU faire front
Les réserves du G8 ( qui n'est de toutes façons pas l'organisme habilité à prendre des décisions en matière de sécurité internationale ), la prudence de l'Union européenne - qui a adopté des sanctions inscrites dans la lignée de celles préconisées par l'ONU, les demandes des pays arabes et musulmans, les appels à l'action de la France et du Royaume-Uni... toutes les négociations ont convergé vers une action confiée à l'ONU. 
En votant en faveur d'un recours à la force contre les troupes pro-Kadhafi (résolution 1973 du 17 mars 2011), le Conseil de sécurité de l'ONU a ouvert la voie à des frappes aériennes après plus d'un mois d'une insurrection réprimée dans le sang. La résolution autorise "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne. Elle prévoit aussi une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du colonel Mouammar Kadhafi de pilonner ses opposants. 
Le texte n'a pas créé l'unanimité parmi les membres du conseil de sécurité : La Chine, la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde se sont abstenus.
Sommet de Paris, 19 mars 2011
En réaction à la résolution 1973, le colonel Kadhafi a dans un premier temps annoncé un cessez-le-feu. Son irrespect, le plaidoyer des insurgés libyens en faveur d'une intervention rapide ont conduit à la tenue, dès le 19 mars 2011, d'un sommet à Paris pour organiser l'intervention. 



☛Qui est présent au sommet de Paris? Des représentants des pays arabes : les ministres des Affaires étrangères du Qatar, des Emirats arabes unis, du Maroc et de la Jordanie; mais aussi la Ligue arabe par le biais de son secrétaire général Amr Moussa. Côté européen : la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, mais aussi les chefs de gouvernement de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, de Pologne, du Danemark, des Pays-Bas, de Belgique, de Grèce et de Norvège. L'union européenne est de plus représentée par la chef de la diplomatie, Catherine Ashton, et le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. L'ONU est représentée par son secrétaire général, Ban Ki-moon. Enfin, parmi les partenaires internationaux majeurs, il faut souligner la présence des Etats-Unis (représentés par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton). 
http://www.2424actu.fr/actualite-internationale/libye-sommet-de-paris-les-parntenaires-internationaux-se-concertent-2318794/
Sources :
L'Express, Le G8 promet de nouvelles sanctions, écarte l'option militaire en Libye, 15/03/2011
La communauté internationale face à la révolte en Libye, chronologie, site euronews
Sites France culture et rfi.
L'Express, Une première frappe française a eu lieu, 19/03/2011
http://www.2424actu.fr/actualite-internationale/

dimanche 20 mars 2011

Mars 2011 : Le recours à la force contre la Libye (1)



  • 17 mars 2011 : Le conseil de sécurité de l'ONU  autorise le recours à la force contre la Libye


A l'issue de trois jours d'âpres négociations, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé dans la nuit de jeudi à vendredi le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi, mesure aussitôt saluée par les insurgés libyens sous la menace d'un assaut contre leur fief de Benghazi.






Dans un message sonore retransmis par la télévision libyenne, Kadhafi avait en effet annoncé l'attaque de Benghazi par les forces intergouvernementales - fidèles à Kadhafi - pour la soirée de jeudi. 


Dans son intervention au Conseil de sécurité avant le vote de la résolution, Alain Juppé, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et européennes, a fait valoir les arguments suivants en faveur de l'intervention :
"Nous n’avons plus beaucoup de temps. C’est une question de jours, c’est peut-être une question d’heures. Chaque jour, chaque heure qui passe, resserre l’étau des forces de la répression autour des populations civiles éprises de liberté, et notamment de la population de Benghazi. Chaque jour, chaque heure qui passe, alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules. Prenons garde d’arriver trop tard ! Ce sera l’honneur du Conseil de sécurité d’avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur l’oppression".
C'est donc le sentiment de l'urgence, comme la volonté de servir les valeurs défendues par les Nations Unies - le droit international, la liberté des peuples - qui ont prévalu sur les réserves ou oppositions de certains pays.
  • Un vote sur fonds de division
C'est au conseil de sécurité de l'ONU qu'incombe la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Selon les termes de la Charte de l'ONU, les décisions du conseil de sécurité (résolutions) ont force juridique obligatoire et les états membres sont tenus de les appliquer. 

Institutions de l'ONU

La résolution 1973 prise le 17 mars 2011 à l'encontre de la Libye a été votée par le conseil de sécurité selon la procédure de vote habituelle. 15 membres composent le conseil de sécurité de l'ONU : 5 membres permanents (Permanent Five, dans le jargon de l'ONU), et 10 membres non permanents - élus pour 2 ans, et renouvelés par moitié tous les ans. Ces 10 membres non permanents doivent représenter toutes les aires géographiques : 5 membres pour l'Afrique et l'Asie, 1 pour l'Europe orientale, 2 pour l'Amérique latine, 2 enfin pour l'Europe occidentale et autres. Les 5 membres permanents sont les puissances suivantes : Etats-Unis, Russie (URSS jusque 1991), Chine (Taïwan jusque 1971), Royaume Uni et France. Actuellement, les 10 membres non permanents sont : Afrique du Sud, Nigéria et Gabon pour l'Afrique ; Inde et Liban pour l'Asie ; Brésil et Colombie pour l'Amérique latine ; Bosnie-Herzégovine pour l'Europe orientale ; Allemagne et Portugal pour l'Europe occidentale. 
Chaque membre du conseil de sécurité dispose d'une voix, et les membres permanents disposent du droit de veto ( ce qui signifie que s'ils votent contre une décision, ils lui opposent leur veto, et la résolution, quel que soit le nombre de votes pour ne peut passer). Si un membre permanent n'est pas totalement en accord avec une proposition, il peut s'abstenir. Les décisions sont prises par un vote affirmatif de 9 membres. 
La résolution 1973 prise le 17 mars a été le fait de 10 membres du conseil de sécurité. La proposition de résolution était portée par la France et le Royaume Uni. Les 5 abstentions concernent deux membres permanents ( Chine et Russie), et trois non permanents : Allemagne, Inde et Brésil. 

dimanche 13 mars 2011

Séisme et tsunami au Japon


  • Un séisme d'une ampleur sans précédent au Japon






Le séisme qui a frappé le Japon le 11 mars 2011 a une magnitude évaluée à 8,9 sur l'échelle de Richter par l'Institut de géophysique américain (USGS). C'est le plus violent jamais enregistré au Japon. Son épicentre, l'endroit le plus intensément touché, se situe dans l'océan, à 130km à l'est de Sendai et 400 km de Tokyo.
La secousse la plus destructrice s'est produite à 24,4km de profondeur.De nombreuses répliques ont été observées vendredi et samedi. Vendredi 11 mars, à peine une heure après la plus forte secousse, d'immenses vagues - dont certaines atteignent plus de 10 mètres de haut- déferlent sur le nord-est du pays. Le séisme a donc été suivi d'un tsunami qui en a considérablement alourdi le bilan. Le dernier bilan humain officiel - à la date du 13 mars - fait état de 1800 morts et disparus : 688 victimes ont d'ores et déjà été répertoriées. On comptabilise 1500 blessés. Mais le bilan pourrait dépasser les 10 000 victimes.
Carte émise par l'agence météorologique du Japon
La couleur rouge signale des vagues de plus de 3m, les couleurs orange et jaune des vagues moindres (2-3 m, ou moins)


Selon le géographe Philippe Pelletier, le bilan pourrait néanmoins être surestimé. Son analyse met l'accent sur la formidable appropriation du risque et de sa gestion par les populations, confrontées depuis longtemps au risque sismique. Situé au confluent de quatre plaques tectoniques, le Japon subit chaque année environ 20% des séismes les plus violents recensés sur terre. La lutte anti-sismique y est une priorité. Les normes de construction ainsi que les techniques parasismiques et systèmes d'alerte au tsunami très avancés permettent de réduire considérablement les risques de dommages corporels et matériels.

Les séismes au Japon (La Documentation photographique)

  • La menace nucléaire


L'explosion qui s'est produite samedi 12 mars dans la centrale nucléaire de Fukushima (250 km au nord de Tokyo) témoigne, après le séisme et le tsunami, d'une nouvelle menace. Cet accident a été évalué au niveau 4 sur l'échelle des événements nucléaires et radiologiques - qualification qui désigne des "accidents n'entraînant pas de risque important hors du site". Avec 17 centrales nucléaires qui représentent plus de 50 réacteurs, le Japon est (avec la France ) l'un des pays les plus dépendants de l'énergie d'origine nucléaire.

Les centrales nucléaires au Japon (carte établie par le département américain de l'énergie)
Comme la carte le montre, et ce n'est pas surprenant au regard du relief japonais comme du nécessaire refroidissement des réacteurs, les centrales japonaises sont essentiellement installées sur le littoral de la mer de Chine et le littoral Pacifique.

Sources : 
Le Post, 13 mars 2011
Le Japon, une puissance en question, La documentation photographique, n° 8029, 2003.
L'Express, Ce qui distingue le séisme du Japon de celui d'Haïti, 11 mars 2011
Le telegramme. com (12 et 13 mars 2011)
www.crashdebug.fr

jeudi 3 mars 2011

La Révolution verte, un bilan contrasté

  • La Révolution verte, une révolution agricole dans les pays du Tiers Monde
La Révolution verte est une révolution qui a permis le développement agricole de pays en voie de développement par l'intensification de leur agriculture. 
L'intensification recouvre l'ensemble des techniques permettant d'augmenter les quantités produites sans étendre les superficies cultivées : utilisation de semences améliorées, d'engrais, de produits phytosanitaires, recours à l'irrigation. 
La Révolution verte repose donc sur l'introduction de variétés à haut rendement (VHR), mises au point par le chercheur agronome américain Norman Borlaug,  dans la zone intertropicale : amorcée dès 1951 au Mexique, elle se répand ensuite en Asie du Sud, notamment en Inde et au Pakistan dans les années 1960.
  • Exercice : Une révolution supposant des moyens spécifiques, aux effets inégaux
L'exercice proposé consiste à mettre en évidence les moyens et les conséquences de cette révolution, en utilisant un texte datant de 1995 ( bilan de la Révolution verte en Inde, alors largement dressé), en réalisant un organigramme. 
Pour vous aider à réaliser l’organigramme, souligner les mots et expressions illustrant les moyens techniques, les conséquences de la Révolution Verte, ses résultats à long terme. Votre organigramme doit montrer quels moyens techniques ( amont) sont mis en œuvre dans la Révolution Verte( cœur de l’organigramme), quelles sont les conséquences de cette dernière (aval), et les résultats à long terme (aval).

« Le mouvement de la « Révolution verte » en Inde s’est fait en deux temps. Tout d’abord, dans les années qui ont suivi l’indépendance, l’amélioration des ressources alimentaires a été recherchée dans l’extension des surfaces défrichées et des périmètres irrigués. Les canaux de dérivation qui utilisent l’eau des fleuves se multiplient, des centaines de milliers de puits sont creusés. (…). Ces progrès de l’irrigation sensibles dès les années cinquante vont constituer le socle de la « Révolution verte » proprement dite. À partir de 1960, un organisme d’Etat,   l’Intensive Agricultural District Programme est chargé de réaliser la modernisation de l’agriculture indienne. Il dispose à partir de 1965 de semences à haut rendement de blé mexicain et de riz philippin, et commence à voir les premiers résultats de son action à partir du début des années 70. Les premiers résultats sont mitigés : les nouvelles espèces sont fragiles, elles s’adaptent parfois mal, et nécessitent beaucoup d’engrais. Les coûts de production par tonne augmentent. L’endettement des paysans s’accroît. La « Révolution verte » favorise les exploitations les plus vastes et les mieux placées par rapport aux réseaux d’irrigation. Ce sont donc surtout les exploitants les plus instruits et les plus fortunés qui en tirent parti. On l’accuse donc d’aggraver les inégalités sociales, de précipiter la concentration des terres et l’exode rural.
À mesure que le mouvement progresse, le bilan, très critique dans les premières années, se nuance. La production de grains double 20 ans, passant de 78 millions de tonnes au milieu des années 60 à plus de 150 millions en 1985. L’Inde, contre toute attente, atteint l’autosuffisance alimentaire et se permet d’exporter une petite partie de sa production. »
F. DEBIE, Géographie Humaine, A.COLIN, 1995.
La Révolution verte, 30 ans après son lancement : un bilan contrasté 
  • Une Révolution verte à refaire?  
C'est ce que laisse entendre le retour des difficultés agricoles en Inde au début des années 2000. Après avoir permis l'autosuffisance alimentaire, la Révolution verte montre ses limites. L'insécurité alimentaire est de retour en Inde depuis 2009. 
La Révolution verte a accru les inégalités sociales entre paysans. Elle est en outre à l'origine de graves problèmes écologiques, et en particulier l'épuisement des sols, leur pollution, la surexploitation des ressources en eau. 
L'express, 20 décembre 2004
"Quarante ans après le lancement de la Révolution agraire, la colère gronde parmi les paysans, chez qui les suicides atteignent des taux records. Pour quelques gagnants, beaucoup paient au prix fort la course aux rendements et le recours massif aux OGM"